Les toponymes et les anthroponymes d'origine arabe dans la Péninsule Ibérique
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Les toponymes et les anthroponymes d'origine arabe dans la Péninsule Ibérique

  1. 140 pages
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Les toponymes et les anthroponymes d'origine arabe dans la Péninsule Ibérique

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Ce volume est consacré à l'étude des noms de lieux et de personnes d'origine arabe dans la Péninsule Ibérique. Leur existence est la preuve évidente que l'arabe andalou y a été parlé pendant des siècles. Cet ouvrage fournit deux inventaires distincts (de toponymes et d'anthroponymes), mais il faut reconnaître que la constitution de catalogues exhaustifs est impossible aujourd'hui. Le but est donc d'améliorer nos connaissances dans ce domaine de la linguistique hispanique. Ce cinquième volume de l' Encyclopédie Linguistique d'al-Andalus peut également alimenter les recherches en linguistique historique romane et servir de source pour trouver de nouvelles isoglosses dialectales, ainsi que des caractéristiques grammaticales, phonétiques et morphologiques du faisceau arabe andalou.

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Informations

Éditeur
De Gruyter
Année
2022
ISBN
9783110729771
Édition
1
Sous-sujet
Languages

1Phonologie

1.1Vocalisme

1.1.1 L’arabe ne possédant que trois voyelles phonémiques, /a/, /i/ et /u/, alors que les langues romanes, à l’époque de la conquête islamique, avaient des systèmes penta-vocaliques voire hepta-vocaliques, /a/, /e/, /i/, /o/ et /u/, avec la possibilité, pour certaines langues ibéro-romanes et d’autres de distinguer entre les variantes ouvertes et fermées de /e/ et de /o/, on a parfois suggéré que le faisceau dialectal andalou n’a développé aucune voyelle phonémique additionnelle, surtout pas un /e/ qui existait déjà dans la langue arabe ancienne comme allophone non-phonémique du /a/.2
1.1.2 Selon le principe universel phonétique de l’assimilation des sons en contact, la voyelle centrale /a/ penche souvent lorsqu’elle est au contact d’une consonne antérieure vers une articulation prépalatale dans les domaines d’un /e/ ou, au contraire, vers une articulation vélaire dans les cas homologues, dans les domaines d’un /o/. Les grammairiens natifs ont appelé ces deux phénomènes imālah et tafḫīm, respectivement, et signalé les anciens dialectes où ils étaient plus fréquents. Dans le faisceau dialectal andalou, le premier de ces deux phénomènes est bien plus fréquent que le deuxième, mais il faut quand même y distinguer des facteurs synchroniques, surtout les distributions dialectales, qui peuvent déceler l’héritage de traits syriens, ḥiǧāziens ou yéménites, ainsi que diachroniques, puisqu’on constate l’intensification graduelle de la palatalisation, qui ne s’arrête pas à /e/ et arrive souvent à /i/ dans les phases plus tardives, surtout dans le dialecte grenadin.
1.1.3 Dans plusieurs dialectes néo-arabes, la contraction des anciennes diphtongues /aw/ et /ay/ a généré assez tôt des nouveaux phonèmes vocaliques /ō/ et /ē/ s’opposant clairement a /ū/ et /ī/, alors que les trois voyelles brèves semblent n’avoir développé que des allophones positionnels en contact avec des consonnes à formant palatal ou vélaire.3 Les mots arabes andalous, noms communs, de lieu ou de personne, passés dans les langues romanes, ont subi un processus d’analyse et d’adaptation phonologique avec ces dernières, avec ces cinq timbres et sans traces de la quantité caractéristique de l’arabe ancien, disparue en andalou, remplacée par l’accent d’intensité. Seules les graphies romanes peuvent témoigner de ces différences mais, étant elles-mêmes très conditionnées par les caractéristiques phonologiques, phonémiques et graphémiques des langues ibéro-romanes dans le décours des siècles où l’on a produit ces transcriptions, il faut en tenir compte afin d´éviter des conclusions fautives. En fait, les données toponymiques offrent des cas de préservation des diphtongues, comme dans Albaida (Granada, Sevilla, Valencia < /al+báyḍa/ « la blanche », Calaceite (Teruel < /qaláʕat záyd/ « château de Zayd ») et Almudayna (Alicante, Almería < /al+mudáyna/ « la petite ville ») ; à côté d’autres contractés, tels que Benicolet (Valencia < /biní ḫuláyd/ « les fils de Ḫuláyd »), Alfocea (Zaragoza < /al+ḥawzíyya/ « celle du district ») et Zuera (Zaragoza < /zuháyra/ « petite fleur ») ; et même d’une troisième possibilité, c’est-à-dire la réduction de la diphtongue à voyelle fermée homologue de la semi-voyelle ancienne, comme dans Ajufía (Murcia < /aǧ+ǧufíyya/ « la méridionale ») et Zubia (Granada < /záwya/ « oratoire »). Les diphtongues appelées secondaires, c’est-à-dire résultant de la chute en néo-arabe d’une semi-consonne intermédiaire de la langue ancienne, ne sont pas traitées autrement, comme dans Barrameda (Cádiz < /bárr al+máyda/ « terrain du tertre ») et dans Azoya (Alicante, Murcia < /az+záwya/ « l’oratoire »).

1.2Consonantisme

Le consonantisme arabe, apporté par les conquérants musulmans arabes ou arabisés avec des différences dialectales anciennes ou néo-arabes, et altéré dans la variété nord-africaine qui commençait à émerger dans les parlers des Berbères devenus bilingues, a subi de nouveaux changements dans la Péninsule Ibérique, où la population romanophone a rencontré des difficultés à prononcer correctement certains phonèmes arabes,4 ce qui a entraîné l’apparition d’infra-corrections et d’ultra-corrections. De plus, ils ont également conservé certaines caractéristiques du substrat néo-roman, telles que /p/, /č/ et /g/, comme dans Pollensa (Îles Baléares), ainsi transmis à travers l’arabe andalou, malgré la graphie >bullānsī< « de Pollensa », chez Ibn Alʔabbār, et Purchena, Archidona et Pedroches, toujours avec un >ǧ< dans les documents andalous en graphie arabe.5
1.2.1 La spirantisation en positions implosives du /b/ et du /d/, si caractéristique des romans ibériques, semble avoir produit des noms de lieu comme Vegalatrave (Zamora < /bíqʕat al+aṭrf/ « plaine des limites ») et Jaraba (Zaragoza < /ǧaráwa/ « nom d’une tribu berbère ») ; par ultra-correction, et par affaiblissement, ceux de Audilbar (Granada < /ʕábdi l+bárr/ « nom connu d’homme »), Olocau (Castellón, Valencia < /al+ʕuqáb/ « le vautour ») et Calatorao (Zaragoza < /qaláʕat turáb/ « forteresse de pissat ») ; avec élimination totale dans Benitagla (Almería < /bini táġlib/ « les fils de Táġlib »), Benimodó (Valencia < /bini mawdúd/ « les fils de Mawdúd ») ; et l’hybridé Castilfalé (León < /KASTÉL+ḫallád/ « le château de Ḫallád »).
1.2.2 Une certaine faiblesse articulatoire du /f/, surtout dans le voisinage d’une consonne sifflante, semble avoir existé dans quelques sous-dialectes du faisceau arabe andalou, fréquemment en grenadin, comme dans Haraiçel (Granada < /ḥára[t] issál/ « le quartier inférieur »), reflétant l’arabe classique asfal « plus bas », ainsi transmis par Alcalá à côté d’autres cas semblables du ce parler.6
1.2.3 Le /m/ final est souvent rendu par un /n/ dans les emprunts et les noms de lieux arabes des langues ibéro-romanes occidentales et souvent supprimé dans ses homologues orientaux, comme dans Alfamén (Zaragoza < /búrǧ al+ḥamám/ « le colombier ») et Lecrín (Granada < /al+iqlím/ « le district »), ainsi que Benissili (Alicante < /biní sÍlim/ « les fils de SÍlim ») et Benibrai (Alicante < /biní ibráhim/ « les fils d’Ibráhim ») ;7 ce qui se produit parfois aussi en dehors des régions catalano-phones, comme dans Benaque (Málaga < /(a)bin ḥákam/ « le fils de Ḥákam ») et Benamocarra (Málaga < /[a]bin a[l]+mukárram/ « le fils de Mukárram »), mais une telle situation aurait été exceptionnelle en andalou,8 sauf par la chute du /n/ finale en grenadin, possible résultat d’un /m/ dans cette position, comme on le verra plus bas.
1.2.4 Le /w/ arabe, normalement bien préservé en andalou, était parfois rendu dans la phonétique du roman par >v< (dans la plupart des cas une simple variante orthographique du /b/, surtout spirantisé, comme dans Almodóvar (Cádiz, Córdoba, Ciudad Real, Cuenca < /al+mudáwwar/ « la [ville] ronde »), et par >gu<, en position initiale d’une syllabe, comme dans Guadalquivir (Córdoba, Jaén, Sevilla < /wád al+kibír/ « le grand fleuve »), Guadalajara (Guadalajara < /wád al+ḥaǧára/ « le fleuve des pierres »), Guadalaviar (Teruel, Valencia < /wád al+abyáḍ/ « le fleuve blanc ») et Alfaguara (Granada < /al+fawwára/ « la source abondante »). Ce n’est que dans le Sud-Ouest de la Péninsule Ibérique que le groupe /wa/, parfois reflété par /o/, refléterait une chute du /w/, après avoir labialisé la voyelle, comme dans Odiel (Huelva < /wádi+ÉḺ/ « le petit fleuve ») et Odivarga (Huelva < /wádi wárqa/ « le fleuve de la feuille »).9
1.2.5 Les consonnes dentales de l’arabe, /t/, /d/, /ḏ/, /ṭ/, /ḍ/ et /ḏ̣/, avec un réseau assez compliqué de traits articulatoires, ont subi dans la plupart des dialectes néo-arabes des simplifications, telle que la disparition de la série interdentale, confondue avec la série dentale homologue,10 qu’on ne retrouve pas partout, sauf dans les parlers bédouins, à côté de la coalescence du /ḍ/ et du /ḏ̣/, avec le premier résultat dans les parles urbains et le deuxième, chez les bédouins, de façon assez généralisée. Le faisceau arabe andalou, plutôt conservateur dans sa phonologie, n’aurait pas partagé ces deux phénomènes partout et toujours, malgré plusieurs cas d’erreurs orthographiques qui en seraient la conséquence, souvent confirmés par la physiognomonie de quelques emprunts, noms de lieux et de personnes passés dans les langues ibéro-romanes. Mais le plus souvent, celles-ci ne reflètent que leurs propres changements phonétiques diachroniques, tel que l’assourdissement des consonnes finales, comme dans Alberite (Logroño, Zaragoza < /al+baríd/ « la poste ») et Abenzuete (Almería < /abín suwáyd/ « le fils de Suwáyd »), par rapport aux sonorisations en positions intervocaliques, comme dans La Rábida (Huelva < /ar+rábiḍa/ « l’oratoire ») et Alcanadre (Logroño < /al+qanáṭir/ « les ponts »),11 ou le remplacement par d’autres comme /r/ et /l/, voire la chute à cause de préférences phonétiques romanes, comme dans Almaguer (Toledo < /al+maġíḍ/ « la mare ») et Benamor (Murcia < /(a)bin ḥammúd/ « le fils de Ḥammúd »), Azuel (Ciudad Real < /az+zuwán/ « l’ivraie ») et Benizá (Murcia < /bani saʕd/ « les fils de Saʕd »), Castilfalé (León < /KASTÉḺ+ḫallád/ « le château de Ḫallád »), Benimodó (Valencia < /bini mawdúd/ « les fils de Mawdúd »), etc.
1.2.6 La dentale nasale /n/ semble avoir eu une faible articulation dans certains membres du faisceau dialectal andalou, pouvant devenir /y/, comme dans Bebalhaix (Valencia < /báb al+ḥayš/ « la porte de la couleuvre ») ; ou, probablement à cause d’une ascendance yéménite, disparaître par assimilation avec la consonne suivante,12 comme dans Mazaleón (Teruel < /mánzal al+ʕuyún/ « le logis des sources »), Mazalquivir (Albacete < /mánzal kibír/ « grand logis ») et Masalcoreig (Lérida < /mánzal quráyš/ « le logis des gens de Quráyš ») ; ou, en position finale, comme dans le nom de lieu Gebiley (Málaga < /ǧab[a]láy/ « deux montagnes ») et l’emprunt Abulhoçey (Granada < /abu+l+ḥusáy[n]/ « le père de Ḥusáy[n] ») reflétant le grenadin tardif.13
1.2.7 La vibrante alvéolaire /r/ de l’arabe s’est bien maintenue dans le faisceau dialectal andalou.14 Il faut attribuer à des préférences phonétiques du roman quelques cas de latéralisation avec un résultat /l/ dans les emprunts à l’arabe andalou, tels que Benaguac/sil (Valencia < /(a)bin al+wazír/ « le fils du ministre »), surtout en position finale, avec l’exception de Daragolefa (Granada < /dár al+ġuráyfa/ « la maison à la petite chambre »), où il s’agirait d’une dissimilation de sonores. Pour la même raison, /r/ tombe parfois aussi, perdant le trait de vibration, comme dans Bujalaroz (Madrid < /búrǧ al+ʕarús/ « la tour d’Arús »), Bujarrabal (Madrid < /búrǧ ar+rabáḍ/ « la tour du faubourg »), etc.
1.2.8 On a depuis longtemps signalé la préservation exceptionnelle pour un dialecte non-bédouin de la série interdentale dans l’arabe andalou, soutenue dans les emprunts au roman par quelques graphies approximatives, comme >th<, >ç<, >z<, >s< et >c<, comme dans athoraya (< /aṯ+ṯuráyya/ « les Pléiades »), aç/zumbre (< /aṯ+ṯúmn/ « le huitième »), algeç/si = algehci (< /al+ǧāṯī [ʕala rukbat+áyh]/ « l’agenouillé sur ses deux genoux », c’est-à-dire la constellation Hercules), et, pour les noms de personnes, Çibit (< /ṯÍbit/ < arabe classique /ṯābit/), Hozmin (< /ʕuṯmÍn/ < arabe classique /ʕuṯmān/), Zoraya (< /ṯuráyya/), etc., visant à suggérer un phonème absent dans les langues romanes de cette époque-là, à côté d’autres transcriptions parfois des mêmes mots arabes avec un /t/, tels que atoraya, tomín, Atuman, etc., ne prouvant probablement qu’une transcription moins imaginative.15 Néanmoins, quelques graphies arabes ou latines dans les ouvrages qui en font régulièrement la distinction, signalant la perte du trait interdental, comme chez Alcalá, atífil < classique >atāfī< « tripode » et corráta < classique /kurrāṯah/ « poireau » et, dans le Glossaire de Leiden, >matāniya< et >taḫīn<, au lieu du classique /maṯānah/ « vessie» et /ṯaḫīn/ « lourd », etc. prouveraient la présence occasionnelle de ce phénomène.
1.2.9 Parmi les quatre phonèmes dentaux sonores de l’arabe, on a constaté qu’une ancienne articulation latérale proto-sémitique et proto-arabe n’a été préservée que comme un simple /l/ dans quelques dialectes à souche sud-arabique,16 étant devenu un /ḍ/ vélarisé dans la prononciation canonique de la langue classique et le néo-arabe, hormis les dialectes bédouins, où il a conflué avec le /ḏ̣/. La seule exception à cette évolution phonétique est témoignée dans les phases plus anciennes de l’arabe andalou, où des transcriptions romanes comme les noms communs et de lieu a/Alcalde (< /al+qáḍi/ « le juge ») et a/Arrabalde (< /ar+rabáḍ/ « le faubourg »), et les noms communs albayalde («...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre de page
  3. Droits d'auteur
  4. Colophon à l’Encyclopédie linguistique d’Al-Andalus
  5. Avant-propos
  6. Sommaire
  7. Système de transcription
  8. Symboles
  9. Sigles bibliographiques
  10. 1 Phonologie
  11. 2 Morphologie
  12. 3 Syntaxe
  13. 4 Noms de lieux
  14. 5 Noms de personnes
  15. Bibliographie