Et si on parlait de sexe à nos ados ?
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Et si on parlait de sexe à nos ados ?

Pour éviter les grossesses non prévues chez les jeunes filles

  1. 256 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Et si on parlait de sexe à nos ados ?

Pour éviter les grossesses non prévues chez les jeunes filles

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À propos de ce livre

En 2010, on comptabilisait 18000 mineures enceintes, dont 13500 recouraient à l'IVG. Face à cet échec majeur, Israël Nisand, Brigitte Letombe et Sophie Marinopoulos soulignent dans ce livre un paradoxe spécifique à la France: l'IVG est gratuite et anonyme, ainsi que la pilule du lendemain, alors que la contraception est payante et passe par l'autorisation parentale. Préconisant l'accès gratuit et anonyme, non seulement de la pilule, mais de tous les moyens de contraception, ils invitent l'ensemble des adultes à accompagner les jeunes dans leurs interrogations autour de la sexualité. Faute de quoi, le risque est grand que ces derniers aillent chercher les réponses à leurs questions en surfant sur des sites pornographiques. Peut-on prétendre éduquer en matière de sexualité? Qui doit faire cette éducation? Comment tenir un discours positif sur la contraception? Telles sont les questions, et bien d'autres, que les auteurs abordent ici, mêlant solutions concrètes et approche préventive. «Ce livre propose des mesures pragmatiques pour prévenir et guérir les maux de l'adolescence. Il a pour vocation de susciter une réflexion plus large autour d'une question qu'il nous faut impérativement, nous adultes, assumer et regarder en face: la sexualité des adolescents.» Jeannette Bougrab, Secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et de la Vie associative Israël Nisand est professeur des universités, responsable du pôle de gynécologie-obstétrique du CHU de Strasbourg. Il a fondé le site Info- Ado qui répond aux questions des jeunes sur la sexualité. Brigitte Letombe est gynécologue, praticienne hospitalière au service de médecine du couple et au centre d'orthogénie du CHRU de Lille. Elle est présidente sortante de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale. Sophie Marinopoulos est psychanalyste. Spécialiste des questions de maternité, elle dirige le service de Prévention et de Promotion de la santé psychique (PPSP) à Nantes et son lieu d'accueil parents-enfants, « Les pâtes au beurre ».

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2012
ISBN
9782738180940
Partie III
Penser la prévention
des IVG
Chapitre 1
Le développement psychoaffectif
de l’enfance à l’adolescence
Pour parler d’éducation sexuelle de nos enfants et adolescents, mais aussi de programme de prévention les concernant, nous devons comprendre comment la sexualité vient aux enfants. Dès la naissance, le bébé puis l’enfant et ensuite l’adolescent est confronté à une vie libidinale, c’est-à-dire à des désirs qui sont des moteurs porteurs d’élans vitaux. Ces élans sont indispensables et, s’ils doivent être contenus et refoulés, ils ne doivent jamais être annulés ou condamnés. L’énergie libidinale est indissociable de l’équilibre du sujet.
La petite enfance
Cette période de la vie peut se diviser en deux grandes parties : la première, jusque vers 3 ans, durant laquelle le bébé s’ouvre à la vie et à son environnement. Tous ses engagements libidinaux, c’est-à-dire son désir de vie, seront sensoriels, moteurs, émotionnels, affectifs et conduiront à une construction affective privilégiant les liens avec ses parents et sa famille. Puis, l’enfant découvre qu’il n’est pas seulement un enfant, mais un enfant sexué. Cette nouvelle représentation de lui va entraîner des comportements qui vont modifier son être relationnel, sa vie affective, ses aspirations intimes. L’enfant devenu sexué est un autre enfant avec de nouveaux parents intérieurs. Enfin, l’enfant deviendra adolescent avec ses expériences de l’enfance.
La première phase de la petite enfance : 0 à 2 ans
Dès sa naissance, le bébé va découvrir une sensation tout à fait inconnue de lui, la faim. Sensation désagréable qui le met dans une tension corporelle terrible qu’il va chercher à limiter au maximum afin de retrouver les sensations de bien-être qu’il ressentait en continu dans le ventre de sa mère. Chaque tétée va lui en donner l’occasion. Très vite, il s’aperçoit que, pour se sentir bien, il lui faut être repu ; que l’expérience doit se répéter car ces bienfaits ne durent jamais très longtemps ; que ces derniers viennent toujours après qu’il a reçu le lait et les soins parentaux qui l’accompagnent. Pour le bébé en quête de bien-être, il s’agit de téter calmement en posant sa bouche sur le sein ou la tétine, de trouver un rythme régulier, de laisser le liquide se répandre dans son corps, de profiter de la voix qui lui parle, des mains qui le caressent, des mots qui l’encouragent, de l’odeur qui l’enveloppe. Les expériences corporelles concentrées autour de sa bouche se diffusent dans chaque parcelle de son corps. Le bébé boit le corps sensoriel de son parent tout en laissant couler le lait en lui, et amorce ainsi sa vie libidinale. Car le bébé est un corps-bouche qui tète, presse, encore et encore, fait tourner sa langue autour du sein ou de la tétine, en palpe les contours. Là, sans en avoir l’air, il recueille une foule d’éprouvés bruts qu’il va consciencieusement rassembler pour, plus tard, les transformer en émotions.
Il se fabrique ainsi sa première colonne vertébrale sensorielle, sa première identité corporelle indispensable pour exister et aller à la rencontre des choses qui nous entourent. Il s’agit de la construction de son Moi corporel. Se sentir bien, repu et apaisé favorise les relations ultérieures. On retrouvera chez l’adolescent ce besoin de mettre à la bouche, de sucer des sucreries, de grignoter sans cesse, de téter le goulot de sa bouteille pour chercher un apaisement et ressentir son existence.
Un bébé a besoin de ressentir des sensations fortes à travers sa bouche même quand il ne mange pas. Avoir assez mangé, c’est être repu. Avoir reçu assez de plaisir en tétant, c’est être satisfait. Un bébé peut être repu mais pas satisfait. C’est pour cette raison que, parfois, alors que nous sommes persuadés que l’enfant a assez mangé, il réclame encore de téter. La tétine a d’ailleurs pour fonction de répondre au besoin de succion.
Cela n’est pas sans nous rappeler à nouveau certains comportements adolescents et même de jeunes adultes, qui s’accrochent des minitétines autour du cou tout en riant de leurs provocations, qui se mettent un piercing sur la langue pour le téter à tout moment, en prenant appui sur le palais. Les comportements régressifs des adolescents sont comme pour le bébé des besoins libidinaux, des temps de réassurance, des moyens de se calmer dans des activités auto-hallucinatoires.
Fort du sentiment plaisant d’exister, le bébé va passer d’un corps de chair immature et sensoriel à un corps engagé cherchant à communiquer. Il veut jouer à recevoir des sensations excitantes, apaisantes, qui entrent dans un dialogue sensuel, corporel, tactile, sonore, visuel avec ses parents. Et ses sens vont l’accompagner dans ces découvertes. Son Moi-corps, qui lui fournit la certitude d’être quelqu’un, lui permet d’accéder à un état de bien-être que nous nommons le narcissisme. Cet état repose sur la certitude d’exister dans le regard de la mère et du père. Empreint de ce regard, l’enfant va garder une sécurité intérieure. Il est ainsi porteur de messages à jamais inscrits dans sa chair : il a de la valeur, une dignité, une existence. Bagage essentiel, richesse de la vie psychique qui ouvre toutes les portes de la découverte, des séparations ultérieures, de l’autonomie. Armé de ces deux forces psychiques fondamentales, le sentiment d’exister et une sécurité intérieure, le bébé est prêt pour commencer à se détacher et pour expérimenter la motricité de son corps et vivre les premiers détachements. Notons que ces deux fondamentaux psychiques sont mis à l’épreuve pendant l’adolescence. Fragilisé, le jeune se cherche alors et trouve dans ses amitiés intimes, parfois ambiguës, ou dans une succession de relations affectives et sexuelles, une image de lui-même qui le rassure. Tel est le cheminement de l’adolescent qui, en plus du regard de ses parents, a besoin du regard de ses pairs et de leur affection.
Et c’est au moment de cet âge sensible qu’il a été décidé d’introduire dans les manuels des lycéens, le concept de genre.
Né dans les années 1970, sous la plume entre autres de Judith Buttler1, ce concept a envahi la littérature américaine.
On retrouve chez cette brillante auteure une certaine influence de la psychanalyse mais avec nous semble-t-il un désaccord profond sur la question de la féminité et de la masculinité, et leurs expressions. Aujourd’hui sa thèse de la construction sociale de la différence des sexes rencontre un certain succès un peu partout, y compris en France. Selon l’auteure, nous naissons biologiquement différents mais nous nous distinguons du fait d’influences sociales et culturelles, de même que l’hétérosexualité est une construction assignée par des interactions psychiques précoces données par la société. D’une certaine façon, nous pourrions en déduire une forme de biologisation du psychisme, comme si l’enfant qui naît garçon pouvait devenir psychiquement fille sous ces influences, et vice versa, dans une forme de destin à jamais figé puisque la conflictualité psychique est évacuée. Cette théorie qui se voit aujourd’hui prendre une place de choix dans les programmes scolaires, n’est pas, selon nous, sans poser des questions2.
Pourquoi ce choix unique d’une théorie parmi d’autres à propos de la construction du sujet ? Aurions-nous accepté à l’identique que nos jeunes n’étudient qu’un seul auteur de philosophie ? Pourquoi cette absence d’ouverture sur la question de la construction psycho-sexuelle ? Pourquoi ne retrouvons nous pas des théories « attachementistes », comportementalistes, anthropologiques, psychanalytiques et autres, afin que les jeunes puissent découvrir ces différents angles de réflexion ?
Pour exemple, la psychanalyse démontre autrement le cheminement de l’enfant vers l’âge adulte. Elle fait part de la grande puissance des fantasmes parentaux et de leur influence dans le réel de l’enfant. Nous ne sommes pas qu’un corps de chair. Nous sommes traversés par une histoire, pris dans des rencontres précoces où les fantasmes, les gestes, les mots, les pensées nous constituent : êtres de chair et de mots ; corps physique et psychique accompagnent notre croissance. Bébé-fille, bébé-garçon portent des messages du masculin et du féminin dans leur corps sexué, en creux, en plein, en trop plein. Ils naîtront avec ce bagage, sujets de leur identité sexué, plus tard de leur identité sexuelle, avec cette question du manque, qui se manifestera tôt ou tard. Là est la différence des sexes. Là est la démonstration du psychisme et de ses enjeux internes qui ne changeront en rien le sexe de l’enfant mais agiront sur son expression et le rendront singulier.
Mais poursuivons sur la question de la croissance de l’enfant et observons que, pour l’enfant enfin en mouvement, le plaisir change de forme. Plaisir du corps moteur qui favorise les contacts, procure des sensations nouvelles que l’enfant ne cesse de rechercher. Ces éprouvés du bébé de quelques mois sont devenus des sensations-émotions qui lui ouvrent un monde infini de découvertes. Il aime aller à la rencontre de l’objet et il est prêt à toutes les contorsions pour le saisir et se l’approprier : il le met à la bouche, le tète, le regarde, le tète à nouveau, colle son nez dessus et recommence. Le bébé a besoin de faire une expérience personnelle de cette nouvelle autonomie. Plus tard, il ressentira encore ce besoin de pouvoir seul découvrir ce qu’il peut faire. L’espace-temps de l’expérience est une quête majeure de l’enfant qui grandit. Personne ne peut le faire à sa place. Une fois devenu adolescent, il sera particulièrement avide de pouvoir prouver ce qu’il est capable de réaliser lui-même. Il recherchera l’encouragement de ceux qu’il aime. Qu’il soit un jeune enfant ou un adolescent il sera aussi attentif à ce que provoquent ses activités sur ses parents. Les enjeux émotionnels prennent une place prépondérante dans ce temps de la croissance.
L’espace-temps de l’expérience est un thème à part entière dans les questions qui nous occupent. Il s’agit là de la place du parent dans l’expérimentation de la vie du bébé. Plus tard, la question reviendra pour l’adolescent, avide d’expérimenter l’amour, la sexualité, les relations intimes en dehors de ses parents mais avec la certitude qu’ils l’aimeront même s’il va aimer ailleurs.
Des parents expliquent en consultation qu’ils interdisent certaines sorties à leurs adolescents parce que « je l’ai fait quand j’étais jeune alors je sais de quoi je parle, c’est donc non ». Privé d’expérience personnelle au nom d’un déjà vécu de son parent, l’adolescent se sent blessé et infantilisé. Il ressent beaucoup d’injustice dans cette décision qui l’ampute de ses premières autonomies adolescentes. Nous y reviendrons.
Le bébé explorateur qui marche, court, grimpe est capable de s’éloigner de son parent, d’y prendre du plaisir, de dépasser sa crainte de le perdre. Il peut le faire grâce à un nouvel acquis fondamental désigné par le concept de permanence de l’objet : l’enfant admet qu’un objet continue d’exister quand il quitte son champ perceptif. Cette permanence implique que l’enfant soit capable de conserver de l’objet une représentation mentale. Qu’il soit capable de l’avoir en image dans sa tête, de se le représenter. Quand on a l’assurance qu’on ne va pas perdre ceux qu’on aime, on peut dormir sur ses deux oreilles. Aller se coucher, fermer les yeux, exige beaucoup de sécurité intérieure. Mais cette sécurité est aussi indispensable quand ceux qu’on aime s’éloignent, quand l’adolescent commence à quitter le nid familial.
Cette toute première petite enfance confronte aussi l’enfant à un début d’autorité parentale et à quelques exigences auxquelles il ne s’attendait pas. Habitué à vivre selon ses désirs, à recevoir les bons soins de ses parents, il découvre maintenant qu’il marche et devient un explorateur habile, que tout n’est pas autorisé. Cette réalité loin de sa vie pulsionnelle est une vraie gageure et le met souvent dans des colères noires que les parents connaissent bien. À deux ans, on n’accepte pas si simplement d’être contrarié dans ses demandes. La capacité du parent à lui résister, à tenir une parole et à donner de la profondeur à un refus, sera déterminante pour les relations familiales présentes et futures mais aussi pour le développement libidinal de l’enfant. D’autant que, parmi les demandes parentales, l’apprentissage de la propreté prend une place importante. La propreté sphinctérienne n’est pas le souci de l’enfant mais bien celui du parent. Toutefois la zone anale dans ce deuxième temps de cette petite enfance, va permettre à l’enfant de jouer à la rétention de ses selles, d’autant que son développement neuromusculaire le lui permet. Cette période de l’enfance est un nouveau pas dans la vie libidinale qui se complexifie pour l’enfant. La conquête de la discipline sphinctérienne s’accompagne d’enjeux relationnels et affectifs que l’enfant aime à dominer dans un rapport où le pouvoir affectif sur son parent est non négligeable. L’amour comme gain ou otage est au cœur du vécu de l’enfant. Une fois encore le rôle du parent est essentiel.
« La sexualité ne commence pas avec la puberté mais avec les mauvaises habitudes des enfants. Ces mauvaises habitudes comme on les appelle à tort, sont les manifestations de l’autoérotisme », déclare Sandor Ferenczi en 19273 notant le besoin de considérer les parents « avec tact » dans la croissance sexuelle de l’enfant.
La deuxième phase de la petite enfance : 3 à 6 ans
Cette période est marquée par deux événements majeurs : la capacité à supporter la frustration et la découverte de son identité sexuée, avec la question de la castration qui doit être comprise dans le processus de la croissance de l’enfant : la castration est un renoncement à… pour aller vers… Il y a une dynamique dans ce processus psychique, contrairement à la frustration qui est une fixation sur un désir et un refus d’aller de l’avant.
L’expérience de la vie multiplie les occasions de refus des parents pour que l’enfant fasse ce dont il a envie et comme il en a envie. L’enfant le ressent douloureusement, craint de ne pas être aimé quand il constate qu’il a déçu ses parents. Ce n’est que petit à petit qu’il supportera leurs exigences, à condition qu’il ne perde jamais leur amour, leur attention, leur présence. Il cède donc sous leur autorité car il a besoin à chaque instant de l’adulte et il craint de les perdre. Pour s’aider dans cette période houleuse de sa croissance, l’enfant va utiliser bon nombre de jeux dits symboliques. Faire du lien est le propre de l’activité de symbolisation. Relier un affect avec sa représentation est une activité dominante et indispensable. L’occasion de rappeler que l’enfant a autant besoin de jouer que d’apprendre et ce jusque tard dans sa vie d’enfant. Dans ces jeux ou activités affectifs, l’enfant dirige ses affects sur des objets et s’exprime par des comportements d’identification et de projection. Les animaux, les phobies représentent l’adulte à qui il a retiré son investissement libidinal agressif pour le projeter sur son remplaçant, l’animal redouté ou une peur imaginaire (la phobie). Petit à petit les jeux prennent une allure plus distancée.
Jouer à sauter dans une flaque d’eau est emblématique de la compréhension des règles par l’enfant et de son désir irrépressible de les transgresser. Dans cette action de transgression s’exprime avant tout l’intériorisation de la règle parentale. L’enfant qui désobéit sait que c’est défendu. D’ailleurs, la colère parentale et le rire ou le sourire de l’enfant en retour sont la preuve que chacun connaît sa juste place. Les parents disent souvent : « Il se fiche de moi. » C’est en partie vrai et en partie faux. Vrai, car l’enfant montre qu’il sait ce que vous attendez de lui et fait le contraire. Faux, car il expérimente son propre rapport aux limites en les transgressant. La pensée de l’enfant à l’origine d’une expérience qui contrarie le parent indique si oui ou non il a intériorisé les limites posées par l’autorité parentale. Intérioriser, c’est garder en soi la voix du parent qui, par les limites qu’il pose à son enfant, lui transmet avant tout son désir qu’il prenne soin de lui. L’interdit que pose un parent est appelé, en termes psychanalytiques, la fonction surmoïque. Celle-ci contient l’enfant et le socialise. Quand il sera plus grand, il aura intériorisé l’idée que tout n’est pas permis, et il se limitera lui-même. Sa propre fonction surmoïque prendra le relais. Le Surmoi contient le Moi et l’expression de la libido de l’enfant, son réservoir pulsionnel. On évoque souvent, dans les ouvrages de psychanalyse, le Moi, le Surmoi et le Ça, ces trois instances indissociables qui s’affrontent et s’entremêlent au cours de la croissance de l’enfant et qui seront à l’œuvre tout au long de sa vie. Les enfants qui ont grandi adorent les jeux dont ils peuvent fixer eux-mêmes les règles. Imposer à l’adulte des règles qu’ils ont définies est pour eux un véritable délice. Jouer au Surmoi est un vrai...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Préface
  5. Introduction
  6. Partie I - Adolescence et société
  7. Partie II - Ici et ailleurs - Expériences, chiffres, constats
  8. Partie III - Penser la prévention des IVG
  9. Partie VI - Quelles propositions ?
  10. Annexes