Comment l'éducation sexuelle peut rendre plus intelligent
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Comment l'éducation sexuelle peut rendre plus intelligent

Orientations sexuelles et homophobie

  1. 200 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Comment l'éducation sexuelle peut rendre plus intelligent

Orientations sexuelles et homophobie

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À propos de ce livre

Comment expliquer que certains d'entre nous soient homosexuels, d'autres hétérosexuels et plusieurs plus ou moins bisexuels? D'où vient notre orientation sexuelle, et l'homosexualité en particulier? Est-elle normale? Contre nature? Naît-on ainsi? Résulte-t-elle de déterminismes biologiques? De l'éducation familiale? D'expériences précoces? S'agirait-il plutôt d'un choix? Et pourquoi certains sont-ils homophobes?L'étendue de l'ignorance en matière d'orientation sexuelle est, encore de nos jours, aussi consternante que regrettable, et notre système d'éducation ne semble pas vouloir remédier à la situation. L'information existe pourtant mais, selon toute apparence, elle est encore très mal diffusée et, lorsqu'elle l'est, souvent confuse. C'est pourquoi l'auteur propose ici une présentation à la fois synthétique et vivante des connaissances actuelles. Ce livre s'adresse à quiconque s'intéresse à ces questions qui, pourtant, nous concernent tous.

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Informations

Année
2015
ISBN
9782895784869
Chapitre 1
Les bienfaits du «lait masculin» et de l’échelle de Kinsey
À propos des orientations sexuelles
Une large part de la réflexion faite par les scientifiques comme par les gens ordinaires repose sur l’idée qu’il y a des personnes qui sont «hétérosexuelles» et des personnes qui sont «homosexuelles», que ces deux types représentent des antithèses dans le monde sexuel, et qu’il y a seulement une portion insignifiante de «bisexuels» qui occupe une position intermédiaire entre ces deux groupes.
Alfred Kinsey et al., Sexual Behavior in the Human Male, p. 636-637.
Après avoir recensé les comportements sexuels de plus de douze mille Américains, femmes et hommes, Kinsey et son équipe proposaient, en 1948, sept catégories qui, selon eux, représentaient mieux les comportements de leur vaste échantillon: 0) exclusivement hétérosexuel sans expérience ou désir homosexuel; 1) prédominance hétérosexuelle et occasionnellement homosexuel; 2) prédominance hétérosexuelle et plus qu’occasionnellement homosexuel; 3)bisexuel, également hétérosexuel et homosexuel; 4) prédominance homosexuelle et plus qu’occasionnellement hétérosexuel; 5) prédominance homosexuelle et occasionnellement hétérosexuel; 6) exclusivement homosexuel1. Devant un tel tableau, la réalité ne paraît déjà plus aussi simple, et la même question nous turlupine probablement tous: combien d’individus se retrouvent dans chacune de ces catégories?
La question est simple, mais les réponses ne le sont pas; en fait, la seule qui soit à peu près claire, la seule qui fasse consensus, est celle-ci: de 2% à 5% des hommes et entre 1% et 3% des femmes sont exclusivement homosexuels2. Dès que l’on cherche à savoir combien d’individus sont plus ou moins bisexuels (les catégories 1 à 5 de Kinsey), la situation se complique. À titre d’exemple, les résultats de diverses études: 6,8% des hommes et 18% des femmes d’un échantillon néo-zélandais ont dit avoir une certaine attraction pour les gens du même sexe3; selon un sondage de NBC News, 6% des hommes et 11% des femmes de 15 à 44 ans affirment avoir eu au moins une aventure homosexuelle4; une étude américaine publiée en 2005 avance que, parmi les hommes et les femmes de 15 à 44 ans, 7,1% des hommes et 13,6% des femmes ressentent une attraction sexuelle pour des personnes du même sexe5; dans une cohorte d’hommes de 40 à 59 ans, près de 15% d’entre eux ont reçu (au moins) une fellation dans leur vie par un autre homme6; et, entre autres, 5,2% des adolescents et 12,5% des adolescentes ont eu des contacts homosexuels7.
Jusque-là, les chiffres se ressemblent sensiblement, mais d’autres statistiques nous sont également offertes. Ainsi, les femmes qui se disent hétérosexuelles auraient 27 fois plus de chances que les hommes hétérosexuels d’exprimer une certaine attirance pour les gens du même sexe8. Parmi les couples échangistes, 18% des hommes et 77% des femmes auraient eu une expérience bisexuelle9. Parmi ceux et celles qui se présentent comme hétérosexuels, environ 33% disent avoir un intérêt pour les relations homosexuelles10. Près de 50% des lesbiennes affirment qu’elles sont parfois attirées par des hommes11. Sur 100 femmes qui se disaient lesbiennes à l’université et qui ont été suivies pendant dix ans, 60 ont eu au moins un rapport sexuel avec un homme12. Une étude a aussi montré que les femmes, peu importe ce qu’elles disent ressentir comme excitation subjective, réagissent sexuellement à une variété de stimuli sexuels, en l’occurrence des vidéos présentant des scènes homosexuelles, hétérosexuelles, solitaires (un homme ou une femme se masturbant) et même des bonobos en train de s’accoupler, tandis que les hommes réagissent davantage à ce qu’ils ont indiqué comme préférence13.
Comme on l’a peut-être noté, la plupart de ces études tendent à montrer que les femmes, peu importe leur orientation, ont une plus grande attraction pour les deux sexes que les hommes14. Les hommes se disent plus souvent exclusivement hétérosexuels ou homosexuels, tandis que les femmes, quelles que soient leurs préférences, manifestent plus de conduites ou d’intérêts bisexuels. Mais même cette conclusion n’est pas aussi certaine qu’elle n’y paraît15. Une autre étude, souvent citée, nous apprend que 59% des hommes hétérosexuels ont montré une excitation sexuelle en regardant une vidéo gay de quatre minutes16.
Même si l’on est tenté de remettre en question certaines de ces études, elles ne sont pas les seules à souligner l’importance de nos dispositions bisexuelles. Et c’est ce que montrent également quelques observations à propos de ce que l’on nomme l’«homosexualité situationnelle»: dans les situations où les partenaires de l’autre sexe sont absents, plusieurs auront des relations homosexuelles, même si ce n’est pas ce qu’ils préféreraient. L’exemple le mieux connu est certainement celui des prisons: de 20% à 45% des hommes incarcérés ont eu des activités homosexuelles et, pour les femmes, plus de 50%17. Et l’homosexualité dite situationnelle ne se manifeste pas seulement derrière les barreaux. Elle a aussi été observée sur les bases militaires, dans les écoles de garçons18, dans les écoles de filles, chez les moines bouddhistes japonais pendant des siècles, et dans les monastères du Tibet, entre autres, où, de la fin du dix-neuvième siècle jusqu’à la deuxième guerre mondiale, on se disputait les jeunes garçons, de même que parmi les femmes de maisonnées polygynes19. L’anthropologue Evans-Pritchard raconte que chez les Zandé (de l’Afrique centrale) les épouses des hommes riches et puissants étaient enfermées et surveillées de près afin qu’elles n’aient pas de relations extraconjugales. Aussi, ces femmes sexuellement négligées «avaient l’habitude de tailler dans une patate douce ou dans un tubercule de manioc la forme d’un organe masculin ou bien d’utiliser une banane dans le même but. Elles s’enfermaient à deux dans une hutte, l’une s’allongeait sur le lit pour tenir le rôle féminin tandis que l’autre, l’organe artificiel attaché autour du ventre, jouait le rôle du mâle. Ensuite, elles inversaient les rôles20.» Il en va de même dans certaines conditions de travail où les hommes sont confinés dans des lieux isolés, près d’une mine retirée ou sur des bateaux en mer21. Comme le rappelle Brett Genny Beemyn: «Au dix-neuvième siècle, le sexe entre hommes était également admis dans la vie de la mine, de l’exploitation forestière et des chantiers de construction du chemin de fer de la frontière des États-Unis et du Canada22
Si elles tendent à montrer que les femmes sont peut-être plus enclines à la bisexualité que les hommes, plusieurs études souffrent de ne porter essentiellement que sur les conduites des Occidentaux. Or, note-t-on à juste titre, il est bien possible que la pression sociale anti-homosexuelle chez les hommes de nos cultures explique cette plus grande polarisation chez eux, c’est-à-dire leur tendance à être plus exclusivement hétérosexuels ou homosexuels23.
Par exemple, on rencontre également cette propension à l’homosexualité dite situationnelle dans les cultures qui accordent beaucoup d’importance à la virginité de la femme au moment du mariage, ou lorsque la dot est difficile à accumuler pour le mariage24. Ainsi, a-t-on déjà noté, les garçons des pays arabes ont souvent leurs premières activités sexuelles avec des prostituées ou, pour 40% d’entre eux, avec d’autres garçons25. L’historien Vincenzo Patanè décrit ainsi un phénomène commun au Moyen-Orient: «La séparation rigoureuse entre les deux sexes jusqu’au mariage produit une situation dans laquelle beaucoup de garçons découvrent la sexualité avec d’autres garçons plus âgés ou même avec des hommes qui, inévitablement, les contraignent à jouer un rôle passif26
Au Maroc (dans les années 1990), les adolescents de Zawiya se livraient volontiers à des activités homoérotiques telles que des baignades nues ou la masturbation en groupe, et les garçons plus vieux avaient parfois des relations homosexuelles avec les plus jeunes, ce qui étaient beaucoup plus rare chez les adolescentes27.
Il ne semble donc pas que l’on puisse affirmer que cette plus grande ouverture à la bisexualité chez les femmes soit universelle. Et, pour n’en donner qu’un autre exemple, le même phénomène est observé dans les cultures où le visage des femmes est entièrement dissimulé par leur burqa, comme chez les Talibans, en Afghanistan. Ainsi, un résident de Kandahar avouait à un journaliste: «J’aime les garçons, mais j’aime mieux les femmes. C’est juste qu’on ne peut pas voir si les femmes sont belles. Mais on peut voir les garçons, et on peut donc voir lesquels sont beaux28.» Environ la moitié des hommes de Kandahar ont, ou ont eu, des rapports sexuels avec des garçons.
Si le pourcentage d’homosexuels exclusifs est plutôt stable d’une étude à l’autre, on comprend maintenant mieux pourquoi il est difficile de donner un pourcentage précis de bisexuels dans notre espèce et, par conséquent, d’hétérosexuels exclusifs, quand les circonstances environnantes semblent moduler autant leurs conduites. Et si certaines situations favorisent des conduites homosexuelles chez ceux qui, autrement, n’en auraient pas, il nous faut encore reconnaître que les coutumes de bien des cultures et la latitude qu’elles s’accordent diffèrent passablement des nôtres. Et elles compliquent encore nos tentatives de savoir combien parmi nous seraient bisexuels ou strictement hétérosexuels.
Le fait est que, tant que l’on ne tient pas compte des cultures qui nous ressemblent moins, nous n’avons qu’une représentation tronquée des comportements sexuels des membres de notre espèce. Par exemple, les professeurs Elaine Hatfield et Richard L. Rapson citent les conclusions d’une étude ayant recensé les travaux des anthropologues du siècle dernier à propos des pratiques homosexuelles des hommes de cent vingt cultures: dans 83% d’entre elles, moins de 20% des hommes ont des rapports homosexuels; dans 15% de ces cultures, de 20% à 50% ont de tels rapports; et dans 3% de ces cultures, il s’agit de plus de 50%29. Selon les sociétés observées, les mêmes interdits ne dominent pas et, par conséquent, nous constatons des conduites extraordinairement différentes. Et pour souligner encore davantage les divergences culturelles, il semble que certains peuples n’aient aucune pratique homosexuelle, tandis que tous les hommes d’autres sociétés s’y adonnent. Par exemple, les Lepchas de l’Inde ne connaissaient pas le concept d’homosexualité30. Les Aka et les Ngandu de la République centrafricaine ne s’adonnent pas non plus aux relations homosexuelles, ni les Mangaians des îles Cook, et aucune conduite semblable n’a été observée chez les Siriono de la Bolivie, même s’il n’existait aucun tabou à ce sujet et qu’ils se montraient plutôt libéraux31. Lorsque l’anthropologue Hortense Powdermaker a évoqué les relations homosexuelles que pratiquaient d’autres peuples, les Lesu de la Papouasie-Nouvelle-Guinée lui ont avoué n’avoir jamais entendu parler d’un tel phénomène, lequel les surprenait beaucoup plus qu’il ne les horrifiait32.
Parmi d’autres cultures, cependant, tous les hommes ont des activités homosexuelles. Et à cet égard, les Sambia constituent certainement à nos yeux l’un des peuples les plus étranges. Une fois que les jeunes garçons avaient bénéficié des vertus du lait maternel, les Sambia de la Papouasie-Nouvelle-Guinée (dans les années 1970) croyaient fermement qu’ils devaient ensuite compléter leur alimentation avec un peu de «lait masculin». Dès l’âge de sept, huit ou neuf ans,...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Dépôt Légal
  3. Dédicace
  4. Épigraphe
  5. Introduction
  6. Chapitre 1: Les bienfaits du «lait masculin» et de l'échelle de Kinsey
  7. Chapitre 2: Même les animaux ne font pas ça!
  8. Chapitre 3: Les lois du troupeauet des petits bergers
  9. Chapitre 4: Franchir les frontières de son nombril
  10. Chapitre 5: De la pénible compagnie des simples d’esprit
  11. Chapitre 6: Les homosexuels et les «mauvaises influences»
  12. Chapitre 7: Naturellement
  13. Chapitre 8: Traiter l’homophobie et les esprits atteints de religion (1)
  14. Chapitre 9: Traiter l’homophobie et les esprits atteints de religion (2)
  15. Remerciments
  16. Bibliographie
  17. Notes