— REGARD INTERNATIONAL —
La foi au service de tous, peu importe ce qu’ils croient
Soeur Grace est religieuse et soignante dans une petite ville de Thaïlande, à la frontière de la Birmanie. C’est sa foi et sa religion qui l’invitent au quotidien à aider les plus fragiles dans les villages de montagne ou à l’hôpital. Chaque jour, elle soigne ou « collabore avec » des bouddhistes, des chrétiens ou des musulmans.
© Hasan Almasi
La population de Thaïlande compte plus de 68 millions de personnes, dont 94,6 % de bouddhistes, 5,37 % de musulmans et 1,13 % de chrétiens. Parmi ces chrétiens, la communauté catholique représente un peu plus de 0,5 % de la population, 388 000 âmes tout au plus. Nous sommes un pays dans lequel des croyants de religions différentes vivent en harmonie. Nous explorons au quotidien toutes les pistes pour créer des ponts entre nos religions et nos cultures (beaucoup d’ethnies issues de Birmanie vivent à la frontière), instaurer cette harmonie, cette paix. Le dialogue interconvictionnel fait partie de ces pistes.
Un amour universel
Face à la maladie, à la mort, je crois que l’amour et la charité sont un langage international. Tous, nous nous réunissons dans ces actes auprès de ceux qui souffrent, sans limite, libres de servir. Lorsqu’on va visiter une maison, ce n’est évidemment jamais notre réflexe de nous poser la question de la religion ou de la foi des personnes. L’amour de Dieu est ouvert à tous, il est universel ! Aurions-nous besoin de connaître les détails de la foi de chacun pour aider d’une meilleure façon, de façon plus respectueuse ? Le dialogue permet seulement de lutter contre les malentendus, les quiproquos.
Notre main sert les personnes malades et celles qui sont dans le besoin, c’est-à-dire la totalité des personnes fragiles, qu’elles soient catholiques ou non, car notre foi nous dit que Jésus-Christ est en elles. Notre communauté religieuse soutiendra toujours les malades. Et notre foi dit aussi que la sentence de la mort n’est pas la fin. Nous croyons que la personne revivra dans le Christ, que ce n’est pas un malheur : Dieu a un projet pour cette personne (les Bouddhistes le croient aussi !).
Inculturation
Lors d’un voyage en Thaïlande en 2019, le Pape François nous a transmis un message d’inculturation. Dans un discours exposant aux religieux chrétiens que le catholicisme est destiné aux étrangers, il a déclaré : « Donnez à la foi un visage et une « chair » qui soient thaïlandais, ce qui est bien plus que de faire des traductions ! ».
Dans notre travail de terrain auprès des autres, dans le cadre du travail social, les gens sont sensibles à notre charisme de chrétiennes auprès des malades et des personnes vulnérables qui ont besoin d’aide et de protection. Notre expérience, que ce soit à domicile ou dans nos locaux, nous permet de faire l’expérience de l’amour et du partage. Je me souviens d’une fois où, dans un village, les malades et les pauvres avaient besoin de nourriture et de matériel. Nos employés, qui sont bouddhistes, ont tout de suite dit d’aller au temple demander aux moines de se joindre à nos activités pour les malades. Ils sont venus immédiatement. L’essentiel, c’était le soin.
© Aleksandar Popovski
Du respect pour le sacré en général
Nous allons aider et soigner des malades musulmans. Ils viennent nous demander si nous pourrions venir dans leurs maisons auprès des plus vulnérables et des personnes âgées. Ce sont des actes concrets et naturels, aucun débat ne s’impose. La tradition thaïe invite à un respect très important pour tout ce qui est spirituel, quelle que soit la religion, je crois que leur confiance vient de là aussi.
Les Thaïlandais ont du respect pour tout ce qui est sacré : un arbre, Dieu, un religieux, quoi que ce soit ! On ne le remet pas en question. Les gens ne s’en moquent jamais et ne cherchent jamais à prouver l’inverse par la science. Ainsi, les Thaïlandais, quelle que soit leur religion, offrent des objets et de la nourriture pour soutenir des activités caritatives, qu’elles soient chrétiennes, bouddhistes ou musulmanes. Cette générosité est belle, comme le parfum de la charité que tout le monde peut ressentir.
Construire la paix ensemble
Beaucoup de spiritualités différentes prient ensemble. Actuellement la situation sanitaire ne nous autorise pas à nous réunir mais on utilise les systèmes de visioconférence pour se rencontrer et échanger. Ainsi, on peut se soutenir l’un l’autre pour aller de l’avant et construire la paix ensemble. En partenariat avec l’hôpital de Mae Sot, à la frontière birmano-thaïe, nous apportons de l’aide et du matériel pour le suivi des malades à leur domicile, pour des soins palliatifs. Nous travaillons chaque jour avec des bouddhistes, des musulmans, des chrétiens pour être proches des malades et prier pour les personnes vulnérables que nous rencontrons.
Pendant les fêtes de Noël, nous partageons notre joie et notre amour à tous ! Tout le monde vient célébrer avec nous dans des lieux variés ! C’est le vrai symbole de frontières effacées, oubliées. C’est un temps particulier, on s’unit à la fête pour créer un monde meilleur.
© Pascal Riben
SR GRACE PATTHAYAPORN
Elle est religieuse de la congrégation des Camilliennes (Ordre des clercs réguliers pour les malades) depuis 30 ans et d’origine thaïlandaise. Sr Grace a étudié la théologie à Rome (Italie) et les sciences fondamentales à Sukhothai (Thaïlande). Elle s’est spécialisée dans le soin et notamment l’accompagnement des personnes âgées.
— REGARD INTERNATIONAL —
Conflit et identité en Israël-Palestine
Le rabbin Hanan Schlesinger a cofondé il y a 8 ans l’initiative israélo-palestinienne Roots dédiée à la compréhension de la non-violence et à la rencontre interreligieuse. L’expérience qu’il en tire l’amène à comprendre que la situation si gravement enlisée de la région est surtout liée à des questions de récit, d’identité. En relisant cette « narration » des points de vue, on comprend avec lui que le conflit n’est certes pas religieux, mais qu’il pourrait inspirer le dialogue entre religions.
© Sander Crombach
Certes, Israéliens et Palestiniens avons de profonds désaccords politiques sur les frontières, les ressources, la sécurité, les réfugiés, les compensations, etc. Ces différences et ces désaccords exigent une solution politique, mais une solution politique durable à long terme ne sera jamais envisageable tant que chaque partie ne reconnaîtra pas l’identité de l’autre partie. Tant que chaque partie n’acceptera pas l’autre pour ce qu’elle dit être, elle ne sera jamais prête à faire un effort supplémentaire pour accorder à l’autre partie ce qu’elle demande.
Je suis juif, je suis sioniste et je suis un colon.
Je suis un Juif religieux, mais si vous vous concentrez sur l’aspect spirituel, vous ne comprendrez pas qui je suis. Je suis un membre du peuple juif, un groupe social vieux de trois mille ans dont l’histoire est à la fois glorieuse et difficile. Au départ, nous étions une famille qui s’est transformée en un clan, lequel s’est ensuite développé pour former les douze tribus d’Israël. Les Juifs d’aujourd’hui sont des descendants directs de ces douze tribus et certains d’entre nous entretiennent même toujours les traditions de certaines de ces tribus !
Oui, il...