Aux racines de notre humanité
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Aux racines de notre humanité

Le chasseur-cueilleur qui reste en nous

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Aux racines de notre humanité

Le chasseur-cueilleur qui reste en nous

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À propos de ce livre

L'homme est un singe social, qui a vécu pendant la plus grande partie de son histoire en petites tribus de quelques dizaines d'hommes et de femmes. Au cours des dix mille dernières années – une fraction de seconde à l'échelle de l'humanité – nous nous sommes retrouvés propulsés dans un monde complexe où nous sommes devenus sédentaires; nous avons inventé l'agriculture, créé des lois, institué le mariage et la famille, imaginé la propriété, l'argent et le commerce. Mais en nous éloignant de notre nature de chasseur-cueilleur, qu'avons-nous gagné? Ce panorama passionnant de l'histoire de l'humanité retrace les étapes et les progrès majeurs qui ont façonné notre mode de vie, et qui nous ont progressivement menés de l'état de nature au monde moderne. Ce grand récit de notre évolution nous incite à nous interroger sur les conséquences de ce basculement vers la modernité. Un retour aux racines de notre humanité pour mieux comprendre les crises que traverse notre monde. Alexandre Stern est entrepreneur, consultant et écrivain. Il est ancien élève d'HEC, de New York University et de l'Insead. Il est l'auteur du Singe cuisinier. Comment la cuisine nous a civilisés.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2022
ISBN
9782415001520

CHAPITRE V

Es-tu beau, Homo sapiens ?

Le corps : hygiène et beauté

Si on se représente souvent nos ancêtres du Paléolithique comme des êtres hirsutes, sales et pleins de parasites, la réalité est tout autre, car les hommes et femmes ont attaché depuis les débuts de l’humanité la plus grande importance à leur hygiène et à leur apparence.

L’hygiène, une préoccupation très largement partagée dans le règne animal

Les humains ne sont pas les seuls animaux à se préoccuper de leur hygiène. La plupart des espèces qui sont soumises notamment aux parasites de la peau (poux, puces, tiques, acariens…) procèdent à l’entretien de leur fourrure ou de leur plumage, soit par l’épouillage – qui peut être individuel ou social –, soit par l’hygiène personnelle (l’usage des bains de boue est répandu dans le règne animal pour se protéger des parasites), soit encore par la symbiose avec d’autres espèces animales. C’est ainsi qu’un petit oiseau dénommé le pluvier vient régulièrement prélever des restes de nourriture entre les dents des crocodiles sans risque de se faire dévorer, le débarrassant ainsi des risques d’infection ; de même l’oiseau pique-bœuf se nourrit des parasites présents sur la peau des éléphants, buffles ou rhinocéros… On retrouve ce type de relations symbiotiques chez les animaux marins où les parasites sont particulièrement nombreux et variés (vers, sangsues, mollusques, acariens, ou encore crustacés marins comme les poux de mer…) ; il existe ainsi de nombreuses espèces de poissons nettoyeurs qui viennent se nourrir des parasites jusque dans la gueule des plus grands poissons.
L’homme n’a pas créé de telles symbioses avec d’autres animaux ; la lutte contre les parasites repose donc uniquement sur ses propres efforts ou sur ceux de ses congénères. Comme chez les autres grands singes, l’épouillage social a joué pendant des centaines de milliers d’années un rôle majeur chez l’homme, à la fois comme moyen de se prémunir contre les parasites et comme fondement des relations entre membres d’une même communauté humaine.

L’épouillage : entre hygiène et sociabilité

L’épouillage chez les primates consiste pour un individu à utiliser ses doigts pour débarrasser la fourrure d’un congénère de ses parasites, insectes, nœuds et peaux mortes. C’est une activité importante chez la plupart des singes sociaux (chimpanzés, macaques, babouins, singes verts…) qui peuvent y consacrer jusqu’à 4 heures par jour, c’est donc une activité presque aussi importante que la recherche de nourriture. L’épouillage établit une sorte de contrat tacite entre les membres d’un groupe : tu me débarrasses de mes parasites et, en faisant cela, tu te crées un capital social pour lequel tu pourras obtenir une réciprocité : épouillage en retour, partage de nourriture, protection contre un danger.
Les relations sociales chez les primates qui vivent en groupes sont en effet très importantes et chaque individu est reconnu par les autres comme ayant un rang social plus ou moins important en fonction de nombreux facteurs comme son âge, son sexe, sa force physique, son intelligence, son agressivité ou encore sa bienveillance au sein du groupe. L’épouillage est généralement mené soit entre individus de même rang social, soit par des individus de rang inférieur sur des animaux de rang supérieur, afin de s’assurer leurs bonnes grâces (neutralité ou bienveillance, éventuellement partage de nourriture ou autres avantages que peut procurer l’alliance avec un animal de rang plus élevé). En plus de son intérêt pour se débarrasser des parasites piqueurs et suceurs, sources de démangeaisons et de transmission de maladies, il procure aux animaux épouillés une forme de plaisir, l’action mécanique sur les poils créant une douleur légère qui stimule la production d’endorphines. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des singes entrer en somnolence pendant une longue séance d’épouillage sous l’action de cette hormone qui procure des effets similaires à ceux de la consommation d’opium.
Dans les premières communautés humaines, l’épouillage social devait jouer un rôle similaire à celui qu’il continue de jouer chez les autres singes. La pilosité de nos ancêtres était en effet aussi fournie que celle des autres singes, et nous n’avons commencé à perdre notre pilosité qu’à une époque plus récente.

L’homme : un singe sans poils ?

Le chemin qui a mené l’homme d’une fourrure abondante à notre pilosité clairsemée d’aujourd’hui n’est pas connu ni daté avec exactitude. La seule certitude est que la sélection naturelle a favorisé, au fil des millénaires, une moindre pilosité chez nos lointains ancêtres. L’évolution nous a donc progressivement fait perdre la plus grande partie de nos poils, mais pour quelle raison ?
Il est probable que les individus à la moindre pilosité aient profité d’une meilleure régulation thermique par rapport à leurs congénères plus poilus pour se développer dans des niches écologiques beaucoup plus variées et au climat plus chaud, prenant progressivement le pas sur les individus poilus, cantonnés à une niche écologique plus étroite dans les forêts tropicales. La perte des poils et l’augmentation en parallèle du nombre de nos glandes responsables de la sudation (nous en comptons, par exemple, 10 fois plus que le chimpanzé) permettaient en effet à l’homme de se refroidir efficacement par évaporation de la transpiration dans des climats chauds et secs. Si cette hypothèse peut sembler contre-intuitive (certains chercheurs avaient en effet émis l’hypothèse contraire que la perte des poils était liée à notre capacité à nous chauffer et à nous vêtir, limitant l’intérêt de la fourrure), elle est actuellement la seule qui soit satisfaisante sur le plan scientifique. Pour autant, dater avec précision ce basculement de l’homme poilu vers l’homme glabre reste une énigme : les poils ne laissent aucune trace archéologique, et nous en sommes donc réduits à des hypothèses.
L’anthropologue Alan Rogers a mené l’une des études les plus poussées sur cette question et propose une datation de la perte des poils humains il y a un peu plus de 1 million d’années. Il fonde son analyse sur l’étude d’un gène dénommé MC1R, responsable de la pigmentation de la peau et qui serait apparu il y a 1,2 million d’années. Ce chercheur émet en effet l’hypothèse que la perte de nos poils a rendu notre peau plus sensible au soleil, ce qui nécessitait un mécanisme d’adaptation pour pouvoir résister en particulier aux rayonnements ultraviolets. L’homme serait ainsi passé progressivement d’une peau de couleur claire abritée sous une fourrure sombre (comme le chimpanzé) à une peau glabre et sombre adaptée aux conditions climatiques de la savane africaine. Les tonalités de peau ont ensuite changé en fonction des différents climats sous lesquels les hommes ont évolué, la peau noire de nos ancêtres étant peu adaptée aux climats moins ensoleillés. L’exposition au soleil permet en effet au corps de synthétiser la vitamine D ; la peau blanche offre un avantage sous les climats moins ensoleillés car elle a besoin de 5 fois moins d’ensoleillement pour produire la même quantité de vitamine D que la peau noire. C’est ainsi que certains humains ont perdu leur pigmentation noire, tandis que les populations notamment africaines ou mélanésiennes ont gardé leur peau plus sombre qui offre une meilleure protection contre les rayons du soleil.
Après que l’homme a perdu sa fourrure il y a environ 1,2 million d’années, les habitudes d’hygiène ont évolué avec une importance plus grande donnée aux bains ; on constate en effet que les animaux qui ne disposent pas de fourrure (éléphant, rhinocéros…) se baignent plus volontiers que les animaux à fourrure, qui l’entretiennent en la léchant (pour les félins) ou en s’épouillant (pour les primates). Les seuls mammifères à fourrure qui s’aventurent dans l’eau le font généralement à la recherche de nourriture lorsque leur fourrure est adaptée au milieu aquatique : castor, otarie, ours polaire…

Histoires d’eau : des thermes à la salle de bains individuelle

Le fait de se laver avec de l’eau est donc un trait que nous partageons avec quelques autres animaux sans poils. L’homme a de tout temps recherché la proximité des sources d’eau pour des usages à la fois sanitaires et pour l’eau de boisson. Tous les animaux terrestres ont besoin de s’hydrater, mais tous n’ont pas besoin de boire de l’eau ; l’alimentation de nombreuses espèces leur suffit en effet à couvrir leurs besoins en eau. L’homme au contraire, du fait de l’importante évaporation par la peau (450 ml par jour en moyenne), par la respiration (250 ml/jour) ainsi que des évacuations d’eau par l’urine (jusqu’à 500 ml) et par les selles (environ 200 ml), a des besoins en eau conséquents qui lui imposent de boire de l’eau en complément de celle déjà contenue dans ses aliments. Notre alimentation solide ne couvrant en moyenne que 30 % de nos besoins en eau, nous avons besoin de boire en complément environ 1,5 litre d’eau par jour, même si ces besoins peuvent être beaucoup plus élevés en fonction de la température et de l’exercice physique.
Dès la création des premiers villages, l’accès à l’eau a été un enjeu vital et les premières concentrations humaines se sont probablement faites près de sources d’eau, ou avec un accès aisé à de l’eau en sous-sol. Les hommes ont en effet appris très tôt à creuser des puits pour se procurer l’eau des nappes phréatiques : le plus ancien vestige de puits renforcé avec des planches de bois semble avoir été construit vers – 7200 dans l’actuelle République tchèque. Un autre puits très ancien également cerclé de bois, construit il y a 5 600 ans, a été découvert en Chine sur le site de Hemudu, mais il est probable que de nombreux autres puits plus anciens aient existé et qu’ils n’aient pas laissé de traces archéologiques car il s’agissait de simples trous creusés dans le sol sans renfort de bois ni de briques.
Si l’eau servait bien sûr à l’alimentation, elle était également utilisée pour l’hygiène : très tôt, des bains publics furent construits, les plus anciens vestiges datant de l’an – 2500 ayant été retrouvés sur le site de Mohenjo-daro (actuellement au Pakistan). Il s’agissait d’un large bassin rectangulaire d’environ 12 mètres sur 7, qui était probablement utilisé pour des purifications liées au culte dans un temple voisin. Si l’hygiène a été longtemps associée aux cérémonies religieuses, elle est également devenue rapidement un plaisir « laïc » ; ainsi, les Grecs ont commencé à utiliser des bassins pour l’hygiène personnelle dans les palais royaux, avant de démocratiser leur accès au sein du gymnasium, un établissement réservé aux hommes où ils pouvaient s’adonner aux exercices physiques et aux bains. Les Romains ont perfectionné ces pratiques au sein des thermes : ce bâtiment public, qui était doté de plusieurs bassins aux eaux froides ou chaudes, occupait toujours une place importante dans les cités romaines. Les thermes, fréquentés souvent quotidiennement par les élites de la ville, constituaient aussi bien un lieu d’hygiène qu’un des principaux lieux de socialisation de la cité.
Si les eaux chaudes des thermes étaient généralement chauffées par des feux installés sous les bassins, les régions volcaniques avec leurs sources d’eau chaude naturelle ont également très tôt attiré les hommes pour donner naissance aux premiers « spas » (du latin salus per acquam ou « santé par l’eau »). C’est ainsi que les Romains profitèrent des sources thermales de la ville anglaise de Bath pour y construire un établissement thermal (toujours en activité aujourd’hui) en l’an 70. C’est à peu près à la même époque que des légionnaires romains s’installèrent à proximité des sources d’eau chaude qui donneront naissance en France aux cités d’Aix-les-Bains et de Vichy. Les sources volcaniques ont donc été exploitées dès le début de notre ère en Europe, mais aussi au Japon où les plus anciens onsen (établissements de bain) auraient plus de 2 000 ans.
La possibilité pour les habitants des villes de disposer de bassins pour se laver a représenté un progrès significatif, mais les Romains portèrent également leur attention sur deux éléments décisifs dans l’amélioration de l’hygiène urbaine : l’eau courante et les systèmes d’égouts.
Si des systèmes sophistiqués de collecte des eaux de pluie et d’évacuation des eaux usées existaient déjà dans la civilisation mésopotamienne, ils ne concernaient – de même que plus tard chez les Égyptiens – que des bâtiments importants comme les temples ou les palais royaux. La démocratisation de l’accès à l’eau et à l’assainissement fut un processus très long qui n’est pas encore totalement achevé ; 800 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau cour...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Avant-propos
  5. CHAPITRE I - Que manges-tu, Homo sapiens ? - L'alimentation : des cueilleurs aux cultivateurs
  6. CHAPITRE II - Comment dors-tu, Homo sapiens ? - Le sommeil, un besoin universel
  7. CHAPITRE III - Pourquoi te bats-tu, Homo sapiens ? - La sécurité, la violence et la guerre
  8. CHAPITRE IV - Comment vas-tu, Homo sapiens ? - La médecine, un progrès pour l'humanité
  9. CHAPITRE V - Es-tu beau, Homo sapiens ? - Le corps : hygiène et beauté
  10. CHAPITRE VI - À quel groupe t'identifies-tu, Homo sapiens ? - Le sentiment d'appartenance : de la tribu à la nation
  11. CHAPITRE VII - Comment choisis-tu tes partenaires, Homo sapiens ? - La sexualité et le mariage
  12. CHAPITRE VIII - Qui aimes-tu, Homo sapiens ? - Amour et amitié : la chimie des sentiments
  13. CHAPITRE IX - Comment communiques-tu, Homo sapiens ? - Parler, écrire, transmettre
  14. CHAPITRE X - Que possèdes-tu, Homo sapiens ? - Propriété et inégalités
  15. CHAPITRE XI - En quoi crois-tu, Homo sapiens ? - Art et religions
  16. CHAPITRE XII - Comment t'échappes-tu, Homo sapiens ? - Des plantes magiques aux addictions
  17. CHAPITRE XIII - Comment meurs-tu, Homo sapiens ? - La mort
  18. CHAPITRE XIV - D'où viens-tu, Homo sapiens ? - La vie, ses origines et sa logique
  19. CHAPITRE XV - Où vas-tu, Homo sapiens ? - Les débuts de l'Anthropocène et l'avenir de l'humanité
  20. Références bibliographiques
  21. Sommaire
  22. Du même auteur chez Odile Jacob