Les Vacances de Momo Sapiens
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Les Vacances de Momo Sapiens

Notre cerveau, entre raison et déraison

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Les Vacances de Momo Sapiens

Notre cerveau, entre raison et déraison

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À propos de ce livre

Rationnel, le cerveau d'Homo sapiens?? Il ne manque pas de le faire savoir, quand il analyse Ă  froid ses dĂ©cisions. Mais sur le coup, quand il doit faire un choix, c'est une autre histoire?: le cerveau qui dĂ©cide ne paraĂźt pas si sage?! Il se laisse conditionner par l'habitude, envahir par les impulsions, diriger par les autres
 Bref, il semble moins rationnel dans ses dĂ©cisions pratiques que dans ses rĂ©flexions thĂ©oriques. À moins que ce ne soit le contraire?? Le cerveau reste un grand incompris. Peut-ĂȘtre, aprĂšs tout, fait-il les bons choix sans qu'on s'en rende compte. Peut-ĂȘtre faut-il admettre ce paradoxe Ă©tonnant?: le cerveau a ses raisons que la raison ne connaĂźt pas?! C'est le paradoxe explorĂ© dans ce livre, Ă  la lumiĂšre des sciences actuelles de la dĂ©cision, oĂč se rencontrent l'Ă©conomie, la psychologie et les neurosciences. Mathias Pessiglione est directeur de recherches Ă  l'Inserm. Biologiste et psychologue, spĂ©cialiste des mĂ©canismes cĂ©rĂ©braux qui motivent le comportement dans les situations normales et pathologiques, il dirige actuellement une Ă©quipe de recherches en neurosciences cognitives Ă  l'Institut du cerveau Ă  Paris.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2021
ISBN
9782738151759

CHAPITRE 1

Quand l’inconscient s’en mĂȘle


(ou quand le STRIATUM se pointe)

Cela fait maintenant un certain temps que Momo ne dit plus un mot. Au volant du monospace, il fulmine intĂ©rieurement. Le voilĂ  coincĂ© sur l’autoroute, mĂȘme la file de gauche n’avance pas. Le ciel bleu n’a rien de rĂ©jouissant : la climatisation ne marche plus et le soleil chauffe l’habitacle. Il transpire comme un porc. Il se demande si les porcs transpirent et pourquoi on emploie cette phrase toute faite. Si les porcs transpirent, ce n’est certainement pas pour avoir fendu les airs au galop, comme les chevaux de course. De toute façon, les porcs, Ă©levĂ©s dans leurs enclos trop petits, ne peuvent mĂȘme plus tourner sur eux-mĂȘmes. Exactement comme lui dans cette voiture. De l’arriĂšre souffle une odeur de vomi. La petite avait mal au cƓur, on ne peut pas lui en vouloir. En fait, l’odeur vient aussi du volant, il n’a pas pu se laver les mains. Et de la droite, oĂč gĂźt le pantalon trempĂ©, mal isolĂ© dans le sac plastique aux pieds de sa femme. L’odeur est partout.
Pourquoi, mais pourquoi a-t-il acceptĂ© de passer une semaine de vacances Ă  Saint-Trojan, dans la maison de sa belle-mĂšre ? Il aurait encore mieux valu rester au travail, avec l’air conditionnĂ©, et tout ce qu’il doit terminer. Était-ce par facilitĂ© ou par habitude ? Ou bien pour faire plaisir Ă  la famille ? Un peu de tout ça Ă  la fois ? Ou peut-ĂȘtre tout simplement pour voir la mer et sentir le grand air ? Tu parles d’un grand air ! Il s’avoue qu’il ne sait pas pourquoi il est lĂ . Soudain il voit une sortie accessible. Sans plus rĂ©flĂ©chir, il s’y engage. Bien entendu, c’est une dĂ©cision qu’il allait regretter par la suite. Quand, aprĂšs bien des errements, et bien des Ă©nervements, il arriverait enfin sur l’üle d’OlĂ©ron, cinq heures plus tard que prĂ©vu.

Don’t ask the person,
ask the brain

Sonder le cerveau au lieu de la personne est un des motto de Colin Camerer, qui figure parmi les chefs de file de la neuroĂ©conomie. Selon lui, demander Ă  une personne d’expliciter son choix n’est pas forcĂ©ment une bonne idĂ©e. D’abord, parce qu’elle peut mentir, et dĂ©guiser les vraies raisons de sa dĂ©cision. Mais, surtout, parce qu’elle n’a peut-ĂȘtre pas accĂšs elle-mĂȘme Ă  ses propres raisons. Or, si on croit que les gens sĂ©lectionnent l’option de plus grande valeur, conformĂ©ment Ă  la thĂ©orie de la dĂ©cision, alors ces valeurs doivent ĂȘtre reprĂ©sentĂ©es, d’une façon ou d’une autre, dans leur cerveau. Les neurosciences doivent donc porter leur effort sur le dĂ©codage de ces valeurs.
C’est un effort qui a portĂ© ses fruits dans un autre domaine, la perception visuelle. Dans l’activitĂ© hĂ©modynamique du cortex visuel, c’est-Ă -dire dans les variations de dĂ©bit sanguin mesurĂ©es par l’IRM fonctionnelle, il est possible de retrouver une partie de ce que la personne a vu. On peut ainsi reconstituer les clips vidĂ©o qu’on lui a projetĂ©s quand elle Ă©tait allongĂ©e dans la machine, par exemple une scĂšne du Gendarme Ă  Saint-Tropez, en lisant directement dans son cerveau. Cette reconstitution est loin d’ĂȘtre parfaite : lorsqu’on compare Ă  l’original, on s’aperçoit que l’information contenue dans les clips reconstituĂ©s est nettement dĂ©gradĂ©e : on devine Ă  peine la prĂ©sence d’un gendarme. Mais cette information n’est pas nulle non plus, ce qui dĂ©montre une certaine comprĂ©hension de la façon dont les scĂšnes visuelles sont codĂ©es dans l’activitĂ© cĂ©rĂ©brale.
Les algorithmes de dĂ©codage ont Ă©galement Ă©tĂ© appliquĂ©s, avec un certain succĂšs, aux activitĂ©s cĂ©rĂ©brales mesurĂ©es pendant le sommeil, afin de reconstituer les rĂȘves. Le problĂšme dans ce cas est qu’on ne dispose pas de l’original, contre lequel il faudrait confronter la reconstitution. On ne peut que demander aprĂšs coup Ă  la personne, et vĂ©rifier que, lorsque l’algorithme produit des images de plage ou de forĂȘt, la personne raconte effectivement avoir rĂȘvĂ© d’une plage ou d’une forĂȘt. Ce qui ne marche pas Ă  tous les coups, mais plus souvent que si on pariait au hasard, d’oĂč la conclusion qu’on a su capter une partie de l’information pertinente.
Pour les neurosciences de la dĂ©cision, le Graal serait, grĂące Ă  des algorithmes similaires, de pouvoir lire les valeurs que le cerveau attribue aux diffĂ©rentes options. Toutefois, en supposant qu’on dispose d’un tel algorithme, pouvant dĂ©coder les valeurs inscrites dans le cerveau, comment le valider si la personne n’a pas conscience de ces valeurs et que, par consĂ©quent, on ne peut pas le lui demander ?

Mais de quel inconscient parle-t-on ?

C’est ici qu’il faut s’interroger sur la notion d’inconscient. Dans notre culture, la notion d’inconscient renvoie immĂ©diatement Ă  la rĂ©fĂ©rence freudienne. Or Freud ne nous est d’aucun secours pour rĂ©soudre notre problĂšme puisqu’il propose, paradoxalement, de faire parler le patient pour pouvoir Ă©lucider son inconscient. Certains critiques ont d’ailleurs pointĂ© qu’il s’agit lĂ  d’une faille Ă©pistĂ©mologique de la psychanalyse : les contenus qu’on prĂȘte Ă  l’inconscient ne peuvent pas ĂȘtre vĂ©rifiĂ©s, puisque par dĂ©finition nul n’y a accĂšs, ni le patient ni le thĂ©rapeute. Il s’agira toujours d’interprĂ©tations, dont rien ne prouve qu’elles soient vraies, au sens scientifique. Ce qui ne veut pas dire qu’elles ne soient pas intĂ©ressantes, naturellement.
En outre, l’inconscient freudien se trouve rĂ©guliĂšrement en conflit avec les instances psychiques (le moi ou le surmoi) qui peuvent ĂȘtre conscientes. Dans cet affrontement dramatique, les protagonistes partagent beaucoup de capacitĂ©s, notamment pour ce qui concerne la comprĂ©hension du contexte et la motivation du comportement. Lorsqu’il s’agit de prendre une dĂ©cision, l’inconscient pourrait donc Ă©galement attribuer des valeurs et poursuivre des buts diffĂ©rents : l’inconscient voudrait une chose, tandis que le moi en voudrait une autre. C’est ainsi, par les mobiles inconscients, que Freud explique les lapsus et les actes manquĂ©s. L’inconscient freudien n’est donc pas seulement ce qui Ă©chappe Ă  la conscience, c’est aussi ce qui Ă©chappe au contrĂŽle du moi.
On trouve également des théories invoquant des conflits entre systÚmes (cérébraux) en psychologie cognitive, mais ces conflits ne recoupent pas la distinction entre conscient et inconscient. On parlera plus volontiers de comportements impulsifs, en général dirigés vers des récompenses primaires à court terme, par opposition aux comportements contrÎlés, qui intÚgrent davantage le contexte et qui se projettent à plus long terme. Je reviendrai sur ces conflits dans le cinquiÚme chapitre ; je vais me concentrer ici sur la distinction entre conscient et inconscient.
La notion d’inconscient cognitif est plus simple que la notion freudienne : on n’a pas conscience d’une information si on ne peut pas la rapporter, verbalement ou autrement. Ainsi, on est inconscient des valeurs qui guident notre comportement dans le mĂȘme sens qu’on est inconscient du poisson d’avril accrochĂ© dans notre dos. C’est aussi une notion plus ancienne*1. DĂ©nonçant l’illusion du libre arbitre, Baruch Spinoza Ă©crivait dĂ©jĂ  en 1677 : « Les hommes se trompent en ce qu’ils pensent ĂȘtre libres, et cette opinion consiste en cela seul qu’ils sont conscients de leurs actions, et ignorants des causes par lesquelles ils sont dĂ©terminĂ©s. »
Il y a bien lĂ  l’idĂ©e d’un dĂ©terminisme inconscient, au sens cognitif : on peut raconter sans (trop) risquer de se tromper ce qu’on a fait, mais on ne peut pas dire en toute certitude pourquoi on l’a fait. Cette conception se retrouve dans les descriptions psychologiques des romans du XIXe siĂšcle, en plein Ăąge romantique et bien avant les thĂ©ories freudiennes. On peut lire par exemple des phrases comme : « Il ne savait quelle force mystĂ©rieuse le poussait Ă  agir sans plus attendre*2. »
D’une certaine façon, l’inconscient cognitif est Ă©galement plus radical que dans la culture commune hĂ©ritĂ©e de la vision freudienne. Pour la plupart des chercheurs, l’inconscient est la loi, et la conscience, l’exception. Autrement dit, la plupart des traitements opĂ©rĂ©s par le cerveau restent inconscients, seule une petite fraction accĂšde Ă  la conscience. Et c’est heureux : si tous les traitements cognitifs se faisaient au rythme oĂč s’écoule notre flux de conscience, nous ne pourrions certainement pas danser la salsa, ou reprendre une balle Ă  la volĂ©e.
Pour revenir au problĂšme du choix, cela signifie que les rares cas oĂč on examine une par une les diffĂ©rentes options, en considĂ©rant explicitement les avantages et les dĂ©savantages, ne reprĂ©sentent pas des cas typiques de la prise de dĂ©cision. Dans la majoritĂ© des cas, on a l’intuition (consciente) de ce qu’on prĂ©fĂšre, mais pas des raisons qui fondent notre prĂ©fĂ©rence. Les raisons peuvent Ă©ventuellement venir a posteriori, lorsqu’on observe notre propre comportement, et qu’on s’efforce d’en rendre compte. Mais rien ne garantit que ce soient les mĂȘmes raisons que celles qui ont effectivement dĂ©terminĂ© nos choix. Et pour cet exercice de rationalisation de nos propres actions, nous ne sommes pas tellement mieux placĂ©s qu’un observateur externe.

La preuve de l’inconscience

Pour tester le pouvoir de valeurs inconscientes, il faut donc que la personne ne puisse pas expliciter ces valeurs, mais que l’expĂ©rimentateur les connaisse. La solution proposĂ©e par la psychologie cognitive est de manipuler ces valeurs de l’extĂ©rieur. Il est possible de prĂ©senter des informations de façon subliminale, ce qui signifie tout simplement sous le seuil (de conscience). De cette façon, les informations peuvent ĂȘtre intĂ©grĂ©es dans le comportement de la personne, mais sans qu’elle en prenne conscience, c’est-Ă -dire sans qu’elle puisse les rapporter. La plupart du temps, il s’agit d’un seuil sur la durĂ©e : les informations subliminales sont trop brĂšves pour ĂȘtre perçues de façon consciente.
Au cours du XXe siĂšcle, la psychologie cognitive s’est attachĂ©e Ă  identifier le niveau de reprĂ©sentation que pouvaient atteindre les informations subliminales. Toute l’astuce de ces expĂ©riences consiste Ă  montrer que le comportement a Ă©tĂ© influencĂ© par l’information subliminale, alors que les participants ne peuvent pas dire quelle information leur a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e. Pour cela, un paradigme particuliĂšrement probant, bien exploitĂ© par le groupe de Stanislas Dehaene, est celui de l’amorçage subliminal. Dans ces expĂ©riences, on prĂ©sente une premiĂšre image, l’amorce, de façon extrĂȘmement brĂšve. Pour ĂȘtre sĂ»r qu’elle reste inconsciente, on la fait suivre d’une autre image, le masque, qui lui ressemble sur le plan de la forme et de la couleur, et qui est prĂ©sentĂ©e plus longuement. Ensuite vient l’image cible, sur laquelle le sujet doit effectuer une tĂąche. Des centaines d’essais de ce type sont rĂ©pĂ©tĂ©s au cours de l’expĂ©rience, variant les amorces et les cibles.
Dans une expĂ©rience d’amorçage sĂ©mantique, par exemple, les amorces sont des mots, les cibles sont des mots ou des non-mots (une suite de lettres sans signification) et les masques sont des chaĂźnes de caractĂšres venant d’un autre alphabet. La tĂąche du participant est de dire si les lettres qu’il perçoit (les cibles) sont des mots ou des non-mots ; ce qu’on mesure est le temps qu’il met pour donner sa rĂ©ponse. Le rĂ©sultat est que le temps de rĂ©ponse est plus rapide si l’amorce partage certaines caractĂ©ristiques avec la cible. Par exemple, le mot cible « sofa » est plus rapidement reconnu s’il est prĂ©cĂ©dĂ© par le mot-amorce « divan » que par le mot-amorce « table ». D’oĂč on dĂ©duit que le sens du mot « divan » a Ă©tĂ© inconsciemment extrait par le cerveau, de façon Ă  prĂ©activer des mots reliĂ©s sĂ©mantiquement, comme « sofa », dont le traitement sera de ce fait plus rapide. Les informations subliminales peuvent par consĂ©quent atteindre un niveau sĂ©mantique.
Mais comment s’assurer que le participant n’a pas perçu (consciemment) l’amorce ? Le premier critĂšre qui vient Ă  l’esprit est de se fier Ă  son compte rendu. Il s’agit d’un critĂšre subjectif : s’il dit qu’il ne l’a pas vu, c’est qu’il ne l’a pas vu. Mais ce critĂšre pose problĂšme, car les participants peuvent ĂȘtre extrĂȘmement conservateurs, et dĂ©clarer ne rien percevoir mĂȘme quand en rĂ©alitĂ© ils sont capables de discerner (consciemment) certains Ă©lĂ©ments qui les mettent sur la voie. On prĂ©fĂšre donc les forcer Ă  faire un choix, par exemple sur une tĂąche de dĂ©tection. Dans une telle tĂąche, on leur demande Ă  chaque essai d’indiquer s’il y avait une amorce ou non, sachant qu’en rĂ©alitĂ© l’amorce n’est prĂ©sente que dans la moitiĂ© des cas. Il s’agit d’un critĂšre objectif : si les participants se trompent une fois sur deux, autrement dit si leur pourcentage de dĂ©tections correctes n’est pas diffĂ©rent du hasard (50 %), on peut en dĂ©duire que l’amorce passe inaperçue. Selon ce critĂšre, il est dĂ©montrĂ© que le cerveau est capable d’extraire le sens d’une information que la personne ne perçoit pas consciemment.

La publicité subliminale

Mais, direz-vous, cette information inconsciente peut-elle vraiment influencer les prĂ©fĂ©rences ? Les premiers expĂ©rimentateurs Ă  tester si des images subliminales pouvaient influencer les choix Ă©conomiques n’étaient pas des psychologues acadĂ©miques. Il s’agissait d’un professeur de marketing, associĂ© aux propriĂ©taires d’un cinĂ©ma de la cĂŽte ouest des États-Unis. Leur idĂ©e Ă©tait d’insĂ©rer au cours d’un film une vingt-cinquiĂšme image par seconde, afin de suggĂ©rer aux spectateurs de consommer un produit en vente, par exemple avec le message « mangez du pop-corn » (voir la Figure 4). C’est ce qu’ils ont fait en 1957, lors des sĂ©ances oĂč Ă©tait projetĂ© le film Picnic. Les images Ă©taient trop brĂšves pour que les spectateurs perçoivent les messages, et nĂ©anmoins les ventes de pop-corn pendant ces sĂ©ances ont Ă©tĂ© dĂ©cuplĂ©es. Une technique commerciale rĂ©volutionnaire, la publicitĂ© subliminale, Ă©tait nĂ©e.
illustration
Figure 4. On nous manipule : publicité subliminale et conditionnement implicite.
La photo du haut a été insérée dans un fil...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. DĂ©dicace
  5. PROLOGUE - Trois mousquetaires pour un cerveau
  6. CHAPITRE 1 - Quand l’inconscient s’en mĂȘle - (ou quand le striatum se pointe)
  7. CHAPITRE 2 - ConditionnĂ© comme une bĂȘte - (par la dopamine)
  8. CHAPITRE 3 - Des valeurs fabriquées - (dans le cortex orbitofrontal)
  9. CHAPITRE 4 - L’empire des émotions - (sous le rĂšgne d’amygdale et d’insula)
  10. CHAPITRE 5 - Un patron défaillant - (appelé cortex préfrontal latéral)
  11. CHAPITRE 6 - Le poids des autres - (et du cerveau social)
  12. ÉPILOGUE - Y a-t-il un pilote dans mon crñne ?
  13. Bibliographie (sélective)
  14. Remerciements
  15. Sommaire