Remettons-nous au travail
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Remettons-nous au travail

Un État inventif pour une Ă©conomie forte

  1. 256 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Un État inventif pour une Ă©conomie forte

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À propos de ce livre

« J'ai dĂ©cidĂ© d'Ă©crire ce livre parce que j'aime mon pays et que je suis prĂ©occupĂ© par son avenir. J'essaierai ici d'expliciter au mieux comment faire pour revigorer l'Ă©conomie et sortir notre pays de l'endettement Ă  long terme. Si nous ne sommes pas capables de retrouver une croissance forte, nous resterons prisonniers de la situation Ă©conomique actuelle pendant des annĂ©es et rien de ce que nous ferons ne parviendra Ă  rĂ©soudre le problĂšme de l'augmentation de la dette, quels que soient les moyens que nous utiliserons. L'AmĂ©rique, c'est avant tout une idĂ©e; c'est l'idĂ©e selon laquelle peu importe qui vous ĂȘtes ou d'oĂč vous venez, si vous travaillez dur et que vous respectez les rĂšgles, vous aurez la libertĂ© et la possi-bilitĂ© de tenter de rĂ©aliser vos rĂȘves et de laisser Ă  vos enfants un pays oĂč il leur sera possible de poursuivre les leurs. Nous pouvons ĂȘtre le premier pays en matiĂšre d'assimilation des immigrĂ©s de toutes nations, de toutes races, de toutes religions et de toutes cultures. Nous pouvons encore reprĂ©senter un exemple d'Ă©galitĂ© des chances et de responsabilitĂ©s partagĂ©es et illustrer le gĂ©nie de l'Ă©conomie libĂ©rale tout en soulignant combien un État actif est nĂ©cessaire. Je sais que, depuis plus de deux cents ans, tous ceux qui ont pariĂ© contre les États-Unis ont perdu. Quant Ă  moi, il me semble qu'une fois de plus, dans un monde rĂ©solument nouveau, nous saurons trouver la voie. » B. C. Des idĂ©es nouvelles et originales pour sortir l'AmĂ©rique de la crise. Des idĂ©es qui pourraient Ă©galement enrichir et inspirer le dĂ©bat en France. Bill Clinton a Ă©tĂ© le 42e PrĂ©sident des États-Unis d'AmĂ©rique de 1993 Ă  2001.

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2012
ISBN
9782738180681
PremiĂšre partie
OĂč en sommes-nous ?
Chapitre 1
Trente ans
d’ obsession anti-Ă©tatiste
J’ai dĂ©cidĂ© d’écrire ce livre en 2010, aprĂšs les Ă©lections de mi-mandat, non pas parce que mon parti avait subi un revers, mais en raison des enjeux de la campagne. La mauvaise situation de l’économie, les efforts considĂ©rables dĂ©ployĂ©s pour empĂȘcher que la rĂ©cession se transforme en vĂ©ritable dĂ©pression, les effets encore limitĂ©s de la reprise, voilĂ  qui place l’élection prĂ©sidentielle sous la menace de la colĂšre et de l’inquiĂ©tude, ce qui n’est jamais une bonne nouvelle pour le parti au pouvoir.
Ce qui me troublait, c’était de constater que, alors que tant de gens souffraient et que tant de dĂ©fis devaient ĂȘtre relevĂ©s, la campagne Ă©lectorale n’offrait que bien peu d’occasions de dĂ©battre au fond de ce qui n’allait pas, de ce que le PrĂ©sident et le CongrĂšs avaient en rĂ©alitĂ© accompli ou manquĂ© de faire au cours des deux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, de ce que les deux partis proposaient pour 2011 et 2012, et des consĂ©quences que cela pouvait avoir Ă  court et Ă  long terme. Il ne se disait pas grand-chose d’important non plus sur les problĂšmes plus gĂ©nĂ©raux sur lesquels ces questions auraient un impact : qu’est-ce que nous proposons pour rallumer et raviver le rĂȘve amĂ©ricain dans notre pays ? Comment garantir la place de leader Ă©conomique, politique et dans le domaine de la sĂ©curitĂ© qu’occupent les États-Unis dans le monde plus compĂ©titif, plus complexe, plus fragmentĂ© du XXIe siĂšcle, Ă  l’évolution de plus en plus rapide ?
Au lieu de cela, l’élection a semblĂ© se dĂ©rouler dans un univers parallĂšle traversĂ© de discours ronflants et d’attaques fĂ©roces mais souvent injustifiĂ©es, qui ont envenimĂ© les choses sans jamais vraiment les expliquer. Pour les RĂ©publicains, le krach financier et la crise qui l’a suivi, tout comme l’incapacitĂ© des États-Unis Ă  en sortir complĂštement moins de dix-huit mois aprĂšs l’effondrement de l’économie ont Ă©tĂ© la consĂ©quence de trop d’impĂŽts, de dĂ©penses et de rĂ©glementations publiques ; tout serait rentrĂ© dans l’ordre une fois que l’on aurait dĂ©finitivement Ă©liminĂ© ce cancer Ă©tatiste de nos vies et de nos portefeuilles. Ils ont dĂ©peint les membres du CongrĂšs en exercice et le PrĂ©sident comme des interventionnistes ayant conduit les États-Unis au bord du gouffre et qui, si on leur laissait encore deux ans de plus, allaient les prĂ©cipiter dans le vide.
Ces attaques se sont avĂ©rĂ©es Ă©lectoralement trĂšs efficaces, mais elles ne sont absolument pas justifiĂ©es. Pour commencer, la crise est arrivĂ©e parce que les banques Ă©taient bien trop engagĂ©es dans des investissements Ă  risque, notamment dans les prĂȘts hypothĂ©caires Ă  haut risque et les titres et produits dĂ©rivĂ©s issus de ces derniers, alors qu’elles disposaient de trop peu de liquiditĂ©s pour couvrir leurs risques. Bear Stearns, par exemple, Ă©tait engagĂ©e Ă  hauteur de trente-cinq fois ses fonds propres lorsqu’elle a fait faillite ; traditionnellement, les banques commerciales sont engagĂ©es Ă  hauteur de dix Ă  douze fois leurs fonds propres, et les banques d’investissement un peu plus. En d’autres termes, la surveillance ou les limitations publiques sur cet effet de levier excessif n’étaient pas suffisantes.
DeuxiĂšmement, la crise ne s’est pas transformĂ©e en vĂ©ritable dĂ©pression parce que le gouvernement est intervenu pour sauver le systĂšme financier de l’effondrement. La RĂ©serve fĂ©dĂ©rale a effectuĂ© des investissements massifs d’environ 1 200 milliards de dollars pour empĂȘcher l’effondrement financier, y compris en achetant des titres et en garantissant des prĂȘts. Le Troubled Asset Relief Program (TARP), souvent tournĂ© en dĂ©rision, Ă©tait au dĂ©part autorisĂ© Ă  dĂ©penser jusqu’à 700 milliards de dollars et n’en a dĂ©pensĂ© en fin de compte qu’un peu plus de 400 milliards. La majeure partie du financement du TARP a Ă©tĂ© remboursĂ©e ; seuls 104 milliards de dollars doivent encore ĂȘtre acquittĂ©s. Dans un article paru dans le Washington Post en date du 8 juillet 2011, Allan Sloan et Doris Burke estimaient que le coĂ»t final du programme TARP ne sera que de 19 milliards de dollars. Ils citaient une analyse du magazine Fortune concluant que le bĂ©nĂ©fice de la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale sur ses investissements allait produire un profit net pour les contribuables de 40 Ă  100 milliards de dollars.
TroisiĂšmement, selon la plupart des Ă©tudes Ă©conomiques, ce plan de soutien ainsi que le sauvetage et la restructuration de l’industrie automobile sont parvenus Ă  maintenir le taux de chĂŽmage de 1,5 Ă  2 % en dessous du niveau qu’il aurait atteint sans ces mesures. Bien entendu, ce plan d’aide n’a pas ramenĂ© l’économie Ă  son niveau normal. Ce n’était pas son but. On ne peut pas combler un trou de plusieurs milliers de milliards de dollars dans l’économie avec 700 milliards. Ce plan Ă©tait destinĂ© Ă  mettre un terme Ă  la chute et Ă  amorcer la reprise. Plus d’un tiers de cet argent a financĂ© un gain d’environ 800 dollars par famille en diminuant l’imposition de 95 % des familles amĂ©ricaines dont les revenus avaient augmentĂ© modestement ou pas du tout au cours des quelque huit annĂ©es ayant prĂ©cĂ©dĂ© le krach. Nombreux Ă©taient ceux qui avaient besoin de cet argent pour survivre. Environ 30 % de cet argent a Ă©tĂ© remis aux autoritĂ©s des États et des municipalitĂ©s afin d’éviter de plus importants licenciements d’enseignants, de personnels de santĂ©, d’officiers de police et autres employĂ©s des États et des municipalitĂ©s. Ce volet du plan de soutien a Ă©tĂ© efficace : lorsque le financement a cessĂ©, la masse salariale des États et des municipalitĂ©s a diminuĂ© de plus d’un demi-million de personnes.
Un tiers seulement des fonds du programme de soutien a Ă©tĂ© consacrĂ© Ă  des projets crĂ©ateurs d’emplois immĂ©diats, comme la construction de routes, de ponts et autres infrastructures, et Ă  d’autres incitations financiĂšres, prĂȘts et subventions destinĂ©s Ă  dĂ©velopper la fabrication de nouveaux produits respectueux de l’environnement et l’élaboration de nouvelles technologies Ă©conomisant l’énergie. Par exemple, entre janvier 2009, date de l’investiture du prĂ©sident Obama, et les Ă©lections de mi-mandat de 2010 sont apparues sur le sol des États-Unis trente nouvelles usines de batteries dĂ©jĂ  construites ou en voie de rĂ©alisation. Elles ont fait passer la part des États-Unis sur le marchĂ© mondial des batteries qui alimentent les vĂ©hicules hybrides ou tout Ă©lectriques de 2 Ă  20 % en moins de deux ans. D’ici Ă  2014, nous aurons la capacitĂ© d’occuper 40 % du marchĂ©, si les incitations financiĂšres sont maintenues.
En d’autres termes, s’il y a eu un krach, c’est parce que l’État n’exerçait pas suffisamment de surveillance et n’imposait quasiment aucun contrĂŽle sur les prĂȘts Ă  risque dĂ©pourvus de capitaux capables de les garantir ; la crise ne s’est pas transformĂ©e en dĂ©pression parce que le gouvernement a dĂ©bloquĂ© des fonds pour soutenir le systĂšme bancaire ; enfin, moins de gens ont Ă©tĂ© touchĂ©s par elle grĂące au plan d’aide qui a renflouĂ© les salaires grĂące Ă  des rĂ©ductions d’impĂŽts, sauvĂ© des emplois publics et crĂ©Ă© de nouveaux emplois grĂące Ă  des projets de construction d’infrastructures et des encouragements Ă  la crĂ©ation d’emplois dans le secteur privĂ©, notamment manufacturier.
Le succĂšs des attaques des RĂ©publicains contre le gouvernement m’a doublement surpris, en raison de leur propre passif au cours des huit annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Ils ont rĂ©duit les impĂŽts et augmentĂ© les dĂ©penses environ deux fois plus que je ne l’ai fait durant mes huit annĂ©es au pouvoir, crĂ©ant peu de nouveaux emplois, mais mettant fin Ă  quatre ans de budgets Ă©quilibrĂ©s ou bĂ©nĂ©ficiaires et doublant la dette nationale avant mĂȘme la crise financiĂšre. Bien entendu, ils votaient aussi rĂ©guliĂšrement en faveur de l’augmentation du plafond de la dette afin de pouvoir continuer Ă  emprunter et Ă  dĂ©penser, pratique Ă  laquelle j’avais mis fin Ă  grand-peine.
Lorsque les DĂ©mocrates ont retrouvĂ© la majoritĂ© au CongrĂšs en 2007, ils ont hĂ©ritĂ© d’une crise hypothĂ©caire dĂ©jĂ  sĂ©rieuse et d’une croissance trĂšs faible du marchĂ© de l’emploi. Au moment de l’investiture du prĂ©sident Obama, nous Ă©tions en rĂ©cession depuis plus d’un an et le krach financier de septembre 2008 avait fait plonger le pays dans la pire crise financiĂšre jamais vue depuis la Grande DĂ©pression, augmentant encore considĂ©rablement le dĂ©ficit annuel et le total de la dette nationale. Il fallait agir Ă  tout prix pour mettre un terme Ă  ce dĂ©clin. ImmĂ©diatement, le mouvement anti-Ă©tatiste a fait machine arriĂšre. AprĂšs huit annĂ©es durant lesquelles ils avaient augmentĂ© les dĂ©penses Ă  un rythme soutenu, les RĂ©publicains se sont opposĂ©s aux dĂ©penses destinĂ©es Ă  endiguer la crise proposĂ©es par le nouveau PrĂ©sident et par le CongrĂšs, imputant dĂ©sormais aux DĂ©mocrates l’explosion de la dette due Ă  leur propre politique et au krach financier.
Une des choses qui me paraĂźt les plus intĂ©ressantes, c’est la facilitĂ© avec laquelle il a Ă©tĂ© possible de convaincre tant d’AmĂ©ricains, y compris ceux qui comptent sur les aides publiques, de se joindre Ă  ce concert de reproches anti-Ă©tatistes. À la tĂ©lĂ©vision, on a pu voir la surprise s’afficher sur le visage d’un membre du CongrĂšs lors d’une rĂ©union municipale portant sur la rĂ©forme du systĂšme de santĂ© lorsque l’un de ses administrĂ©s en colĂšre lui a lancĂ© qu’il ne voulait pas voir l’État « se mĂȘler de son assurance-maladie ». En Arkansas, oĂč l’économie agricole occupe une place importante, les agriculteurs qui avaient toujours fait pression pour obtenir des aides ont votĂ© contre la premiĂšre femme Ă  avoir jamais prĂ©sidĂ© la Commission sĂ©natoriale sur l’agriculture, la sĂ©natrice Blanche Lincoln, parce qu’elle Ă©tait favorable Ă  « trop d’État ». Pour ce que j’en sais, ses principales actions en faveur d’un « État fort » ont consistĂ© Ă  soutenir une importante augmentation de l’aide alimentaire aux enfants dĂ©favorisĂ©s, qui concernait Ă©galement les agriculteurs, Ă  faire voter un amendement au projet de loi de rĂ©forme financiĂšre prĂ©voyant que les produits dĂ©rivĂ©s vendus par les traders Ă  Wall Street soient aussi transparents et financiĂšrement sains que ceux que les agriculteurs achĂštent pour se prĂ©munir contre les pertes dues Ă  des rendements trop faibles ou Ă  des prix trop bas et Ă  sauver plus d’un millier d’emplois dans le secteur manufacturier en insistant pour que le gouvernement fĂ©dĂ©ral fasse appliquer les lois contre les pratiques commerciales dĂ©loyales. Elle a Ă©galement votĂ© pour le projet de loi de rĂ©forme du systĂšme de santĂ©, dont l’analyse postĂ©lections a montrĂ© qu’il avait coĂ»tĂ© aux DĂ©mocrates environ 6 % des voix dans les rĂ©gions prorĂ©publicaines. Elle a votĂ© dans le bon sens, surtout pour un État comme l’Arkansas, comptant beaucoup de petites entreprises et de familles salariĂ©es qui dĂ©sormais ne pourront plus se payer une assurance-maladie. Or, au moment des Ă©lections, cela semblait vouloir dire une trop forte influence de l’État.
Aujourd’hui, en 2011, les RĂ©publicains et les DĂ©mocrates au CongrĂšs et Ă  la Maison Blanche sont enferrĂ©s dans une bataille rangĂ©e dont l’enjeu est de savoir comment et Ă  quelle hauteur diminuer notre dĂ©ficit annuel alors que la reprise de notre Ă©conomie demeure incertaine. Les RĂ©publicains prĂ©tendent qu’ils accepteront de nouveaux impĂŽts, y compris pour les plus hauts revenus qui ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de la quasi-totalitĂ© des augmentations de revenus de la derniĂšre dĂ©cennie (90 % sont allĂ©s aux 10 % les plus riches ; plus de 60 % aux 1 % les plus riches et plus de 20 % aux individus percevant des revenus supĂ©rieurs Ă  9 millions de dollars), assorties Ă©galement de toute une sĂ©rie de rĂ©ductions fiscales. Ils se sont opposĂ©s au plan de soutien notamment parce que les rĂ©ductions fiscales n’allaient qu’aux 95 % les moins riches. Pendant des mois, ils ont menacĂ© de refuser d’augmenter le plafond de la dette, ce qui permet au gouvernement d’emprunter pour payer des engagements qu’il a dĂ©jĂ  contractĂ©s, dĂ©cision qui allait encore limiter la reprise. Si nous refusions d’honorer nos obligations, la note de crĂ©dit du gouvernement allait ĂȘtre revue Ă  la baisse. Les AmĂ©ricains devraient payer des taux d’intĂ©rĂȘt plus Ă©levĂ©s dans tous les domaines, sur les achats par carte de crĂ©dit et sur les emprunts destinĂ©s Ă  financer les petites entreprises, l’achat d’un logement ou d’une voiture, ou les Ă©tudes universitaires. Le montant des remboursements annuels de la dette nationale amĂ©ricaine par le gouvernement allait Ă©galement ĂȘtre augmentĂ©, creusant encore un peu plus le dĂ©ficit.
Pour d’obscures raisons, le PrĂ©sident et le CongrĂšs dĂ©mocrate n’ont pas augmentĂ© le plafond de la dette aprĂšs les Ă©lections, en novembre ou en dĂ©cembre 2010, alors qu’ils avaient encore la majoritĂ©. Cela Ă©tant et sachant que le PrĂ©sident se devait de tout faire pour Ă©viter un dĂ©faut de paiement, on peut dire que l’accord de derniĂšre minute qui a Ă©tĂ© conclu au dĂ©but du mois d’aoĂ»t 2011 entre le prĂ©sident de la Chambre des reprĂ©sentants, les deux chefs de file du SĂ©nat et la Maison Blanche pour augmenter le plafond de la dette en Ă©change de 2 500 milliards de dollars de coupes budgĂ©taires sur dix ans sans nouvelles recettes aurait pu ĂȘtre bien pire. Il prĂ©voit 1 000 milliards de dollars de rĂ©ductions des dĂ©penses sur la prochaine dĂ©cennie, suivies par l’acceptation au dĂ©but 2012 de 1 500 milliards de dollars de rĂ©ductions supplĂ©mentaires, aprĂšs que le CongrĂšs aura reçu des recommandations de la part d’une commission de douze membres choisis en son sein, composĂ©e de six sĂ©nateurs et six reprĂ©sentants Ă  Ă©galitĂ© entre les partis. Les DĂ©mocrates ont obtenu que Medicare, Medicaid, la SĂ©curitĂ© sociale et une augmentation planifiĂ©e des prĂȘts Ă©tudiants Pell Grants1 soient exemptĂ©s des premiĂšres sĂ©ries de rĂ©ductions, dĂ©cision qui prĂ©sente des avantages et des inconvĂ©nients. Par ailleurs, au cours de la premiĂšre annĂ©e, 2012, seuls 21 sur les 1 000 milliards de dollars seront supprimĂ©s, concession Ă  la faiblesse de l’économie.
Tout le dĂ©bat sur le plafond de la dette et la rĂ©duction du dĂ©ficit a Ă©tĂ© une parfaite illustration du jugement de Mark Twain selon lequel il n’y aurait que deux choses Ă  la fabrication desquelles il ne faudrait jamais assister : les saucisses et les lois. Aux yeux du reste du monde, les États-Unis ont paru faibles et dĂ©sorientĂ©s, entiĂšrement livrĂ©s aux mains des fanatiques anti-Ă©tatistes appartenant Ă  la coalition rĂ©publicaine de la Chambre des reprĂ©sentants, les DĂ©mocrates se montrant totalement incapables d’utiliser leur majoritĂ© au SĂ©nat pour faire voter un programme plus vaste et plus Ă©quilibrĂ© de rĂ©ductions des dĂ©penses et de rĂ©formes fiscales parce qu’ils n’avaient pas augmentĂ© le plafond de la dette au moment oĂč ils en avaient eu l’opportunitĂ© et oĂč les idĂ©ologues anti-Ă©tatistes Ă©taient prĂȘts Ă  accepter un dĂ©faut de paiement de notre dette pour pouvoir avancer leurs pions. La reprĂ©sentante Michele Bachmann, candidate du Tea Party, avait mĂȘme approuvĂ© un dĂ©faut de paiement en le qualifiant de preuve nĂ©cessaire d’un « amour rude » (tough love).
Peu de temps aprĂšs l’annonce de l’accord, l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a malgrĂ© tout dĂ©gradĂ© la note de crĂ©dit des États-Unis Ă  long terme. Cette dĂ©cision a Ă©tĂ© critiquĂ©e par de nombreuses voix, car nul ne doutait de la capacitĂ© des États-Unis Ă  rembourser leur dette. Le pays disposait d’un actif estimĂ© Ă  un peu moins de 600 000 milliards de dollars. Les chroniqueurs progressistes ont condamnĂ© cette dĂ©cision en la qualifiant d’hypocrite car S&P, ainsi que d’autres agences de notation, attribuait invariablement des notes Ă©levĂ©es aux titres subprimes qui Ă©taient bien plus risquĂ©s que les bons du TrĂ©sor amĂ©ricain. Certains se sont demandĂ© si cette pratique de deux poids, deux mesures mise en Ɠuvre par S&P tenait au fait que les agences de notation sont financĂ©es par l’industrie des titres. D’autres ont avancĂ© que S&P s’était trompĂ©e en concluant que l’accord sur la dette Ă©tait trop Ă©troit pour pouvoir « stabiliser la dynamique de la dette publique Ă  moyen terme », car l’agence avait surestimĂ© le montant de la dette de 2 000 milliards de dollars.
S&P a clairement critiquĂ© la politique de Washington, la lenteur de la reprise Ă©conomique aprĂšs la crise et le fait que, au cours des prochaines annĂ©es, la dette de plusieurs pays riches allait reprĂ©senter une part moins importante du PIB, alors que cette Ă©volution Ă©tait bien peu probable aux États-Unis, notamment parce que, cas unique parmi les pays riches, ils se sont montrĂ©s incapables de contenir efficacement les dĂ©penses de santĂ©. Surtout, S&P pense que la politique amĂ©ricaine ne fonctionne plus. Ses estimations rappellent la comparaison faite par Mark Twain entre le processus lĂ©gislatif et la fabrication de saucisses : dopĂ©es aux stĂ©roĂŻdes, mais sans l’humour.
Au cours des derniers mois, plusieurs fois avant de mener Ă  terme cet ouvrage, j’ai commencĂ©, puis je me suis arrĂȘtĂ© parce que la politique n’est plus au centre de ma vie active et que je ne veux pas simplement ajouter une pierre supplĂ©mentaire dans le plateau dĂ©mocrate de la balance des partis.
Si j’ai finalement dĂ©cidĂ© d’aller jusqu’au bout, c’est parce que je pense qu’il est important que tous les AmĂ©ricains aient une comprĂ©hension claire des faits Ă©conomiques essentiels et des idĂ©es qui sous-tendent les propositions politiques actuellement dĂ©battues. Par exemple, mĂȘme si je soutiens fermement un plan pluriannuel de rĂ©Ă©quilibrage de notre budget, je pense que, si nous rĂ©duisons les dĂ©penses publiques ou que nous augmentons considĂ©rablement l’imposition alors que l’économie est encore fragile, cela ralentira la reprise Ă©conomique. Contrairement Ă  la situation que j’ai connue en 1993, lorsque mon programme de rĂ©duction du dĂ©ficit a entraĂźnĂ© une chute importante des taux d’intĂ©rĂȘt et une forte augmentation des investissements privĂ©s, les taux d’intĂ©rĂȘt d’aujourd’hui sont dĂ©jĂ  proches de zĂ©ro. Si bien qu’une rĂ©duction significative des dĂ©penses publiques pourrait mĂȘme rapidement faire augmenter le dĂ©ficit annuel, parce que les recettes fiscales pourraient diminuer au-delĂ  mĂȘme des rĂ©ductions des dĂ©penses publiques. Le problĂšme aujourd’hui rĂ©side dans une faible demande pour de nouveaux produits, services et main-d’Ɠuvre, faiblesse renforcĂ©e par l’énorme poids de la crise des subprimes non rĂ©solue.
Les défis que nous devons relever, qui sont déjà en soi suffis...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. DĂ©dicace
  5. Introduction
  6. PremiĂšre partie - OĂč en sommes-nous ?
  7. Seconde partie - Que faire ?
  8. Épilogue - Le moment est venu de choisir
  9. Remerciements
  10. Crédits
  11. Du mĂȘme auteur chez Odile Jacob