Les Temps de la prospective
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Les Temps de la prospective

  1. 272 pages
  2. French
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Les Temps de la prospective

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Citations

À propos de ce livre

Inquiets des problèmes dont le siècle est porteur, nous cherchons sans cesse à décrypter les avenirs possibles. Or l'étude de ces futurs qui ne sont pas écrits suppose de discerner, comme pour déchiffrer une partition musicale, les temps dans lesquels s'inscrivent les différentes composantes: il faut isoler les événements significatifs, détecter les ruptures potentielles, identifier les processus de croissance économique, de transformation sociale, d'évolution technologique, d'élargissement des connaissances; il convient aussi d'étudier les caractéristiques des durées selon qu'elles concernent les modes, les fluctuations conjoncturelles, les alternances politiques, les siècles d'or ou les périodes de traumatisme. Comment séparer et combiner les temps qui interviennent dans toute analyse de l'avenir? À quels horizons faire des conjectures? Comment distinguer l'étincelle sans avenir de l'éclair annonciateur d'embellie ou d'orage? Un prospectiviste reconnu livre sa vision de la bonne façon de «penser l'avenir». Jacques Lesourne a notamment été titulaire de la chaire d'économie et statistique industrielle au Conservatoire national des arts et métiers. Il est membre de l'Académie des technologies. Il a entre autres publié Les Mille Sentiers de l'avenir, Démocratie, marché, gouvernance: quels avenirs?, Vérités et mensonges sur le chômage, Le Modèle français: grandeur et décadence et Les Crises et le XXIe siècle.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2012
ISBN
9782738180049
Troisième partie
LES DURÉES
CHAPITRE 10
La régularité de l’annualité
On ne peut escamoter l’influence de l’année sur nos rythmes de vie, qu’elle commence à une date ou à une autre selon les civilisations.
La périodicité annuelle du climat module la température, les précipitations, la longueur des jours et des nuits, et, même dans nos pays où le progrès technique « illumine » le noir et nous chauffe à température constante, scande les variations de notre habillement et de notre emploi du temps. Les sports d’hiver sont en hiver et les vacances d’été… en été. Même si sont peu nombreux les agriculteurs astreints aux divers cycles, des semailles à la moisson, nous sommes tous sensibles au jaunissement puis à la chute des feuilles, à la réapparition du printemps et au retour des chants d’oiseaux. Même sans guerre, des événements qui nous priveraient de neige ou de plage seraient vécus comme des catastrophes. Le changement des dates de vacances des écoliers par un gouvernement est une affaire d’État. Rappelons-nous les scènes ubuesques auxquelles a donné lieu la suppression – ou la tentative de suppression – du lundi de Pentecôte par le ministère Raffarin.
Climat et fêtes religieuses s’entremêlent : Noël au voisinage du solstice d’hiver, nuit de la Saint-Jean nordique le jour du solstice d’été, les fêtes patriotiques parsèment l’année au fil des jours anniversaires de grands événements nationaux.
Toutes ces ponctuations, somme toute anecdotiques, peuvent avoir un impact sur les mouvements sociaux : on ne se met pas en grève à la veille des départs en vacances d’été ; les postiers restent sages pendant les semaines de présentation des calendriers. Au moment de la rentrée des classes, la presse s’interroge sur « la rentrée sociale » car les syndicats vont avoir besoin de remobiliser leurs troupes en vue des batailles futures. Printemps et milieu de l’automne sont souvent en France des mois agités.
Néanmoins, au-delà de ces variations périodiques et aléatoires intra-annuelles, l’année intervient dans l’histoire humaine de quatre manières différentes :
• Elle constitue l’espace à l’intérieur duquel se résolvent – souvent provisoirement – de nombreuses crises, celles qui s’étalent de quelques jours à quelques mois : les années 1930 ont été riches en de telles séquences : la remilitarisation de la rive gauche du Rhin, l’Anschluss… Au XXe siècle, on peut citer : le blocus de Berlin, l’invasion de Chypre par l’armée turque, la crise de Suez, la crise de Cuba. Bien que jeune, le XXIe siècle a déjà connu le bras de fer russo-géorgien, les émeutes de Téhéran après la réélection d’Ahmadinejad, les attentats de New York, Madrid et Londres.
• Elle hérite de l’année précédente et constitue la matrice de l’année suivante. L’année 2007 voit monter les soubresauts de la conjoncture mondiale qui seront suivis de la crise de 2008 ; l’année 2008 permet de concevoir sans trop d’erreurs la profondeur de la récession de 2009 ; la mauvaise récolte de 1788 a, selon certains historiens, facilité les événements de 1789. À cet égard, il y a de petits groupes d’années que l’on a tendance à réunir, souvent mais pas toujours des périodes de guerre : 1861-1865 pour les États-Unis, 1870-1871 pour la France, 1914-1918 et 1939-1945 pour les deux guerres mondiales, 1989-1991, de la chute du mur de Berlin à la désintégration de l’URSS pour la Russie.
• Pour les États, les collectivités publiques, les entreprises et certaines associations, l’année considérée dans son ensemble sert à condenser des décisions et à évaluer des résultats ; c’est sur cette période que les Parlements votent les impôts, approuvent le budget de l’année suivante, entérinent l’exécution du budget en cours, que les statisticiens établissent leurs chiffres, que des concours sont ouverts, des diplômes décernés, des promotions accordées et que les actionnaires des sociétés approuvent le compte de résultats et le bilan.
• L’année prend enfin son sens dans l’histoire longue, soit qu’elle ne soit qu’un point obscur dans une séquence dont seule la tendance a un sens, soit qu’elle soit associée à un événement qui bouleverse le siècle, soit qu’elle se résume à quelques lignes dans une publication.
Une publication du Monde de 1994 condensait ainsi l’année 1980 : les États-Unis établissent un embargo commercial contre l’URSS et boycottent les jeux Olympiques de Moscou ; un ancien acteur à la Maison Blanche, Ronald Reagan ; Andreï Sakharov assigné à résidence ; Yougoslavie : mort du maréchal Tito ; Pologne : grèves aux chantiers navals de Gdansk ; création du syndicat libre Solidarité ; début de la guerre Iran-Irak ; adoption du projet de loi Sécurité et Liberté présenté par Alain Peyrefitte ; un attentat devant la synagogue de la rue Copernic à Paris fait quatre morts ; Marguerite Yourcenar première femme élue à l’Académie française ; mort de Jean-Paul Sartre ; Robert de Niro est le boxeur Jake La Motta dans Raging Bull de Martin Scorsese ; Kagemusha d’Akira Kurosawa, Palme d’or à Cannes.
Que resterait-il de cette liste dans une publication de 2044 ? L’élection de Ronald Reagan, la mort de Tito, la création de Solidarité en Pologne ?
L’annualité n’a guère de concurrente de son espèce dans la chronologie humaine. Le mois (lunaire) n’est que secondaire, la décennie n’évoque rien de précis, le demi-siècle est quasi inexistant, quant au siècle dont l’introduction dépend de la numérotation décimale, il n’a de sens que dans les grandes fresques historiques commodes pour la pensée, mais trop simplificatrices. Quel est le message de l’annualité pour le prospectiviste ?
Le premier est qu’il ne doit jamais oublier, lorsqu’il travaille sur un sujet, d’examiner une série longue d’années passées. Il prendra ainsi conscience du niveau d’inertie du système auquel il s’intéresse. Point n’est nécessaire pour cela d’étudier les mouvements intra-annuels.
Il n’en est plus de même lorsqu’il examine la possibilité de mouvements rapides, tels que des crises économiques ou des ruptures. Il est alors intéressant pour lui d’observer la chronologie fine de tels événements dans une année passée, même s’il doit toujours se méfier d’analogies factices.
Mais, parfois, le passé lui fournit des données utilisant les concepts de l’époque. Le prospectiviste doit alors se reporter aux travaux des historiens et des économistes qui ont reconstitué, au prix d’énormes efforts, des séries conformes aux concepts qu’utilisent nos connaissances actuelles. En leur absence, il peut tenter d’estimer de nouveaux agrégats, mais il se heurte alors fréquemment au manque de moyens et de temps.
CHAPITRE 11
Les variations de la mode
Le terme de mode évoque d’abord les modifications vestimentaires saisonnières de l’habillement féminin : longueur des jupes, forme des encolures, dessin des manches, choix des tissus privilégiés pour leur texture ou leur couleur. Jadis, cette mode était lancée par un couturier (Dior, Chanel, Courrège…) qui proposait une vision originale du vêtement qui séduisait les journaux spécialisés et était adoptée par un noyau de femmes à la recherche des dernières créations, des femmes jeunes à revenu plutôt élevé. Puis cette mode se propageait à un cercle plus large de la population sans jamais atteindre la part de la population féminine, âgée, indifférente ou démunie. Plus récemment, les techniques modernes de reproduction ont permis d’offrir des vêtements à la mode dans toutes les gammes de prix, les différences portant sur la finition ou la qualité des tissus tandis que la démocratisation de la société a rompu ou affaibli les liens entre l’habillement et le groupe social, le meilleur exemple étant la généralisation du recours au jean sur presque toute la planète.
Mais la mode n’est pas toujours commandée par le rythme des saisons ou des années, les coiffures féminines ou masculines, la forme des barbes ou des moustaches, le port de la cravate semblent obéir à des périodicités plus longues.
Le corps n’est pas le seul foyer des modes, la maison lui fait concurrence, le design du mobilier et des arts de la table change sur des périodes de l’ordre de la décennie avec chaque fois un essor, un âge d’or et une lente banalisation qui laisse la place à une nouvelle floraison.
En allant plus loin, comment ne pas constater que la mode se manifeste dans toutes les activités humaines : l’argot a une vie courte de quelques années, des mots apparaissent dans le vocabulaire usuel, se répandent, puis sont éliminés par leur banalité, les couvertures de magazine sont renouvelées au bout de quelques années en adoptant, d’une publication à l’autre, des styles homogènes. Il est des modes en cuisine, les restaurateurs se hâtant de mettre à leur menu un plat à la mode. En art, la mode prend la forme d’écoles de vie courte (l’expressionnisme ou le nouveau roman…) autour desquelles se retrouvent des groupes d’artistes. Même en science, des chercheurs se précipitent pour tondre un champ comme des moutons à la suite d’un article pionnier ayant mis l’accent sur un phénomène qui avait été mal perçu. Enfin, comment oublier la mode des gadgets : le bilboquet d’autrefois, le Yo-Yo, le hula-hoop, la collection de pin’s…
Ces quelques observations suffisent à confirmer :
• Que toute activité humaine connaît des phénomènes de mode.
• Que ces modes sont de durée variable, de quelques mois à quelques années et même parfois à quelques décennies.
• Que les modes ont entre elles des relations variées, elles peuvent s’emboîter les unes dans les autres (un cycle de couleur du foulard à l’intérieur du cycle du foulard), se succéder dans la douceur ou avec une rupture violente (la révolution de Chanel), être dominantes, coexister avec des populations distinctes d’adeptes (pour les femmes, le pantalon et la tenue traditionnelle, pour les hommes, la conservation de la cravate ou sa disparition totale).
La mode : piège ou germe
Sur la route d’un prospectiviste, la mode est une compagne dangereuse : brillante, superficielle, reconnue, elle s’impose à sa pensée et la détourne de tendances plus profondes. Combien de fois ai-je vérifié l’adage du voyageur de commerce qui remonte ses prévisions de vente à deux ans parce qu’il a fait de bonnes affaires au cours de la dernière quinzaine. Suivre la mode rassure le prospectiviste qui se sent en harmonie avec l’opinion dominante dans la galaxie médiatique. Aussi interprète-t-il parfois une mode comme un germe annonciateur d’avenir.
Mais il ne faut pas être toujours imperméable aux vents de l’instant. Dans les plis de la mode se cachent parfois des informations utiles. La première mode féminine qui, au XIXe siècle, a banni le corset comportait bien d’autres attributs sans lendemain, auxquels les éditorialistes de l’époque furent sensibles, mais la disparition du corset était un aspect de la volonté des femmes de se libérer de l’enfermement auquel les pratiques sociales les condamnaient.
La télévision contribue beaucoup à cette forme de modes que sont les bulles informationnelles. Qu’en 2010-2011 des révoltes se produisent dans le monde arabe contre des dirigeants vieillissants et des régimes autoritaires, et la mode naît immédiatement, interprétant les événements comme un appel à la construction d’une démocratie de type occidental. Nous portons tous en nous un arsenal d’explications standard dans lequel nos médias, contraints de donner des réponses immédiates, se servent pour proposer des explications simples dont l’opinion publique peut s’emparer et traiter comme des modes.
Parfois même, dans des démocraties, des mouvements d’opinions amènent des votes qui conduisent à des régimes autoritaires. Cela faillit être le cas pour le général Boulanger (mais il n’avait pas l’étoffe d’un dictateur, cela le fut pour Hitler en 1933).
La mode n’est donc pas toujours un sujet aussi anodin qu’il y paraît.
Nous voilà amenés à cette question centrale : peut-on esquisser une théorie de la mode, de sa naissance à son développement et à sa mort ?
Une esquisse de théorie de la mode
À l’origine, un acte créateur qui doit obéir à des caractéristiques spécifiques pour être susceptible d’amorcer une mode.
Prenons le cas d’un produit, pour être concret. Chaque jour de nombreux objets sont mis sur le marché. Beaucoup échouent parce qu’ils ne répondent pas au besoin d’un noyau de clientèle pour des raisons qui peuvent être multiples : prix, fiabilité, commodité d’emploi, précision insuffisante ou excessive, durée de vie, esthétique, conditions d’entretien… J’ai le souvenir de la partie électronique d’un télémètre proposée par une entreprise il y a soixante ans, qui constituait un progrès considérable, mais nécessitait un équipement trop lourd, trop cher et trop précis. À la même époque, une proposition de rasoir féminin remplaçant d’autres formes d’épilation n’a pas passé les tests. Jusqu’à présent, aucun engin intermédiaire entre la voiture et les deux-roues n’a réussi à percer. Beaucoup de modèles de haute couture trop excentriques n’...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Copyright
  4. Table
  5. Introduction
  6. Première partie. LES SINGULARITÉS
  7. Deuxième partie. LES PROCESSUS
  8. Troisième partie. LES DURÉES
  9. Quatrième partie. LA RÉFLEXION SUR L'AVENIR AU XXIe SIÈCLE
  10. Bibliographie
  11. Du même auteur chez odile jacob
  12. Quatrième de couverture