Langage et absurde
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Langage et absurde

Pour une sémiotique in-signe

  1. 128 pages
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Langage et absurde

Pour une sémiotique in-signe

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«En gĂ©nĂ©ral, le langage et la parole ont pour enjeu de nouer des liens entre les hommes. Communiquer en rĂ©sume la fonction vitale. Le langage est un mĂ©diateur puissant — le plus puissant sans doute — de la communication humaine. Cette conception n'est cependant que l'exigence d'une certaine expĂ©rience, certes la plus rĂ©pandue, mais pas la seule.Le projet d'une sĂ©miotique in-signe, une maniĂšre de " dĂ©truire " le langage, existe sous des formes variĂ©es, mĂȘme si ce n'est pas sous celle d'un savoir instituĂ©. Des poĂštes, des " fous", se sont attaquĂ©s au langage pour le dĂ©truire, avant qu'ils ne le soient eux-mĂȘmes par lui. De cette expĂ©rience nous gardons les traces d'un combat terrible et d'une dĂ©faite humiliante. Ils ne sont pas parvenus Ă  dĂ©truire le langage, malgrĂ© une sagacitĂ© hors du commun face Ă  lui. L'entreprise est apparue insensĂ©e car plusieurs y ont rencontrĂ© la mort. C'est dire que dĂ©truire n'est pas une de ces tĂąches dont on s'acquitte facilement: elle met en balance sa propre existence. Mais il y a au moins une autre expĂ©rience possible du langage, une expĂ©rience limite, celle de l'insensibilitĂ©, de l'insensĂ© et de l'ignorance, qui reconduit le soi au bord de lui-mĂȘme oĂč il se dessaisit de ce qu'il vient de dire et met en question le pouvoir mĂȘme d'Ă©noncer. Le langage n'est, lĂ , soumis Ă  aucune exigence, n'Ă©tant porteur d'aucune mĂ©diation. Il n'est entremetteur de rien, ni Ă©change rĂ©ciproque ni arbitrage. La communication ne semble pas passer, la relation promise et espĂ©rĂ©e ne s'Ă©tablit pas. On entre alors au cƓur du langage, au plus profond de lui, lĂ  oĂč il se refuse Ă  lui-mĂȘme. C'est cette expĂ©rience que nous allons privilĂ©gier dans l'Ă©tude de l'absurde.» (L.O.)

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Informations

Année
2013
ISBN
9782895782742

Chapitre II
L’absurde

Peut-ĂȘtre un jour s’apercevra-t-on d’une chose importante : la littĂ©rature de l’absurde, dont nous voici enfin et depuis peu libĂ©rĂ©s, on a cru Ă  tort qu’elle Ă©tait la prise de conscience, lucide et mythologique Ă  la fois, de notre condition ; elle n’était que le versant aveugle et nĂ©gatif d’une expĂ©rience qui affleure de nos jours, nous apprenant que ce n’est pas le « sens » qui manque, mais les signes, qui ne signifient pourtant pas ce manque. Dans le jeu brouillĂ© de l’existence et de l’histoire, nous dĂ©couvrons simplement la loi gĂ©nĂ©rale du Jeu des Signes, dans lequel se poursuit notre raisonnable histoire. On voit les choses, parce que les mots font dĂ©faut ; la lumiĂšre de leur ĂȘtre c’est le cratĂšre enflammĂ© oĂč le langage s’effondre.
M. FOUCAULT
Pour accĂ©der au cƓur du langage, le chemin est difficile et malaisĂ©. Il semble qu’il faille emprunter la voie de l’absurde, du dĂ©lire et mĂȘme de la folie. Est-ce bien lĂ  le chemin que nous voulons suivre ? Les exemples du chapitre prĂ©cĂ©dent sont dĂ©jĂ  une indication : Lewis Carroll ou Raymond Roussel ne sont pas des fous1. Leur travail nous introduit, chacun Ă  sa façon, au cƓur du langage. Il y a aussi d’autres paroles qui, avec leur problĂ©matique propre, ne demandent qu’à se livrer. Je ne souhaite donc pas explorer le langage de la folie — et ce n’est pas parce qu’il n’y aurait plus rien Ă  dire, bien au contraire. D’ailleurs, ce langage a aussi sa logique comme le montre le bel ouvrage de Michelle Nevert sur les lettres de personnes internĂ©es. Il se dĂ©gage de ces lettres, qui sont surtout des dĂ©nonciations de la condition d’internĂ©, l’exposĂ© d’une souffrance souvent intolĂ©rable. Plusieurs sont particuliĂšrement touchantes. Le langage n’y est pas incohĂ©rent. Et lĂ  justement, on est un peu surpris. Car ce que montrent les lettres publiĂ©es, c’est le respect de la langue, tant au niveau grammatical qu’orthographique : « Dans ces circonstances, la syntaxe comme le lexique suivent docilement les conventions et respectent la plupart du temps toutes les normes langagiĂšres2. » Un tel respect certes est fonction du niveau de scolaritĂ© ou de la classe sociale de l’écrivain. Les auteurs de ces lettres se corrigent, s’excusent Ă  l’avance des fautes qu’ils commettent ou auraient pu commettre. On est respectueux de la langue, plus que ne l’exige la convention sociale. On aurait pu penser au contraire que la langue des « fous » serait singuliĂšre dans la mesure oĂč elle exprimerait la maladie. Elle serait au plus prĂšs de l’affection dans son expression immĂ©diate tant dans sa syntaxe que dans son orthographe. Comment savoir s’il est fou quand les lettres du schizophrĂšne sont semblables aux autres. Il est difficile d’imaginer que les internĂ©s s’expriment comme nous, parfois mieux.
Ces lettres ont un objectif, Ă©crit aussi Nevert, celui d’annuler toute possibilitĂ© d’ĂȘtre jugĂ© nĂ©gativement. On ne veut pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme malade ou comme fou ; en fait, dans un discours au lexique qui emprunte beaucoup au discours mĂ©dical lui-mĂȘme, les internĂ©s dĂ©montent le mĂ©canisme supposĂ© de leur maladie, l’erreur de diagnostic. Au point qu’il arrive que le psychiatre utilise ces discours comme une forme d’autodiagnostic dont la conclusion cependant lui Ă©chapperait, comprenant ou interprĂ©tant mal les symptĂŽmes, les circonstances, etc.3.
Le discours du fou, du malade, n’est pas celui, comme on aurait pu le croire, qui s’attaque au langage, qui cherche Ă  le dĂ©truire parce qu’il l’enferme dans la folie ou la maladie. Être fou, c’est parler comme un fou, mais c’est surtout rester prisonnier d’une langue qui condamne Ă  l’avance tout ce que l’on dit ou Ă©crit. C’est difficile de parler ou d’écrire lorsqu’on est considĂ©rĂ© comme fou. C’est peut-ĂȘtre pourquoi, au contraire, on utilise la langue de la meilleure maniĂšre possible pour se faire comprendre, pour se faire un alliĂ© dont on reconnaĂźt la puissance tout en sachant le risque qu’il y aurait pour lui d’essayer de la pervertir ou de la dĂ©truire. Ce serait un vĂ©ritable Ă©garement que de parler sans ĂȘtre compris, que de s’attaquer au langage, Ă  sa syntaxe, Ă  son orthographe, au point qu’il devienne incomprĂ©hensible aux autres. C’est dans le langage, sa cohĂ©rence, sa structure, que prend forme, pour certains spĂ©cialistes de la psychĂ©, quelque chose comme la folie. On comprend pourquoi on n’ose s’y attaquer que rarement4. Le prix Ă  payer pour celui qui s’y risque est Ă©norme.
Je veux pour ma part Ă©tudier une autre maniĂšre d’accĂ©der au monde du langage, celui par lequel il se conteste lui-mĂȘme. Peu ont empruntĂ© cette voie. On trouve la trace d’un tel chemin dans la cĂ©lĂšbre « encyclopĂ©die chinoise », que cite Foucault au dĂ©but de Les mots et les choses, oĂč les animaux sont classĂ©s en « a) appartenant Ă  l’Empereur, b) embaumĂ©s, c) apprivoisĂ©s, d) cochons de lait, e) sirĂšnes, f) fabuleux, g) chiens en libertĂ©, h) inclus dans la prĂ©sente classification, i) qui s’agitent comme des fous, j) innombrables, k) dessinĂ©s avec un pinceau trĂšs fin de poils de chameau, l) et cĂŠtera, m) qui viennent de casser la cruche, n) qui de loin semblent des mouches5. »
À cette Ă©tonnante ou dĂ©concertante taxinomie, le philosophe conclut par une formule qui rĂ©sume bien notre confusion : « l’impossibilitĂ© nue de penser cela ». Il souligne avec Ă -propos que cette curieuse mise en ordre des animaux n’appartient pas Ă  notre pensĂ©e. Pourquoi est-il impossible, poursuit-il, de penser cela ? Ce n’est pas, comme on pourrait le croire, la proximitĂ© de ces ĂȘtres si hĂ©tĂ©roclites crĂ©Ă©e par la rĂ©partition invraisemblable qui les rĂ©unit ; ce n’est pas non plus la difficultĂ© de trouver ce qu’il y a de commun entre eux ; ce qui les rassemble, ce n’est rien d’autre que l’espace du langage. Ils sont tous lĂ  offerts Ă  notre regard Ă©bahi grĂące au langage. Sans lui, point de mise en ordre, chaque ĂȘtre rĂ©el ou imaginaire s’évaderait dans des lieux oĂč il deviendrait difficile sinon impossible de le rattraper. En effet, oĂč rassembler, en quel espace peuvent se marier les « et cĂŠtera », les « embaumĂ©s », les « qui appartiennent Ă  l’Empereur », les « apprivoisĂ©s », les « cochons de lait », les « innombrables », etc. ? Ils appartiennent tous Ă  des lieux qui, sans ĂȘtre complĂštement incommensurables, ne se croisent que de maniĂšre improbable. Ils appartiennent Ă  des univers trop Ă©loignĂ©s, trop dissemblables pour qu’ils puissent apparaĂźtre un jour, sauf sous le mode d’une encyclopĂ©die chinoise fabuleuse ou exotique, Ă  la pensĂ©e qui est la nĂŽtre. Mais ils sont venus ensemble dans cette zootaxie qui ne peut avoir pour nous que le charme de la poĂ©sie ou le comique de l’absurde. Or, pour ce qui est du charme de la poĂ©sie, Foucault souligne que Borges « ne fait jaillir nulle part l’éclair de la rencontre poĂ©tique ». Nous regarderons donc du cĂŽtĂ© de l’absurde.
L’étrange encyclopĂ©die chinoise n’est-elle pas absurde ? Elle l’est, nous dit Foucault, parce que la « monstruositĂ© que Borges fait circuler dans son Ă©numĂ©ration consiste au contraire en ceci que l’espace commun des rencontres s’y trouve lui-mĂȘme ruinĂ©. Ce qui est impossible, ce n’est pas le voisinage des choses, c’est le site lui-mĂȘme oĂč elles pourraient voisiner. [
] L’absurde ruine le et de l’énumĂ©ration en frappant d’impossibilitĂ© le en oĂč se rĂ©partissent les choses Ă©numĂ©rĂ©es6. » Est-ce bien ça l’absurde ? Ce n’est pas dans ces termes qu’on nous en a parlĂ©.
Un tel site, celui qui accueille tous ces ĂȘtres Ă©tonnants, n’existe pas dans la pensĂ©e « qui a notre Ăąge et notre gĂ©ographie ». L’absurde n’est pas, nous a-t-on appris, l’inexistence ; le non-sens est une chose au mĂȘme titre que le sens. En effet, il ne renvoie pas Ă  l’inexistence des choses ; la plupart des animaux de Borges existent. Il est vrai que le « et cĂŠtera » et le « inclus dans la prĂ©sente classification » posent un problĂšme mĂ©thodologique, dans le premier cas, et un dilemme logique, dans le second. Une classification doit pouvoir Ă©tablir un certain rapport au moins formel entre les classes, le « et cĂŠtera » vient anĂ©antir la possibilitĂ© d’un tel rapport. Une taxinomie ne peut comporter une catĂ©gorie « inclus dans la prĂ©sente classification », sans soulever un problĂšme logique. Le paradoxe est Ă©vident. Ce n’est pourtant pas lĂ  que l’absurde prend forme. Il est autre chose. Ce que Foucault affirme Ă  propos de l’encyclopĂ©die chinoise, c’est qu’elle ruine, et c’est en cela qu’elle est absurde, l’espace du langage si hospitalier pour tous ces ĂȘtres. L’absurde, tout comme la poĂ©sie mais de maniĂšre fort diffĂ©rente, s’attaque directement Ă  l’espace et mĂȘme Ă  l’ĂȘtre du langage, le ruinant dĂ©risoirement en l’ouvrant Ă  l’espace qui est le sien, celui dans lequel tout s’efface et disparaĂźt en un Ă©clair. L’encyclopĂ©die chinoise est impossible ; elle n’existe qu’à l’instant oĂč Borges l’a formulĂ©e mais, et c’est lĂ  ce qui nous importe, elle dĂ©truit Ă  l’avance tout lieu qui pourrait l’accueillir elle-mĂȘme7.

L’absurde et l’ĂȘtre du langage

L’absurde a ceci de curieux qu’il ne se caractĂ©rise pas par l’absence de sens, mais par le fait de jouer sur une mĂȘme surface sens et non-sens. LĂ , tout se passe dans l’immĂ©diat, Ă  la surface du langage — qui n’est d’ailleurs pour nous qu’une surface oĂč quelque chose a lieu. On le voit immĂ©diatement, quelque chose cloche dans ce qui est dit, par exemple : « L’étudiant assis sur un nuage quetsche ne comprend pas les assiettes volantes qui s’éclatent sur le tableau de l’ocĂ©an. » Il n’y a pas Ă  rĂ©flĂ©chir longuement devant un tel Ă©noncĂ©. Il est absurde. Mais pour quelles raisons exactement ?
Il y en a deux qui sautent aux yeux : la premiĂšre est que les mots « Ă©tudiant », « nuage », « quetsche », « assiette », « tableau » et « ocĂ©an » ne composent pas une unitĂ© sĂ©mantique cohĂ©rente. Ils se rencontrent apparemment fortuitement sur une surface connue, le langage, et, pourtant, ils se dĂ©fient plutĂŽt que de constituer une unitĂ© significative. Il y a bien entre « Ă©tudiant » et « tableau » un lien, mais dans la phrase il est invisible. En fait, le mot « tableau » est liĂ© ici Ă  « ocĂ©an » plutĂŽt qu’à « Ă©tudiant » : on se demandera alors ce que peut bien signifier le « tableau de l’ocĂ©an ». ArrĂȘtons-nous un instant Ă  l’absurditĂ© de cette phrase en cherchant Ă  comprendre Ă  quoi elle tient.
Est-ce l’énoncĂ© qui est mal construit ? Y a-t-il une erreur de syntaxe ? Il semble que non. Est-ce au niveau sĂ©mantique que le problĂšme se pose ? Il arrive que des propositions soient absurdes simplement parce qu’on ne connaĂźt pas la signification des mots. Selon l’exemple de Bouveresse, dire que « Les borogoves sont vĂ©gĂ©tariens » est absurde si on ne connaĂźt pas la signification du nom propre8. L’énoncĂ© ne l’est plus si l’on sait qu’il s’agit des habitants d’une planĂšte Ă©loignĂ©e de la terre. Si une telle planĂšte n’existe pas, la proposition ne devient pas pour autant absurde ; elle le redeviendrait si le mot « borogoves » dĂ©signait des roches volcaniques et que le terme « vĂ©gĂ©tariens » n’était pas une figure de style ou une analogie pour en parler. En effet, rien ne nous permet de douter que ces habitants, si inconnus ou imaginaires soient-ils, puissent ĂȘtre vĂ©gĂ©tariens, Ă©tant entendu qu’on veut dire par lĂ  qu’ils se nourrissent de mets provenant du rĂšgne vĂ©gĂ©tal et qu’ils ne mangent pas de viande.
Pour revenir Ă  notre phrase sur l’étudiant, c’est au niveau sĂ©mantique qu’elle devient inintelligible. En fait, c’est la signification globale de la proposition qui est absurde et non celle de chacun des mots employĂ©s. Pour nous, il est absurde qu’un Ă©tudiant soit assis sur un nuage quetsche ; qu’il y ait des assiettes volantes et qu’elles s’éclatent sur le tableau de l’ocĂ©an. L’ensemble donc n’évoque rien et il est difficile d’y voir une mĂ©taphore. Non seulement on ne saisit pas le sens de la phrase, mais on n’en comprend pas les raisons de l’énonciation ni le type d’acte qu’elle accomplit et les instances discursives qu’elle met en jeu. Selon la thĂ©orie des blocs sĂ©mantiques, tout Ă©noncĂ© donne en effet toujours une image de sa propre Ă©nonciation. Devant une telle proposition, l’esprit essaie de trouver du sens dans le non-sens apparent, puis il s’arrĂȘte pour dĂ©terminer que la phrase n’a pas de sens sauf peut-ĂȘtre dans un monde imaginaire ou exotique, comme peut l’ĂȘtre la Chine oĂč, selon nos prĂ©jugĂ©s, toutes sortes de classifications sont possibles9. Dans ce cas, il faudrait que l’énoncĂ© donne une image de sa propre Ă©nonciation.
La deuxiĂšme raison Ă©vidente pour laquelle l’énoncĂ© est absurde tient Ă  la difficultĂ© de le situer : Ă  quel type de langage appartient-il ? Il est possible qu’une telle proposition fasse partie ...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Crédits
  4. Introduction
  5. Chapitre I NĂ©gation et langage
  6. Chapitre II L’absurde
  7. Conclusion
  8. NOTES