La Féminité retrouvée
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La Féminité retrouvée

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«?Un vent léger souffle sur la féminité au long de ces pages. Il s'agit de la retrouver, délivrée de ses clichés, de ses "on-dit", au-delà des mises à l'écart dont elle a souffert chez les autrices féministes et chez Freud lui-même. Nichée à l'intime de soi et des désirs qui nous habitent, la féminité, délivrée de ses attaches exclusives au sexe féminin, retrouve une vie nouvelle à travers la parole et l'écriture, en particulier celle de Marguerite Duras qui la montre à l'œuvre chez ses personnages favoris?: des femmes bien sûr mais aussi des hommes.?» D. B. Un autre regard sur notre monde intérieur avec la féminité en partage. Danièle Brun est psychanalyste, membre d'Espace analytique et professeure émérite de l'Université de Paris. Elle est présidente de la Société Médecine et Psychanalyse. Elle a écrit des livres qui ont connu un grand succès, notamment La Passion dans l'amitié, Rester freudien avec Lacan et L'Empreinte du corps familial.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2021
ISBN
9782738155962

CHAPITRE 1

Le délaissement de la féminité par le féminisme


Une femme peut-elle aujourd’hui encore laisser s’épanouir sa féminité, en laisser voir les signes et éveiller le désir de l’autre ? Y prend-elle à cela une part active comme il peut en être d’un refus qu’elle y opposerait ? Et avec quelles conséquences ?
La notion de participation active peut, en la matière, paraître subversive sinon inadéquate. Car la féminité procède davantage de l’accueil que réserve une femme à certains gestes ou signaux dont elle perçoit qu’ils lui sont destinés que d’une initiative, voire d’un appel qu’elle lancerait pour faire reconnaître ce qu’elle estime être sa féminité. Laissons pour le moment en suspens ce qui d’elle, de ses gestes, de ses paroles, de ses objets, de son habitus, éveille la sensibilité de l’autre à sa féminité, et la rend plus attractive, à ses yeux, que d’autres.

La femme contemporaine et sa féminité

Dans quelles circonstances et à quel prix sa féminité s’observe-t-elle ? Devient-elle plus vulnérable ? Reconnaissant une différence dans son rapport aux hommes et aux autres femmes, cette femme va-t-elle avoir l’impression de contrarier ou de contredire l’image d’elle que les travaux féministes ont promue, défendue et ne cessent de soutenir ? En un sens, elle s’individualise. La féminité, en effet, se gagne pour la femme comme pour l’homme avec la liberté qu’elle ou lui s’octroie lors de leur rencontre avec certains de leurs désirs jusque-là ignorés.
Étroitement associée au combat pour la réhabilitation de la situation des femmes dans divers contextes, jusque dans l’écriture, la féminité m’a paru souffrir de confinement et il m’a fallu investiguer les motifs d’une telle assignation.
Les preuves de l’idéologie dominante masculine que combat le féminisme afin d’en démasquer l’existence jusque dans les travers du langage sont légion. Le « Tu la kiffes ? » fréquemment adressé sur le mode de la complicité, par un homme mûr à un adolescent familier, en est un exemple récurrent. Toutefois au fil de mes lectures des ouvrages féministes, une sensation d’excès s’est progressivement imposée à moi.

La féminité et la condition féminine : un nœud à défaire

Du côté du féminisme, on effectue des mises à jour régulières de tout ce qui peut faire obstacle au statut d’autonomie des femmes dans la société contemporaine. La féminité en fait partie au titre de la fonction de rappel d’une condition féminine asservie qu’on lui attribue. Il faut bien qu’une voix s’élève pour contester une opinion qui ne se fonde sur la sonorité du mot que pour mieux l’évincer. Féminité n’égale pas femme reléguée au ménage et aux soins des enfants. On ne peut pas l’inclure sur cette seule base dans la dénonciation des scandales visant la femme.
À l’ère du big data et des algorithmes qui désormais guident nos savoirs, nos orientations et nos prises de décisions, on ne compte plus les exemples dévoilant la priorité des données masculines sur celles des femmes. Dans son dernier livre l’autrice britannique Caroline Criado Perez1 recense les études statistiques ou numériques menées en France et dans les pays anglo-saxons, et elle exemplifie la chose à l’envi. Il n’est, dit-elle, que de se plonger dans les résultats issus de l’univers informatique pour repérer une multitude de situations y compris scientifiques, appuyées sur des algorithmes ou des recueils de données, pour s’apercevoir qu’on utilise d’abord celles des hommes et secondairement celles des femmes. Le fait que l’homme soit toujours pris en compte en premier dans la plupart des usages est devenu un thème d’investigation dont le tour est loin d’être bouclé.
S’il est vrai que la féminité est une notion complexe, trop facilement réduite à ses clichés, aucune des définitions figurant dans les ouvrages féministes ne la valorise. Elle est délaissée partout où elle est suspectée, soupçonnée de faire mémoire d’un état dépassé où la femme est vue comme un objet de désir, de manipulation et d’asservissement. Il convient donc de dénouer les enjeux de ce délaissement, et de réfléchir à ce qui peut léser la femme. Ainsi en est-il de l’étude de la langue en usage et des mots que l’on emploie au quotidien.

L’élargissement du combat féministe aux mots de la langue

Le pas franchi va bien au-delà de ce qu’on appelle désormais l’écriture inclusive. Car il faut aider les femmes à se débarrasser de l’idéologie masculine ambiante et à faire entendre leur voix pour défendre une identité nouvelle et une volonté d’exister autrement, qu’elles cultivaient en silence tant elles-mêmes doutaient qu’un jour cela puisse arriver. La génération nouvelle est concernée. Elle accompagne le mouvement avec vigilance. Nombreux sont les jeunes adultes qui, parallèlement à un intérêt pour leur apparence et pour le regard des autres, se rallient à l’élargissement du combat vers le discours.
Mes cinq petites filles qui appartiennent à cette classe d’âge m’ont, de ce fait, paru très réactives. Elles ont le réflexe qui leur permet d’être attentives à la tonalité des propos et à déceler les domaines où s’exerce potentiellement la suprématie masculine portée par le langage. Il peut suffire d’une conversation ordinaire pour qu’un exemple surgisse. Ainsi, au sujet d’un roman que je venais de lire et dont je racontais à l’une d’elles les grandes lignes, l’expression « femme légitime » vint dans mon récit. Elle s’en étonna et m’interrogea : « Qu’est-ce que c’est qu’une femme légitime ? », demanda-t-elle. J’explique alors que l’expression désigne son statut par opposition à l’autre femme, l’amante, par exemple. Le seul qualificatif de légitime éveilla sa critique. Curieuse de voir la loi mentionnée du côté femme sous cette forme, elle m’interrogea sur l’équivalent du mot en usage pour l’homme. S’agissant de l’homme en effet, il suffit du seul substantif « mari » pour identifier sa position. Nul besoin d’ajouter un adjectif pour le distinguer de l’amant. C’est peu de chose apparemment. Si petit soit-il, cet exemple a la valeur d’une partie pour le tout. Il est métonymique et paradigmatique des centaines de différences que les autrices féministes découvrent à l’œuvre dans le monde et qu’elles dénoncent comme un état qui ne peut plus durer.
L’idée consistant à déjouer les niches langagières trace donc un chemin déjà bien suivi et intégré. S’y rassemblent les différents aspects de la lutte menée contre les positions de seconde main où la femme est censée se conformer jusque dans l’expression de sa féminité. C’est là qu’à mon sens le bât blesse car on a l’impression que cette notion est introduite de force dans un débat qui ne la concerne pas, sauf à prendre le mot au pied de la lettre dans son acception anatomique. La question du sexe et de la sexualité n’y a pas de place.
Ainsi, parmi les autrices françaises, Camille Froidevaux-Metterie2 se réjouit-elle de ne plus voir les femmes « enfermées dans la féminité, cet idéal normatif associant dévouement maternel, disponibilité sexuelle et dépendance matérielle […] ». Se dégager du carcan de la féminité ouvrirait donc la voie d’une libération, au nom de laquelle, précise-t-elle, « on peut commencer à penser le féminin que je définis comme un état historiquement et socialement construit du rapport des femmes au monde et aux autres qui passe par leur corps ». Petit pertuis que celui qui, ici, sépare le féminin de la féminité. Mais la féminité demeure étroitement corsetée dans un pseudo-« idéal normatif ».
L’Américaine Catharine A. MacKinnon va encore plus loin : « Rien de tel, écrit-elle avec virulence, que la féminité pour donner à l’indignité la dignité d’une identité3 ! » Incluse de facto comme ce qui contribue à faire de la femme un élément clé des inégalités sociales et sexuelles, la féminité n’est aucunement prioritaire dans le monde féministe d’aujourd’hui. Son délaissement participe de la lutte contre la composante dite « esclavagisante », selon Monique Wittig, de l’hétérosexualité ambiante. Elle est vue comme susceptible de retarder le changement de paradigmes logés dans la « division sociale des sexes ». L’annonce d’une disparition du genre va-t-elle rassembler les foules ?
À l’ère de la pandémie due au virus du Covid-19, et de son extension au-delà des frontières, la bataille fait image tant elle assimile la suprématie masculine à un virus contaminant qu’il est nécessaire d’éradiquer dans tous ses recoins.
Judith Butler4, très présente dans cette mouvance politique déconstructiviste, tient l’écriture pour un outil majeur destiné à libérer « la femme des attendus sociaux ».
Que penser ? Comment comprendre l’assimilation ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Dédicace
  5. Avant-propos
  6. CHAPITRE 1 - Le délaissement de la féminité par le féminisme
  7. CHAPITRE 2 - Marguerite Duras, écrivaine de la féminité
  8. CHAPITRE 3 - Freud et les femmes : la féminité blessée
  9. CHAPITRE 4 - « Féminité de la parole »
  10. CHAPITRE 5 - L'embarras du lien précoce entre mère et fille
  11. CHAPITRE 6 - La féminité, entre l'enclume du collectif et le marteau du rêve
  12. CHAPITRE 7 - Les marques de la féminité chez l'homme
  13. Pour conclure : la négation en question
  14. Index des notions
  15. Index des auteurs cités
  16. Index des personnages fictifs ou réels
  17. Index des œuvres
  18. Remerciements
  19. Sommaire
  20. Du même auteur