La Mémoire sans souvenir
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La Mémoire sans souvenir

  1. 336 pages
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La Mémoire sans souvenir

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À propos de ce livre

Quand on parle de mémoire, on pense presque toujours aux souvenirs, ceux qui font de chacun de nous des êtres singuliers. Personne n'a en effet la même vie, la même histoire… Mais il existe une autre mémoire, tout aussi essentielle, et qui ne contient aucun souvenir conscient. C'est elle qui organise, à notre insu, nos habitudes, nos comportements, nos relations, tout en étant très liée à notre vie émotionnelle. Quels sont les mécanismes auxquels obéit cette force souterraine qui peut tout autant, et sans que nous le sachions, nous donner le goût de vivre que nous enfermer dans la routine? Que devient notamment cette mémoire «implicite» quand on vieillit ou qu'on développe une maladie neurodégénérative? Faut-il y voir un nouvel inconscient? C'est en tout cas ce que propose de montrer cet ouvrage. Un voyage au cœur d'une mémoire mal connue et qui, pourtant, gouverne une grande part de notre existence à notre insu. Antoine Lejeune est neurologue. Ancien responsable d'une consultation mémoire au centre Saint-Thomas à Aix-en-Provence, il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur le vieillissement et la résilience. Michel Delage est psychiatre. Ancien professeur du service de santé des armées, ancien chef de service à l'Hôpital d'instruction des armées Sainte-Anne à Toulon, il est thérapeute familial. Il a notamment publié La Résilience familiale, La Vie des émotions et l'attachement dans la famille ainsi que Famille et résilience (codirigé avec Boris Cyrulnik).

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2017
ISBN
9782738135612

Quatrième partie

À quoi la mémoire implicite sert-elle ?

Conséquences thérapeutiques

Chapitre 12

L’homme et son double :
le rôle de la mémoire implicite dans l’identité

Définir l’identité est une entreprise difficile, tant ses facettes sont nombreuses. Bien sûr, on peut reconnaître une identité biologique et anatomique qui nous inscrit dans la permanence d’une existence comme être unique. On peut nous identifier par nos empreintes digitales, notre groupe sanguin, notre empreinte génétique fixée dans notre ADN. Mais nous avons aussi une identité corporelle, celle qui repose sur notre apparence physique et qui concerne notre taille, la couleur de nos yeux, la forme de notre visage. C’est sur la base de cette apparence que repose l’établissement de notre carte d’identité ; remarquons que le doute peut s’installer, par exemple lorsque nous considérons de vrais jumeaux. Les perspectives de clonage humain peuvent nous entraîner dans des abîmes de réflexion.
Il existe également une identité sociale, liée à la place, au statut, à la fonction que l’on occupe, à la profession que l’on exerce. On voit bien, ici, une moindre consistance de l’identité. Elle peut changer au fil du temps. Un statut social n’est jamais acquis une fois pour toutes. Toutes ces identités peuvent être décrites de l’extérieur. Elles correspondent à des critères d’objectivité. C’est l’identité à la troisième personne.
Il en va tout autrement, lorsque nous considérons la perception que nous avons de notre propre identité, c’est-à-dire celui ou celle que nous pensons être, celui ou celle aussi que nous voulons être, que nous voulons montrer ou bien cacher aux autres. Il est question de notre vécu identitaire, en première personne. Nous allons tenter de comprendre comment cette identité est à la fois inscrite dans la relation à autrui, et dans une dimension temporelle. Elle se maintient tout en changeant. La mémoire implicite joue un rôle déterminant dans la construction et dans la conservation du vécu identitaire.

Le vécu identitaire

De nombreuses contributions philosophiques, notamment phénoménologiques, psychologiques, psychanalytiques, neuropsychologiques pourraient être étudiées ici. Nous nous contenterons de souligner quelques points qui nous semblent pertinents pour réfléchir au rôle de la mémoire implicite dans l’identité :
– Sur le plan phénoménologique, la référence à Paul Ricœur et à la notion d’identité narrative est utile (1985 ; 1990). La conception d’une identité personnelle est construite, chez cet auteur, à partir de la narration de soi, ce qui suppose une activité de conscience permettant la construction d’un récit et son ancrage dans la relation à l’autre, l’auditeur qui reçoit le récit.
– Ivan Boszormenyi-Nagi (2000), à l’origine de la « thérapie familiale contextuelle », a mis l’accent sur ce qu’il nomme la « dépendance ontique », en s’appuyant sur les écrits de Heidegger. Ce dernier a montré que le soi ne peut exister qu’en dépendance d’un lien à un non-soi. Nous sommes, ici, dans une perspective dialectique de l’identité, selon laquelle le soi est vu comme une figure qui dépend d’un « fond » : l’autre.
– L’identité est également inscrite dans une dimension temporelle. Nous sommes quelqu’un parce que nous avons une histoire. Cette histoire nous confronte à des changements, bien que nous ayons le sentiment de rester le même. Nous sommes à la fois identiques à nous-mêmes (identité = idem) selon une continuité ininterrompue de notre existence, tout en incluant le changement (identité = ipse) qui nous permet de conserver l’apparence du même (Ricœur, 1985).
Cette référence à la permanence dans le changement n’est pas sans analogie avec ce que nous connaissons aujourd’hui de la plasticité cérébrale. La fonctionnalité du cerveau est changeante. En permanence, des réseaux neuronaux se font et se défont, des connexions synaptiques disparaissent au profit de nouvelles, des neurones meurent et sont remplacés par d’autres. Et pourtant, quelque chose demeure, assurant une permanence, une continuité. La mémoire de ce qui, dans la perception de l’expérience vécue, se modifie et se transforme continuellement est conservée.
L’identité relève d’une construction, d’un développement permanent à partir du stade indifférencié du début de l’existence. Ainsi, Erikson distingue huit étapes successives que l’homme franchit de la naissance à la mort. Le passage d’une étape à une autre est marqué par une crise identitaire selon laquelle les acquis de l’étape précédente sont remis en question par les enjeux de l’étape suivante (Erikson, 1980). Nous n’allons pas décrire ici les huit étapes. À titre d’exemple, nous indiquons seulement que le cinquième stade (de 11 ans jusqu’à la fin de l’adolescence) est centré sur l’acquisition de l’identité, c’est-à-dire une lutte pour développer l’identité du soi ; une préoccupation de l’apparence ; un développement de l’identité dans un groupe avec les pairs. D’une manière plus générale, la psychologie développementale a opéré différents découpages de l’existence pour rendre compte de la construction de la personnalité (Golse, 2010). Comprise d’un point de vue psychologique (Tap, 1998), nous pouvons finalement retenir les caractéristiques suivantes de l’identité :
– la continuité ;
– l’intégration de l’expérience qui permet le sentiment d’une cohérence interne ;
– la différenciation, non seulement entre soi et l’autre, mais aussi à l’intérieur de soi-même. Cela signifie l’accès à une pensée réflexive, la capacité de penser le soi, c’est-à-dire être observateur de soi-même. Cela est possible grâce à la mentalisation des données de l’expérience vécue ;
– l’unicité, soit le fait de se percevoir comme unique ;
– l’intentionnalité, permettant de s’engager dans l’action ;
– la définition de valeurs qui nous sont propres.
Ces différents aspects participent de plusieurs concepts. Dans l’identité sont utilisées des références au « moi » freudien, au « je » du sujet de langage (Lacan, 1966) ou bien au « soi » (le self). La notion de soi doit être comprise comme ce qui distingue l’individu de son environnement (Winnicott, 1958), ce qui rassemble les sentiments et l’affectivité tout entière d’une personne (Klein, 1975), c’est-à-dire ce qui semble le plus opérant. De cette manière la notion de soi se conjugue avec la conscience (conscience de soi), avec l’image (image de soi) et avec l’intimité (estime de soi).
Quelle que soit la manière dont nous abordons l’identité, nous rencontrons la mémoire, car l’une ne peut pas exister sans l’autre. La mémoire est gardienne de l’identité. Différents syndromes neurologiques nous montrent que les altérations de la mémoire vont de pair avec les altérations de l’identité. Toutes les formes de mémoire concernent l’identité. L’identité narrative, que nous venons d’évoquer, fait appel à la mémoire déclarative, explicite. Les récits que nous pouvons faire des expériences que nous avons vécues relèvent de la possibilité de mettre en jeu notre mémoire épisodique et notre mémoire sémantique sur lesquelles s’appuie notre « soi autobiographique ».
Mais les altérations de la perception corporelle de soi nous indiquent la mise en jeu d’une autre mémoire dans le soutien de notre identité. Il s’agit d’une mémoire implicite, non consciente, reposant sur l’intégration de nos nombreuses expériences perceptives. L’intégration des informations extéroceptives (en provenance de l’extérieur par nos organes des sens) et intéroceptives permet à notre cerveau de percevoir l’état interne de notre corps grâce aux stimuli en provenance des viscères qui parviennent à l’insula. Comment comprendre la mémoire implicite lorsqu’elle intervient dans le soutien de l’identité liée à la relation à l’autre ? La figure 22, ci-dessous, permet d’envisager quelques réponses.
L’illusion, le double, le sosie, l’imposteur, l’autre moi-même sont fréquemment rencontrés dans la littérature. La construction du soi n’est jamais définitivement acquise. Le moi conscient est lié à l’autre moi-même de deux manières : dans le face-à-face et dans le miroir. Au « stade du miroir », l’enfant se reconnaît en reconnaissant sa mère qui le regarde, qui le tient dans ses bras et qui lui indique qu’elle le reconnaît elle-même. Notre relation à nous-mêmes est toujours prise dans un jeu triangulaire grâce à la présence de l’autre en nous. Nous sommes à la fois acteur et observateur de notre action et de notre mémoire. Nous avons intériorisé l’autre comme étant le semblable et le différent. Entre la mémoire implicite et la mémoire explicite se situent des périodes d’hésitation, d’oscillation et de confrontation. Il en résulte des distorsions de mémoire, parfois des drames, mais aussi des possibilités créatives.
   La mémoire implicite apparaît comme la gardienne du vécu identitaire. Les perceptions de soi et de l’autre, avec les miroirs, la voix, les contacts, les odeurs, les expressions faciales, le fonctionnement interne de notre corps, ses rythmes et ses mouvements aboutissent à une synthèse, à la fois extéroceptive et intéroceptive qui constitue les principales données de notre vécu identitaire.
Figure 22. La mémoire implicite gardienne du vécu identitaire. La mémoire implicite apparaît comme la gardienne du vécu identitaire. Les perceptions de soi et de l’autre, avec les miroirs, la voix, les contacts, les odeurs, les expressions faciales, le fonctionnement interne de notre corps, ses rythmes et ses mouvements aboutissent à une synthèse, à la fois extéroceptive et intéroceptive qui constitue les principales données de notre vécu identitaire.
De l’identité émergent le soi conscient et l’autre soi, celui qui occupe le « vaste sous-sol de notre esprit » (Damasio, 1995 ; Naccache, 2006 ; Ramachandran, 2011) et qui oriente le fonctionnement de l’esprit grâce à sa capacité à intégrer, à notre insu, de nombreuses données de l’expérience et à les mettre en connexion avec ce qui, dans le passé a été conservé en mémoire implicite.

La mémoire implicite et le soi

Nous retenons donc le soi comme un ensemble complexe d’éléments rassemblés en une unité caractérisant un sujet, une personne, et lui permettant de se distinguer de ce qui lui est étranger. Le soi s’éprouve comme une continuité personnelle et se construit dans les interactions. Comme l’indique Antonio Damasio (1999), on peut envisager un soi constitué de plusieurs parties intégrées :
Un soi minimal, un « proto-soi » : il se constitue dans la conscience de vivre une expérience immédiate dans une unité corporelle allant du plaisir à la douleur. Ce proto-soi correspond dans cette conception à l’activation de la substance réticulée et des noyaux du tronc cérébral.
Un « soi-noyau » : il se construit dans l’expérience émotionnelle vécue et encodée en mémoire implicite. On peut ici retenir les « formes dynamiques de vitalité » (Stern, 2010), activées dans les structures sous-corticales (Damasio, 2010).
Un « soi narratif » ou encore « soi autobiographique » : il correspond à la faculté consciente de se raconter. Il est donc lié à l’activité des zones corticales de l’hémisphère gauche, permettant le langage et la représentation du temps. C’est essentiellement l’encodage en mémoire explicite qui est, ici, en jeu.
Si nous retenons plusieurs parties intégrées dans le soi, il devient légitime de penser qu’il puisse y avoir des défauts d’intégration, par exemple lorsque dans les interactions de l’enfant avec son environnement, plusieurs styles d’attachement s’affrontent et que des contradictions s’établissent. On peut alors évoquer un soi divisé qui correspond à des mécanismes de clivage.
À vouloir se conformer à ce qu’il suppose qu’on attend de lui, l’enfant, au cours de son développement, risque de construire un « faux self », une personnalité d’emprunt, tandis qu’à l’occasion de certaines expériences douloureuses ou de conflit, des éléments plus vrais du soi mais mal intégrés, surgissent comme témoins de ce qui, dans la petite enfance, n’a pas été suffisamment régulé dans le soi-noyau. Dans ces cas, la construction de modèles internes opérants harmonieux, cohérents et capables d’intégrer différents aspects relationnels et émotionnels, auxquels l’enfant a été confronté, n’a pas été possible. De plus, ce qui a été conservé en mémoire implicite est susceptible d’être réactivé et de déborder les capacités de narration et de mentalisation habituellement exercées grâce à la mémoire explicite.
On pourrait peut-être aussi rendre compte, de cette manière, du phénomène des personnalités multiples. Il s’agit de personnes qui semblent changer de personnalités selon les différents environnements fréquentés, à la mémoire autobiographique souvent défaillante et se plaignant parfois de « trous de mémoire ». Ils ont une grande labilité émotionnelle et présentent des troubles dissociatifs, liés à des expériences traumatiques de l’enfance. Mais bien des questions restent encore en suspens sur ce sujet, notamment quant au déséquilibre entre mémoire explicite et mémoire implicite (Schacter, 1999). En se basant sur l’idée d’un soi bio-immunologique, certains ont même suggéré que ces aspects pouvaient être liés à des perturbations du terrain immunitaire (Ramachandran, 2002).
Retenons finalement que le soi est expérimenté dans le corps et s’incarne en lui, à partir d’un encodage, en mémoire implicite, des interactions avec les figures de soins. Nous pouvons maintenant préciser les différentes étapes de la construction du soi.

Se reconnaître comme semblable à l’autre

Cette première étape équivaut à la période où se fabrique une trame commune entre la mère et l’enfant. Une coordination motrice, gestuelle, cognitive et émotionnelle s’établit entre les deux partenaires. La première ébauche de la constitution du soi naît dans la transubjectivité (Marcelli, 2006). On connaît l’importance de l’imitation chez le bébé au début de l’existence. Cette imitation consiste d’abord en une synchronisation motrice du bébé avec ce qu’il voit à partir de ce qu’il sait faire. Ainsi dès les premières heures de sa vie, il sait tirer la langue, et apprend à le faire automatiquement, quand un adulte se met en face de lui et lui tire la langue (Moore, 1983). L’imitation est un mode spécialement efficace du traitement de l’information combinant des schémas innés et une sensori-motricité élémentaire comme sucer, sourire, et aussi plus tard apprendre, parler, acquérir des formes d’expression, un accent.
Remarquons que dans ces formes primaires d’imitation, il existe une réciprocité qui conduit l’adulte, de son côté, à imiter les expressions du bébé. Cependant l’adulte introduit toujours des écarts. Son imitation à lui est intentionnelle, explicite, et elle apporte des modifications qui font que l’imitation n’est pas la réplication exacte de ce que produit l’enfant. Les expressions sensori-motrices de ce dernier sont modifiées, amplifiées ou atténuées et elles sont assorties de commentaires verbaux.
C’est cet écart qui entraîne l’enfant vers l’intersubjectivité. Le rôle du regard est ici essentiel, de sorte que sans doute se conjuguent l’attention et le développement des neurones miroirs.
Nous pouvons retenir qu’au début de l’existence, l’activité cérébrale de l’enfant reproduit celle de la figure de soins. On peut évoquer ici la mise en place d’un « système du même » (Georgieff, 2008), c’est-à-dire un ensemble d’éléments encadrés en mémoire implicite par réplication de l’activité cérébrale de la figure de soins. Cette réplication s’effectue de l’hémisphère droit de la mère à l’hémisphère droit de l’enfant grâce à la capacité de la mère à s’accorder affectivement à l’enfant. On est ici au stade d’un moi indifférencié. L’introduction par la figure de soins des écarts dans l’imitation engage vers l’intersubjectivité et va permettre une meilleure différenciation du soi.

Se reconnaître soi comme distinct de l’autre,
bien que lié à lui

L’enfant apprend dans le miroir de la mère à encoder des expériences du « pareil » qui côtoient le « pas tout à fait pareil ». Des petits écarts se manifestent dans lesquels l’enfant commence à se percevoir un peu distinct, en même temps que lié encore à sa mère.
Le stade du miroir, bien décrit par René Zazzo, illustre particulièrement ces phénomènes. Dans le miroir, l’enfant arrive à se reconnaître, car il reconnaît la figure de soins, lorsqu’il voit sa mère qui le tient dans les bras. Ainsi apparaît le double que l’enfant va d’abord chercher derrière le miroir, avant de comprendre qu’il ne s’agit que d’une image de lui-même. On est ici aux alentours de 24 mois. En même temps se produit le phénomène de l’attention conjointe. L’enfant regarde avec sa mère ce qu’elle lui montre. Ce peut être précisément son image dans le miroir et le regard de l’enfant va effectuer, alors, un va-et-vient entre ce que la mère lui montre et lui-même. Un peu plus tard, il va pointer du doigt ce qui l’intéresse, et ce qu’il veut obtenir. Il sera donc prêt à parler.
Chez certains patients ayant des troubles cognitifs débutants, mais un langage et un rappel de souvenirs anciens encore préservés, la présence du miroir provoque parfois une véritable sidération gestuelle (Cyrulnik, 1997). Peut-on, ici, parle...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Copyright
  4. Introduction
  5. Première partie - Qu’est-ce que la mémoire implicite ?
  6. Deuxième partie - Sur quoi la mémoire implicite porte-t-elle ?
  7. Troisième partie - Comment la mémoire implicite fonctionne-t-elle ?
  8. Quatrième partie - À quoi la mémoire implicite sert-elle ? - Conséquences thérapeutiques
  9. Conclusion
  10. Glossaire
  11. Références bibliographiques
  12. Ouvrages de Michel Delage chez Odile Jacob
  13. Table
  14. Quatrième de couverture