Discipliner la finance
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Discipliner la finance

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Discipliner la finance

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À propos de ce livre

L'accroissement du poids de la finance par rapport Ă  l'Ă©conomie rĂ©elle change profondĂ©ment le fonctionnement des Ă©conomies et accroĂźt fortement le risque de crise. Alors que, dans le passĂ©, c'Ă©taient les chocs de l'Ă©conomie rĂ©elle qui influençaient la sphĂšre financiĂšre, ce sont aujourd'hui les chocs financiers qui conduisent au dĂ©rĂšglement de l'Ă©conomie rĂ©elle et du systĂšme monĂ©taire international. Si la menace d'une nouvelle crise de trĂšs grande ampleur se prĂ©cise, elle n'est pourtant pas inĂ©luctable. Ce livre propose des solutions concrĂštes pour discipliner la finance, Ă©viter la rĂ©pĂ©tition des crises et favoriser le passage Ă  une vĂ©ritable finance de long terme. Patrick Artus est professeur associĂ© Ă  l'École d'Ă©conomie de Paris et chef Ă©conomiste de Natixis.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2019
ISBN
9782738148049
Sous-sujet
Finance

CHAPITRE 1

La globalisation des économies réelles


Du dĂ©but des annĂ©es 1980 jusqu’à la crise de 2008-2009, l’évolution de l’économie mondiale est marquĂ©e par un phĂ©nomĂšne majeur : celui de la globalisation des Ă©conomies rĂ©elles. Des biens et services vendus dans un pays sont, de plus en plus souvent, de fabrication mondiale (Made in monde) avec des sous-traitants situĂ©s dans des pays diffĂ©rents et produisant certains composants de ces biens.
Cette nouvelle organisation de la production, appelĂ©e « segmentation des chaĂźnes de valeur », s’est traduite par l’ouverture des Ă©changes entre les pays avancĂ©s de l’OCDE et les pays Ă©mergents Ă  partir du milieu des annĂ©es 1990.
Avant d’ĂȘtre financiĂšre, la globalisation est un processus qui a d’abord concernĂ© l’économie rĂ©elle. Quels ont Ă©tĂ© ses effets ? Les dĂ©bats, qu’on peut associer Ă  la pĂ©riode 1990-2010, ont Ă©tĂ© Ă©videmment trĂšs vifs entre ceux qui mettaient en avant ses effets bĂ©nĂ©fiques (baisse forte de la pauvretĂ© dans les pays Ă©mergents) et ceux qui dĂ©nonçaient ses effets nĂ©fastes (distorsions d’emplois industriels dans les pays avancĂ©s de l’OCDE).
La globalisation a contribuĂ© – mais pas de maniĂšre dĂ©cisive – Ă  l’augmentation des inĂ©galitĂ©s dans les pays de l’OCDE. Elle a dĂ©sindustrialisĂ© ces derniers. Pour autant, elle n’a pas profitĂ© Ă  tous les pays Ă©mergents. Elle a Ă©galement favorisĂ© la concurrence fiscale entre les pays, mais sans parvenir Ă  rĂ©duire la gĂ©nĂ©rositĂ© des politiques redistributives.
DĂ©crivons cette premiĂšre phase de globalisation rĂ©elle, et essayons d’évaluer prĂ©cisĂ©ment ses effets, au total positifs pour les pays Ă©mergents, nĂ©gatifs, mais pas autant qu’il est parfois avancĂ©, pour les pays de l’OCDE.

La segmentation des chaĂźnes de valeur

Des années 1980 à la crise de 2008, le commerce mondial a progressé nettement plus vite que le PIB mondial : il a crû en moyenne deux fois plus vite que la production mondiale, tandis que, depuis 2008, il progresse moins vite que celle-ci (voir graphique 1).
Cette croissance rapide du commerce mondial reflĂšte la mise en place dans les annĂ©es 1990-2000 d’une organisation particuliĂšre de la production : la « segmentation des chaĂźnes de valeur ». La production des biens est segmentĂ©e, dĂ©coupĂ©e entre plusieurs localisations, en fonction des avantages comparatifs de chaque pays : niveau d’éducation de la population, niveau de sophistication des entreprises, disponibilitĂ© des matiĂšres premiĂšres, cadre lĂ©gal et juridique, situation du systĂšme financier. Ces chaĂźnes de valeur sont soit interentreprises (entre les entreprises et leurs sous-traitants), soit internes aux entreprises. Cette organisation accroĂźt le commerce mondial, puisque les pays Ă©changent des piĂšces, des composants, qui sont ensuite assemblĂ©s (schĂ©ma ci-dessous).
Illustration
ChaĂźne de valeur
Illustration. Voir l’explication dans le texte.
En gĂ©nĂ©ral, les entreprises multinationales conservent la partie aval de la chaĂźne de valeur (les piĂšces les plus complexes, l’assemblage final), ainsi que la maĂźtrise de l’innovation, du dĂ©veloppement de nouveaux produits, et elles externalisent sa partie amont.
Ce type d’organisation de la production est liĂ© Ă  diffĂ©rents facteurs : les faibles coĂ»ts de production dans les pays Ă©mergents ; la baisse des coĂ»ts de transport ; le dĂ©veloppement des nouvelles technologies de communication et d’information, qui permet de contrĂŽler Ă  distance la production des piĂšces ; la disparition des droits de douane – le montant moyen des droits de douane est passĂ© de 11 % dans la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1990 Ă  6 ou 7 % dans les annĂ©es 2010.
Le dĂ©veloppement des chaĂźnes de valeur (« Global Value Chains », GVC), avec la segmentation des processus de production, conduit donc au dĂ©veloppement du commerce mondial et Ă  l’intĂ©gration croissante des Ă©conomies. Prenons l’exemple de la ThaĂŻlande. En 1985, 73 % des piĂšces et composants utilisĂ©s en ThaĂŻlande Ă©taient produits en ThaĂŻlande. En 2000, ils ne sont plus que 51 % : 4 % des piĂšces viennent de Chine, 4 % de Singapour, 3 % de Malaisie, 3 % de CorĂ©e, 3 % de Taiwan, 15 % du Japon, 6 % des États-Unis, 10 % d’Europe

Les importations des pays de l’OCDE en provenance des pays Ă©mergents (autres que les pays exportateurs de pĂ©trole) ont beaucoup augmentĂ© : depuis 1980, le poids des importations depuis les pays Ă©mergents a triplĂ©, passant de 2 Ă  6 % du produit intĂ©rieur brut en moyenne, ce qui explique qu’on parle de globalisation de l’économie rĂ©elle.
Le débat entre économistes a évidemment porté sur les effets de cette globalisation réelle : au total était-elle favorable ou défavorable aux économies ?

Globalisation et inégalités

La question renvoie d’abord aux inĂ©galitĂ©s de revenu. La globalisation conduit logiquement Ă  une hausse du nombre d’emplois peu qualifiĂ©s dans les pays Ă©mergents et Ă  leur baisse dans les pays avancĂ©s de l’OCDE. D’oĂč, dans ces derniers, une baisse du salaire relatif des peu qualifiĂ©s et une hausse des inĂ©galitĂ©s. Pourtant, la plupart des travaux de recherche concluent que si la globalisation et les dĂ©localisations ont contribuĂ© Ă  accroĂźtre le chĂŽmage et les inĂ©galitĂ©s dans les pays de l’OCDE, elles n’expliquent qu’une faible partie des pertes d’emplois industriels et de la hausse des inĂ©galitĂ©s de revenu. Sur les gains de bien-ĂȘtre suscitĂ©s dans les pays de l’OCDE par l’ouverture des Ă©changes avec les pays Ă©mergents, on a pu estimer que 20 % seulement avaient Ă©tĂ© perdus en raison de l’accroissement des inĂ©galitĂ©s. Autrement dit, 80 % de ces gains de bien-ĂȘtre sont toujours prĂ©sents.
Du cĂŽtĂ© des pays Ă©mergents, les faits observĂ©s sont tout Ă  fait cohĂ©rents avec les attentes. À partir de la fin des annĂ©es 1990, la pauvretĂ© y recule de maniĂšre trĂšs significative, surtout en Asie. La proportion de la population en dessous du seuil de pauvretĂ© a reculĂ© dans tous les pays Ă©mergents depuis le milieu des annĂ©es 1990. Ce rĂ©sultat provient du transfert des investissements et des emplois peu qualifiĂ©s des pays de l’OCDE vers les pays Ă©mergents.
Illustration
Toutefois, ces chiffres sont Ă  manier avec prudence : ce sont surtout les pays d’Europe centrale, la Chine, les pays d’Asie de l’Est, qui ont profitĂ© de la rĂ©duction de la pauvretĂ© ; la situation est nettement moins favorable en Afrique, en Inde, ou en AmĂ©rique latine : la proportion de la population disposant de moins de 1,90 dollar par jour est aujourd’hui presque nulle en Chine, en Asie, en AmĂ©rique latine ; elle est de 40 % en Afrique et de 21 % en Inde.
On voit sur le graphique 2 que s’il y a une hausse du niveau de vie relativement aux États-Unis, en Chine, en Asie de l’Est, plus faiblement en Inde et en Europe centrale, ce n’est pas du tout le cas en AmĂ©rique latine et en Afrique oĂč le niveau de vie stagne en pourcentage de celui des États-Unis.
La globalisation a donc profité de maniÚre trÚs inégale aux pays émergents.
Enfin, si la pauvretĂ© a reculĂ© dans les pays Ă©mergents, les inĂ©galitĂ©s y ont augmentĂ©, avec, comme dans les pays de l’OCDE, une prime accrue Ă  l’éducation pour les plus qualifiĂ©s (la prime Ă  l’éducation est le supplĂ©ment de revenu que permet d’obtenir un niveau d’éducation plus Ă©levĂ©), et l’apparition d’individus trĂšs riches. La part du revenu national captĂ©e par le 1 % d’individus au revenu le plus Ă©levĂ©, qui est l’indicateur habituel des inĂ©galitĂ©s extrĂȘmes de revenu, augmente dans tous les pays Ă©mergents : elle est aujourd’hui trĂšs Ă©levĂ©e en AmĂ©rique latine (28 %), en Inde (22 %), en Afrique (20 %), en Chine (14 %). À titre de comparaison, elle est de 7 % en France.

La globalisation n’est pas la cause essentielle des inĂ©galitĂ©s dans les pays de l’OCDE

Dans les pays de l’OCDE, il y a consensus pour affirmer que la globalisation a eu des effe...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Introduction
  5. Chapitre 1 - La globalisation des économies réelles
  6. Chapitre 2 - Déglobalisation et retour auprÚs de l'acheteur final
  7. Chapitre 3 - La finance prend le relais de la globalisation
  8. Chapitre 4 - Pourquoi la finance ne cesse-t-elle de grandir ?
  9. Chapitre 5 - Le cycle financier mondial
  10. Chapitre 6 - Le SystÚme monétaire international doit changer
  11. Chapitre 7 - L'instabilité structurelle des pays émergents
  12. Chapitre 8 - Quand les pauvres prĂȘtent aux riches
  13. Chapitre 9 - Une succession de crises financiÚres
  14. Chapitre 10 - D'oĂč viendra la prochaine crise ?
  15. Conclusion - Comment discipliner la finance ?
  16. Table