Lettres au Prophète de la part d'un impie
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Lettres au Prophète de la part d'un impie

  1. 152 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Lettres au Prophète de la part d'un impie

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À propos de ce livre

Un infidèle ordinaire écrit au prophète Mahomet pour l'exhorter à recommander la patience aux plus violents de ses innombrables disciples: les tueries et les exactions du terrorisme islamiste ne sont absolument pas nécessaires pour faire triompher partout la «vraie foi»: il suffit d'attendre que l'Occident, étiolé et décadent, tombe comme un fruit mûr. Le lecteur comprendra tout de suite que le véritable destinataire de ces lettres, c'est lui-même. Au fil de ces missives, les hommes encore libres sont invités à tirer leurs propres conclusions quant aux meilleurs moyens à prendre pour endiguer la vague islamiste contemporaine.

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Informations

Année
2015
ISBN
9782895782377
Les saints sanguinolents
Padoue, Italie, 14 mai
Mon cher M,
Ils vont finir par me couper l’appétit, avec leurs tableaux de martyrs décapités et leurs scènes de tortures toutes plus imaginatives les unes que les autres! Têtes d’évangélisateurs roulant sur le sol poussiéreux d’une contrée vaguement orientale; beaux corps d’éphèbes ligotés et transpercés d’énormes flèches de païens; vierges les yeux tournés vers les cieux lumineux pendant que des personnages inquiétants s’affairent à préparer le bûcher qui fera tranquillement rôtir leurs chairs blêmes… Le tout sous le regard amène d’angelots s’apprêtant à laisser choir la palme du martyre sur le futur cadavre, rameau indiquant que le saint ou la sainte a déjà sa place réservée au Paradis à la droite de Dieu.
Tu me diras que la chose était prévisible: après tout, n’est-ce pas le genre de décorations que l’on risque fort de devoir admirer quand on s’est mis en frais de visiter systématiquement les plus importantes églises du nord de l’Italie? Soit! Mais à ce point!?
Sans avoir fait une étude exhaustive de l’iconographie catholique, l’impression générale qui s’en dégage en est une de souffrance et de bonté. De souffrance infinie et de bonté incommensurable. Quand ce n’est pas la statue d’un saint comme Antoine de Padoue, qui meurt d’épuisement pour avoir trop prêché la bonne parole, à Arcelle, tout près d’ici, c’est le portrait géant d’une sainte comme Barbe qui, après avoir été promenée toute nue à travers sa ville natale Nicomédie (aujourd’hui Izmit, sur la mer de Marmara, en Turquie), fut décapitée par son propre père. Tout cela parce que, s’étant déclarée chrétienne, elle avait refusé un mariage arrangé afin de pouvoir demeurer vierge pour Jésus. (Aujourd’hui, on appellerait ce personnage son «époux virtuel».)
Représentations de saints et de saintes appuyées, naturellement, de force Christs en croix, le Fils de Dieu ayant subi le premier le martyre ultime — la crucifixion — et donné sa vie pour racheter un énigmatique péché originel qui, comme une funeste tare congénitale, affligerait tous les poupons chrétiens. (Quel mauvais départ dans la vie!) C’est à se demander si les religions chrétiennes ne canalisent pas des élans masochistes naturels et atavistiques qui séviraient chez une bonne partie des humains…
Suivant les saints patrons que se sont donnés les paroisses ou les sources d’inspiration des artistes, on peut méditer dans les églises catholiques sur des chefs-d’œuvre de peinture montrant une grande variété de souffrances, martyres qui sont souvent l’aboutissement de parcours spirituels exemplaires.
Malgré le sordide de l’exercice, décrivons-en quelques-uns, en souhaitant qu’ils n’inspireront aucun cauchemar.
André était pêcheur sur les bords du lac de Tibériade. Sans doute disciple de Jean le Baptiste (lui-même décapité pour satisfaire au caprice d’une belle concubine, comme on le sait), il suivit Jésus dès sa première rencontre avec le fils du charpentier. Selon les évangiles, il savait nouer facilement des contacts. Lors de la multiplication des pains, c’est André qui amena le jeune garçon portant ses cinq pains et ses deux poissons. Quand des Grecs voulurent rencontrer Jésus de Nazareth, c’est à lui qu’ils s’adressèrent tout naturellement.
Des sources tardives font état de son supplice à Patras (en Grèce): crucifié sur une croix en forme de X qui porte dorénavant son nom. L’Ukraine voudrait qu’il ait été le premier évangélisateur de Kiev. Il est aussi le patron de l’Écosse, dont le drapeau porte la fameuse croix en X.
Elle s’appelait Bibiane, nom qui a ensuite évolué en Viviane et Vivienne. Il n’est pas impossible que Bibiane ait été une victime de Julien l’Apostat, mais la légende de sa passion raconte qu’elle fut livrée à une vieille vicieuse chargée de la débaucher et de la faire apostasier. Comme la perverse matrone n’y parvenait pas, le préteur Apronien fit attacher Bibiane à une colonne, et des bourreaux la battirent à coups de cordes plombées jusqu’à ce qu’elle succombe — à la mort, pas à la débauche…
Saint Barthélemy est un autre apôtre et martyr. Selon la tradition, il aurait évangélisé l’Arménie. Il aurait subi en Inde un supplice affreux: on lui aurait enlevé la peau avant de le crucifier. C’est du moins ainsi que Michel-Ange l’a peint dans la chapelle Sixtine, le sadique bourreau tenant le couteau de son martyre juste au-dessus de sa peau et s’apprêtant à entamer l’«opération».
Saturnin (dont le nom s’est transformé en «Sernin» sous l’influence de la langue occitane) vécut à Toulouse, dont il fut l’évêque initial dans la première moitié du troisième siècle. Accusé de troubler les oracles des pratiques religieuses romaines et de refuser tout sacrifice au temple du Capitole, il fut attaché par les pieds à un taureau rendu furieux… et il en trépassa.
Lucie, comme beaucoup d’autres, devint sainte par la grâce du poignard. Étienne, lui, coupable d’avoir prêché à Jérusalem, fut condamné par les infidèles musulmans qui occupaient alors les lieux saints à être lapidé à mort.
Saint Victor est un martyr marseillais exécuté en 290. Il était un officier de l’armée romaine. Converti au christianisme, il refusa d’abjurer lors d’une persécution. Il aurait été humilié par la foule hostile, puis emprisonné avec trois hommes qu’il aurait réussi à prestement convertir: Longin, Alexandre et Félicien. Tous condamnés à mort, les trois disciples furent décapités, mais Victor fut broyé par une meule devant les bains publics.
Ines Takeya, une sainte japonaise, fait partie de la seconde vague des persécutions qui ont frappé les chrétiens du pays du Soleil Levant, celle qu’on appelle «le grand martyre du Japon». C’était une veuve de quarante-cinq ans et elle fut jugée coupable d’avoir hébergé des missionnaires étrangers. Elle fut donc décapitée le 10 septembre 1622 avec trente compagnons et compagnes — sort réservé aux convertis japonais —, alors que les chrétiens étrangers étaient brûlés à feu lent devant eux. Ce fut le cas de vingt-cinq missionnaires dont le bienheureux Charles Spinola, jésuite dont on célèbre le martyre le même jour qu’Ines.
Et ainsi de suite… jusqu’à ce que le calendrier déborde de sang dûment versé pour la foi.
L’idée du martyre, qui me dépasse un peu, est encore d’actualité. Et pas seulement chez les kamikazes islamistes. J’ai déjà eu le privilège d’interviewer un frère de l’Instruction chrétienne, à Saint-Marc, en Haïti, dont le seul regret, après une vie entière d’apostolat et d’enseignement sur cette île de misère, était de ne pas avoir été martyrisé en bonne et due forme «afin d’ainsi contribuer à purifier l’Église haïtienne de ses relents de vaudou». (Incroyable mais vrai!)
En toute justice, mon cher M, il faut dire que le calendrier chrétien comporte tout de même quelques jours consacrés à des guerriers — l’archange Michel et saint Georges sont de ceux-là —, mais les ennemis qu’ils pourfendent de leurs armes sont plutôt symboliques du Malin (en l’occurrence d’affreux dragons crachant le feu). Leur victoire est certes celle de la Foi sur le Mal, mais ils sont les antithèses des fiers conquérants sans états d’âme qui ont répandu l’islam de la Mauritanie au Bengale.
Tu ne m’en voudras pas de te rappeler qu’une image aujourd’hui incontournable dans toute église qui se respecte est celle de Marie, la Sainte Vierge, la mère de Jésus-Christ. Mais elle n’a pas toujours été omniprésente. En fait, la dévotion à Marie émane de la piété populaire, qui l’a lentement poussée vers l’avant de la scène iconographique catholique à partir du Moyen Âge. C’est la fête byzantine de la Conception de la Très Sainte Mère de Dieu par Joachim et Anne (célébrée le 8 décembre) qui est à l’origine du développement de cette dévotion et, partant, d’une croyance nouvelle en Occident.
Cette célébration fut introduite en Europe à l’occasion des Croisades, mais cela s’est fait sans les textes ni les commentaires de la tradition byzantine. Chez nous, la dévotion prit rapidement une couleur et une signification bien différentes, lesquelles sont à l’origine de la dévotion puis du culte de l’Immaculée Conception dans l’Église d’Occident. Ils deviendront une source de divergence supplémentaire entre les deux Églises chrétiennes (celle d’Orient et celle de Rome).
En Europe, cette nouvelle fête ne fut toutefois pas acceptée d’emblée par tout le monde: de même que Thomas d’Aquin un siècle plus tard, Bernard de Clairvaux, pourtant célèbre pour sa dévotion mariale, s’oppose en 1146 à cette pratique. La croyance ne trouve grâce aux yeux des théologiens qu’à partir du quatorzième siècle et de Jean Duns Scot: en tant que mère de Dieu, Marie ne peut, selon le docte, être entachée comme les autres par le péché originel.
Pendant sept siècles, l’Occident débattra âprement de cette question. Les franciscains sont pour la dévotion nouvelle, les dominicains contre. La Sorbonne est même paralysée pendant une année entière par cette querelle que les lettrés d’alors devaient sans doute qualifier de… byzantine.
Reconnue ni par les protestants ni par les orthodoxes, la croyance en l’Immaculée Conception est réaffirmée par le concile de Trente (Italie tyrolienne), tenu au milieu du seizième siècle, et les représentations artistiques se multiplient à partir du dix-septième siècle, notamment en Espagne. La Vierge y apparaît souvent installée sur un croissant de lune, drapée dans un manteau bleu ciel, et entourée d’une multitude d’angelots. Parfois, elle foule aux pieds un serpent qui symbolise — tu l’auras deviné — le Démon.
L’an dernier, dans un musée de Vérone, j’ai vu une allégorie de la Vierge que je n’aurais jamais crue possible. C’est la Madonna del latte. Comme l’appellation de ce type de tableaux religieux l’indique, il met en scène l’allaitement de l’Enfant Jésus par sa mère Marie. Ce thème, on ne peut plus primitif et naturel, confère une troublante dimension humaine à l’Enfant Dieu.
D’autant plus que ces peintures, qui semblent avoir connu une grande vogue au quinzième siècle, offrent, à partir de cette simple scène de tétée, une grande variété de dimensions et de formes de seins et de mamelons. Il va sans dire qu’en Italie comme dans les autres pays catholiques les Madonna del latte sont plus souvent présentes dans les musées spécialisés que dans les églises paroissiales. (Ce n’est surtout pas dans mon Canada natal, un cas tragicomique de pudibonderie hypocrite, qu’on les exposerait à la vue du grand public.)
L’idée d’orner les lieux de culte de statues et de tableaux de personnages qui ont joué un rôle considérable dans l’épopée chrétienne n’a pas toujours fait l’unanimité, loin de là. L’Église byzantine, par exemple, a connu deux périodes iconoclastes pendant lesquelles les images saintes étaient soit détruites, soit défigurées. Il faut croire que la question théologique des images est cruciale pour la félicité éternelle des hommes, car les conflits qu’elle a générés ont souvent tourné à la guerre civile.
Dans la grande communauté des chrétiens actuels, les protestants issus de la Réforme ont tout de suite rejeté les représentations de héros religieux.
L’islam, au même titre que la religion juive, considère comme sacrilège le projet d’imiter Dieu en reproduisant les formes de ses créatures. C’est pour cette raison que les mosquées ne sont décorées que d’extraits, exclusivement en langue arabe, de sourates du Coran. Cela a visiblement donné un art calligraphique d’une grande richesse, mais cette restriction a interdit aux artistes musulmans de s’épanouir pleinement par un art pictural embrassant un plus large éventail de thèmes. (Imaginons un peu la réaction d’un pieux mahométan lorsqu’il aperçoit Dieu le Père sous les traits d’un vert et joufflu vieillard confortablement installé sur une cascade de nuages accrochée dans la coupole d’une basilique… Il doit bien se dire qu’il ne peut absolument pas s’agir du même dieu que son Allah à lui.)
En définitive, ma tournée italienne me rappelle que les chrétiens se voient généralement comme d’incorrigibles perdants qui, de surcroît, ont toujours quelque chose à se faire pardonner. (Heureusement que leur dieu est fondamentalement magnanime…) Pourtant, cette perception coupable de soi — un handicap énorme s’il en est — n’a pas empêché les disciples de Jésus-Christ ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Même auteur
  3. Dédicace
  4. Présentation
  5. Mes sincères félicitation
  6. Une foi intransigeante
  7. Tolérance et dynamisme
  8. L’étau des mosquées
  9. Le racket des tabous alimentaires
  10. Un peu de silence, s. v. p.
  11. Les enfants forts
  12. L’horreur du terrorisme
  13. La science et la religion
  14. La beauté et la proie
  15. Les saints sanguinolents
  16. La réalité de l’argent
  17. Mosquées sur églises
  18. Des lieux très saints
  19. Les camps divisés
  20. Des pays de vieux
  21. La convergence des sexes
  22. Si le ridicule tuait
  23. De la hiérarchie des langues
  24. La conquête des profanes
  25. Mondo cane
  26. Quand l’union faisait la force
  27. L’islam et le sexe
  28. Le boom de la construction
  29. La quête de l’éternité
  30. Le gros butin