Albert Camus : l'exigence morale
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Albert Camus : l'exigence morale

Hommage à Jacqueline Lévi-Valensi

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Albert Camus : l'exigence morale

Hommage à Jacqueline Lévi-Valensi

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À propos de ce livre

Jacqueline Lévi-Valensi, présidente de la Société des Études Camusiennes disparue en 2004, ne cessait de souligner l'actualité et la force de la pensée d'Albert Camus, «pensée qui refuse la démesure et qui, n'oubliant jamais l'exigence morale, en fait le principe de toute action.» Pour lui rendre hommage, des penseurs et des chercheurs interrogent cette pensée et le mode de rapport au monde, à l'homme et à l'Histoire qu'elle implique. Visitez le site web Albert Camus: www.webcamus.free.fr

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Informations

Année
2021
ISBN
9782748171013

Camus nous aide-t-il à comprendre
le terrorisme contemporain ?

Dans un recueil consacré à Camus, on s’attendrait à entendre célébrer sa lecture visionnaire en matière de terrorisme. Mais la convention ne sied guère à Camus, pas plus qu’à cette chère Jacqueline Lévi-Valensi. Si l’œuvre de Camus ne prédit pas l’avenir, elle nous offre cependant un précieux produit de contraste pour déchiffrer le terrorisme contemporain. La pensée de Camus nous éclaire indirectement, en nous parlant d’un monde qui a en partie disparu mais qui, d’une certaine manière, garde toute sa valeur. La lecture de Camus continue de nous offrir un guide moral et politique pour affronter notre présent. Voyons donc ce qui est nouveau avant de mesurer l’actualité – et la force – de la pensée de Camus.
1. La nouveauté d’un terrorisme mondialisé
Camus a minutieusement analysé dans son œuvre toutes les formes de terrorisme : celle qui est liée à la guerre
– comme ce fut le cas de la résistance française par exemple –, celle qui trouve sa justification dans la « libération » ou la défense d’une terre comme lors de la guerre d’Algérie ou du conflit israélo-palestinien aujourd’hui et celle, enfin, qui avait pour objectif la révolution mondiale comme pour les terroristes russes. Mais voici qu’on a vu apparaître une nouvelle forme de terrorisme qui ne se distingue pas tellement des précédentes par les modalités (quoi qu’en disent certains qui parlent « d’hyperterrorisme » : on ne franchira un cap que lorsque la jonction aura été faite avec le biologique et le nucléaire) : le terrorisme mondialisé. Ce qui est nouveau en effet, c’est l’apparition d’un terrorisme non seulement délié de toute revendication territoriale mais également de toute prétention à s’inscrire dans une histoire. Celui-ci ne dispute aucune terre et sort même de l’histoire, voire exerce, comme on le verra, une violence contre l’histoire. Ce double trait organisera cette première partie : une déliaison par rapport au territoire d’une part et un nouveau rapport à l’histoire de l’autre.
A. La déterritorialisation
Commençons par le premier facteur : celui de la « déterritorialisation du terrorisme » qui n’est pas une disparition du territoire mais une recomposition du rapport au monde.
Une crise de la conflictualité politique
La communauté franco-arabe, bien qu’une politique aveugle ait longtemps empêché qu’elle entre dans les institutions, existe déjà pour moi, comme pour beaucoup de Français d’Algérie. Si je me sens plus près, par exemple, d’un paysan arabe, d’un berger kabyle, que d’un commerçant de nos villes du Nord, c’est qu’un même ciel, une nature impérieuse, la communauté des destins ont été plus forts, pour beaucoup d’entre nous, que les barrières naturelles ou les fossés artificiels entretenus par la colonisation6.
Le terrorisme algérien ne peut être compris hors de cette communauté physique, de ce lien qui unit des personnes qui bénéficient de la même générosité du soleil et dont les destins sont à ce point intriqués. Ce lien pouvait être inégalitaire – et il l’était – peu importe : il servait de socle à une histoire nécessairement commune.
« La solidarité française et arabe est inévitable, dans la mort comme dans la vie, dans la destruction comme dans l’espoir.7 » Cette solidarité est le point de départ d’une projection dans l’avenir qui n’est pas nécessairement radieux. Même s’il conduit à une destruction, chacun ressentira le manque de l’autre comme une amputation. Le terrorisme est une sortie violente, comme par effraction, de ce lien qui s’est corrompu en deux solitudes juxtaposées. C’est cette proximité qui donne à la séparation violente sa dimension tragique. Toute tragédie est, en effet, une affaire de famille. Le tragique aujourd’hui se rétrécit au destin des victimes, à leur drame personnel et à celui de leurs proches.
La pensée de Camus s’appuie en effet sur une symétrie entre les parties, symétrie dans le malheur, dans la solitude et dans l’avenir commun encore espéré. Mais cette symétrie n’a plus de sens pour le terrorisme mondialisé. Comme pour le crime contre l’humanité
– et peut-être plus encore que dans ce dernier cas –, le déséquilibre monstrueux vient de l’absence non seulement de réciprocité mais de tout lien entre le bourreau et la victime.
En dépit de la politique qui veut absolument réveiller une guerre contre le terrorisme, il est bien difficile de s’organiser autour d’un axe ami / ennemi. Il y a certes une agression délibérée mais l’ennemi n’est pas à la hauteur de celui auquel il s’attaque. C’est une des composantes du terrorisme répondra-t-on, mais dans les cas précédents, ce qui faisait lien était la revendication d’un territoire ou l’émancipation de tout un peuple qui voulait faire sécession. L’axe ami / ennemi se mettait plus facilement en place grâce au territoire ou à l’histoire. Or voici que ces deux éléments font défaut dans le cas contemporain.
L’attentat terroriste mondialisé – surtout chez nous en Europe – n’a pas véritablement de programme ; c’est le djihad pour le djihad. Il y a une perte de signification de l’acte terroriste du fait de sa dépolitisation, perte de signification commune au sens où le combat fait signification, où l’on sait bien que l’on se dispute une terre commune ou que l’on a choisi de se mesurer par les armes ou de se harceler, peu importe. C’est pourquoi la violence de la guerre – qui est bien plus coûteuse en vies humaines – n’a peut-être pas la même violence que l’attentat terroriste en ce qu’elle est référée à une finalité commune, au lien paradoxal du champ de bataille. On peut attaquer par surprise – et l’art militaire le recommande – mais l’acte annonce une guerre, délimite un champ de bataille, force un lien. C’est toute la différence entre Pearl Harbour et le 11 septembre : le premier événement engage les États-Unis dans la guerre, le second les déroute car l’ennemi est introuvable. L’événement n’inaugure rien, pas plus qu’il ne lie : cette violence est politiquement stérile.
Une communauté imaginaire
Camus refuse catégoriquement la distinction schmit­tienne entre l’ami et l’ennemi qui se place au-dessus de toute morale. Il pense, tout au contraire, que seule la justice peut faire triangulation entre les parties belligérantes. Il réaffirme cela tout au long de son œuvre. Mais le terrorisme mondialisé nous plonge dans un tout autre contexte. Une des difficultés à penser en termes politiques le terrorisme aujourd’hui vient de ce qu’on peut difficilement employer les catégories de Camus de « nous » et « eux ».
Il y a certes un nous – celui de la communauté politique agressée – mais il n’y a pas d’« eux » ! Les terroristes ne forment pas de groupe politique reposant sur une communauté territoriale comme les Basques ou les Corses. Ce groupe n’est pas uni physiquement, il ne se rencontre jamais (on ne sait toujours pas si les auteurs des attentats de Londres sont effectivement allés chercher les ordres au Pakistan ; tout au plus sait-on qu’ils ont eu beauco...

Table des matières

  1. « L’Esprit des lettres »
  2. Dans la même collection
  3. Avant-propos
  4. Face au terrorisme
  5. Albert Camus, Germaine Tillion et le terrorisme
  6. Éléments du débat après la communication de Jean Daniel
  7. Camus nous aide-t-il à comprendre le terrorisme contemporain ?
  8. Camus, critique de la torture
  9. Éléments du débat après la communication de Denis Salas
  10. Le journaliste engagé
  11. La guerre d’Algérie dans les articles de Camus à L’Express
  12. Éléments du débat après la communication de Jeanyves Guérin
  13. Camus et le journalisme libertaire : l’exemple de La Révolution prolétarienne
  14. Éléments du débat après la communication de Fernande Bartfeld
  15. Camus, le journalisme et Jonas, ou la répétition de scénarios de vie
  16. Camus dans la presse algérienne des années 1985-2005
  17. Éléments du débat après la communication de Christiane Chaulet-Achour
  18. La justice : le juste et l’injuste
  19. La grâce, la justice et l’amour
  20. L’injustice comme justice suprême dans La Peste
  21. La recherche du juste dans L’Étranger
  22. Visages d’une morale
  23. Le discours moral de la chair
  24. Camus, la justice et l’autre
  25. L’immunité envers la « pensée captive »