Réinventer notre santé mentale avec la Covid-19
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Réinventer notre santé mentale avec la Covid-19

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Réinventer notre santé mentale avec la Covid-19

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Dépressions, stress post-traumatique, anxiété, insomnie...?: infectée ou non par le virus de la Covid-19, près d'une personne sur cinq développera des troubles psychiatriques. Ces symptômes ne sont pas seulement liés aux effets délétères de la pandémie. Ils sont l'expression de l'infection elle-même et de l'inflammation qu'elle entraîne, notamment dans le cerveau. Les mécanismes en jeu, d'une grande complexité, constituent un nouveau domaine d'exploration pour la recherche. Avec leurs causes identifiables, les maladies mentales sont des maladies comme les autres. Si, comme nous l'enseigne l'immuno-psychiatrie, nous ne sommes pas égaux face aux infections et au risque de développer des maladies mentales, nous pouvons tous apprendre à réduire ce risque. Les acquis de la psychologie, les outils qu'elle met à notre disposition peuvent améliorer notre résilience. Ainsi, l'épidémie rebat les cartes, tant pour les individus que pour la psychiatrie elle-même, déjà sinistrée, qui doit gérer cet autre désastre sanitaire. Une chance pour elle de se réinventer?? Marion Leboyer est professeure de psychiatrie à l'université Paris-Est-Créteil. Elle est responsable du pôle Psychiatrie et addictologie des hôpitaux universitaires Henri-Mondor (Créteil) et du laboratoire de Psychiatrie translationnelle de l'Inserm. Elle dirige également FondaMental, la fondation qu'elle a créée. Lisa Letessier est psychologue clinicienne et psychothérapeute. Formée aux thérapies cognitives et comportementales, elle est membre de l'AFTCC, de l'association EMDR France et de l'Association pour le développement de la mindfulness. Elle dirige le cabinet de psychologie Ennéade (Paris). Elle a écrit plusieurs livres dont Le Mensonge dans le couple, chez Odile Jacob. Anne de Danne, ancienne élève de l'École nationale d'administration (ENA), a été conseillère santé du Premier ministre entre 1993 et 1995. Après avoir occupé des postes de direction dans le domaine de la santé du secteur privé, elle est aujourd'hui directrice déléguée de FondaMental, une fondation de coopération scientifique en santé mentale.

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Informations

PREMIÈRE PARTIE

L’impact de la pandémie sur notre santé mentale

CHAPITRE 1

Un raz de marée psychosocial

Le 11 mars 2020 l’Organisation mondiale de la santé vient de requalifier l’épidémie de SARS-CoV-2 en pandémie Covid-19. Nous sommes tous rivés à nos télévisions, accrochés aux mots du président de la République. Pour la première fois en temps de paix, les rassemblements et les déplacements sont interdits, le travail se fait à distance, on ne peut plus se serrer la main ni s’embrasser. Nous sommes tous conscients de la gravité de la situation médicale et sanitaire. Mais très peu d’entre nous entrevoient, comprennent – et a fortiori anticipent – les conséquences que cette crise va avoir sur notre mental et pour longtemps. Encore moins nombreux sont ceux qui se posent la question de le prévoir, de le penser, de se le dire et de s’y préparer. Pourtant, l’impact psychologique de la crise est observable dans le monde entier, et il y a fort à parier qu’il persistera bien au-delà de la pandémie elle-même.
Les conséquences psychosociales de la pandémie ont perturbé très tôt la santé mentale de la population, à des degrés divers. Un mal-être s’est installé, nourri de la peur de tomber malade ou de transmettre la maladie à un proche, du stress d’avoir à s’ajuster à de nouvelles conditions de vie et de travail, de l’abattement à devoir passer sa journée de bureau seul chez soi, devant son écran. Ceux qui travaillent au contact du public ou des patients ont eu l’impression de vivre au front, comme en temps de guerre. Le spectre de la récession économique, avec ses faillites et ses chômeurs, a rôdé. Avec lui, l’incertitude sur les activités professionnelles futures. De tous ces effets de la crise sanitaire, les médias et les réseaux sociaux nous ont entretenus quotidiennement, contribuant à altérer encore plus notre santé mentale, dont les indicateurs se sont progressivement dégradés pendant l’année 2020.
Très vite, et pour la première fois en temps réel, parce que ce phénomène était planétaire, inédit et inquiétant, la communauté scientifique a cherché à comprendre. Dès les premières semaines, elle a commencé à examiner la Covid-19 sous tous les angles, alertant notamment les gouvernements sur l’impact des mesures de gestion de l’épidémie sur la santé mentale des populations et sur la nécessité de leur prise en charge.
Depuis, des milliers d’articles ont été publiés alors que la crise sanitaire ne cesse de rebondir. Au début de l’année 2021, le virus de la Covid-19 avait touché plus de 110 millions de personnes dans le monde et fait plus de 2,5 millions de morts. Il ne cesse de muter. Les priorités ont évolué. Entre janvier et mai 2020, tous les sujets ont été traités : la modélisation de l’épidémie, les diagnostics et les tests, la santé publique, la santé mentale et la mortalité. Puis, le nombre des publications a fléchi avec la fin de la première vague – on pensait en avoir fini – pour reprendre dès juillet 2020, avec un intérêt plus marqué pour le thème de la santé publique1. Depuis octobre 2020, les articles scientifiques portant sur la Covid et la santé mentale ont dépassé en nombre les autres sujets de publication.
Pour bien mesurer l’impact de la pandémie sur notre santé mentale, de très nombreuses études sont menées en Chine, aux États-Unis, dans différents pays d’Europe, auprès d’échantillons représentatifs de la population. Les résultats sont tous concordants. Contrairement à ce que beaucoup croient ou aimeraient croire, car la solution serait assez simple, le confinement n’est pas seul en cause. Il ne suffit pas de sortir pour que le stress s’évanouisse. La réduction des interactions sociales qui contribuent à la santé, à la qualité de vie et à l’étayage émotionnel, le deuil et la mort qui ont frappé les familles, l’incertitude concernant le retour à la vie d’avant. Partout, ces perturbations ont des effets délétères. Entre 2019 et 2020, la santé mentale s’est considérablement dégradée dans le monde : troubles du sommeil, anxiété, état de stress post-traumatique, dépression, idées de suicide… En 2019, 14 % des sondés présentaient des symptômes dépressifs. Ils étaient 33 % soit plus du double en 2020. Concernant l’anxiété, elle a triplé, passant en un an de 6 à 18 %. Et 27 % des personnes souffraient de stress cette année-là2.
Aux États-Unis, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont dressé un constat alarmant, à partir d’un sondage en ligne effectué pendant la dernière semaine de juin 2020 auprès de 5 500 individus âgés de plus de 18 ans et représentatifs de la population. Tous les marqueurs sont alors au rouge. Par rapport au deuxième trimestre 2019, les états d’anxiété ou de dépression ont triplé. Un adulte sur dix a pensé au suicide. Pour résister au climat de stress, les Américains ont eu recours à des mécanismes de défense qui les mettent parfois en danger. 40 % d’entre eux reconnaissent que leur état mental s’est dégradé, qu’ils ont consommé davantage d’alcool ou pris de la drogue du fait de la pandémie3. Les morts par overdose ont augmenté de 18 %4.
La France n’a pas échappé au phénomène. Au sortir du premier confinement, près d’un Français sur quatre souffrait de troubles anxieux et un sur cinq présentait des symptômes dépressifs. La prévalence est beaucoup plus forte si on a été exposé à la Covid, si on appartient à un milieu défavorisé, si on est une femme et si on est un jeune adulte5.
En ces périodes de confinement, l’ennui, le manque d’activité et le stress sont néfastes pour l’hygiène de vie. Les consommations de tabac, d’alcool, de drogue, les jeux en ligne ont beaucoup augmenté.
L’exposition aux écrans, dont nous connaissons l’impact néfaste sur le sommeil, l’anxiété ou le niveau de concentration, a crû considérablement. Avec le télétravail ou les cours en ligne, nous avons tous passé plusieurs heures par jour devant nos écrans. 23 % des personnes – des jeunes surtout – déclarent même y consacrer sept heures par jour !
Par ses conséquences restrictives sur l’activité, la crise sanitaire a créé une récession économique, car elle a obligé les États à limiter voire à interdire toutes les interactions sociales, y compris commerciales et culturelles, pour tenter d’enrayer la contagion. Comme les autres pays du monde, la France est entrée en récession. Les mesures de soutien mises en place par le gouvernement n’ont pas empêché la baisse du PIB de 8,3 % en 2020, un record depuis la Seconde Guerre mondiale. Et même si le nombre de faillites a été contenu, des secteurs sont totalement sinistrés : le tourisme, la restauration, l’aéronautique, l’événementiel, la culture… La situation se solde par des milliers d’emplois supprimés et des milliers de salariés sur le carreau. Les chômeurs voient leur espoir de retrouver un emploi s’éloigner. Les salariés précaires craignent pour leur avenir. La peur et l’incertitude pèsent sur leur quotidien : ils s’inquiètent de perdre leur travail. Plus souvent encore que les hommes, les femmes se retrouvent dans une situation financière fragile. Pour tous, l’isolement social est d’autant plus difficile à supporter.
Nous avons le recul sur les effets péjoratifs d’une crise économique sur la santé mentale d’une population. La dernière secousse remonte à 2007-2008, marquée par la faillite de la banque d’investissement américaine Lehman Brothers et l’écroulement de la finance internationale gagée sur les prêts hypothécaires à risques, les fameuses subprimes. Cette crise financière mondiale s’est traduite par une flambée des faillites, une brutale hausse du chômage et un cortège de drames personnels. Les suicides ont augmenté de 4,2 % en Europe en 2009 par rapport à 2008. La hausse a été encore plus forte en 2010 : 10,8 %6. En France, alors que 10 500 personnes en moyenne se suicident chaque année, il y en a eu 344 de plus en 2009. Les hommes ont été plus affectés que les femmes. « C’est parce qu’ils sont plus sensibles à la perte de leur emploi, qu’ils utilisent des moyens plus violents, donc plus efficaces, pour mettre fin à leurs jours, et qu’ils sont moins nombreux à aller consulter un psychologue », constatait en 2013 Michel Debout, professeur de médecine légale et de droit de la santé, président de l’association Bien-être et société7.
Certes, les crises ne se répètent jamais à l’identique et leur gestion peut s’améliorer, ce qui semble bien avoir été le cas pour celle liée à la Covid. Malgré tout, le pays compte en 2020 près de 300 000 chômeurs de plus qu’en 2019. On sait quels troubles psychiatriques une telle flambée peut entraîner…
Naturellement, ces bouleversements ne nous affectent pas tous de la même façon. Face à l’adversité, selon notre état de santé, nos responsabilités, notre personnalité, nous réagissons différemment. Quand certains ont vécu ce ou ces confinements comme un vrai traumatisme précipitant des douleurs psychologiques jusqu’alors compensées, d’autres ont pris au contraire cet isolement social comme une vraie pause, le droit de prendre du temps pour eux, pour leur famille. Une occasion de revoir leur mode de vie. Cependant, des groupes se révèlent plus vulnérables au mal-être que la moyenne. C’est notamment le cas des femmes, de certaines professions, des personnes en situation économique précaire et des jeunes, en particulier les étudiants. De même, ceux qui souffrent d’une maladie chronique ou mentale sont plus touchés.
Les femmes le sont pour un faisceau de raisons. Elles sont surreprésentées dans les emplois dits « essentiels » et « de première ligne » : le commerce de détail, les services… et les soins. Elles sont donc plus exposées au virus et elles le savent. Elles jouent aussi un rôle essentiel, financier et affectif, dans la famille, auprès des enfants et des parents âgés. La peur de tomber malade, de perdre leur emploi, l’incertitude qui pèse sur l’avenir sont pour elles, plus encore que pour d’autres, source de stress.
De leur côté, les jeunes de moins de 25 ans, dans cet entre-deux qui précède la vie adulte, accusent le coup. La désorganisation des études, l’obligation de suivre les cours à distance, le délitement des liens sociaux remplacés par un face-à-face exclusif avec l’écran de l’ordinateur, les ébranlent. Le manque de perspective professionnelle leur pèse.
Les images d’immeubles confinés, de rues désertes, de soignants en tenue de cosmonaute penchés sur des malades dont le visage disparaît sous le masque à oxygène entretiennent l’angoisse. En France, on a connu des drames. À la mi-janvier 2021, un étudiant en première année de master de droit à Lyon s’est défenestré depuis sa résidence universitaire. « On souffre de solitude, confie une jeune fille. Je suis toute seule tout le temps, devant mon écran, pendant les repas… » Le président de l’université Jean-Moulin-Lyon-III appelle à un plan d’urgence pour la santé mentale des étudiants. Il veut une prise de conscience nationale. Les chiffres qu’il cite traduisent l’impuissance de l’administration : « On est à un psychologue pour 1 500 étudiants aux États-Unis, chez nous c’est un pour 30 000. » Ces difficultés sont aggravées par le manque d’argent. Avec la crise et le confinement, les étudiants ont perdu le petit boulot qui leur permettait de boucler leur budget. Pour certains, la soumission au confinement et au couvre-feu se fait dans des logements de 9 mètres carrés pendant que d’autres payent leur loyer à bout de bras, tous les mois, parce qu’ils ont perdu leur emploi8.
Ces mots font écho à l’étude nationale réalisée entre avril et mai 2020 auprès de 69 000 étudiants français, pendant le premier confinement. On y trouve confirmation de la très faible prise en charge médicale des troubles psychologiques : 6 % seulement des étudiants ont consulté un profession...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Introduction
  5. Première partie - L'impact de la pandémie sur notre santé mentale
  6. Deuxième partie - Bâtir une société plus résiliente
  7. Troisième partie - Tirer les enseignements de la crise sanitaire pour réformer (enfin) notre système de santé mentale
  8. Conclusion - Faire de la santé mentale une priorité
  9. Ouvrages de Lisa Letessier chez Odile Jacob
  10. Pour en savoir plus
  11. Table