Un chagrin d'amour peut aider à grandir
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Un chagrin d'amour peut aider à grandir

  1. 240 pages
  2. French
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Un chagrin d'amour peut aider à grandir

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À propos de ce livre

« On apprend beaucoup des chagrins d'amour. Malgré cela, la plupart des parents veulent à tout prix les éviter à leurs enfants. Seule la joie est fréquentable. Le reste, il vaut mieux l'éviter. Et pourtant… Et pourtant, celui qui se souvient de ses peines de cœur sait combien elles lui ont appris à aimer. Celui qui prend le temps de se souvenir devine aussi que c'est souvent à travers ces histoires douloureuses que son identité s'est édifiée. » B.H. Non, un chagrin d'amour n'est pas une impasse affective ou une maladie honteuse dont on ne parle pas en famille et qu'on soigne éventuellement à coups de médicaments. C'est un jalon essentiel dans l'histoire de chacun. Encore faut-il, qu'on soit grand ou moins grand, être bien accompagné pour transformer ce chagrin et mobiliser les ressources qui permettront de se relever et de mieux aimer ensuite! Bruno Humbeeck est psychopédagogue. Spécialiste des situations de rupture, chercheur en sociopédagogie familiale et scolaire, il anime également une émission de télévision Une éducation presque parfaite en Belgique.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2013
ISBN
9782738175052

UN CHAGRIN D’AMOUR
COMME UNE OMBRE PORTÉE

Emporter son chagrin avec soi

« Plaisir d’amour ne dure qu’un moment, chagrin d’amour dure toute la vie… »
Jean-Pierre CLARIS DE FLORIAN

CHAPITRE 4

Pour qu’un chagrin
ne cause pas trop de peine

« Combien faut-il de larmes pour noyer un chagrin d’amour ? »
Victor HUGO

Le poids du chagrin

Cela peut être très lourd à transporter, un chagrin d’amour. Les dégâts qu’il cause sur l’estime que l’on a de soi peuvent même dans certains cas durer toute une vie. Ces chagrins-là, en grevant de tout leur poids la manière dont celui qui a été quitté se raconte son histoire avortée, peuvent même parasiter tous les scénarios par lesquels il anticipe son rôle futur d’être aimé ou d’être aimant et l’inciter, si la peine se fait trop lourde, à ne plus jamais oser recommencer. Pourquoi, en effet, s’engager dans ce mauvais film qui, de toute façon, finit toujours mal ? Comment organiser la mise en scène d’une histoire dans laquelle on ne pourra de toute façon jouer aux yeux de son partenaire qu’un mauvais, un très mauvais rôle ?
La manière dont le chagrin d’amour s’enracine dans la vision du monde que l’on a et dans la perception qu’on se fait de soi-même au sein de ce monde définit la portée de l’ombre qui se posera sur l’avenir que l’on se donne. C’est pour cela qu’il ne faut jamais prendre à la légère un chagrin d’amour ! Ce serait la plus sûre façon de lui donner de la lourdeur. C’est pour cela aussi qu’il faut toujours s’efforcer de le prendre au sérieux, sans pour autant y ajouter de la gravité. Cette manière de s’approprier le petit cinéma intérieur de l’autre pour tourner son propre drame ne fait généralement qu’ajouter du poids à ce qui est vécu, en le lestant de la représentation que l’on s’en fait.
Ces deux façons d’envisager le chagrin d’amour de l’autre, en le minimisant ou en se l’appropriant, ne font généralement qu’augmenter la charge de la douleur. Or, quand il s’alourdit, le chagrin d’amour se transforme facilement en peine de cœur, et une peine de cœur, on l’emporte avec soi toute sa vie, sans véritablement s’en remettre, parce qu’elle pèse alors de tout son poids sur tout ce qui est vécu et sur tout ce qui reste à vivre.
Alors, comment s’y prendre pour soutenir son enfant lorsqu’il est confronté à une histoire d’amour qui finit mal ? Comment le soutenir pour qu’il en fasse un souvenir bien à lui qui, des années plus tard, le fera sourire ? Comment s’y prendre pour ne pas ajouter son propre drame à son malheur ? Comment faire en sorte que son chagrin reste bien le sien et ne s’assimile pas au nôtre ? Comment en définitive l’aider pour que son chagrin ne lui cause pas notre peine ?
Pour répondre à ces questions essentielles, il faut sans doute revenir à notre distinction entre le chagrin d’amour-passion, qui frappe en plein cœur dans un contexte de chaos sentimental, et le chagrin d’amour-attachement, qui fait vaciller le sentiment d’évidence de celui qui le subit.
C’est ce que nous proposons de faire dans les pages qui suivent en envisageant le chagrin d’amour différemment selon qu’il est éprouvé en plein état amoureux par une personne qui, à l’aube d’un amour naissant, est aux prises avec la passion et selon qu’il est vécu au sein d’une relation d’attachement suffisamment installée dans le temps pour façonner un modèle du monde et l’inscrire dans la durée. Nous verrons ainsi comment et pourquoi la façon de soutenir quelqu’un en rupture, au-delà de ce qu’il a vécu, doit nécessairement varier en fonction de la distinction entre les deux types de chagrin d’amour ainsi mis en évidence.

Petite typologie des chagrins d’amour

« On prend tout pour des chagrins d’amour
quand on est jeune et qu’on ne sait pas. »
Louis-Ferdinand CÉLINE
Les chagrins d’amour sont polymorphes. Toujours singuliers dans ce qu’ils donnent à vivre, ils se définissent néanmoins aussi en fonction d’un certain nombre de traits essentiels qui permettent de les regrouper. Les types de chagrins d’amour prennent ainsi une forme très différente en fonction de ce qu’ils affectent chez la personne et du moment où ils la frappent.
En tenant compte de cette variation, nous avons été amené à distinguer, comme nous l’avons déjà signalé, deux types très différents de chagrin d’amour : le chagrin d’amour-passion et le chagrin d’attachement. Nous proposons de développer ci-après les caractéristiques essentielles de l’un et de l’autre en insistant chaque fois sur leur modalité particulière d’expression et sur le sens distinct qu’ils prennent, quand l’un est venu fracasser l’ivresse d’un état amoureux et l’autre, abîmer la sérénité d’un état de bonheur tranquille.

Radioscopie d’un chagrin d’amour-passion

L’état amoureux est, comme nous l’avons dit plus haut, induit au terme d’un marché inconscient conclu par un cerveau avec, si l’état amoureux est partagé, celui d’un autre. Le cerveau amoureux est en effet préprogrammé (L. Vincent, 2006) par la double influence d’un contexte psychophysiologique particulier, qui survient après une période de préparation par les hormones de la puberté, et de la rencontre avec la personne jugée adéquate pour tenir le rôle de partenaire dans l’histoire de référence à partir de laquelle on est parvenu à activer son petit cinéma intérieur.
Ce marché inconscient laisse généralement à celui qui le réalise une impression de chaos. Or devenir metteur en scène de sa vie quand on n’en maîtrise pas tous les paramètres peut se révéler à cet endroit particulièrement anxiogène. L’état amoureux et le bouleversement qu’il provoque s’accompagnent en effet généralement d’un profond sentiment d’insécurité qui nimbe tout ce qui est vécu pour le rendre à la fois profondément exaltant et fondamentalement inquiétant. Et, lorsque le chagrin d’amour s’y colle, c’est alors parfois un véritable fracas dans le chaos.
L’individu qui naviguait à vue dans un ciel dégagé et se dirigeait comme il le pouvait en dépit des turbulences est comme abattu en plein vol. Il ne sait plus vraiment qui il est et ne parvient pas à véritablement se redéfinir. L’identité en friche, mise en jeu dans l’expérience amoureuse, en confrontant à la réalité vécue les schèmes affectifs à partir desquels elle se constitue, s’ébranle sur ses fragiles assises, et l’amoureux déçu est mis en demeure d’estimer ce qui peut encore advenir de son « soi » au-delà de la rupture qu’il vient de subir.
Ce type de chagrin d’amour est bien évidemment celui que l’on rencontre le plus souvent pendant l’adolescence mais il peut, en réalité, se traverser à tout âge puisqu’il n’y a définitivement pas de période de péremption dès lors qu’il est question de tomber amoureux. Le chagrin induit par cette forme d’amour-passion déçu se décline alors en fonction à la fois des schèmes affectifs qui déterminent les façons individuelles d’aimer de chacun et de la forme qu’il entend donner aux scénarios anticipés de ses histoires d’amour, mais il conserve dans tous les cas une même fonction de remise en question dans le processus de construction identitaire propre à chacun. L’urgence est en effet toujours de parvenir à y définir qui l’on est à travers ce que l’on vient de vivre. Pour cela, il faudra parfois se donner la peine de réviser ses schèmes affectifs et de revoir les scénarios dans lesquels ils s’inscrivent pour se donner les moyens de redevenir le véritable acteur de sa vie et l’agent de sa propre histoire.
C’est comme cela, nous le verrons, que le fracas dans le chaos induit par le chagrin se métabolise le mieux dans une histoire dans laquelle il devient un souvenir. Il se constitue alors comme un récit à raconter dont on resterait à tout jamais le héros, malheureux sans doute dans l’instant, mais heureux somme toute de l’avoir vécue et de s’être défini à travers elle. Et c’est ainsi qu’en redécouvrant qui il est chacun trouve un sens à ce qui l’a fracassé et parvient, en prenant un temps plus ou moins long pour restructurer ses schèmes affectifs enkystés et remodeler, en tenant compte de ce travail de réaménagement, les scénarios de vie qu’il avait anticipés, à sortir du chaos dans lequel l’a mis ce qu’il vient de vivre.
Retenons en tout état de cause pour le moment que, dans notre distinction des chagrins d’amour, le « chagrin d’amour-passion » se caractérise par le moment auquel il se manifeste (en plein état amoureux), la manière dont il affecte celui qui le vit (un fracas dans le chaos) et le processus qui, tout au long d’une vie, met à mal l’estime de soi dans son rapport à l’identité, en constante construction et en perpétuelle reconstruction.
Il en va tout autrement, nous allons le voir, lorsque le chagrin d’amour frappe celui qui vient d’être quitté dans le sentiment d’évidence que lui laissait une histoire d’amour durablement partagée. Ces « chagrins d’attachement », plus adultes dans leur forme parce qu’ils n’impliquent pas l’état amoureux, supposent le réaménagement de toute une vision du monde. Il ne s’agit plus de fracas dans le chaos, mais de l’irruption de l’insensé dans un univers personnel dans lequel tout paraissait à la fois ordonné, immuable et intelligible.

Radiographie d’un chagrin d’amour-attachement

Toute rupture unilatérale d’une relation d’attachement est vécue comme un drame par celui (celle) qui la subit. C’est d’autant plus vrai lorsque celui-ci vient frapper dans une vie qui était jusque-là marquée au sceau de l’évidence. Quand une vie de couple se déroule comme un long fleuve plus ou moins tranquille, la rupture, souvent inattendue, donne l’impression de traverser un torrent, voire de dégringoler une chute d’eau…
Ce type de chagrin d’amour que nous désignons par le terme générique de « chagrin d’attachement » est d’autant plus difficile à vivre qu’il survient dans un contexte qui donnait, à au moins un des deux membres du couple, le sentiment de vivre, indépendamment des éventuelles difficultés, dans un véritable « état de bonheur ». Cet état de bonheur est induit par des processus cognitifs motivés inférant un « point de vue sur l’autre » qui implique l’échange émotionnel et la communication interpersonnelle. Il suppose une vision du monde dans laquelle soi et l’autre avaient développé la possibilité de se trouver heureux. D’être heureux.
Lorsqu’il affecte cet « état de bonheur », le chagrin d’amour s’apparente à une forme d’écroulement de l’univers personnel. Ce n’est plus alors une identité en construction ou en reconstruction qui paraît s’affaisser, c’est tout un monde qui semble s’ébouler. On n’est plus seulement déstabilisé dans ses assises identitaires, on est aussi perdu dans un univers qui, à nos yeux, a perdu tout son sens.
Ainsi, s’il était surtout question, dans le cadre des chagrins d’amour-passion, d’inviter la personne à réinterpréter les schèmes affectifs susceptibles de la guider dans sa façon de s’engager dans une relation aimante, pour ce qui relève des chagrins d’attachement, c’est en définitive tout son « modèle du monde » qu’il faudra parfois l’aider à remanier.
Le modèle du monde, c’est l’ensemble des croyances stables à propos de soi et du monde environnant qui orientent notre fonctionnement quotidien. Ce système de croyances est largement intériorisé et présente comme caractéristique de rester habituellement peu accessible à la conscience. Toutefois, lorsque le chagrin d’amour-attachement vient chambouler l’individu dans la vision qu’il se fait du monde, la mise en question du modèle intériorisé le fait apparaître de manière aiguë. Tout un travail mental devient alors nécessaire afin de rétablir un nouveau système de croyances qui permette à l’individu de se percevoir et de saisir le monde environnant de manière satisfaisante et non menaçante.
Ce rapport réflexif à soi-même et au monde constitue une clé de voûte du processus qui permet de se reconstruire au-delà d’une rupture qu’on ne parvient pas à dépasser. Celle-ci a, en effet, bouleversé tout à la fois les conceptions qu’on s’était faites de sa relation avec le monde, celles qu’on s’était faites de sa relation avec les autres et celles qu’on s’était constituées à propos de soi-même.
L’irruption du chagrin d’attachement heurte ainsi généralement de plein fouet les trois conceptions fondamentales qui permettent de se sentir invulnérable et de se concevoir comme une personne de valeur au sein d’un monde perçu comme contrôlable, juste et intelligible. Le fait d’être quitté brutalement peut, par rapport à ce modèle de représentation du monde, induire une rupture profonde du sentiment de cohérence interne qu’on ressent. Les trois croyances fondamentales sur le monde qui, selon Janoff-Bulman (1992), permettent de « tenir debout » sans trop se poser de questions sont, en effet, profondément mises à mal quand on est quitté par quelqu’un que l’on aime encore et toujours.
La première d’entre elles, la croyance en un monde bienveillant où les êtres humains sont bons et dignes de confiance, tremble ainsi inévitablement sur ses fondements quand celui (celle) qui vous fait tant souffrir est précisément celui (celle) sur qui vous comptiez le plus.
La deuxième selon laquelle il existerait une contingence entre les comportements des individus et les conséquences de leur action ou, pour le dire autrement, la conviction intime que le monde et ceux qui le composent agissent de manière sensée est évidemment bouleversée dès lors que la conduite de l’autre apparaît à vos yeux à la fois incompréhensible et inintelligible au sein de l’univers cohérent que vous aviez pour une large part construit ensemble.
Enfin, la troisième croyance que partagent la plupart des êtres humains, celle qui leur permet de croire fondamentalement en leur valeur personnelle en se percevant globalement comme des personnes obéissant à des lois morales et, pour cela, relativement protégées de l’infortune est évidemment mise à mal quand le malheur qui vous frappe vous laisse le sentiment de n’être en définitive protégé de rien et de ne pas contrôler, par vos propres comportements, ce que les autres sont en mesure de vous faire.
Le modèle du monde fondé sur le présupposé que celui-ci est fondamentalement bienveillant, sensé et relativement contrôlable est celui qui est le plus communément partagé par tous. Il présente, en effet, l’avantage de permettre à chacun d’évoluer en son sein sans trop s’interroger, sans le soumettre en permanence à une forme de conscience réflexive qui rendrait la vie bien fatigante à vivre parce qu’elle serait soumise à un questionnement à la fois constant, parce qu’il ne bougerait pas dans sa forme, et permanent, parce qu’il se ferait à tout moment et pour tout le temps.

Radiologie d’un chagrin d’amour sous toutes ses formes

Face à l’expérience de la rupture, la tendance naturelle de celui qui continue à aimer alors qu’on le quitte est d’abord de chercher les causes de ce qui lui arrive afin de minimiser l’écart entre ses croyances antérieures et les croyances négatives engendrées par l’événement. Pourquoi moi ? Pourquoi cela ? Pourquoi cet(te) autre ? Pourquoi maintenant ? Les questions vont se bousculer. Pour certains, l’idée de se tenir en partie responsables de ce qui arrive – c’est ma faute, c’est parce que je suis trop ceci, c’est parce que je ne suis pas assez cela… – contribuera à diminuer l’impression inconfortable d’un monde où le hasard pourrait frapper à tout moment, sans raison, en ne laissant pas la moindre possibilité de contrôle. Pour d’autres, au contraire, attribuer la cause à des sources plus externes – je n’y suis pour rien…, tout dépend de lui…, c’est à cause d’elle… c’est la vie qui est comme ça… – contribuera à réduire la perception négative qu’ils auront développée d’eux-mêmes à la suite de la rupture.
Les deux stratégies visent en réalité un seul et même objectif : réduire l’écart entre la manière dont on se représente le monde et ce que les événements qui s’y produisent nous donnent à apprendre sur la manière dont il fonctionne quand il se met à nous heurter de plein fouet. Cette impression de dissonance cognitive que provoque la rupture d’attachement va alors nous contraindre à réinterpréter les événements en réaménageant nos anciennes convictions devenues incapables d’expliquer le monde tel qu’il se présente depuis qu’il a été ébranlé.
Pour réaliser ce travail mental, la personne aura deux stratégies à sa disposition : la narration et la rumination. Dans le premier cas, elle devra trouver une oreille pour se raconter. Dans le second, du temps pour ressasser. Dans tous les cas, l’enjeu sera le même : se donner les moyens de reconsidérer sa vision du monde dans le contexte d’un amour-attachement et la configuration de ses schèmes affectifs dans le cadre d’un amour-passion, et remodeler l’un ou l’autre en fonction de ce qui a été vécu.
C’est pour cela qu’il n’est jamais inutile d’inviter ceux qui sont confrontés à un chagrin d’amour à se raconter. C’est pour cela aussi qu’il ne faut pas les empêcher de « ruminer », de « ressasser » ou de « procrastiner » en les forçant à tout bout de champ à se changer les idées ou s’imaginer qu’ils prennent le risque de s’enf...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Copyright
  4. Avant-propos
  5. Introduction
  6. Un chagrin d’amour contemporain
  7. Un chagrin d’amour comme une ombre portée
  8. Le chagrin d’amour comme une ombre projetée
  9. Conclusion
  10. Bibliographie
  11. 4e de couverture