Pratiques et recherches féministes en matière de violence conjugale
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Pratiques et recherches féministes en matière de violence conjugale

Coconstruction des connaissances et expertises

  1. 556 pages
  2. French
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Pratiques et recherches féministes en matière de violence conjugale

Coconstruction des connaissances et expertises

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À propos de ce livre

Les violences faites aux filles et aux femmes sont au cœur des préoccupations féministes au Québec. En 2013, le Partenariat CRSH de recherches et d'actions entre universités et milieux de pratique Trajetvi a été créé pour mieux documenter les trajectoires de victimisation, de recherche d'aide et de recours aux services des femmes victimes de violence. Dans une perspective interdisciplinaire et intersectorielle, les 22 chapitres de cet ouvrage couvrent 5 grands thèmes explorés par des membres de Trajetvi?: les principes théoriques et pratiques relatifs à la violence conjugale, la sensibilisation et la prévention, les contextes de vulnérabilité, la recherche d'aide et le recours aux services ainsi que la justice et le droit en matière de violence faites aux filles et aux femmes. Conçu comme un ouvrage de référence, ce livre propose d'approfondir les connaissances théoriques, empiriques et pratiques sur la problématique.

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Informations

Année
2022
ISBN
9782760556560
Partie 1
Théories et pratiques
Chapitre 1
L’exercice des rôles au sein d’un partenariat de recherche1
Anne-Marie Nolet, Edwige Lafortune et Adélaïde Tanguy
En regroupant des personnes issues de milieux divers, la recherche partenariale offre un contexte dans lequel les équipes sont constituées d’actrices aux expertises et aux cadres de référence complémentaires (Boutin et Le Cren, 2004). Ce contexte permet de décloisonner les différents savoirs et de générer de nouvelles connaissances plus justes et plus proches des réalités étudiées (Clément et al., 1995 ; Lévesque, 2012, 2014 ; Gurnade et Marcel, 2015 ; Soulière et Fontan, 2018). Les questionnements de recherche générés en partenariat sont ainsi mieux ancrés socialement et, lorsque les projets sont menés à terme, ils constituent des outils efficaces de transformation sociale (Manoukian, 2001 ; Audoux et Gillet, 2011 ; Lévesque, 2012, 2014 ; Hatzfeld, 2013 ; Bourrassa et al., 2017 ; Beaudoin, Turcotte et Gignac, 2018).
Un grand niveau de complexité caractérise cependant le développement des partenariats de recherche. Les personnes provenant des organismes et les organisations impliquées doivent travailler ensemble à long terme (Nolet et al., 2017 ; Ross et al., 2010), trouver des stratégies et des façons de faire afin de déconstruire les rapports de pouvoir entre chercheuses et partenaires des milieux de pratique (Clément et al., 1995 ; Flynn et al., 2020), s’entendre sur la définition de la problématique étudiée (Flynn et al., 2020), tout en reconnaissant les différences qui font leur force, mais qui sont aussi des sources de tensions (Gervais, 2001). Ultimement, elles doivent bâtir des relations d’interdépendance dans lesquelles les expertises de chacune sont valorisées (Nolet et al., 2017).
Reconnaissant d’emblée la complexité caractérisant l’établissement des partenariats de recherche, le partenariat de recherche et d’action Trajectoires de violence conjugale et de recherche d’aide (Trajetvi) s’est doté de mécanismes de documentation de son évolution, afin de mieux comprendre les dynamiques existant entre les actrices et les enjeux entourant la démarche partenariale. Trajetvi possède d’ailleurs plusieurs particularités qui rendent cette documentation d’autant plus importante : s’étalant sur sept ans, le projet se distingue d’abord par sa durée. Puis, par son envergure : il regroupe 15 membres des milieux de pratique aux mandats diversifiés et 17 membres universitaires répartis dans 5 régions du Québec. Il inclut également un comité d’expertes de vécu faisant partie des équipes de recherche ainsi que des étudiantes. Finalement, le projet se singularise par sa double direction scientifique et communautaire ainsi que par sa structure en quatre « cellules » de travail, permettant de regrouper les personnes en fonction des thématiques qui les intéressent.
Dans le cadre de la cellule « documentation du partenariat » de Trajetvi, une analyse qualitative réalisée deux ans après le démarrage du projet (Nolet et al., 2017) a permis de constater que les membres de Trajetvi reconnaissent mutuellement la valeur de leurs ressources2, mais que les échanges ne vont pas de soi. Plutôt que de bâtir des relations basées sur la complémentarité de leurs expertises, certaines personnes restent sur la défensive, animées par la crainte d’être instrumentalisées à des fins qui ne correspondent pas à leurs objectifs. À l’aide de ces constats, il importe désormais de mieux comprendre les conditions qui permettent (ou non) aux membres de dépasser cette crainte de l’instrumentalisation et de coconstruire ensemble la recherche et les savoirs qui en découlent. Dans cette optique, ce chapitre porte plus précisément sur les manières dont les membres de Trajetvi jouent leurs rôles respectifs, sur les circonstances dans lesquelles elles l’exercent et, ultimement, sur l’effet de cet exercice sur la coconstruction des savoirs.
1. La coconstruction des savoirs scientifiques et l’exercice de leur rôle par les membres d’un partenariat de recherche
Une profonde transformation s’opère depuis quelques décennies en matière de production scientifique des connaissances (Morissette, Pagoni et Pépin, 2017 ; Soulière et Fontan, 2018). Plusieurs autrices remarquent une popularisation des pratiques de construction des savoirs qui s’étendent progressivement à des actrices jusque-là traditionnellement exclues du processus de production de connaissances (Dubost, 2001 ; Manoukian, 2001 ; Hatzfeld, 2013 ; Gurnade et Marcel, 2015 ; Morissette et al., 2017 ; Soulière et Fontan, 2018). Cette rupture avec les procédés de la recherche traditionnelle permet de potentiellement coconstruire les connaissances scientifiques (Coenen, 2001 ; Dubost, 2001 ; Gurnade et Marcel, 2015). Des autrices considèrent qu’une coconstruction des connaissances permet d’intégrer de nouvelles expertises, peut-être mieux adaptées, ou à tout le moins apportant une complémentarité bénéfique, à la compréhension et à l’interprétation de l’objet d’étude (Desgagné, 1997 ; Lévesque, 2012 ; Hatzfeld, 2013 ; Lyet, 2014 ; Gurnade et Marcel, 2015).
Pour qu’un ensemble d’actrices arrivent à coconstruire ensemble de nouvelles connaissances, différentes conditions doivent cependant être réunies. Les personnes impliquées doivent d’abord fondamentalement valoriser mutuellement leurs ressources et leurs expertises respectives (Nolet et al., 2017). Cette valorisation mutuelle, aussi appelée interdépendance, est nécessaire à l’échange entre partenaires. Elle implique que les actrices de l’activité de recherche reconnaissent l’existence d’une pluralité de savoirs (Desgagné, 1997 ; Desgagné et al., 2001 ; Manoukian, 2001 ; Audoux et Gillet, 2011 ; Lévesque, 2014 ; Lyet, 2014 ; Beaudoin et al., 2018). Chacune des parties doit être prête à remettre en question certaines hypothèses fondamentales (Audoux et Gillet, 2011 ; Lyet, 2014) et à réviser la distribution classique des tâches et des étapes associées à la recherche (Clément et al., 1995 ; Desgagné, 1997 ; Audoux et Gillet, 2011 ; Lévesque, 2012, 2014). Les partenaires doivent aussi porter un regard réflexif sur leurs propres pratiques et admettre que d’autres lectures d’un phénomène peuvent fournir de nouvelles perspectives (Desgagné, 1997 ; Desgagné et al., 2001 ; Manoukian, 2001 ; Audoux et Gillet, 2011 ; Lévesque, 2012, 2014 ; Lyet, 2014). Partenaires et actrices doivent finalement accepter la partialité de leur point de vue et reconnaître leur incapacité à répondre seules de manière absolue à une question posée (Desgagné et al., 2001 ; Manoukian, 2001 ; Hatzfeld, 2013). Ces attitudes nécessaires au développement d’interdépendances sont transversales, c’est-à-dire qu’elles doivent être partagées par l’ensemble des participantes, indépendamment de leur statut ou de leur rôle.
Pour mener au développement d’une coconstruction de la recherche et des savoirs, ces attitudes doivent se refléter dans les actions des membres d’un partenariat de recherche. Or, la littérature scientifique sur les partenariats de recherche et la coconstruction des connaissances traite peu des comportements concrètement adoptés par les personnes et elle est particulièrement silencieuse en ce qui concerne les personnes qui endossent des rôles de soutien ou périphériques. Ces rôles ont pourtant été jugés de première importance dans d’autres contextes. Par exemple, les rôles de coordination sont présentés comme le point névralgique des initiatives de collaboration entre diverses ressources (Friedman et al., 2007). Dans Trajetvi, les rôles et les statuts déterminés officiellement ne se limitent effectivement pas à ceux de cochercheuses du milieu universitaire et de cochercheuses issues des milieux de pratique, l’équipe étant notamment constituée d’une directrice universitaire, d’une directrice communautaire, d’une coordonnatrice générale, de coordonnatrices de cellules de travail et d’une agente de liaison. Il y a lieu, dans ce contexte, d’apporter les nuances nécessaires en ce qui concerne les comportements des personnes impliquées en fonction de leur rôle dans l’équipe3.
Tubbs (1992) montre que l’exercice des rôles à l’intérieur d’une équipe est fluide et sujet à changements. Les personnes qui représentent les organisations peuvent, à un certain moment, être davantage orientées vers l’atteinte des objectifs du groupe, tentant notamment de susciter le partage d’opinions et d’informations, de coordonner, d’orienter ou d’évaluer. Elles peuvent aussi être orientées vers le développement et le maintien du groupe, tentant d’encourager, de préserver la communication et de créer des standards et des idéaux. Finalement, elles peuvent être plutôt orientées vers la satisfaction de leurs propres besoins, cherchant par exemple à être reconnues, à donner une apparence de détachement ou à dominer. Cette typologie permet de considérer l’exercice des rôles de manière fluide, les personnes pouvant passer d’une orientation à une autre, ou se positionner entre deux orientations.
Dans ce chapitre, une diversité de rôles officiellement endossés par les membres de Trajetvi est étudiée. Plus précisément, nous nous intéresserons aux rôles de direction, de liaison, de coordination, de cochercheuse issue du milieu universitaire et de cochercheuse issue des milieux de pratique. Considérant les multiples manières d’exercer un rôle, de même que l’importance de parvenir à créer des relations d’interdépendance permettant la coconstruction des connaissances, nous tenterons de répondre à la question suivante : « Comment l’exercice du rôle des membres de Trajetvi influence-t-il l’interdépendance et la coconstruction des connaissances ? »
2. La méthodologie
Afin de répondre à cette question de recherche, nous avons utilisé une méthodologie qualitative. Plus précisément, les données ont été collectées par le biais d’entrevues semi-dirigées et d’observations participantes.
Les entrevues semi-dirigées ont été menées auprès de neuf partenaires des milieux de pratique, de trois partenaires universitaires, des deux directrices, de l’agente de liaison et de trois coordonnatrices. La grille d’entrevue était divisée en deux grandes sections. La première portait sur le développement de Trajetvi et des projets associés. Les questions étaient liées aux attentes à l’égard du projet ; à l’atteinte de ces attentes ; aux éléments facilitants ou nuisibles ; aux contributions individuelles ; aux qualités recherchées en lien avec différents rôles ; à l’exercice des rôles et à la place précise des étudiantes au sein du projet.
La deuxième section avait pour objet le développement des relations avec les autres membres de l’équipe. Les questions portaient sur le développement de nouvelles relations ; sur l’évolution de relations existantes ; sur les éléments ayant facilité ou nui aux relations ainsi que sur les relations avec les étudiantes.
Les observations ont été réalisées par l’une des coresponsables de la cellule documentation du partenariat. Six réunions auxquelles ont participé un total de 9 chercheuses et de 14 partenaires des milieux de pratique ont été observées. Elles se sont déroulées au sein d’une seule cellule de Trajetvi. Le choix s’est arrêté sur cette cellule en raison de son grand niveau d’activité et du nombre de personnes qu’elle regroupe ; en d’autres mots, parce qu’elle donne lieu à davantage d’interactions. La grille d’observation a été élaborée et révisée par les membres de la cellule documentant le partenariat. Inspirée de Gervais, Chagnon et Houlfort (2016), elle comprend trois dimensions. D’abord, la dimension structurelle inclut des éléments tels que la disposition de la salle, les actrices présentes lors des rencontres, les aspects technologiques et le respect de l’ordre du jour. Ensuite, la dimension relationnelle concerne les attitudes des actrices (comportements verbaux et non verbaux) et leur participation (apports à la rencontre, réactions) lors des rencontres. Finalement, la dimension cognitive fait référence aux prises de décision, aux enjeux abordés (sociaux, politiques, légaux, etc.) ainsi qu’à la compréhension mutuelle qu’ont les membres de ces sujets. Tout comme les entrevues individuelles, les réunions ont été enregistrées.
Les comptes rendus d’entrevues et de réunions ont été transcrits et codés à partir du logiciel NVivo. L’arbre de codification a été élaboré en fonction des grilles d’entrevue et d’observation, de la littérature scientifique et des concepts retenus dans le cadre de la documentation du partenariat, notamment l’interdépendance. Les différents rôles (coordination, direction, etc.) ont aussi été intégrés à la codification. Une lecture préalable des comptes rendus a été effectuée afin de s’imprégner du contenu des entrevues. Ensuite, l’arbre de codification a permis de procéder à une analyse thématique. Chaque rôle a été analysé à la fois du point de vue de celles qui les endossent et de celles avec qui elles interagissent. Il est rapidement apparu nécessaire de distinguer, pour chaque rôle, trois catégories : 1) Les attentes à l’égard de chacun des rôles. 2) L’exercice des rôles. 3) Les circonstances qui influencent l’exercice des rôles. Enfin, les résultats ont été discutés en lien avec le concept d’interdépendance, afin de mettre en lumière les manières dont les actions des unes affectent celles des autres et, ultimement, la création du partenariat et la coconstruction des connaissances qui en dépendent.
Afin d’assurer la confidentialité, la prudence a été de mise dans la présentation des résultats. Alors que des noms fictifs sont parfois utilisés, il s’est révélé impossible de procéder ainsi dans ce texte. Puisque des extraits de comptes rendus de réunions sont utilisés, les participantes auraient pu en reconnaître des extraits et, ensuite, faire le lien avec ceux des entrevues des personnes portant les mêmes noms fictifs. De plus, certains rôles sont assumés par une seule personne (p. ex. directrice universitaire, directrice communautaire, coordonnatrice générale, coordonnatrice de chacune des cellules). Pour assurer la confidentialité et le respect de la dignité de ces personnes, les rôles ont, dans la mesure du possible, été regroupé...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Page de Copyright
  4. Préface
  5. Liste des figures et tableaux
  6. Liste des sigles et acronymes
  7. Introduction1
  8. Partie 1: Théories et pratiques
  9. Partie 2: Sensibilisation et prévention
  10. Partie 3: Contextes de vulnérabilité
  11. Partie 4: Recours à l’aide formelle
  12. Partie 5: Justice et droit
  13. Conclusion
  14. Postface
  15. Bibliographie
  16. Notices biographiques