Les Chemins de l'avenir, une approche pragmatique
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Les Chemins de l'avenir, une approche pragmatique

Les humains, les États et le monde

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Les Chemins de l'avenir, une approche pragmatique

Les humains, les États et le monde

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À propos de ce livre

Comment prĂ©server les forces vives de l'avenir? En levant les verrous qui pĂšsent sur l'individu, la sociĂ©tĂ©, l'Europe et les nations. Telle est la rĂ©ponse de Jacques Lesourne. Il livre ici une analyse concrĂšte des erreurs et des insuffisances de gouvernance. Toutes ont conduit, au cours de l'Histoire, Ă  des situations de crise, comme en juillet 1914, ou dans les annĂ©es 1990 avec le cas de la Yougoslavie, ou bien encore de nos jours avec la crise ukrainienne. Notre monde connaĂźt tour Ă  tour ordre et chaos: l'effondrement français de 1940, la chute de la RĂ©publique de Weimar comme le dĂ©sarroi de l'Union europĂ©enne au sortir du rĂ©fĂ©remdum sur le Brexit en sont des exemples tragiques. Les dĂ©mocraties d'aujourd'hui doivent affronter de nouveaux dĂ©fis. Sans cĂ©der Ă  la tentation du pessimisme, Jacques Lesourne montre dans ce livre quels sont leurs atouts, quelles sont leurs armes. Jacques Lesourne est l'auteur d'ouvrages dĂ©cisifs comme VĂ©ritĂ©s et mensonges sur le chĂŽmage, Le ModĂšle français. Grandeur et dĂ©cadence, Un homme de notre siĂšcle ainsi que Ces avenirs qui n'ont pas eu lieu. Économiste et prospectiviste, ancien directeur du Monde, il est professeur honoraire en sciences Ă©conomiques au Conservatoire national des arts et mĂ©tiers et membre de l'AcadĂ©mie des technologies.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2017
ISBN
9782738138019

CHAPITRE VI

Des systĂšmes politiques des États et de la dĂ©mocratie


« Les démocraties se corrompent soit par leur exagération, soit par la négation de leurs principes. »
Raymond ARON,
Introduction Ă  la philosophie politique
84.
Une Ă©vidence aujourd’hui, le monde est divisĂ© en États indĂ©pendants reprĂ©sentĂ©s Ă  l’ONU. Cette propriĂ©tĂ©, qui n’était pas Ă©tablie en 1945, devrait durer longtemps. Elle n’exclut ni l’existence d’États fĂ©dĂ©raux, ni la fusion, ni la sĂ©paration d’États, ni des revendications du statut d’État indĂ©pendant par des groupes ethniques, ni la crĂ©ation par des groupes d’États d’unions entre leurs membres n’impliquant pas de fusion.
Ces États ont un territoire et un gouvernement qui a un pouvoir sur les habitants et donc un systĂšme politique, sujet que j’ai abordĂ© au chapitre VIII des SystĂšmes du destin et dans DĂ©mocratie, marchĂ©, gouvernance85. À ma connaissance, le premier auteur qui traita en termes de systĂšme l’organisation politique d’un État fut David Easton86, qui distingua les entrĂ©es et les sorties : entrĂ©es Ă©mises par les citoyens et les reprĂ©sentants des corps organisĂ©s et prenant la forme de demandes ou de soutiens diffus ou ciblĂ©s, sorties venant du gouvernement, offre de services publics, prĂ©lĂšvement d’impĂŽts ou octroi de subventions dans le cadre de lois ou mesures administratives. Easton insistera notamment sur la nĂ©cessitĂ© de l’articulation des demandes pour qu’elles soient perçues par l’appareil gouvernemental.
Dans les dictatures, les sorties l’emportent et sont transmises par un parti unique, par la police ou par l’armĂ©e qui s’appuient sur une vulgate Ă©laborĂ©e autour du dictateur. Et le rĂ©gime veille Ă  ce que les entrĂ©es s’alignent sur les sorties. Au contraire, dans les rĂ©gimes dĂ©mocratiques, les demandes l’emportent, demandes souvent irrĂ©alisables, et les gouvernants s’efforcent de magnifier leurs performances (les sorties) pour qu’elles apparaissent donner aux demandes une rĂ©ponse satisfaisante.
Ce simple constat montre qu’on ne peut Ă©viter d’introduire une brĂšve typologie des systĂšmes politiques. J’en propose une, trĂšs simple, mais suffisante pour la suite : les dĂ©mocraties « blanches » (plus ou moins), les dĂ©mocraties « grises » et les systĂšmes autoritaires. Cela me permettra d’examiner ensuite : les dĂ©mocraties blanches et leur construction historique, les dĂ©mocraties grises et les autres systĂšmes, les nouveaux dĂ©fis pour les dĂ©mocraties, la deuxiĂšme insuffisance de contrĂŽle et les tensions qui l’engendrent et qu’elle engendre.
Comme dans d’autres chapitres de ce livre, quelques exemples illustreront notre propos : l’histoire difficile de la RĂ©publique de Weimar, la IVe RĂ©publique et la guerre d’Indochine, une petite histoire de la dĂ©mocratie française (1945-2016), la campagne pour l’élection prĂ©sidentielle française de 2017.

Les systĂšmes politiques :
esquisse d’une typologie

La carte actuelle du monde offre un panorama des systĂšmes politiques bien diffĂ©rent de ce qu’il Ă©tait au temps de Montesquieu. Les monarques subsistent, mais ils ne sont plus que des symboles de la pĂ©rennitĂ© nationale comme la reine d’Angleterre ou l’empereur du Japon. Les systĂšmes qui se rĂ©fĂšrent Ă  l’expĂ©rience soviĂ©tique se limitent Ă  quelques vestiges comme la CorĂ©e du Nord (et Cuba hier). Mais il reste un nombre important de systĂšmes sui generis et parmi eux la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie, l’Égypte, l’Arabie Saoudite notamment, sans compter les zones contrĂŽlĂ©es par des groupes autonomes (Kurdes irakiens) ou rĂ©volutionnaires (Farc de Colombie hier, EI au Proche-Orient aujourd’hui).
Aussi se trouve-t-on en prĂ©sence d’une famille fort hĂ©tĂ©rogĂšne de dĂ©mocraties et d’un groupe disparate de systĂšmes spĂ©cifiques en Ă©volution plus ou moins rapide.
Que recouvre ce terme de « dĂ©mocratie », brandi si frĂ©quemment par les uns et les autres ? À l’évidence, trois propositions complĂ©mentaires mais distinctes. Selon la premiĂšre, elle est le gouvernement du peuple par le peuple. La seconde insiste sur les valeurs de libertĂ©, de justice, de participation et de sĂ©curitĂ© qui inspirent l’ensemble des acteurs. La troisiĂšme met l’accent sur l’équilibre des pouvoirs qui empĂȘche que l’un des rouages du systĂšme n’accĂšde Ă  une puissance capable de compromettre les droits d’une partie des citoyens.
Ces trois définitions ne sont pas équivalentes. La premiÚre est générale, la seconde éthique, la troisiÚme organisationnelle. Mais la plus puissante, celle qui provoque les émotions les plus profondes est la premiÚre, avec son fort message idéologique.
En rĂ©alitĂ©, les systĂšmes dĂ©mocratiques rĂ©els sont des technologies sociales, construites progressivement. Elles diffĂšrent donc les unes des autres, mĂȘme si elles se rĂ©fĂšrent souvent Ă  leurs valeurs communes. Une comparaison provocante serait de dire que chacune dispose d’une voiture « constitutionnelle » qui roule (c’est-Ă -dire aboutit Ă  des dĂ©cisions), mais utilise divers carburants (les voix des Ă©lecteurs), dispose d’un nombre variable de vitesses, a un rayon d’action plus ou moins limitĂ© avant recharge, a recours Ă  un systĂšme de freinage plus ou moins brutal
 Certains pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis ont Ă  leur disposition le mĂȘme vĂ©hicule progressivement amĂ©liorĂ© depuis longtemps. D’autres comme la France en ont connu un grand nombre depuis 1789, dont deux depuis 1945.
On peut toutefois regrouper ces vĂ©hicules en deux catĂ©gories : celle des dĂ©mocraties blanches qui ont beaucoup d’organes communs (pays de l’Union europĂ©enne, États-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-ZĂ©lande, Japon, Chili, Inde) et celle des dĂ©mocraties grises oĂč manquent des rĂšgles et peuvent se rajouter des organes changeant le fonctionnement (refus de quitter le pouvoir, refus de l’indĂ©pendance de la justice, trucage des Ă©lections, recours Ă  la police non justifiĂ©). Les dĂ©mocraties grises sont majoritaires en AmĂ©rique latine et en Afrique, mais il ne faut pas oublier l’importance des diffĂ©rences d’un pays Ă  l’autre.
Les dĂ©mocraties blanches ne peuvent ĂȘtre comprises que si l’on a conscience de leur diversitĂ© (qu’illustrent leurs procĂ©dures de vote), des phases de leur construction historique et des tensions auxquelles elles ont Ă  faire face. Les quatre exemples que j’ai mentionnĂ©s plus haut illustreront ces analyses. J’aborderai ensuite, plus briĂšvement, les dĂ©mocraties grises et les systĂšmes politiques sui generis (Chine, Iran, Turquie [?], Arabie Saoudite) avant de clore le chapitre par l’analyse de la deuxiĂšme insuffisance de contrĂŽle.

La diversité des démocraties blanches

Rien ne montre mieux cette diversitĂ© et les limites de l’assertion d’un gouvernement du peuple par le peuple que l’examen des procĂ©dures Ă©lectorales.
En Angleterre, le scrutin uninominal Ă  un tour par circonscription, acceptĂ© par l’opinion, conduit Ă  une Chambre des communes qui Ă©limine ou presque les partis incapables d’avoir dans certaines circonscriptions le plus grand nombre de voix. Aussi, les pourcentages globaux recueillis Ă  l’échelle nationale par les diffĂ©rents partis ne permettent pas d’en dĂ©duire le nombre d’élus de ces partis. Lors des Ă©lections de 2015, alors qu’il existait en Angleterre des fractions sensibles de l’opinion en dehors des conservateurs et des travaillistes (libĂ©raux et antieuropĂ©ens de l’Ukip), la loi Ă©lectorale a donnĂ© Ă  David Cameron une large majoritĂ©, rĂ©duit les travaillistes, marginalisĂ© les libĂ©raux et Ă©liminĂ© les eurosceptiques de l’Ukip. Ainsi, hypothĂšse purement thĂ©orique, un parti ayant 45 % des voix dans toutes les circonscriptions n’aurait aucun Ă©lu.
Dans le passĂ©, la mĂȘme loi Ă©lectorale a conduit au remplacement des libĂ©raux par les travaillistes alors que les premiers Ă©taient encore soutenus par une partie notable des Ă©lecteurs.
Avec une telle loi Ă©lectorale, candidats de valeur et Ă©lecteurs auront alors tendance Ă  soutenir les partis dominants, ceux-ci devant d’ailleurs adopter des programmes suffisamment modĂ©rĂ©s pour avoir des chances de succĂšs.
La France ne connaĂźt, en revanche, aucune fidĂ©litĂ© Ă  une loi Ă©lectorale. La loi de 1945 Ă©tablissait une reprĂ©sentation proportionnelle Ă  un seul tour avec plusieurs siĂšges par circonscription et scrutin de listes. Elle aboutissait approximativement Ă  l’échelle nationale Ă  une rĂ©partition des siĂšges Ă  l’AssemblĂ©e sensiblement Ă©gale aux pourcentages de votes pour les diffĂ©rents partis, ceux-ci pouvant d’ailleurs mettre sur leur liste les membres de leur parti qu’ils prĂ©fĂ©raient. RĂ©sultat : les opinions des Ă©lecteurs Ă©taient agrĂ©gĂ©es en un petit nombre de types incarnĂ©s par des partis forts et qui dĂ©fendaient les intĂ©rĂȘts de leur groupe plus que ceux de la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre.
Cette reprĂ©sentation proportionnelle semblait Ă©quitable Ă  beaucoup de Français fĂ©rus d’égalitĂ©. Mais elle conduisait Ă  des AssemblĂ©es divisĂ©es et Ă  des gouvernements de coalition faibles oĂč la dĂ©fection d’un parti entraĂźnait la chute du gouvernement.
Aussi la France a-t-elle adoptĂ© aujourd’hui un scrutin uninominal Ă  deux tours oĂč ne peuvent se prĂ©senter au second tour que les candidats qui ont franchi au premier tour un seuil minimal. S’il veut ĂȘtre Ă©lu au second tour, un candidat doit rĂ©unir les votes obtenus par certains de ses confrĂšres du premier tour. L’AssemblĂ©e a alors tendance Ă  rĂ©unir des Ă©lus allant du centre droit au centre gauche sans que soient totalement Ă©liminĂ©s les reprĂ©sentants dits de l’extrĂȘme gauche et de l’extrĂȘme droite. Mais cette mĂ©canique parlementaire a Ă©tĂ© influencĂ©e par l’apparition de l’élection prĂ©sidentielle au suffrage universel. Rappelons toutefois que François Mitterrand, craignant en 1986 que le vote soit un dĂ©sastre pour le Parti socialiste, a fait voter par l’AssemblĂ©e le retour Ă  la proportionnelle qui a amorti le choc. L’AssemblĂ©e ainsi Ă©lue s’est d’ailleurs empressĂ©e de revenir au mode de scrutin antĂ©rieur.
Quant aux États-Unis, État fĂ©dĂ©ral, leur Constitution distingue deux Chambres qui ensemble constituent le CongrĂšs : le SĂ©nat oĂč sont Ă©lus pour six ans deux sĂ©nateurs par État (quelle que soit la population de l’État) et la Chambre des reprĂ©sentants dont les membres sont Ă©lus pour deux ans (leur nombre dĂ©pendant de la population de l’État).
ConsidĂ©rons donc maintenant un autre scrutin : les Ă©lections prĂ©sidentielles en France et aux États-Unis.
Le systĂšme français paraĂźt Ă©vident : deux tours, et les deux premiers arrivĂ©s en tĂȘte au premier tour s’affrontent au second. Il y a pourtant une condition que personne ne discute : un citoyen a une voix et la majoritĂ© des suffrages exprimĂ©s suffit. Mais Michel Balinski87 a montrĂ© que ce dĂ©compte exprime trĂšs mal les nuances du corps Ă©lectoral. Il a Ă©tudiĂ© thĂ©oriquement et mis en application dans un canton suisse le systĂšme suivant : chaque Ă©lecteur a autant de voix qu’il y a de candidats. Il peut totalement rĂ©cuser un candidat, puis il range les autres par ordre de prĂ©fĂ©rence dĂ©croissant. En additionnant les notes obtenues sur l’ensemble des votants, on obtient pour chaque candidat un score total et le candidat avec le total le moins Ă©levĂ© est Ă©lu88. Ce mode de calcul exprime mieux les prĂ©fĂ©rences des Ă©lecteurs. Pourtant, la majoritĂ© nous semble si naturelle !
Aux États-Unis, comme nul ne l’ignore, le mode Ă©lectoral peut conduire au choix comme prĂ©sident d’un candidat qui n’a pas eu le plus de voix. Dans chaque État de l’Union, on Ă©lit des grands Ă©lecteurs dont le nombre dĂ©pend de la population, le candidat arrivĂ© en tĂȘte dans cet État obtenant en gĂ©nĂ©ral la totalitĂ© des grands Ă©lecteurs. Est Ă©lu au niveau de l’Union le candidat qui a obtenu le plus grand nombre de grands Ă©lecteurs en sa faveur.
Au prĂ©alable, chacun des deux partis (DĂ©mocrates et RĂ©publicains) dĂ©signe ses candidats par une procĂ©dure propre Ă  chaque État qui aboutit au choix des grands Ă©lecteurs de l’État Ă  la Convention du parti, qui choisit le candidat de ce parti. Le vote final (Ă©lection du prĂ©sident) intervient dans une rĂ©union de tous les grands Ă©lecteurs, rĂ©union qui reprĂ©sente souvent trĂšs mal l’éventail des opinions des citoyens du pays. Plusieurs prĂ©sidents n’ont ainsi Ă©tĂ© Ă©lus que par une minoritĂ© d’AmĂ©ricains.
En particulier, Balinski a montrĂ© que ce fut le cas en 2016 avec le choix de Donald Trump et Hillary Clinton. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que lors de l’élection de George W. Bush la Cour suprĂȘme a arrĂȘtĂ© le recomptage des voix demandĂ© en Floride et dĂ©cidĂ© par cinq voix contre quatre de dĂ©clarer George W. Bush Ă©lu. Cette dĂ©cision a Ă©tĂ© acceptĂ©e sans murmure alors qu’une telle procĂ©dure aurait provoquĂ© des protestations violentes en France.
Dans certaines dĂ©mocraties existe aussi la possibilitĂ© de rĂ©fĂ©rendum, d’origine gouvernementale ou populaire, les citoyens Ă©tant appelĂ©s Ă  rĂ©pondre par oui ou non Ă  une question simple. Cette procĂ©dure a jouĂ© un rĂŽle important sous la Ve RĂ©publique française et rĂ©cemment au Royaume-Uni, Ă  propos du Brexit. L’usage a montrĂ© qu’elle est dĂ©licate, car les Ă©lecteurs votent, certes en fonction de la question, mais aussi selon leur attitude positive ou nĂ©gative Ă  l’égard de l’initiateur du rĂ©fĂ©rendum.
D’oĂč ce double constat : les procĂ©dures Ă©lectorales des dĂ©mocraties rĂ©sultent de l’Histoire et ne rĂ©vĂšlent qu’approximativement les opinions des Ă©lecteurs.

Les démocraties blanches et leur construction historique

Depuis AthĂšnes oĂč elle ne rĂ©gnait qu’au niveau des propriĂ©taires jusqu’à la Chambre des communes de l’Angleterre, la dĂ©mocratie est apparue, le plus souvent, dans des villes libres ayant conquis leurs privilĂšges et gĂ©rĂ©es par la communautĂ© de leurs bourgeois. Certaines, comme Venise, ont pris place parmi les États, mais ce n’est qu’au XVIIIe siĂšcle, celui des LumiĂšres, que cette forme de gouvernement s’est Ă©tendue Ă  de grands pays, de l’Angleterre aux États-Unis puis, avec des soubresauts de plus d’un siĂšcle, Ă  la France postrĂ©volutionnaire. Victorieuses lors des deux guerres mondiales, les dĂ©mocraties se sont rĂ©pandues en Europe, en AmĂ©rique latine et au Japon, au point d’ĂȘtre considĂ©rĂ©es, dans un pays comme la France, comme la forme de gouvernement Ă  laquelle tout pays doit aboutir
 Une dĂ©claration oĂč l’idĂ©ologie se mĂȘle (hĂ©las !) au rĂ©el.
Les traits dominants de ces dĂ©mocraties, lorsqu’on les observe sur les deux derniers siĂšcles, ont Ă©tĂ© maintes fois dĂ©crits :
  • le volume des Ă©lecteurs s’étend progressivement du suffrage censitaire au suffrage universel ;
  • le pouvoir du systĂšme exĂ©cutif, encore trĂšs fort Ă  l’origine, s’affaiblit pr...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. DĂ©dicace
  5. Introduction
  6. CHAPITRE I - Le legs du XXe siÚcle : un autre monde
  7. CHAPITRE II - Croyances et idĂ©ologies : des racines à « l’air du temps »
  8. CHAPITRE III - La lumiùre changeante de l’Histoire
  9. CHAPITRE IV - À la recherche d’une grille d’analyse
  10. CHAPITRE V - De l’homme en sociĂ©tĂ©
  11. CHAPITRE VI - Des systĂšmes politiques des États et de la dĂ©mocratie
  12. CHAPITRE VII - Le systĂšme europĂ©en : une union de peuples et d’États
  13. CHAPITRE VIII - Ordre et chaos sur la scÚne internationale
  14. CHAPITRE IX - À la recherche d’une approche pragmatique des chemins de l’avenir
  15. Épilogue
  16. Bibliographie
  17. Remerciements
  18. Table
  19. Du mĂȘme auteur