Le Péché et la Folie
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Le Péché et la Folie

Psychopathologie des 7 péchés capitaux

  1. 224 pages
  2. French
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Le Péché et la Folie

Psychopathologie des 7 péchés capitaux

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À propos de ce livre

Qu'a donc à voir avec la psychiatrie la notion chrétienne de péché? Plus qu'on ne le pense, car les péchés capitaux sont une manière d'expliquer la folie. La gourmandise, l'orgueil, l'avarice, la paresse, l'envie, la colère et la luxure sont des passions que le psychiatre rencontre dans sa pratique. À quels types de souffrance psychique renvoient ces termes que chacun utilise? Ne parle-t-on pas de paresse quand il faudrait chercher la dépression? ou de luxure quand il s'agit plutôt d'addiction sexuelle? La terminologie des péchés n'est pas anodine. Pourtant, il n'est pas de traits immuables de la personnalité mais des maladies que la psychiatrie peut décrypter, aider à mieux comprendre et à traiter. C'est ce que propose ce livre dans une approche passionnante des pathologies mentales qui en appréhende la réalité complexe. Les 7 péchés capitaux au cœur de la folie. Jean Adès est psychiatre, professeur de psychiatrie à l'université Paris-Diderot. Il est ancien chef de service des hôpitaux Louis-Mourier à Colombes, Beaujon et Bichat, et actuellement consultant des hôpitaux. Spécialiste reconnu des addictions, ancien président de la Société française d'alcoologie, il a publié de nombreux ouvrages, dont Encore plus avec Michel Lejoyeux.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2014
ISBN
9782738172747
CHAPITRE 1
Une brève histoire des péchés capitaux

On les connaît bien. Ils sont sept, chiffre sacré, comme les sept sages ou les sept vertus. On les connaît ? Voire. On joue souvent, en famille, à se les remémorer. Comme pour les sept nains de Blanche-Neige, on en oublie toujours un.
Gourmandise, orgueil, avarice, envie, paresse, colère, luxure, les voici, fiers d’avoir traversé les siècles, et d’inspirer encore les écrivains, les peintres, les cinéastes… et les psychiatres. Les voici au cœur des magazines, et l’on peut se distraire à faire les tests. Êtes-vous avare, orgueilleux, gourmand ? Il y a ceux qu’on avoue, facile pour la gourmandise, la colère, plus délicat pour la luxure. Mais, l’avez-vous remarqué ? Seule l’Église n’en parle plus. Ou moins.
Ils viennent de loin. Mais d’abord, en quoi sont-ils « capitaux » ? Pas à cause de leur gravité supposée, ni de leur importance. Capital vient du latin caput, la tête, partie du corps qui dirige l’ensemble. Le péché capital ne l’est que parce que chacun conduit aux autres, la paresse à la luxure, l’orgueil à la colère…
Qui en parla le premier ? On lit partout que c’est à un moine ascétique, appelé Évagre le Pontique, né en 345 dans la région du Pont, que l’on doit la reconnaissance, pas encore de nos péchés, mais de ce qu’il nomme « passions ».
Huit passions, dit Évagre, quatre impliquant un désir impur de posséder, gourmandise, fornication, avarice et amour de l’argent, et ce qu’il nomme « vaine gloire », quatre autres émanant des frustrations, la colère, la tristesse, l’acédie ou le désespoir, la superbe ou l’orgueil. Tout y est déjà, n’est-ce pas ? Pour notre moine, ces passions sont de « mauvaises pensées », sources d’actes impropres, et condamnables.
Le pape Grégoire le Grand (590-604), l’un des quatre pères de l’Église d’Occident, eut une influence considérable. C’est à lui, notamment, qu’on doit le chant grégorien, mais aussi la restauration du christianisme en Angleterre. Au moins pour un temps. Dans les Moralia, le pape Grégoire s’intéressa aux péchés. Supprimant l’acédie, il introduit parmi eux l’envie, et l’orgueil, un « vice » plus qu’un péché, est exclu de la liste. Voici, presque, que les passions capitales étaient sept.
Le quatrième concile du Latran, en 1215, est considéré par les théologiens comme d’une grande importance. Ses nombreux préceptes ne sont pas tous défendables : lutte contre toutes les hérésies, renforcement de l’exclusion des juifs, « qui doivent porter une marque distinctive de leur différence », horrible anticipation, et encouragement aux croisades, contre les infidèles. Et les péchés ? Aucun être n’est originellement mauvais, déclare le concile, et le mal provient d’un « acte libre » de la créature. Acte libre ? Pas tout à fait, puisque le concile affirme, un peu plus loin, que « l’homme pèche à l’instigation du diable »… Dorénavant, les péchés seront ainsi considérés comme l’œuvre de Satan, et ceux qui les pratiquent sont sous l’influence du démon. Faut-il rappeler que, dans tout le Moyen Âge, les fous seront considérés comme des possédés du diable et souvent, hélas, promis au bûcher ?
Le rôle de saint Thomas d’Aquin (1225-1274), dans l’établissement de la liste « définitive » des péchés, est essentiel. Éminent théologien, Thomas d’Aquin est porteur d’une œuvre considérable, source de cette philosophie qu’est le thomisme, qui prône notamment l’accession à la croyance par les preuves et la raison, et défenseur de la morale qui seule rapproche de Dieu. Thomas d’Aquin s’intéresse avant tout aux vertus, mais aussi à leur contraire, les passions. Ces passions donnent naissance aux péchés capitaux, dont il établira la liste dans sa Somme théologique. Tels que nous les connaissons aujourd’hui, les péchés de saint Thomas sont plutôt pour lui des vices, tendances, en somme, à commettre certains péchés. Passions, vices, péchés, qu’importe le terme, ils sont « une modification de l’âme qui provient du corps ». Issus de l’« appétit sensible », les péchés sont déclenchés par les sens, « en tant qu’ils perçoivent quelque chose de délectable », nourriture, ou « génération de l’espèce », la sexualité. La collusion entre plaisir, sensualité et péchés est ainsi établie.
Péchés capitaux, péchés véniels, péchés mortels
La gravité du péché, pour l’Église, véniel ou mortel, ne tient pas à son appartenance aux péchés capitaux. Est considéré comme mortel le péché qui, commis en pleine conscience et de propos délibéré, a pour objet une matière grave, celle que précisent dans la Bible les Dix Commandements. « Ne tue pas, ne commets pas d’adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignages, honore ton père et ta mère. » Aucun des péchés capitaux, on le voit, ne figure donc parmi les péchés mortels, sauf si l’on commet l’adultère par luxure, ou si l’on commet meurtre ou vol du fait de la colère. Quoi qu’il en soit, le péché mortel, « possibilité radicale de la liberté humaine », entraîne la privation de la grâce divine. S’il n’est racheté sur terre par le repentir, il conduit le pécheur en enfer pour l’éternité.
Péchés véniels ? Tous les autres, ceux qui font désobéir à la loi morale, dans une matière plus « légère », et permettent, par la repentance, d’accéder à la « béatitude éternelle ». Saint Augustin n’a pas la même indulgence : « Ne les tiens pas pour anodins, ces péchés véniels. Si tu les tiens pour anodins quand tu les pèses, tremble quand tu les comptes. Nombre d’objets légers font une grande masse ; nombre de grains font un monceau, nombre de gouttes emplissent un fleuve. » Pour l’Église catholique, de nos jours, même si les débats autour des péchés n’occupent plus guère les tribunes ni n’encombrent les encycliques, la liste des péchés capitaux est immuable. Elle apparaît telle dans le catéchisme de l’Église catholique, issu de Vatican II.
De Prudence à Dante
Un intérêt plutôt profane, d’ordre littéraire et pictural surtout, s’est vite emparé des péchés capitaux. Cet intérêt est ancien. L’œuvre du poète latin Prudence (348-vers 410), bien oubliée, La Psychomachie, une des œuvres majeures, en latin, de la chrétienté, met en scène le combat entre les figures allégoriques des vices et les vertus. Vaste poème, très proche encore de la poésie latine, il décrit, au cours de combats épiques – et chargés de symboles –, la lutte des péchés contre les vertus. Et bien avant Thomas d’Aquin, voici que la Chasteté combat la Luxure à coups d’épée, la Patience reste impassible sous les assauts de la Colère, l’Humilité fait face avec Courage à l’Orgueil, Raison et Chasteté luttent contre l’Avarice, et la Foi combat l’Hérésie. Cette psychomachie fut une source d’inspiration, pour l’art sacré, mais aussi pour la peinture et la sculpture profanes. C’est autour du XIe siècle que se constitue une iconographie des vices et des vertus. Sur nombre de cathédrales, Notre-Dame de Paris, en premier lieu, figurent des sculptures des sept péchés et des sept vertus. On les trouve encore sur les colonnes du palais ducal, à Venise, et sur les célèbres fresques de Giotto, dans la chapelle de Padoue.
C’est à La Divine Comédie de Dante, chez qui les influences sont multiples, des Évangiles à la mythologie gréco-romaine, que l’on doit la représentation la plus admirable – et la plus terrifiante – du sort des pécheurs dans les cercles de l’enfer. Dante Alighieri, chacun s’en souvient, poète florentin écrivant le premier en langue italienne, commence à composer dès 1306 un vaste poème, dédié à Virgile, La Divine Comédie. En quête de Béatrice, la jeune femme à peine entrevue, qu’il aimait et qui est morte, Dante relate le voyage imaginaire qu’il entreprend pour la rejoindre. Il se met en route, dit le poème, le 8 avril de l’an 1300, et, accompagné du poète Virgile, qui lui sert de guide, Dante va entrer dans le séjour des morts. Il traverse les neuf cercles de l’enfer, les neuf niveaux de la montagne du purgatoire, puis retrouve enfin Béatrice, qui le mènera aux sommets des neuf domaines du paradis, flamboyant domaine de Dieu.
« Vous qui entrez ici, laissez toute espérance », voici ce que peut lire Dante à la porte de l’enfer. Neuf cercles concentriques, l’enfer, où plus on s’enfonce, plus grande est la souffrance. Héros mythiques et philosophes antiques, Socrate voisinant avec Orphée, Platon avec Moïse et Abraham, hantent les limbes, premier cercle de l’enfer, où vivent sans espérance tous ceux, et pour cause, qui n’ont pas été baptisés. Et voici les vrais pécheurs, plus bas. Les luxurieux, ici, emportés dans « les tourbillons d’un violent ouragan », Pâris et Hélène, Cléopâtre et Sémiramis, tous les « amateurs de plaisirs sensuels », mais aussi, à la déconvenue de Dante, des membres de sa famille… Et c’est dans le troisième cercle qu’il aperçoit les gourmands, sur qui tombent, pour l’éternité, neiges, grêlons et pluies glacées. Dans le quatrième cercle, avares et prodigues s’affrontent, se heurtent avec violence, toujours en quête de plus d’or à dépenser… ou à thésauriser. Combat éternel des deux extrêmes d’une même passion, selon Dante, et cette proximité, surprenante, nous en verrons d’autres aspects en parlant ici de l’avarice – et des prodigues. Dans le bas enfer, au-delà de la traversée du Styx, les coléreux et les rancuniers, plongés dans une mare de boue, se frappent avec violence. Au-delà, dans les derniers cercles, d’horribles et éternels supplices attendent les criminels, les suicidés, et, au plus bas, ceux qui ont renié Dieu.
La loi du talion, héritée de la Bible, règne ainsi sur l’enfer, où les pécheurs, dans l’éternité de la souffrance, expient les fautes de leur vie terrestre. Et les péchés capitaux ont ici une place de choix. Mais certains pécheurs, peut-être déjà repentis sur terre, atteignent le purgatoire, lieu intermédiaire où, dans une atmosphère de chants et de musique, on peut expier ses péchés et aspirer – mais quand ? – aux portes du paradis. Dante, sur la montagne escarpée du purgatoire, trouvera les orgueilleux, marchant courbés sous de lourds fardeaux, longeant les murs où sont gravées des incitations à l’humilité, les envieux aux paupières cousues (c’est le regard sur l’autre qui est coupable dans l’envie…), les séducteurs fouettés par des démons. Il verra aussi les paresseux et les négligents, dont les ombres courent sans cesse pour apprendre le zèle, les avares et les prodigues, liés face contre terre, punis de la cupidité qui les empêchait de voir le ciel, et, sur la dernière corniche, enflammée, les luxurieux dont les âmes expient les débordements, les excès, dans un feu qui, comme leur passion, brûle toujours sans se consumer.
Quels commentaires oserions-nous faire sur « ce pur diamant de la littérature universelle », comme l’écrit son traducteur Jean-Charles Vegliante ? Aucun, bien sûr, et ce n’est pas ici notre propos. Mais les péchés capitaux doivent beaucoup à l’imagerie fantastique de La Divine Comédie. Et la symbolique des punitions infernales, comme celle des épreuves du purgatoire, témoigne pour chacun des péchés d’une vision pénétrante, dont la poésie prophétique dénoue les fils secrets.
Le destin profane des péchés
On n’a cessé d’en parler. Des tableaux majeurs de Jérôme Bosch ou Brueghel l’Ancien, aux films récents de qualité souvent discutable, ils ont toujours inspiré, et leur retour périodique témoigne d’un intérêt profane qui n’a d’égal que le désintérêt de l’Église pour ces « fautes » un peu archaïques. Mais pourquoi plaisent-ils toujours ? C’est sans doute qu’ils proposent une palette, assez complète, de comportements humains où chacun peut reconnaître un peu (ou beaucoup) de lui-même. Où chacun, en tout cas, croit trouver un portrait des autres…
Il y eut Le Jardin des délices, de Jérôme Bosch, où sont représentés les tourments des pécheurs dans l’enfer ; ou du même peintre Les Sept Péchés capitaux et les Quatre Dernières Étapes humaines, où chaque péché est illustré, prosaïquement, par une scène de la vie quotidienne. On connaît mal, en France, cette « moralité » anglaise du Moyen Âge, Le Château de Persévérance, où, sous une forme allégorique, figure « le genre humain », ou les sept péchés capitaux… Et où Genre humain, assiégé par Plaisir et Folie, menacé par Avarice, se réfugie dans un château où il sera sauvé par… Paix et Justice. Tant d’autres.
Mais sautons à pieds joints vers notre époque. Les péchés inspirent les écrivains, et qui n’a disserté sur l’avarice, l’orgueil ou l’envie ? Certains, plus originaux, vont au-delà des portraits. Pour le philosophe Alain, la colère, par exemple, naîtrait de la peur, et ne surviendrait que pour la fuir. Pour Paul Valéry, dans Tel quel, les péchés capitaux se neutralisent l’un l’autre. Envie et orgueil sont incompatibles (Victor Hugo l’avait dit, qui pensait que « l’orgueil a cela de bon qu’il préserve de l’envie »…), l’avarice s’oppose à la luxure, comme le fait la paresse qui empêche, on le comprend, de rechercher les plaisirs. Ainsi, écrit Valéry : « La perfection du juste est formée de la bonne composition des sept péchés capitaux, comme la lumière blanche de la composition des sept couleurs traditionnelles. » Voici une étrange réhabilitation des péchés, paradoxe dont Valéry était friand.
Georges Bernanos, l’auteur un peu oublié des Grands Cimetières sous la lune, dénonçait dans un texte célèbre la publicité qui, selon lui, ferait appel (déjà !), dans ses messages, aux péchés capitaux. Cette remarque reste d’actualité. Pensons-y, effectivement. Les appels à la gourmandise sont incessants, et si on a renoncé depuis longtemps, prévention oblige, à tel vin qui fut « le velours de l’estomac », les allusions aux délices des friandises ou de tel chocolat demeurent. « Parce que je le vaux bien », dit encore cette célèbre publicité pour une grande marque de cosmétiques, et l’orgueil est convoqué. Les allusions au sens de l’économie, sinon à l’avarice elle-même (« Dépensez moins, dépensez mieux »), sont habituelles. Quant à la luxure… murs et magazines sont couverts de sollicitations érotiques, dont les sous-entendus pervers (fétichistes, voire sadomasochistes) sont fréquents, et de moins en moins voilés. Hommage, donc, quotidiens aux péchés par la publicité, qui, soucieuse d’efficience, témoigne de leur force d’attraction, et de la vérité psychologique qu’ils contiennent.
D’autres exemples ? Chacun les a en tête. Le cinéma s’est souvent inspiré de cette thématique. La plupart des films à vrai dire ne méritent qu’à peine d’être mentionnés, sinon pour rappeler que les péchés fournissent des scénarios séduisants, et faciles… mais qui ne garantissent pas la qualité ! Ainsi, en 1952, Les Sept Péchés capitaux, film dont chaque épisode est réalisé par un cinéaste différent (Claude Autant-Lara, Roberto Rossellini, Yves Allégret…), tout comme la version de 1962 réalisée par des cinéastes proches de la Nouvelle Vague (Jean-Luc Godard, Jacques Demy, Roger Vadim, Philippe de Broca…), et en 1992, toujours avec le même titre, un film à sketchs, belge… Rien d’inoubliable.
Arrêtons-nous un instant sur Se7en, un film policier américain de David Fincher, en 1995. Nous voici loin des conventions, et l’utilisation des péchés est originale. À sept jours de la retraite (sept !), l’inspecteur Somerset, pour sa dernière affaire, est confronté à des meurtres en série. Et la série est inédite. À chacun des crimes correspondent un péché capital et un scénario terrifiant, qu’il s’agisse d’un obèse sauvagement assassiné, la tête dans une assiette de spaghettis, d’un riche avocat corrompu, avide d’argent, défendant meurtriers, pédophiles et dealers dans le seul but de s’enrichir, ou de l’horrible meurtre d’une femme qui, par orgueil, multipliant les interventions de chirurgie plastique, voulait « être belle » à tout prix, et qu’on trouve cruellement mutilée, un téléphone dans une main et une boîte de somnifères dans l’autre : sadique, le meurtrier lui laissait le choix entre vivre défigurée… et mourir par suicide. Le meurtrier commet ses crimes dans l’ordre, celui du livre qu’il possède, les écrits de saint Thomas d’Aquin, bien sûr. Anonyme jusqu’à la fin du film, il veut être la main de Dieu, et punir ces pécheurs qui l’entourent. Ainsi John Doe, c’est son nom, tueur paranoïaque et indubitable pervers, croit se substituer à Dieu, et surtout à l’enfer, pour punir avec sadisme les pécheurs. Ne voit-on pas l’inspecteur Somerset se plonger, pour poursuivre l’assassin, et suivre sa trace, dans la lecture de La Divine Comédie ?
D’autres exemples ? Ils n’apporteraient rien de plus. Pas plus que les multiples dossiers des magazines, régulièrement consacrés aux péchés capitaux, aux enquêtes sur leur fréquence avouée, aux exemples tirés du « showbiz » ou de la vie des stars, ou, au mieux, aux textes écrits sur commande par des philosophes, des écrivains ou des scientifiques, tels ces dossiers du Figaro Magazine, en 2008, consacrés à chacun des péchés. Plus triviale, cette illustration des péchés par leur supposée présence chez des « stars », qu’il s’agisse de l’aveu de paresse chez l’actrice Katie Holmes, ou de la luxure...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Dédicace
  5. Sommaire
  6. Avant-propos
  7. Chapitre 1 - Une brève histoire des péchés capitaux
  8. Chapitre 2 - La gourmandise
  9. Chapitre 3 - L’avarice
  10. Chapitre 4 - La paresse
  11. Chapitre 5 - L’envie
  12. Chapitre 6 - L’orgueil
  13. Chapitre 7 - La colère
  14. Chapitre 8 - La luxure
  15. Pour conclure
  16. Références bibliographiques
  17. Remerciements
  18. Du même auteur chez Odile Jacob