Savoir par cœur sans apprendre par cœur

Michèle Temam

• Éditeur: Odile Jacob
• Année: 2020
• ISBN:
  9782738153289
• Sujet: Bildung
• Sous-sujet: Bildung Allgemein

Si vous avez du mal à retenir ce que vous apprenez, Si vous retardez le moment de vous y mettre, Si vous passez des heures à rabâcher en ayant l'impression de ne pas avancer… N'attendez plus, lisez ce guide et découvrez que savoir par cœur, sans apprendre par cœur, est à la portée de tous. Voici une méthode élaborée en plus de trente ans d'expérience par une radiologue passionnée par la transmission du savoir. Que vous prépariez un concours ou une présentation en public, que vous soyez encore au lycée ou en reconversion professionelle, si vous avez besoin de maîtriser vite et parfaitement une grande somme de connaissances, cette méthode vous aidera à mémoriser. Une nouvelle méthode dynamique pour apprendre autrement, de façon active, efficace, et dans le plaisir. Un guide pour aimer apprendre. Michèle Temam est radiologue, passionnée par tout ce qu'elle fait, pianiste et pédagogue, mais elle est surtout une mère de famille qui a voulu enseigner à ses enfants qu'avec une bonne méthode on pouvait tout apprendre.

PREMIÈRE PARTIE

La technique d’appropriation du savoir

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CHAPITRE 1

S’approprier le support du cours

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« Il faut d’abord apprendre à entendre en général un thème ou un motif, il faut le percevoir, le distinguer, l’isoler et le limiter en une vie propre ; puis il faut un effort et de la bonne volonté pour le supporter, malgré son étrangeté, pour exercer de la patience à l’égard de son aspect et de son expression ; enfin arrive le moment où nous sommes habitués à lui, où nous l’attendons, où nous pressentons qu’il nous manquerait s’il faisait défaut… Mais il n’en est pas seulement ainsi de la musique : c’est exactement de la même façon que nous avons appris à aimer les choses que nous aimons. Finalement, nous sommes toujours récompensés de notre bonne volonté et de notre patience. »

NIETZSCHE, Le Gai Savoir.

Pourquoi ?

En apprentissage autonome,
le livre nous relie au savoir

La pédagogie repose sur les relations triangulaires entre l’enseignant, l’apprenant et le savoir. Or ce guide est destiné à l’apprenant qui se retrouve face à lui-même. Dans l’apprentissage autonome, l’enseignant est remplacé par le support du savoir, papier ou numérique ; le « triangle de l’apprentissage » devient l’apprenant, le savoir et le support.

Avantages du support papier

Les étudiants utilisent de plus en plus le numérique et apprennent leur cours directement sur l’ordinateur. Pourtant le papier présente de nombreux avantages.

Je conseille de ne pas multiplier les sources d’information, de garder toujours le même support et de se concentrer dessus, et ce pour trois raisons.

• Un polycopié est personnalisable, il fait désormais partie de notre mémoire épisodique. Or la mémoire est associative ; la mémoire épisodique est liée à la mémoire sémantique.
• En le personnalisant, on peut lui accorder une charge émotionnelle, c’est-à-dire un ensemble de signaux qui agissent sur le subconscient. Une charge émotionnelle positive peut favoriser la mémorisation.
• Enfin, la visualisation mentale est plus facile sur un support papier et améliore la restitution des connaissances.

Comment ?

L’appropriation du support papier

• Comme avec tout produit, il existe trois stades dans la relation au support papier : la découverte, l’utilisation, l’appropriation.

LA DÉCOUVERTE

Il s’agit d’explorer la façon dont le produit se présente. Possède-t-il l’odeur si particulière du neuf ? Ou a-t-il été déjà utilisé ? On remarquera les signes de sa vie antérieure qui pourront nous gêner, mais parfois au contraire nous aider en signalant des points importants. Est-il impressionnant en raison de son volume, de sa maquette, de son contenu supposé ? Comment se traduit son contact physique ? Ses pages sont-elles glacées et difficiles à annoter ou procurent-elles une sensation tactile agréable car épaisses et faciles à illustrer de nos propres commentaires ? Tout cela contribue à la première impression.

L’UTILISATION

Elle est différente selon qu’il s’agit d’un livre ou d’un polycopié.

L’utilisation du polycopié

Un cours polycopié se présente parfois comme un ensemble de feuilles éparses. Or il est important de ne jamais les laisser volantes mais de les agrafer sur le bord gauche pour obtenir la présentation d’un livre. Ainsi, il pourra être feuilleté, et, au fur et à mesure, on repérera que chaque notion prend bien sa place au début, au milieu ou à la fin de l’ouvrage. Parfois, les chapitres, les paragraphes et même les phrases se succèdent sans un plan clair. Pour le discerner, il faut se laisser guider par les différences de typographie, de taille ou d’épaisseur des caractères, rechercher les titres et sous-titres qui ne sautent pas toujours aux yeux.

L’utilisation du livre

Un livre présente une organisation. Il faut l’analyser, repérer le découpage en parties, en chapitres et se familiariser avec sa présentation. Dans les manuels scolaires du secondaire, elle est souvent stéréotypée : introduction avec des documents et des questions s’y rapportant, puis exposition du cours et du résumé.

L’APPROPRIATION

L’appropriation du polycopié

Quand on s’approprie un polycopié, on marque notre passage sur lui, notre personnalité. Certains le traiteront avec respect, ne voulant pas le froisser. D’autres montreront leur supériorité en cornant les pages, le tournant et le retournant dans tous les sens, y ajoutant leur touche personnelle avec des couleurs, des surlignages, des repères de paragraphes, en mettant en avant un mot ou une phrase qui revêt plus d’importance. D’autres encore y inscriront parfois leur rage, en y apposant une flèche pour indiquer un élément fondamental, ou un cœur pour se souvenir de ce qu’il faut connaître au mot près… Tous ces éléments traduisent le domptage, le lien charnel qui s’établit entre l’apprenant et le support, un attachement, voire une dépendance, donc une composante émotionnelle.

Il est judicieux de s’approprier le support papier tant que cela est possible et ne pas le laisser vierge de notre passage. Chaque étudiant mettra en place son propre code par le choix de la taille ou de la couleur des titres ou des notes explicatives. L’utilisation des surligneurs doit être stratégique. Au début de l’apprentissage, on préférera des couleurs claires comme le jaune paille, puis de plus en plus intenses pour mettre en valeur la hiérarchie des informations. On réservera les couleurs plus marquées pour le moment des révisions. On évitera de surcharger dès le début, comme beaucoup d’étudiants le font.

L’appropriation du livre

Le livre ne nous appartient pas nécessairement, ou nous souhaitons le laisser intact. Dans ce cas, nous pourrons y coller des Post-it, petites feuilles de papier autoadhésives et amovibles.

Pour pouvoir se familiariser avec son support, il est judicieux de bien le choisir et de ne plus en changer.

S’approprier son support, comme le souligne Nietzsche, c’est le rendre nôtre, c’est apprendre à l’aimer.

L’appropriation du support numérique

Tout ce qui vient d’être énoncé ne s’applique évidemment pas au support numérique, qui ne peut être annoté. Il n’est donc pas possible d’entretenir avec lui la même relation qu’avec le support papier. Mais parfois l’étudiant n’a pas le choix, il doit se contenter de travailler sur son ordinateur. Il faut alors trouver un autre moyen d’appropriation : je préconise la technique du ticket de bus (signalisation 4). Cette notion sera introduite plus loin.

Support neurocognitif

Liens entre mémoire épisodique,
autobiographie et mémoire sémantique

Les mémoires sont associatives : mémoire sémantique et autobiographique – ou épisodique – s’activent réciproquement. Nous utilisons cette particularité quand, pour se souvenir d’un élément sémantique qui nous échappe, nous tentons de le replacer dans le cadre spatio-temporel où l’information a été transmise. Or le lieu et le moment de la journée sont d’ordre autobiographique.

Liens entre émotion et mémoire épisodique

Nous avons vu que le polycopié peut porter une charge émotionnelle. Or l’émotion entretient avec la mémorisation une relation particulière. On se souvient de la madeleine de Proust dont une bouchée ravive des souvenirs en cascade. Ce souvenir olfactif a une forte connotation affective, rappelant au narrateur les visites qu’il faisait à sa tante Léonie : « Quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes… »

Nous avons signalé que la transmission synaptique entre deux neurones s’effectue grâce à des molécules appelées neurotransmetteurs. Il existe également des substances chimiques similaires appelées neuromodulateurs. Ces substances, produites par un système, passent dans l’environnement cérébral et peuvent aller stimuler un autre système par l’intermédiaire de plusieurs neurones en même temps. La proximité anatomique des circuits de la mémoire, de l’olfaction et de l’émotion au sein du système limbique explique la réactivation de la mémoire épisodique par l’odeur et l’émotion (signalisation 1).

Ainsi, la personnalisation du support inscrit des traces mnésiques autobiographiques en raison de la relation d’attachement qu’elles créent et de l’émotion qui en résulte.

Rôle facilitateur de l’émotion dans la mémorisation sémantique

Nous venons d’analyser le caractère associatif des mémoires épisodique et sémantique et la relation des émotions avec la mémoire épisodique. L’émotion influe donc également sur la mémoire sémantique, celle que l’on souhaite acquérir, d’où...

Table des matières

• Couverture
• Titre
• Copyright
• Dédicace
• Un guide pour tous
• Introduction
• La mémoire : une entrée en matière
• Première partie - La technique d'appropriation du savoir
• Deuxième partie - Comment agir sur votre mental pour être plus productif et plus efficace
• Troisième partie - Exemples d'application de la méthode
• Conclusion générale
• Bibliographie
• Remerciements
• Sommaire