Le Savant, le Fossile et le Prince
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Le Savant, le Fossile et le Prince

Du labo aux palais

  1. 480 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Le Savant, le Fossile et le Prince

Du labo aux palais

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À propos de ce livre

Qui ne s'intĂ©resse pas aux origines de l'homme? En plus de soixante-cinq ans de carriĂšre, des fouilles d'Éthiopie Ă  celles du Tchad, de ses laboratoires du musĂ©e de l'Homme et du CollĂšge de France aux palais prĂ©sidentiels et princiers, le spĂ©cialiste de la prĂ©histoire a rencontrĂ© les chefs d'État du monde entier. Le fossile devient prĂ©texte Ă  des Ă©changes privilĂ©giĂ©s avec ceux qui font l'histoire d'aujourd'hui. Yves Coppens nous dresse dans ce livre cinquante portraits inattendus et intimes des prĂ©sidents Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, de la reine Elizabeth II, de l'empereur HaĂŻlĂ© SĂ©lassiĂ©, de Nelson Mandela, des papes BenoĂźt XVI et François et de bien d'autres
 cinquante portraits qui sont aussi cinquante rencontres pleines d'esprit autour des questions fondamentales de l'origine et du devenir de l'espĂšce humaine. Yves Coppens est le dĂ©couvreur mondialement connu de nombreux fossiles humains cĂ©lĂšbres, dont Lucy. Il est palĂ©ontologue, professeur au MusĂ©um national d'histoire naturelle, professeur au CollĂšge de France, membre de l'AcadĂ©mie des sciences et de l'AcadĂ©mie de mĂ©decine. Il est l'auteur de PrĂ©-ambules, Le Genou de Lucy, L'Histoire de l'homme, PrĂ©-textes, PrĂ©-ludes, Des pastilles de prĂ©histoire, Origines de l'homme, origines d'un homme, etc., qui tous ont Ă©tĂ© de trĂšs grands succĂšs.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2020
ISBN
9782738150431

PREMIER LIVRE

LES RENCONTRES
AVEC DE PETITES GOUTTES
DE SCIENCE À MA MANIÈRE

Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas
 ! Et encore, je n’en suis pas sĂ»r !

MON EUROPE

Une belle façade de monarchies, un grand Ouest et un grand Sud républicains, un immense chapeau (rouge), un riche centre de gravité et de neutralité et un joli grain de beauté.

1

Les présidents français

OUVERTURE

Georges Pompidou

Président de la République française de 1969 à 1974

Figure 1. Portrait du prĂ©sident Georges Pompidou sur l’affiche du musĂ©e qui lui est consacrĂ©, Ă  Montboudif, dans le Cantal, sa ville natale. (© Franck Watel/MusĂ©e de Montboudif/Association cantalienne Georges Pompidou.)
Figure 1. Portrait du prĂ©sident Georges Pompidou sur l’affiche du musĂ©e qui lui est consacrĂ©, Ă  Montboudif, dans le Cantal, sa ville natale. (© Franck Watel/MusĂ©e de Montboudif/Association cantalienne Georges Pompidou.)
Le prĂ©sident Georges Pompidou m’a demandĂ©, vers la fin de l’annĂ©e 1972, de lui Ă©crire quelques pages sur l’expĂ©dition palĂ©ontologique internationale de l’Omo en Éthiopie et, tout particuliĂšrement bien sĂ»r, sur la mission française de cette expĂ©dition. Le contingent français, placĂ©, de 1967 Ă  1969, sous l’autoritĂ© de Camille Arambourg, professeur honoraire au MusĂ©um national d’histoire naturelle et de moi-mĂȘme (sur le terrain), et sous mon autoritĂ© Ă  partir de 1969 Ă  la mort de Camille Arambourg, s’était en effet illustrĂ© dĂšs le premier mois de recherches (juillet 1967) dans cette province Ă©loignĂ©e de l’Empire (le Gemu-Goffa), par la dĂ©couverte du tout premier reste de prĂ©humain fossile d’Éthiopie ; il s’agissait d’une mandibule qui faisait donc entrer ce pays dans le « berceau » de l’humanitĂ©, et ce avec d’autant plus de « panache » qu’elle Ă©tait datĂ©e de 2,6 millions d’annĂ©es, ce qui Ă©tait alors le record de tous les restes de prĂ©humains connus !
Cette demande m’honora et je m’appliquai Ă  dĂ©crire l’expĂ©dition, la rĂ©gion de la basse vallĂ©e de l’Omo, aux frontiĂšres de l’Éthiopie, du Kenya et du Soudan, l’exceptionnalitĂ© du site du point de vue de la gĂ©nĂ©rositĂ© de ses affleurements, de sa richesse en fossiles et de ses aptitudes Ă  se faire dater (grĂące Ă  trois mĂ©thodes diffĂ©rentes) ; et je m’appliquai d’autant plus que le succĂšs qu’avaient eu Ă  Addis-Abeba l’expĂ©dition de l’Omo et ses rĂ©sultats avaient un peu agacĂ©, et c’était facile Ă  comprendre, les collĂšgues travaillant depuis longtemps dans ce pays et dont les travaux Ă©taient certainement aussi importants dans leurs domaines, mais beaucoup plus discrets ! Je fis remettre au prĂ©sident de la RĂ©publique mon texte ; et il m’en remercia.
Ce que je ne savais pas, c’est que le prĂ©sident Pompidou avait Ă©tĂ© officiellement conviĂ© par Sa MajestĂ© l’empereur HaĂŻlĂ© SĂ©lassiĂ© pour une visite d’État en Éthiopie et qu’il souhaitait mon compte rendu pour l’intĂ©grer Ă  ses discours, mais aussi Ă  ses conversations et faire valoir ainsi les recherches scientifiques françaises dans le pays qui l’invitait. Cette visite eut lieu en janvier 1973, trois jours, les 17, 18 et 19.
Je n’y Ă©tais pas, mais j’y avais au moins une oreille dans l’assistance en la personne d’HervĂ© de Roux, Ă  qui j’avais fait obtenir un poste d’assistant en archĂ©ologie dans une institution locale. HervĂ© de Roux m’écrivit que le prĂ©sident, Ă  l’issue de son principal discours, croyant bien faire alors qu’il s’adressait prĂ©cisĂ©ment Ă  ces collĂšgues pour le moins irritĂ©s par « le bruit que faisait la dĂ©couverte de l’Omo », leur dĂ©clara, fier de lui : « Vous avez vu, j’ai parlĂ© de l’Omo, et deux fois ! » Mon texte avait donc bien Ă©tĂ© retenu et insĂ©rĂ©, au moins un peu, dans l’allocution officielle. Et j’en ai eu une autre preuve tout Ă  fait inattendue ! Bien des annĂ©es plus tard, en effet, j’ai rencontrĂ©, sur un paquebot sur lequel j’étais confĂ©rencier, une dame, Jacqueline Lostanlen, qui m’a racontĂ© que c’était elle, en poste Ă  Djibouti en 1973, qui avait Ă©tĂ© chargĂ©e de taper le ou les discours de Georges Pompidou pour sa visite en Éthiopie et qu’elle se souvenait parfaitement avoir « saisi » un passage sur l’expĂ©dition de l’Omo (le mien !) qui l’avait d’ailleurs, disait-elle, passionnĂ©e. En voici la premiĂšre mention dans le discours du prĂ©sident Pompidou du 17 janvier 1973 au palais impĂ©rial : « Sire, lorsqu’au printemps dernier, au cours d’un sĂ©jour en France, Votre MajestĂ© m’invita Ă  me rendre dans la capitale de son Empire, elle me fit un honneur et un plaisir que je tiens Ă  lui exprimer ce soir oĂč je me trouve dans son palais au cƓur de cette Éthiopie que les dĂ©couvertes de la mission française de l’Omo ont permis de considĂ©rer comme le berceau de l’humanitĂ© et dont le nom apparaĂźt sans cesse tout au long de l’histoire des hommes
 »
Le voyage du prĂ©sident Pompidou fut un succĂšs. On racontait Ă  Addis-Abeba qu’il avait mĂȘme Ă©tĂ© invitĂ© dans le carrosse impĂ©rial tirĂ© par six chevaux, d’habitude rĂ©servĂ© aux tĂȘtes couronnĂ©es. Addis-Soir, en premiĂšre page du premier jour de sa visite, Ă©crivait : « Ainsi, la France, en votre personne, monsieur le prĂ©sident, nous rend Ă  nouveau visite
 cette France dont nul n’ignore, en Éthiopie, quelle amie elle est pour nous tous, cette France qui, depuis si longtemps, fut toujours si proche de nos cƓurs, si semblable Ă  nous-mĂȘmes dans ses aspirations constantes vers l’indĂ©pendance et la libertĂ©, cette France qui aime notre souverain et que tant d’entre nous ont connue dĂšs leur plus tendre enfance Ă  travers leurs acquisitions intellectuelles, doublant la connaissance de notre langue nationale de celle de Descartes, Montesquieu, Louis XIV, Racine, Pasteur, Marie Curie, Verlaine, Saint John Perse
 Vous incarnez, Ă  prĂ©sent, cette grande et noble amie, monsieur le PrĂ©sident. » Je rappelle que Louis XIV (dont la prĂ©sence peut Ă©tonner entre Montesquieu et Racine !) avait envoyĂ©, au XVIIe siĂšcle, un dĂ©lĂ©guĂ© spĂ©cial en Éthiopie ; je rappelle encore qu’à l’époque de l’empereur Menelik II, prĂ©dĂ©cesseur de HaĂŻlĂ© SĂ©lassiĂ©, le français Ă©tait la langue de la culture, de la diplomatie, du commerce et la langue des communautĂ©s grecque, Ă©gyptienne et armĂ©nienne trĂšs actives dans ce pays ; je rappelle encore que l’empereur HaĂŻlĂ© SĂ©lassiĂ© avait appris le français grĂące Ă  des missionnaires, quand il Ă©tait jeune, au Harar, et que le lycĂ©e franco-Ă©thiopien GuĂ©brĂ© Mariam (oĂč j’ai souvent donnĂ© des confĂ©rences) fĂȘtait prĂ©cisĂ©ment en 1973 son 25e anniversaire.
Le prĂ©sident Georges Pompidou s’était, paraĂźt-il, dit enchantĂ© de cette visite Ă  un pays qui, en effet, par sa brillante originalitĂ© plongeant dans une tradition multimillĂ©naire, ne peut laisser personne indiffĂ©rent.
Mme Georges Pompidou, dont je n’ai pas parlĂ© Ă  propos de cet Ă©pisode Ă©thiopien, a beaucoup accompagnĂ© le prĂ©sident dans de nombreuses manifestations publiques, celles concernant notamment la vie artistique. Elle a courageusement conservĂ©, longtemps aprĂšs le dĂ©cĂšs de son mari (il est mort en 1974 ; elle s’est Ă©teinte en 2007), une influence et une activitĂ© dans ce monde intellectuel des arts, mais aussi des lettres et j’ai eu l’honneur de la saluer Ă  bien des occasions, dans des rĂ©unions de cette nature ; je fais d’ailleurs Ă©tat dans ce livre de sa prĂ©sence aux cĂŽtĂ©s de la shahbanou Farah Diba, lors de la visite officielle de cette derniĂšre Ă  une exposition consacrĂ©e Ă  l’Iran au musĂ©e de l’Homme, en 1971. Mme Georges Pompidou Ă©tait alors premiĂšre dame.
Je suis, par ailleurs, fier d’avoir reçu le prix Georges-Pompidou dont le jury Ă©tait prĂ©sidĂ© par le Premier ministre Édouard Balladur (rĂ©compensant une Ɠuvre Ă©crite et publiĂ©e en français et honorant la langue et la culture françaises). Il m’a Ă©tĂ© remis au Centre Pompidou par la laurĂ©ate prĂ©cĂ©dente, Mme Marianne Bastid-BruguiĂšre, en mars 2009.

ValĂ©ry Giscard d’Estaing

Président de la République française de 1974 à 1981

Figure 2. Le prĂ©sident ValĂ©ry Giscard d’Estaing et moi lors du dĂ©jeuner du 19 octobre 1979 Ă  l’ÉlysĂ©e. (Photo © service photographique de la prĂ©sidence de la RĂ©publique.)
Figure 2. Le prĂ©sident ValĂ©ry Giscard d’Estaing et moi lors du dĂ©jeuner du 19 octobre 1979 Ă  l’ÉlysĂ©e. (Photo © service photographique de la prĂ©sidence de la RĂ©publique.)
C’est toujours difficile, quand on n’écrit pas de journal, de retrouver, dans sa mĂ©moire, les « premiĂšres » fois, mais, Ă  la rĂ©flexion, ce n’est pas trĂšs important !
Toujours est-il que je pense (quand mĂȘme) avoir rencontrĂ© le prĂ©sident ValĂ©ry Giscard d’Estaing pour la premiĂšre fois, Ă  l’ÉlysĂ©e, Ă  sa table, Ă  son invitation, pour un grand dĂ©jeuner en l’honneur des principaux artisans du trĂšs grand IXe CongrĂšs de l’UISPP, l’Union internationale des sciences prĂ©historiques et protohistoriques (3 000 invitĂ©s), parce qu’il s’était rĂ©uni en France (en l’occurrence Ă  Nice, du 13 au 18 septembre 1976). Lionel Balout, professeur au MusĂ©um national d’histoire naturelle, en Ă©tait le prĂ©sident, Henry de Lumley, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. J’y avais organisĂ© et y prĂ©sidais (avec mon collĂšgue sud-africain, le professeur Phillip Valentine Tobias) une commission et par suite une session sur les plus anciens hominidĂ©s, mais j’avais aussi beaucoup participĂ© Ă  une exposition organisĂ©e pour la circonstance par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) (j’y Ă©tais responsable d’un thĂšme, le premier, celui des origines de l’homme).
Il convient de revenir un tout petit peu en arriĂšre pour bien comprendre (et apprĂ©cier) la situation. Un jour (de 1975 ?), au siĂšge du Centre national de la recherche scientifique, alors quai Anatole-France Ă  Paris, institution que je frĂ©quentais beaucoup Ă©tant membre de son comitĂ© national, je croisai, dans les escaliers, son directeur, le professeur Bernard GrĂ©gory. Le directeur marqua le pas pour me saluer : « Alors, Coppens, comment allez-vous ? Y a-t-il toujours autant d’os dans votre vie ? – De plus en plus, monsieur le directeur, merci ! – Au fait, ajouta-t-il, je voudrais vous poser une question : comment dĂ©finiriez-vous l’homme ? », question Ă©videmment d’autant plus embarrassante que, bien qu’étudiant l’homme je ne me l’étais jamais rĂ©ellement posĂ©e ! Je me lançai pourtant dans une tentative de rĂ©ponse, en rĂ©flĂ©chissant au fur et Ă  mesure de son Ă©noncĂ© : « Je dirais, monsieur le directeur, que l’homme est un primate bipĂšde
 des savanes sĂšches d’Afrique
 omnivore opportuniste
 bavard et social, religieux et trouillard ! » Bernard GrĂ©gory me quitta alors, apparemment content et amusĂ© par ma rĂ©ponse ; et les choses semblaient s’ĂȘtre arrĂȘtĂ©es lĂ .
Mais je dis bien « semblaient », car, lorsque je participai Ă  l’inauguration de l’exposition du CNRS, Ă  la Maison de la MĂ©diterranĂ©e, Ă  Nice, exposition dont j’ai parlĂ© plus haut (« 3 millions d’annĂ©es d’aventure humaine. Le CNRS et la prĂ©histoire sur les cinq continents »), quelle ne fut pas ma surprise d’y ĂȘtre accueilli par une banderole, barrant littĂ©ralement l’entrĂ©e et portant cette dĂ©finition, Ă©videmment sans guillemets ni signature, qui me rappelait quelque chose : « L’homme est un primate bipĂšde des savanes sĂšches d’Afrique, omnivore opportuniste
 » ! Il m’était alors difficile (et ç’aurait Ă©tĂ© indĂ©cent) de dĂ©clarer aux officiels qui faisaient la visite : « C’est moi, c’est moi, qui ai improvisĂ© cette dĂ©finition un jour dans les escaliers du CNRS ! » Je ne dis donc rien et je pensais que les choses se seraient arrĂȘtĂ©es lĂ .
Mais revenons Ă  notre dĂ©jeuner Ă  l’ÉlysĂ©e
 Nous Ă©tions vingt et un Ă  table dont dix-huit invitĂ©s, parmi lesquels cinq collĂšgues Ă©trangers. J’étais presque en bout de table, aux cĂŽtĂ©s du nouveau directeur du CNRS, successeur de Bernard GrĂ©gory, Robert Chabbal, qui, lui, curieusement, Ă©tait tout Ă  fait au bout, la place qui, dans les plans de table français (contrairement aux plans de table anglais) est la derniĂšre. Le prĂ©sident, ayant invitĂ© deux ministres femmes, n’en avait placĂ© aucune face Ă  lui (la chaise Ă©tait vide), mais il les avait Ă©lĂ©gamment distribuĂ©es, certes en face, mais en position symĂ©trique, de part et d’autre de la place libre ; Alice Saunier-SeĂŻtĂ© Ă  gauche de ladite place, Françoise Giroud Ă  droite. Or, durant le repas, Alice Saunier-SeĂŻtĂ©, toujours grande voix (c’est plus joli de le dire comme ça !), dĂ©clara au prĂ©sident quelque chose du genre : « Ce congrĂšs Ă©tait impressionnant, mais l’exposition du CNRS aussi ; avez-vous retenu, monsieur le prĂ©sident de la RĂ©publique, cette dĂ©finition gĂ©niale de l’homme
 » et elle dĂ©clama, sans faute : « L’homme, ce primate des savanes sĂšches d’Afrique, omnivore opportuniste
 » C’en Ă©tait trop mais, du bout de ma table, je ne me voyais guĂšre revendiquer une paternitĂ© un peu longue Ă  expliquer et Ă  dĂ©fendre ! Et les choses avaient l’air cette fois de s’ĂȘtre vraiment arrĂȘtĂ©es lĂ .
Figure 3. Coupure de presse de L’Est rĂ©publicain (22 septembre 1976), faisant Ă©tat du fait que Henry de Lumley et moi-mĂȘme nous Ă©tions rendus au dĂ©jeuner du 21 septembre 1976 Ă  l’ÉlysĂ©e, avec les crĂąnes de l’homme de Tautavel (PyrĂ©nĂ©es-Orientales) et de l’homme du Tchad (Yayo), dit tchadanthrope, nos dĂ©couvertes respectives, figurĂ©es ici, par Sacha Gepner, de gauche Ă  droite. Depuis 1976, leurs datations ont beaucoup Ă©voluĂ©, vieillissant un peu le premier et rajeunissant beaucoup le second.
Figure 3. Coupure de presse de L’Est rĂ©publicain (22 septembre 1976), faisant Ă©tat du fait que Henry de Lumley et moi-mĂȘme nous Ă©tions rendus au dĂ©jeuner du 21 septembre 1976 Ă  l’ÉlysĂ©e, avec les crĂąnes de l’homme de Tautavel (PyrĂ©nĂ©es-Orientales) et de l’homme du Tchad (Yayo), dit tchadanthrope, nos dĂ©couvertes respectives, figurĂ©es ici, par Sacha Gepner, de gauche Ă  droite. Depuis 1976, leurs datations ont beaucoup Ă©voluĂ©, vieillissant un peu le premier et rajeunissant beaucoup le second.
AprĂšs le dĂ©jeuner, il y eut cependant un cafĂ©, debout, dans une piĂšce moins grande que la salle oĂč nous avions dĂ©jeunĂ©, mais attenante Ă  cette derniĂšre. Cette fois je n’y tins plus et interpellai courtoisement « ma » ministre (Alice Saunier-SeĂŻtĂ© Ă©tait ministre de l’Enseignement supĂ©rieur) et lui expliquai que c’était moi l’auteur de la dĂ©finition qui l’avait amusĂ©e, et je lui racontai les circonstances de sa « composition ». Elle m’écouta attentivement, me fĂ©licita et les choses s’arrĂȘtĂšrent, ce jour-lĂ , lĂ .
Et puis, un autre jour, la ministre est venue au musĂ©e de l’Homme « rendre visite » Ă  la momie du pharaon RamsĂšs II. Je n’étais pas dans la dĂ©lĂ©gation chargĂ©e de la recevoir et de l’accompagner, mais, vaquant Ă  mes occupations, circulant alors, d’un laboratoire Ă  un autre, au troisiĂšme Ă©tage du musĂ©e, dans un de ces longs couloirs en rond du palais de Ch...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. DĂ©dicace
  5. Introduction
  6. PREMIER LIVRE - LES RENCONTRES AVEC DE PETITES GOUTTES DE SCIENCE À MA MANIÈRE
  7. DEUXIÈME LIVRE - LES PARCOURS AVEC DE GROSSES GOUTTES DE BIOGRAPHIE À MA FAÇON
  8. Table
  9. Conclusion
  10. Du mĂȘme auteur chez Odile Jacob