Le Présent du passé au cube
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Le Présent du passé au cube

Des nouvelles de la préhistoire

  1. 224 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Le Présent du passé au cube

Des nouvelles de la préhistoire

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Table des matières
Citations

À propos de ce livre

Yves Coppens nous raconte dans ce nouveau livre, Des nouvelles de la préhistoire, ce qu'était la vie des premiers hommes, avec la précision qui est la sienne et toute la gourmandise de conteur qu'on lui connaît. Partant de nos origines, il répond à toutes les questions que nous nous posons sur les vrais débuts de la bipédie, le régime alimentaire de nos ancêtres, les plus anciens peuplements d'Europe ou de Chine, mais aussi l'utilisation des silex ou des haches d'apparat, les grottes ornées de France ou encore l'apparition de l'écriture. De l'Éthiopie à l'Europe, de l'Extrême-Orient à l'Amérique, de l'Inde à l'Australie, voici un extraordinaire voyage dans le temps et dans l'espace qui met en lumière l'étonnante actualité de ce passé dont nous sommes tous issus. Que peut-on dire aujourd'hui de Lascaux, soixante-dix ans après sa découverte? Pourquoi est-on désormais certain qu'il existait des formes de cannibalisme entre Neandertal et Cro-Magnon? Découvreur mondialement connu de nombreux fossiles humains célèbres dont Lucy, Yves Coppens est paléontologue. Professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Académie des sciences et de l'Académie de médecine, il est également professeur honoraire au Muséum national d'histoire naturelle. Il est notamment l'auteur de Pré-ambules, du Genou de Lucy, de L'Histoire de l'homme, d'Yves Coppens raconte l'homme et, plus récemment, du Présent du passé et Pré-textes qui ont été de très grands succès.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2013
ISBN
9782738177070
Chapitre 1
Il y a très longtemps

Debout1 !
Pour un paléoanthropologue, un préhumain est un être qui n’est plus un singe, mais qui n’est pas encore un homme. L’âge des préhumains s’échelonne, des plus anciens aux plus récents, de 10 millions à 1 million d’années ; le caractère qui les réunit est qu’ils se tiennent debout en permanence et qu’ils sont tous et pour la première fois consécutivement bipèdes.
Aujourd’hui, il se trouve que nous en savons un peu plus sur leurs fémurs. Deux collègues, Bryan Richmond (Washington) et William Jungers (New York), ont en effet publié dans la revue Science une étude sur les fémurs d’Orrorin2. Orrorin tugenensis, je le rappelle, est ce préhumain de 6 millions d’années, l’un des plus vieux donc, qui a été découvert au Kenya en 2000 par Brigitte Senut et Martin Pickford3. Or on dispose de trois de ses fémurs, ce qui est rare pour une espèce aussi ancienne. Depuis le début de leurs travaux, les « inventeurs » d’Orrorin ont parlé de la bipédie de ce préhumain ; ils ont fait observer qu’elle était toujours accompagnée d’une aptitude à l’arboricolisme – ces préhumains continuaient à être des grimpeurs, comme ceux d’avant, mais ils étaient déjà des marcheurs, comme ceux d’après – et ont précisé que cette bipédie n’en était pas moins meilleure que celle de Lucy, pourtant beaucoup plus jeune.
Ces deux collègues américains concluent quant à eux qu’Orrorin est bien debout, qu’il est bien bipède, mais que la morphologie de ses fémurs conduit à le rapprocher de préhumains particuliers, les australopithèques, c’est-à-dire à l’écarter de l’ancestralité directe de l’homme.
Il est vrai que ce n’est pas parce qu’on est debout et qu’on est bipède que l’on a tous marché de la même manière. La belle bipédie fluide de l’être humain d’aujourd’hui, bipédie de grande vitesse et de grande efficacité énergétique, n’a pas été acquise tout de suite, il a existé un certain nombre de bipédies successives et parfois même contemporaines.
Il faut retenir de ce travail la confirmation de la bipédie d’Orrorin, ce qui n’est pas rien et une interrogation sur sa destinée.
Ardi4
Tout le monde connaît Lucy ; on la trouve dans les manuels scolaires du monde entier, mais son berceau, que l’on connaît moins, mérite qu’on s’y attarde. La revue Science vient en effet de sortir un superbe numéro sur un autre personnage, évoluant dans la même région : Ardipithecus ramidus. Je précise qu’ardi est un mot local signifiant « sol » ; ramidus, un autre mot local qui veut dire « racine » ; Ardipithecus ramidus, c’est donc quelque chose comme « l’ancêtre de la région des origines ».
On a un peu parlé de ce fossile, proche de Lucy, au moment de sa découverte en 19945, mais pas beaucoup. Il faut, dans notre métier bien des années – dégager les ossements de leur gangue, puis les décrire, puis les comparer, puis les interpréter – avant de faire connaître le statut qu’on attribue au fossile que l’on a mis au jour. Dans le cas qui nous occupe, l’opération aura pris dix-sept ans ! Les trois collègues qui ont découvert Ardipithecus, Tim White, un Américain, Gen Suwa, un Japonais et Berhane Asfaw, un Éthiopien, ont réalisé un superbe travail d’anatomie6. Ils décrivent un préhumain de 50 kilos, de 1,20 mètre et de 4,4 millions d’années. Ardipithecus ramidus, né tout près de Lucy, mais dans un terrain un peu plus ancien, puisque Lucy n’a que 3,2 millions d’années.
Il se trouve qu’Ardipithèque possède à la fois des caractères de préhumains, comme Lucy, comme Toumaï, et des caractères qui lui sont propres. Il est, par exemple, plus frugivore que ne l’est Lucy et il présente moins de dimorphisme sexuel qu’Australopithecus afarensis, l’espèce à laquelle appartient Lucy. Les mâles et les femelles d’Ardipithecus ramidus sont à peu près de la même taille, alors que Lucy est une bien petite femelle aux côtés des « Luciens » de sa société.
Je salue ce travail, mais je ne suis pas complètement convaincu par ses conclusions. On nous y dit, en effet, que « le singe descend de l’homme » parce que Ardipithecus est plus proche de l’ancêtre commun des préhumains et des préchimpanzés que ne l’est l’ancêtre des chimpanzés. C’est de l’humour, bien sûr, mais cela entretient une ambiguïté que seuls les professionnels peuvent apprécier et ne pas prendre au pied de la lettre.
Ardi encore7
Je voudrais revenir un peu sur Ardipithecus qui suscite beaucoup de malentendus.
Partons d’avant Toumaï, de 10 millions d’années donc, de ce grand embranchement qui, en Afrique tropicale, libère deux branches : l’une qui se spécialise autour de la vie dans les arbres et qui conduit aux chimpanzés, l’autre qui se développe autour de la vie dans les arbres et au sol et qui mène aux humains.
Les découvreurs d’Ardipithecus ont confirmé, grâce à leur fossile, que la double exploitation des arbres et du sol des préhumains avait entraîné chez eux une adaptation originale et fondamentale : le redressement du corps. La bipédie permanente apparaît, en effet, à ce moment-là seulement et seulement du côté préhumain. Ardipithecus a, par exemple, un bassin composé d’une partie inférieure équipée de muscles pour grimper et d’une partie supérieure à l’anatomie conformée pour marcher et courir. De même, le pied d’Ardipithecus comporte dans le tendon du gros orteil un os, le peroneum, qui lui permet de mieux marcher, mais ce gros orteil n’en conserve pas moins son opposabilité aux autres orteils, ce qui lui permet de continuer à grimper. Quant à ses mains, elles sont extrêmement robustes, mais gardent la flexibilité qui accompagne la saisie. Rien dans tout cela ne change donc le schéma de notre évolution, contrairement à ce qui a été, parfois, déclaré. Ces études ont, par contre, conforté la phylogénie existante en l’enrichissant d’observations nouvelles.
Un nouveau : Australopithecus sediba de Malapa8
C’est une découverte qui va faire plaisir à ma chère Lucy : sa famille est en train de s’agrandir. Mon collègue américain Lee Burger, qui recherchait depuis longtemps des préhumains en Afrique australe, vient de recueillir à Malapa, non loin du site très connu de Sterkfontein, les restes de deux squelettes dans le remplissage d’une nouvelle grotte. L’un est probablement celui d’un jeune mâle de 12 ou 13 ans ; l’autre serait celui d’une femelle adulte. Il s’agirait d’un nouveau type d’australopithèque d’un peu moins de 2 millions d’années. Lee Berger9 a donné un nom nouveau à ce préhumain : Australopithecus sediba – sediba, dans la langue locale, veut dire « fontaine ». Il l’interprète comme le descendant de l’australopithèque local, celui que l’on appelle Australopithecus africanus.
Un australopithèque est un hominidé qui n’est pas encore véritablement humain ; c’est pour cela que, de manière simple, je l’appelle préhumain. Dans ces régions d’Afrique tropicale, entre 3 et 2 millions d’années, il s’est produit un grand changement climatique, un grand assèchement. Évidemment, toutes les bêtes ont réagi à cet événement et les hominidés aussi. En Afrique de l’Est, cette réaction a donné l’homme : le genre Homo est en effet apparu comme une solution à ce changement climatique, avec sa plus grosse tête et ses dents à manger de tout, y compris de la viande10. En Afrique du Sud, on ignorait jusque-là quelle avait été la parade des hominidés à la crise ; on sait aujourd’hui que cette parade s’appelle Australopithecus sediba. L’Afrique du Sud a ainsi trouvé une autre solution que l’Afrique orientale et donné naissance, à ce moment de l’évolution, à un autre préhumain, issu du préhumain en place. Grâce à cette découverte, on peut dire que l’Afrique du Sud n’est pas à l’origine de l’homme.
Comme tout être vivant, les hominidés disposaient, en effet, d’un lot de caractères dans lesquels ils devaient puiser pour s’adapter au stress climatique des années 3-2 millions. Avec cet équipement, ils ont donc construit en l’occurrence deux êtres nouveaux : l’homme en Afrique orientale ; un préhumain original, Australopithecus sediba en Afrique méridionale.
Little Foot11
Australopithecus prometheus refait parler de lui. Il y a bien longtemps en effet que Raymond Dart12 avait donné ce nom à un préhumain (un australopithèque) après s’être imaginé qu’on lui devait l’invention du feu. Mais on s’était vite aperçu que c’étaient des oxydes naturels de fer et de manganèse formés sur les ossements ou les pierres de ces gisements qui avaient fait penser à des traces de combustion. Le préhumain en question est ainsi « tombé en synonymie », comme on dit, avec Australopithecus africanus. Or, un jour, à l’Université de Johannesburg, un de mes amis, Ronald Clarke, a découvert, dans des collections qu’il rangeait, un petit morceau de pouce de pied (quelques os) du site de Sterkfontein qui n’avait pas été déterminé lors de sa découverte et de son stockage en 1938 et qu’il a tout de suite attribué à un préhumain. Et puis, de fil en aiguille, Clarke s’est décidé à descendre dans la grotte d’où provenait le petit morceau d’orteil redécouvert et a trouvé le squelette complet de son « propriétaire », qui a depuis pris le nom informel et sympathique de Little Foot13. Or, après analyse de ce squelette, Ron Clarke a estimé qu’il était comparable à celui qui avait été appelé Australopithecus prometheus par Dart. Et Little Foot, annoncé en 1994, s’est donc commué en Australopithecus prometheus en 2011.
Australopithecus prometheus, ou Little Foot, est donc un petit préhumain d’environ 3 millions d’années. Or on sait que, au changement climatique de ces années-là14, deux types de parades ont été inventés par notre famille dans chacune des provinces biogéographiques qu’elle occupait : une réponse robuste et...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Dédicace
  5. Sommaire
  6. Avant-propos
  7. Préambule - Il y a vraiment très longtemps
  8. Chapitre 1 - Il y a très longtemps
  9. Chapitre 2 - Il y a longtemps
  10. Chapitre 3 - Il y a assez longtemps
  11. Chapitre 4 - Il n’y a pas si longtemps
  12. Chapitre 5 - C’était hier
  13. Chapitre 6 - Autour et à travers le temps
  14. Postambule
  15. Après-propos