Transition énergétique : les vrais choix
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Transition énergétique : les vrais choix

  1. 192 pages
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Transition énergétique : les vrais choix

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À propos de ce livre

Ce livre dresse l'inventaire des atouts et des faiblesses du modèle énergétique français. Côté atouts: une expertise et un patrimoine énergétiques sans équivalent; côté faiblesses: une trop forte dépendance aux hydrocarbures, une part insuffisante du renouvelable, des prix qui ne reflètent pas la réalité du marché. Alors comment reconstruire notre modèle: faut-il lever l'interdiction sur les gaz de schiste pour réduire nos importations? Quelle place pour le nucléaire face au réchauffement climatique? Qui va payer le développement des énergies renouvelables et les transformations associées? Enfin, comment rendre notre système énergétique plus efficace et lutter contre la précarité énergétique grandissante? Citoyen, consommateur, professionnel, nous sommes tous concernés à un degré ou un autre par ces questions. Brisant un certain nombre de tabous – sur les prix, les gaz de schiste, le nucléaire –, ce livre éclaire les enjeux du débat et souligne les opportunités de la nécessaire transition qui s'ouvre à nous. Jean-Marie Chevalier est professeur d'économie et senior associate au Cambridge Energy Research Associates (IHS-CERA). Ses ouvrages sur l'énergie font autorité. Michel Cruciani, après avoir exercé diverses responsabilités au sein d'EDF et de GDF jusqu'en 2007, est aujourd'hui conseiller auprès du Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières (CGEMP) de l'université Paris-Dauphine. Patrice Geoffron est professeur d'économie et dirige le CGEMP de l'université Paris-Dauphine.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2013
ISBN
9782738175496
Chapitre 1
REPRENDRE NOTRE DESTIN ÉNERGÉTIQUE EN MAIN

Les succès du modèle français… et leur mise en question
Le modèle énergétique français a, au fil des décennies, littéralement été « façonné » par l’État, architecte et maître d’œuvre, omnipotent, aussi bien pour le choix des technologies, que pour l’organisation des entreprises, la fixation des prix… Cette tradition jacobine n’est certes pas l’apanage de l’énergie mais, dans ce champ économique, les considérations de sécurité et d’indépendance nationale pèsent lourd et ont légitimé la présence durable de l’État, plus que dans toute autre grande activité déployant des réseaux (les télécommunications ou le transport par exemple).
À partir du milieu des années 1990, ce qu’il faut bien qualifier de dirigisme se heurte aux orientations de l’Union européenne, qui prône l’ouverture des marchés, l’entrée de nouveaux acteurs dans l’arène concurrentielle et le libre arbitre des consommateurs (des grandes entreprises jusqu’aux ménages en passant par les PME et les artisans) entre les plus attractifs des fournisseurs de services énergétiques. Au début de la décennie 2010, force est de constater que le système français n’a toutefois pas été révolutionné par cette doxa européenne, les gouvernements de droite et de gauche confondus ayant mis assez peu d’empressement à traduire les directives bruxelloises en lois hexagonales. Mais l’intégration européenne est bien un mouvement de fond qui, même à un rythme plus lent, s’impose progressivement et place le modèle français des origines en équilibre instable.
C’est dans ce contexte que la gauche arrive au pouvoir en mai 2012, forte d’une alliance avec les écologistes nouée quelques mois auparavant, dans la perspective à la fois de la présidentielle et des législatives. Cette alliance politique s’est construite après que le drame de Fukushima eut rouvert, un peu partout en Europe, des débats sur l’acceptabilité du nucléaire, l’Allemagne décidant même de fermer l’ensemble de ses centrales avec dix ans d’avance, la dernière devant être mise à l’arrêt en 2022.
Le président de la République lance ainsi en septembre 2012 un grand débat national sur la « transition énergétique » appelé à se dérouler sur une année et reprend à son compte quelques orientations majeures issues de l’alliance électorale entre socialistes et écologistes :
  • • La réduction programmée de la part de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité qui devrait passer de 75 à 50 % d’ici 2025 et être amorcée par la fermeture, avant la fin du mandat présidentiel, du plus vieux réacteur français (moderne), celui de Fessenheim, raccordé au réseau électrique en 1977.
  • • Un effort massif d’amélioration de l’efficacité énergétique du parc immobilier, avec un objectif de rénovation thermique de 500 000 logements par an, notamment dans l’optique de réduire la fragilité des ménages les plus précaires face à des factures de plus en plus lourdes.
  • • L’interdiction de la « fracturation hydraulique » sur le sol national, technique requise pour l’exploration et la production des gaz et des pétroles de schiste comme c’est le cas aux États-Unis.
La cohérence d’ensemble de ces mesures reflète certes un savant équilibre politique au cœur de la majorité présidentielle et pourrait être discutée sur bien des points. Mais le mérite est d’inaugurer un débat national, destiné à irriguer chaque région, et qui constitue un moment inédit de réflexion sur nos choix énergétiques. On l’a bien compris, débattre ainsi dans l’agora n’est pas réellement en phase avec la tradition française « gaullo-giscardienne » de pilotage centralisé. Le Grenelle de l’environnement avait initié une pratique de large concertation entre groupes d’intérêts contradictoires (que l’on qualifierait de bipartisane aux États-Unis) entre septembre et octobre 2007, avec comme objectifs généraux d’augmenter la contribution des énergies renouvelables, d’accroître l’efficacité énergétique, de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les décisions du Grenelle ont même fait l’objet de deux lois en 2009 et en 2010. Mais certaines bornes avaient été fixées et, en particulier, le nucléaire était resté en dehors de l’espace de la négociation. De plus, l’expérience du Grenelle a laissé un goût amer, car les ambitions de l’automne 2007 ont été élimées par la crise économique, avec un retour de la realpolitik.
La France avait une solide tradition de politique énergétique ; avec ce débat national lancé fin 2012, elle doit faire l’apprentissage de la « transition énergétique », exercice bien différent dans sa substance, tout d’abord parce que l’incertitude domine de toutes parts, concernant les technologies à sélectionner1, leurs coûts de déploiement, le prix des énergies fossiles2, la demande future d’énergie même3. Ensuite, parce que la cohérence des choix faits par la France dépend aussi de ceux de nos voisins (avec lesquels nous sommes « interconnectés », c’est-à-dire liés par les réseaux énergétiques), mais également de décisions prises par les collectivités territoriales, ce qui revient à dire qu’une grande part du futur énergétique de la France ne se jouera plus à Paris. Enfin, ces discussions sur notre avenir énergétique se déroulent par « vents contraires » en raison de la grande crise économique qui frappe l’Europe et sachant que les dettes souveraines restent sous la surveillance des marchés… Nos efforts de transition seront coûteux, laissent certes espérer la création de nombreux emplois, mais risquent de tirer vers le haut la facture énergétique des ménages et des entreprises, alors que la crise a déjà réduit l’oxygène…
Pour comprendre quel est le point de départ de cette transition énergétique dans laquelle cheminera la France, nous devons d’abord esquisser les traits dominants du système énergétique actuel et comprendre, au-delà de l’Hexagone, quelle est la dynamique énergétique et climatique qui gouverne le monde. Cela posé, nous pourrons définir le « cahier des charges » de la transition énergétique en France.
ENTRE ÉLECTROSENSIBILITÉ ET ADDICTION AUX HYDROCARBURES
Dans les rouages d’un circuit énergétique
Avant de présenter les caractéristiques saillantes du modèle français, il nous faut entrer dans les rouages d’un circuit énergétique, afin de nous faire une idée de leur complexité. Un tel système organise des flux issus des différentes sources primaires pour satisfaire nos besoins finals4 : chaleur, force motrice pour l’industrie, transports, éclairage, électroménager, sans compter la kyrielle de nouveaux usages (objets communicants, véhicules électriques).
Les énergies primaires sont d’abord, pour plus de 80 % au niveau de la planète, des ressources fossiles ou minières : pétrole et gaz, charbon, ainsi qu’uranium. Dans le cas français, ces ressources comptent pour environ 90 % de l’énergie primaire. Elles sont non renouvelables (à l’échelle de la vie humaine), importées en quasi-totalité pour la France et de nombreux pays européens et souvent d’un usage polluant. Les autres énergies primaires sont des sources renouvelables basées sur la force de l’eau ou du vent, sur le soleil ou la biomasse.
Ces flux énergétiques viennent s’insérer dans des circuits très sinueux. Pour en juger, décrivons par exemple la filière du chauffage. Afin de fournir à l’utilisateur final une chaleur de l’ordre de 20 °C à la maison ou au bureau, une multitude d’options sont en présence : bois, charbon, fioul, gaz, géothermie, solaire et naturellement électricité, ainsi qu’une combinaison de ces différentes sources. Illustrons l’agencement de ce circuit de fourniture en prenant le cas du chauffage électrique, une solution très développée en France dans le prolongement du programme nucléaire :
  • • Afin de délivrer une température de 20 °C, de l’uranium est importé et enrichi5. Ce combustible alimente un réacteur nucléaire où sont atteintes des températures de plus de 300 °C pour que, finalement, de la vapeur d’eau actionne une turbine, laquelle entraîne un alternateur produisant de l’électricité.
  • • Celle-ci est transmise via un réseau de transport (lignes à haute tension qui sont des sortes d’« autoroutes électriques »), puis un réseau de distribution (« petites routes départementales » à moyenne ou basse tension) jusqu’au convecteur final qui transforme l’électricité en chaleur.
  • • Tout au long de ce circuit, les pertes d’énergie sont importantes, de sorte que la chaleur utile ne représente qu’un faible pourcentage du contenu énergétique initial de l’uranium.
  • • Enfin, en bout de cycle, l’ensemble de la filière nucléaire implique des coûts de gestion ultimes pour le démantèlement des centrales et le stockage des déchets nucléaires sur une très longue période.
Ce long circuit n’est pas spécifique au nucléaire. Dans le cas du pétrole, gaz et charbon, des chaînes logistiques très lourdes sont nécessaires aux importations (cargos, vraquiers, oléoducs, gazoducs, stockage, raffineries, etc.), leur bon fonctionnement étant soumis à des tensions géopolitiques auxquelles sont sujets les marchés d’énergies fossiles et qui nécessitent une présence militaire intense dans certaines zones de production ou de transport (dans le détroit d’Ormuz notamment).
Opérer une transition énergétique consiste donc à ouvrir, inventorier et transformer un mécanisme d’horlogerie, manipulation hautement délicate… Risquons-nous toutefois à examiner le « boîtier » pour comprendre ce qui caractérise le mécanisme français.
Une empreinte nucléaire sans équivalent parmi les grandes économies
Parmi les principaux pays industrialisés, la France se distingue par la contribution très singulière du nucléaire au bilan énergétique. Avec 77,8 % de l’électricité produite via l’atome en 2012, la France est loin devant toute autre économie nucléarisée. Les États-Unis présentent un nombre de réacteurs près de deux fois plus nombreux, mais la part dans la production électrique reste inférieure à 20 %.
Cette prééminence procède d’un État puissant et sûr de son savoir technologique, l’ensemble de la filière nucléaire étant maîtrisée par des organismes publics : production de l’uranium naturel, enrichissement, fabrication des combustibles, construction et opération des réacteurs, retraitement des combustibles et jusqu’au stockage des déchets. Cet engagement très ambitieux a permis à la France d’accéder pendant des décennies à une électricité bon marché et de limiter sa sensibilité aux soubresauts des marchés pétroliers apparus avec violence dans les années 1970. Aujourd’hui, ces avantages du nucléaire sont en partie remis en cause par un certain nombre de facteurs : la hausse des coûts des nouvelles centrales (voir les difficultés rencontrées pour le développement du nouveau réacteur de Flamanville), les risques inhérents à la filière nucléaire en matière d’accidents réévalués depuis Fukushima, sans parler des coûts légués aux générations suivantes pour le démantèlement des installations nucléaires et le stockage des déchets radioactifs.
Le drame de Fukushima en 2011 a produit une puissante onde de choc dans les opinions publiques des pays du « club nucléaire », mettant en question son acceptabilité et suscitant une méfiance vis-à-vis d’une trop grande dépendance. Même en France, pays traditionnellement pronucléaire, l’opinion est désormais en attente d’une plus grande diversité. Cette attente est aussi un des enjeux du débat sur la transition qui est de parvenir à retrouver de l’« apaisement », avec des options dont les risques sont mesurés, bien compris et admis par les citoyens appelés à dire leur mot, désormais, dans les choix énergétiques nationaux ou locaux.
Une électrosensibilité accrue par les aléas climatiques
Près de 1,5 milliard d’individus dans le monde vivent sans électricité alors que dans les pays riches ce service est, à l’égal de l’eau, d’accès universel, toute coupure perturbant gravement le mode de vie quotidien et étant même perçue comme une forme d’injustice. Les activités domestiques des ménages, les activités tertiaires ou industrielles sont toutes dépendantes de l’électricité pour de multiples usages : moteurs électriques pour les cycles de production industrielle6, éclairage, chauffage et climatisation, télécommunications fixes et mobiles, radio-télévision, appareils électroménagers, et progressivement, véhicules électriques… Cette dépendance se retrouve dans la plupart des pays industriels et s’est considérablement renforcée depuis le début de notre siècle. En France, la loi sur la modernisation du service public de l’électricité de 2000 a même établi un « droit à l’électricité » qui dit à quel point nous sommes là dans un des attributs du contrat social.
Mais, alors que nos grands-parents s’émerveillaient de voir surgir la « Fée électricité » dans leur quotidien, cette dépendance croissante n’est pas qu’un signe de modernité. La France est sujette à une sensibilité aiguë aux variations de température, la demande d’électricité s’envolant en période de froid. Cette singularité résulte du fort développement des convecteurs électriques dans le logement ou le tertiaire, option certes cohérente avec la puissance du nucléaire (auquel il est logique de rechercher des débouchés), mais qui produit une « pointe » extrême, avec un fort surcroît de demande en période hivernale. Nous avons touché du doigt cette menace en février 2012, lorsque toute l’Europe a été envahie par un froid polaire et que nous avons...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Sommaire
  5. Introduction - DÉBATS ÉNERGÉTIQUES DANS LA FRANCE DES LUMIÈRES
  6. Chapitre 1 - REPRENDRE NOTRE DESTIN ÉNERGÉTIQUE EN MAIN
  7. Chapitre 2 - PETIT INVENTAIRE DU PATRIMOINE ÉNERGÉTIQUE FRANÇAIS
  8. Chapitre 3 - GAGNER LA BATAILLE DE L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE
  9. Chapitre 4 - LA RÉVOLUTION ÉNERGÉTIQUE : UNE « BONNE AFFAIRE » ?
  10. Conclusion - LA RÉVOLUTION À « PARIS 2015 »