L' Amour, le vrai
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L' Amour, le vrai

  1. 256 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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L' Amour, le vrai

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À propos de ce livre

L'amour, toujours, partout! Et si on acceptait de voir ce qui se passe vraiment? À travers les héroïnes de huit récits amoureux, l'auteur nous raconte les errements sentimentaux des femmes d'aujourd'hui, confrontées à une nouvelle carte du Tendre. Familles recomposées, couples successifs, polyamour, rencontres amoureuses via Internet et autres avatars. Pourquoi toujours les mêmes blessures, les sabotages, les stratégies d'échec inconscientes? Que révèlent-elles de notre personnalité, de celles de nos partenaires? À l'intention des femmes, l'auteur trace une voie. Celle de l'amour vrai. Et nous y entraîne joyeusement, au-delà des peurs et autres blocages typiquement féminins. Une voie de renouveau et de croissance personnelle. Vers des relations authentiques, intenses, forcément justes. Car l'amour, le vrai, nous fait grandir. Florence Lautrédou, normalienne et agrégée de lettres modernes, est psychanalyste et coach. Elle a créé The Eye Opening Project, un collectif de professionnels des domaines de l'art, de la psychologie, de la science et de la spiritualité, qui promeut le recours à l'inspiration et aux ressources intuitives dans nos vies. Elle est l'auteur de Cet élan qui change nos vies. L'inspiration.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2016
ISBN
9782738160416

DEUXIÈME PARTIE

Huit simulacres d’amour et leur décryptage



CHAPITRE I

Le coup de barre


La vérité d’une histoire est là,
dans la première rencontre

Je suis assise à sa droite. Je ne savais pas que cette place signifiait quelque chose. C’est la remarque de sa meilleure amie, une blonde pneumatique et ultramaquillée, qui m’a alertée.
« Ah ! il t’a installée là. »
Et de me dévisager de l’autre côté de la table, cherchant ce qui dans mes attributs mérite cet honneur. Son coup d’œil me fait instantanément revenir à mon statut de gamine en jean et haut bleu marine à bretelles, maigre, peu de poitrine et sans bijoux. Je figure la trentenaire célibataire expatriée à Bruxelles pour raisons professionnelles liées à mon métier de juriste.
Je travaille dans une grosse agence de lobbying installée près des quartiers de la Commission européenne. Mes clients, des industriels européens, des ONG, des groupes de pression religieux ou confessionnels, me payent pour faire passer leurs revendications auprès des institutions. Je sers leurs intérêts, avec un pincement de cœur parfois, quand ces intérêts contreviennent à mes valeurs. La mission du mois dernier pour l’Opus Dei, son insistance à promouvoir un modèle de société fondé sur la reproduction de l’espèce – cinq enfants minimum par ménage, grimaçait le porte-parole, ravivant un terme que je croyais réservé aux modes d’emploi des réfrigérateurs du siècle dernier, sa condamnation des « individus déviants », homosexuels, couples mixtes, ou même célibataires de longue durée à mon image, bref, cette mission m’a conduite à prendre sur moi, à l’instar de Cooper et John, les deux Britanniques impeccables qui dirigent le bureau.
« Always behave. Poker face. »
Ce mantra du succès façon anglo-saxon me convient. Je l’ai mis en place très tôt, à 5 ans, quand mon père nous a quittées, ma mère et moi, pour vivre sa vie.
« Souris. N’en parle jamais. Les gens n’aiment pas les problèmes », m’a inculqué ma mère, assistante de direction dans un groupe industriel avant de devenir, vingt ans plus tard, responsable des ressources humaines.
J’ai donc appris à maintenir les apparences du calme et de la confiance, quels que soient les aléas du sort. On serre les dents sous le rictus.
La stratégie s’avère gagnante en situation professionnelle, car je ne me laisse pas déborder par mes émotions. Peut-être manqué-je de combativité, de peps, comme disent les recruteurs. Normal, je reste impavide, le masque plaqué sur le visage. On se bat péniblement sous une carapace. Cette allure a en revanche séduit mes employeurs anglo-saxons, rencontrés à Bruxelles, ville où j’ai décidé de recommencer ma vie. À l’exception d’un stage d’une année dans une compagnie d’assurances londonienne, j’ai passé plus de trente-cinq ans à Paris, suffisamment pour installer des sillons de tristesse dans les rues de cette ville.
Mon problème, on le conçoit aisément, relève du complexe d’abandon. Difficile de se remettre du départ d’un père qui m’envoie chaque année une carte postale des lieux bizarres où il poursuit ce qu’il appelle en bon soixante-huitard sa « quête personnelle », Auroville, Katmandou, Bali… Il semblerait installé aujourd’hui en Nouvelle-Zélande, à élever des moutons avec une énième compagne. J’ai voulu provoquer une rencontre, ses hésitations et la complexité des connexions, même s’il a fini par m’admettre comme amie sur Facebook, ont tué le projet.
Bref, abandonnée par mon père, je multiplie les situations d’abandon avec les hommes, problématique qui m’appartient sans doute, car je la retrouve avec chaque partenaire. Trois à cinq mois d’idylle, particulièrement intense tant mon besoin d’amour est fort, puis viennent la peur de l’abandon, les stratégies pour l’éviter, qui l’appellent en même temps. Et me voici abandonnée. Ma thérapeute m’aide comme elle peut.
« Votre chemin vous appartient, Emma », répète-t-elle quand je lui demande un mode résolutoire accéléré, façon crash course, du problème.
Elle a sans doute raison, mais la progression est lente. Du coup, je suis partie à Bruxelles. Environnement international, entre Américains de l’Otan et Européens, plus d’un tiers de la ville est étrangère, en transit dans ce petit pays forcément ouvert aux rencontres comme moi. Mes deux premières aventures, deux mois chacune, ont confirmé la justesse de mon expatriation. Enfin, c’est moi qui les ai conclues, abandonnant tour à tour Sean, l’Irlandais du Parlement européen, et Christian, un fonctionnaire danois.
Ce soir, je dîne chez Louis, un autochtone rencontré lors d’une soirée. Un trentenaire flamand et à particule, qui travaille dans une société d’informatique. J’ai été séduite par son allure, brun et mince, sa réserve apparente démentie par son approche directe quand il m’a embrassée dans la voiture avant de monter avec moi le premier soir. Je ne l’ai pas revu depuis, avant qu’il me lance cette invitation. Un dîner formel, un samedi.
Accueillie d’une bise sur la joue, probablement le poids de la douzaine de convives qui me toise dès mon arrivée, je découvre avec étonnement son grand appartement avec moulures et meubles d’époque qui donne sur le parc de Tervuren. Et me sens déplacée parmi les invités, tous belges et surhabillés, costumes et robes de soirée pour les femmes blondes, très maquillées et bronzées. Sentiment de me retrouver dans une version flamande d’un film de Chabrol. Tout le monde me regarde. La place à droite de l’hôte, sans doute.
Pour alléger le poids des regards, globalement défiants, je m’active, Louis nous ayant préparé un repas traditionnel qui implique changement de vaisselle et de couverts. Je n’aime pas me faire servir par un homme. L’espèce est tellement précieuse qu’il ne faut pas l’user en tâches impropres.
« Dès que tu en trouves un, tu nous le bichonnes, m’a assené ma mère dans ses principes d’une autre génération. Un homme a besoin qu’on s’occupe de lui. »
Assiettes en main, j’évolue donc dans sa grande cuisine, aménagée à la perfection. Louis, 36 ans, soigne son célibat. Il me regarde ranger les couverts dans le lave-vaisselle, s’amuse de mes doigts qui tremblent d’être ainsi scrutés. Je relève les yeux quand il se poste devant moi.
« Alors, ça te plaît ? »
Son ton est dur, comme son regard. Ses bras sont plaqués contre ses flancs. Je me sens oppressée et recule, heurtant une barre de fer appuyée contre le mur. Elle claque sur le sol.
« Désolée !
— C’est OK, elle…, commence Louis en relevant la barre et en la caressant, les yeux plissés vers moi. Elle a explosé deux pigeons la semaine dernière, sur la rambarde de mon balcon. Bam, déchirés, direct ! »
Et de mimer le meurtre en soulevant la barre façon brute de jeu vidéo – l’une de ses passions, comme je le découvrirai plus tard.
J’écarquille les yeux, ma façon d’encaisser la violence.
« Un problème ? », ajoute-t-il, moqueur, déclenchant chez moi un réflexe de dénégation automatique.
Moment de bascule :
Lui – Premier test. Le passe-t-elle ? J’ai ma victime du moment. Sinon, pas grave, j’en trouverai une autre.
Elle – C’est horrible, mais… je ne veux pas voir. Je lui plais. J’ai besoin d’un homme.
Je ne vais pas faire la difficile.
« Non, tout va bien. »
Les semaines suivantes s’enchaînent, avec chaque fois une variation autour du thème de l’homicide. Louis, dont l’expressivité sentimentale est inversement proportionnelle à l’ardeur sexuelle, tient à m’emmener dans son château familial près de Bruges, pour un déjeuner dominical, précise-t-il. Je jubile, toute à la réassurance de l’intégration dans la vie de l’autre, ce décompte du premier week-end, du premier repas chez les parents, des premières vacances, de la première confidence. Tout premier, tout frais. Sauf nous.
Campagne plate, forêt à perte de vue, ciel bas sous les nuages gris, la Belgique rend hommage à Brel. Je veux allumer la radio, mais Louis hoche la tête.
« Je n’écoute que du classique. »
À l’arrivée au château, l’accueil reste classique aussi, mais je commence à m’habituer. On me tend des paumes sèches. On darde sur moi des yeux pâles aux pupilles rétrécies, à force de méfiance. Je suis frappée par le code couleur des convives – des amis de la famille, précise Louis qui me supervise avec son impeccable courtoisie. Dominante vert sombre, pantalons de velours, cols roulés marron, vestes couleur treillis. Le repas tenu dans la salle de réception du château, une pièce immense, lambrissée de chêne, m’étonne aussi. Jambons, pâtés, venaison, gibier en sauce, je ne savais pas qu’on mangeait encore ainsi depuis le Moyen Âge. Alors que je m’attendrais presque aux sautillements des ménestrels pour le dessert s’élève un son grave, sinistre, comme un cor dans la brume. La tablée se lève d’un seul mouvement.
« Tu viens te promener ? », me lance Louis en me regardant de côté.
Nous sortons par l’arrière du château et avançons les yeux plissés par la lumière blanche d’un après-midi d’octobre. Nous entrons dans la forêt. J’ai peur, comme une tension dans le sternum.
Un coup de feu. Je me jette au sol en hurlant.
« Tiens-toi !, gronde Louis, maxillaires serrés. Tu me fais honte. »
Évidemment. C’était un déjeuner de chasse. Louis ne m’a rien dit. Il me relève brutalement, l’air furieux et me tire par le bras.
« Fini, on rentre ! »
J’ai beau balbutier des excuses, lui évoquer avec délicatesse, pour ne pas le blesser, ma détestation de cette activité. J’ai beau raconter avec force anecdotes touchantes mon amour des animaux et mes dons aux associations qui les protègent, il n’écoute pas. Front plissé, il rebrousse chemin, salue sa famille qui me tend la main en tournant la tête. La voiture retraverse les mêmes paysages à l’envers. Il me laisse devant chez moi sans un mot.
La variation sadique autour du motif de l’homicide comptera encore quelques épisodes, avec chaque fois une gradation dans l’humiliation. Comme si le fait d’avoir refusé mon premier mouvement – fuir qui assassine des oiseaux sur son balcon – avait faussé mon système de guidance personnelle. Lequel était d’ailleurs faussé avant, dès la première nuit quand mon amant belge s’est jeté sur moi.
« Tu ne prends pas de…, ai-je balbutié, gênée par ce que je jugeais de timoré dans ma remarque.
— Non. Un problème ? », m’a-t-il toisée, son visage au-dessus de moi.
Évidemment, un problème, une angoisse terrible avant la prise de sang quelques semaines après, surtout pour une hypocondriaque dépourvue de figure paternelle dans son enfance, donc de foi en des instances protectrices. Mais ce soir-là, pour éviter la scène et sa sanction, soit lui m’abandonnant dans mon appartement solitaire, j’ai hoché la tête, docile.
Débile ? Je ne suis pas sûre. Quand je discute avec mes collègues latines surtout, car il semblerait que le nord de l’Europe, saxon ou viking, fasse du bien à l’ego des femmes. Bref, quand je discute avec des Françaises, Belges, Italiennes, Portugaises, Grecques, Espagnoles, je retrouve ce type de comportement. Des femmes intelligentes, responsables, qui basculent en mode bug dans l’intimité. Ombre cachée qui nous attire vers le prédateur susceptible de nous prendre la vie ?
Dimanche en Belgique. Je peux retrouver des collègues européens et célibataires dans l’un de ces cafés chaleureux, où l’on reste des heures à partager toutes sortes de brunchs. En même temps, ma grande expression depuis que je connais Louis et que je navigue en double piste dans ma vie, sachant qu’il ne prononce pas le pronom « nous » et m’assène des invitations ou propositions d’activités communes au dernier moment. En même temps, donc, Louis peut m’appeler. Nous sommes sortis la veille ensemble et j’ai tout de même passé quelques heures dans son lit avant que l’obscurité oppressante de sa chambre – Louis ne supporte ni l’air ni la lumière dans son sommeil, d’où un calfeutrage digne d’un malade en chambre stérile – ne me pèse. Je ne suis jamais parvenue à m’endormir dans ce tombeau insonorisé, ce qui ne dérange pas, voire arrange Louis qui sait que l’endroit produit le même effet sur toutes ses conquêtes. Il ne m’a pas répondu quand je l’ai interrogé sur son emploi du temps du dimanche. Donc j’attends. Et ne réponds pas aux appels de mes amis pour le brunch.
Midi. Il m’appelle.
« Je pars faire du planeur. Cela t’intéresse ? »
Mon cœur se serre. Sportive, j’apprécie presque toutes les activités de plein air… À l’exception de celles qui se déroulent dans les airs justement. Mon métier de lobbyiste m’envoyant régulièrement en avion, j’ai avalé toutes les pharmacopées bio et non bio pour m’apaiser. Saut en parachute, saut à l’élastique, innocentes balançoires d’enfants interviennent régulièrement dans mes cauchemars. Tomber, ma pire frayeur. Et logiquement, le fameux bug féminin, je réponds, enthousiaste.
« Bien sûr ! »
Louis me donne rendez-vous dans deux heures chez lui, le temps de se réveiller, de prendre son petit déjeuner et de finir son jeu vidéo. Je ronge mon frein jusqu’à l’horaire imparti, le cœur battant, en sueur. J’appelle ma meilleure amie pour partager mon angoisse. Elle bredouille une réponse embarrassée, ne sachant pas bien ce qu’est cette activité. Planer, planeur, ça s’annonce cool. Je me plonge donc dans Internet section casualties, les informations sur les accidents liés à l’activité ne me donnant aucune idée de ce que je vais vivre. Je passe une heure à tourner en rond dans mon appartement, en proie à une peur panique. Je suis bac plus six, thèse de droit, major de sciences po et… je ne sais pas quoi faire. Le rappeler pour annuler ? Il ne me le pardonnera jamais. M’y rendre ? Je vais mourir. Mais je dois y aller.
En fin d’après-m...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Dédicace
  5. Introduction
  6. PREMIÈRE PARTIE - À la découverte des simulacres amoureux
  7. DEUXIÈME PARTIE - Huit simulacres d’amour et leur décryptage
  8. TROISIÈME PARTIE - L’amour… après réflexion
  9. Conclusion
  10. Postface
  11. Bibliographie
  12. Remerciements
  13. Table
  14. Du même auteur