Lettre à tous ceux qui aiment l'école
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Lettre à tous ceux qui aiment l'école

Pour expliquer les réformes en cours

  1. 182 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Lettre à tous ceux qui aiment l'école

Pour expliquer les réformes en cours

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À propos de ce livre

« Notre système éducatif fut et reste encore aujourd'hui l'un des meilleurs du monde. Mais il se heurte à des difficultés inédites, longtemps déniées par manque de courage ou par démagogie. Dès la fin de l'école primaire, trop d'enfants ne maîtrisent pas assez bien les compétences élémentaires en matière de lecture et d'écriture qui leur permettraient de réussir normalement au collège. Trop d'enseignants se plaignent à juste titre des incivilités, de la violence, de l'hétérogénéité des classes ou du manque de motivation de leurs élèves. Oserons-nous nous avouer les vraies raisons de ces difficultés qui, pour l'essentiel, ne viennent pas de l'école elle-même? Que faire pour y porter remède? Comment aider les enseignants à faire en sorte que leurs élèves réussissent mieux? Depuis plusieurs mois maintenant, nous mettons en œuvre, Claudie Haigneré, Xavier Darcos et moi, des réformes qui sont autant d'urgences. Elles sont l'affaire de tous. C'est donc aussi avec tous qu'il faut en débattre. » Luc Ferry

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2003
ISBN
9782738170590

LUC FERRY

LETTRE À TOUS CEUX
QUI AIMENT L’ÉCOLE



POUR OUVRIR LE DÉBAT


Depuis plusieurs mois maintenant, je mets en œuvre des réformes qui couvrent progressivement l’ensemble des secteurs placés sous ma responsabilité. Vous savez, par exemple, que la prévention de l’illettrisme, la lutte contre la violence scolaire ou encore la valorisation de l’enseignement professionnel constituent pour moi des priorités. Pourquoi ces choix, et plusieurs autres encore, ont-ils été faits ? Comment peut-on les réaliser sur le terrain ? Comment s’articulent-ils entre eux pour former un programme cohérent, animé d’une réelle ambition ? À ces questions légitimes, je veux vous apporter les réponses que vous êtes en droit d’attendre.
Mais je voudrais aussi ouvrir, avec vous, la discussion sur les suites et les compléments qu’il convient d’apporter à mon action. Bien qu’ils soient souvent beaucoup plus difficiles qu’on ne le croit à première vue, rien ne justifie au fond que les problèmes soulevés par notre école continuent à se traiter seulement entre « spécialistes ». Les questions de la violence dans les établissements, de l’égalité des chances, des compétences dévolues aux collectivités, de la mission des enseignants, des objectifs ultimes et du sens de notre éducation sont l’affaire de tous les citoyens et de leurs représentants : quoi de plus naturel que d’en débattre devant le Parlement ?
D’ores et déjà, dix réformes de grande envergure s’imposent à nous comme des urgences. Je voudrais d’entrée de jeu les énumérer avant de les justifier par une brève analyse de quelques traits saillants de notre situation actuelle. Ensuite, j’en détaillerai de manière plus approfondie les principaux axes afin que chacun puisse bien comprendre le sens de notre action.
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1. Prévenir et combattre l’illettrisme, en commençant dès le cours préparatoire. Il est inacceptable, en effet, que près de 15 % des élèves entrant en classe de sixième ne sachent pas correctement lire et écrire. Si l’on ajoute tous ceux qui n’ont pas, en ce domaine, l’aisance suffisante pour suivre sans difficulté les enseignements du collège, c’est plus d’un tiers des élèves de sixième qui entrent dans cette classe sans avoir acquis les compétences nécessaires en lecture et en écriture.
2. Revaloriser la voie professionnelle et repenser, dès le collège, l’articulation entre enseignement général et enseignement professionnel : il faut réaménager le collège qui doit être unique dans ses objectifs et diversifié dans ses modalités, en même temps que l’on doit chercher véritablement à offrir à tous les élèves des chances réelles de réussite. Cent cinquante-huit mille jeunes ont quitté l’année dernière notre système scolaire sans diplôme ou sans qualification. C’est insupportable et il est évident qu’il faut diversifier davantage les parcours de formation, afin d’ouvrir aux jeunes qui ne s’accommodent pas du collège actuel d’autres voies pour faire valoir leurs talents. Dans cet esprit, diverses formes d’alternances entre les enseignements généraux et les enseignements professionnels seront proposées.
3. Combattre l’échec au niveau des premiers cycles universitaires, notamment grâce à une meilleure orientation ainsi qu’à la mise en place de cours de culture générale adaptés à chaque voie de formation. Trop de jeunes étudiants manquent en effet des repères culturels indispensables pour s’approprier efficacement les savoirs dispensés à l’université. Il faut en outre poursuivre le plan social étudiant, destiné à aider ceux qui en ont besoin à continuer leurs études en France ou à l’étranger.
4. Lutter contre l’incivilité et la violence aux côtés des enseignants, afin de les aider à restaurer leur autorité et à recentrer leur métier sur ses vraies missions qui résident avant tout dans la transmission des savoirs. Les formes traditionnelles de l’autorité et de la sanction sont trop souvent battues en brèche. Je vous proposerai une véritable action sur trois plans : la prévention, qui reste l’essentiel ; la sanction, qu’il faudra parfois réinventer ; et la pédagogie, notamment pour encourager davantage encore le travail en équipe et sur projets.
5. Mieux prendre en charge le handicap. Malgré des efforts réalisés ces dernières années, l’obligation qui nous est faite d’accueillir tous les enfants scolarisables n’est pas encore remplie, particulièrement dans l’enseignement secondaire où les dispositifs d’intégration sont notoirement insuffisants. Selon le souhait du président de la République, nous y satisferons enfin, de même que nous nous engageons à améliorer considérablement l’accueil et l’accompagnement des familles, trop souvent astreintes aujourd’hui à un véritable parcours du combattant pour trouver un établissement capable de prendre en charge leurs enfants dans de bonnes conditions.
6. Favoriser l’engagement des jeunes. Entre la vie scolaire et la vie privée, intime, il existe un vaste espace, celui de la société civile, où les jeunes pourraient s’engager dans la réalisation de projets d’utilité publique pourvu qu’on les y aide. C’est l’occasion de développer une éducation à la responsabilité personnelle et à la vie sociale, complémentaire de l’éducation scolaire et universitaire ou de la formation professionnelle.
7. Améliorer la formation des enseignants. Elle doit privilégier, plus qu’aujourd’hui, l’acquisition des connaissances nécessaires à une maîtrise des programmes et le savoir-faire indispensable à l’exercice quotidien du métier dans les classes. Les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) ont dû, au cours de leur jeune histoire, répondre à une multiplicité de demandes (priorités ministérielles, nouveaux enseignements, recherches pédagogiques, etc.) qui ont eu tendance à transformer leurs plans de formation en une sorte de mosaïque dont beaucoup d’étudiants se plaignent. Il est temps de recentrer la formation sur les principales exigences du métier.
8. Favoriser la mobilité des étudiants et la reconnaissance des diplômes dans toute l’Europe, et offrir plus d’autonomie aux universités. Les enjeux de cette réforme, en apparence technique, sont en vérité essentiels pour les jeunes. Il faut réaliser l’harmonisation des diplômes européens et offrir davantage d’autonomie aux universités qui pourront ainsi valoriser plus aisément leurs spécificités et leurs pôles d’excellence.
9. Stopper la crise des vocations scientifiques et revaloriser la place de la science dans la cité. C’est un phénomène européen, et même plus généralement occidental, qui devient réellement inquiétant. La baisse des vocations scientifiques dans les premiers cycles universitaires tend à prendre des proportions considérables. Un plan de redressement est nécessaire, qui doit commencer dès l’école primaire, se développer au collège, puis au lycée, et s’achever à l’université.
10. Accomplir la décentralisation, permettre aux établissements d’avoir une plus grande autonomie de gestion et les inviter à mettre en place des chartes de qualité. Il faut incarner notre service public, le faire descendre au bon niveau de responsabilité où il trouve son efficacité véritable. Nous expérimenterons une plus grande autonomie de gestion qui devra permettre aux établissements de prendre des engagements (en matière d’accueil des parents, d’orientation des élèves, de formation continue des adultes, de lutte contre la violence, etc.) et d’y répondre dans un esprit de responsabilité. L’autonomie des établissements pourrait être à cet égard la clé de toutes les autres réformes.
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Il ne s’agit pas ici de rechercher l’exhaustivité : bien d’autres questions mériteraient d’être évoquées. Comment intégrer en profondeur les nouvelles technologies dans nos démarches pédagogiques ? Comment mieux tirer parti de l’association de l’enseignement privé au service public d’éducation ? Comment développer notre politique de prévention, dans le domaine de la santé scolaire ou de l’éducation à la sécurité routière ? La liste de nos chantiers est à la mesure des attentes que la société française manifeste à l’égard de l’école. Par ailleurs, un travail de fond sera très bientôt entrepris, notamment dans le cadre de la décentralisation, sur l’information et l’orientation des jeunes : c’est à juste titre un des premiers sujets de préoccupation des élèves, des étudiants, des apprentis et des familles, et les pratiques actuelles en la matière ne donnent pas assez satisfaction. Enfin, certaines initiatives prises par mes prédécesseurs répondent à une évidente nécessité et méritent d’être poursuivies : c’est le cas, notamment, de l’enseignement des langues étrangères à l’école ou des efforts entrepris en faveur des arts.
Il faut pourtant afficher des priorités et s’y tenir. D’autres eussent été possibles – par exemple, on aurait pu insister sur l’« élitisme républicain » et la valorisation de l’excellence plutôt que sur la lutte contre la fracture scolaire –, mais il faut choisir sa politique en fonction des besoins que l’on estime les plus urgents et agir dès lors avec constance et détermination.
J’entrerai plus loin dans le détail de ces dix réformes et de leur mise en œuvre. Mais ces premières remarques permettent déjà, me semble-t-il, de percevoir les contours du projet d’ensemble.
Pour donner à tous les moyens d’avoir une qualification et de réussir, nous concentrerons nos efforts sur deux objectifs majeurs. Il s’agit d’abord de réduire la « fracture scolaire », de combattre l’échec auquel se voient relégués, sans vrais recours, tant de jeunes : c’est l’objet des six premières réformes parmi les dix que l’on vient d’évoquer. Les quatre autres priorités retenues correspondent au souci de donner aux écoles et aux établissements d’enseignement les moyens de mener une politique d’amélioration constante de la qualité des services rendus : accueil des familles, information et orientation des élèves, efficacité des soutiens pédagogiques en termes de résultats, par exemple.
  • S’agissant de la lutte contre la fracture scolaire, les réformes entreprises visent à apporter des solutions appropriées aux différents niveaux stratégiques du système éducatif. C’est dans cet esprit, notamment, que j’ai conçu le plan de prévention de l’illettrisme à l’école, mais aussi les nouveaux dispositifs en alternance qui permettent de repenser l’articulation entre enseignement général et enseignement professionnel dès le collège, ainsi que les mesures qui touchent les premiers cycles universitaires. La scolarisation des élèves handicapés et les soutiens apportés à l’engagement des jeunes hors du temps scolaire participent également de l’effort pour réduire les inégalités face à l’éducation.
  • Les réformes visant à une meilleure qualité ou à une efficacité accrue des fonctions assurées par nos établissements d’enseignement sont évidemment complémentaires des précédentes : elles se proposent de mobiliser au mieux les forces dont nous disposons pour assurer la réussite de tous. La création de nouveaux dispositifs implique parfois un effort financier particulier : nous n’avons pas hésité à le décider lorsque c’était nécessaire, comme en témoigne, entre autres, l’ouverture de 30 000 postes aux concours de recrutement de 2003 décidée par le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. Mais on doit sortir de l’illusion que l’augmentation indéfinie et sans nuance des moyens suffit à résoudre toutes les difficultés : depuis dix ans, les performances des élèves stagnent globalement alors que le budget de l’Éducation nationale ne cesse de progresser. Il faut que nos établissements, dotés le cas échéant d’une plus grande autonomie, s’engagent, notamment dans le cadre de la décentralisation, sur des objectifs qualitatifs, que les leviers d’action leur soient enfin donnés afin de rendre plus visibles les immenses services qu’ils rendent à la Nation et que, pour ce faire, ils acceptent aussi, en échange de cette autonomie plus grande, de passer d’une logique de l’accroissement indéfini des moyens à une logique de l’amélioration des résultats.
Encore faut-il, pour y parvenir, prendre la mesure exacte des difficultés réelles auxquelles nous nous heurtons encore aujourd’hui.

PREMIÈRE PARTIE

L’ÉTAT DE L’ÉCOLE :
UN DIAGNOSTIC



CHAPITRE PREMIER

CE QU’IL NOUS
FAUT AMÉLIORER


Je n’entends nullement sous-estimer les nombreux et grands progrès accomplis au cours des dernières décennies. Au prix d’un effort considérable – effort pédagogique des enseignants, effort financier de la Nation –, le système éducatif a répondu à la demande de la société française par un développement dont on ne peut nier qu’il a permis à un plus grand nombre de jeunes d’accéder à de meilleurs niveaux de formation. Qui ne l’a pas souhaité pour ses propres enfants ? Cette progression a aussi assuré à notre pays une élévation considérable du niveau de qualification de sa population active, niveau maintenant comparable à celui de l’ensemble des pay...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Sommaire
  5. Avant-propos
  6. LETTRE À TOUS CEUX QUI AIMENT L’ÉCOLE
  7. OÙ VOULONS-NOUS ALLER ?
  8. DEMAIN, LA SCIENCE