L' Identité, la part de l'autre
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L' Identité, la part de l'autre

Immunologie et philosophie

  1. 240 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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L' Identité, la part de l'autre

Immunologie et philosophie

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À propos de ce livre

C'est de plus en plus souvent en invoquant un fondement biologique qu'est définie, et défendue, l'identité individuelle. On entend ainsi dire que chacun de nous est unique en raison de ses gènes, que nos caractéristiques psychologiques, par exemple, s'expliquent par notre code génétique ou encore que la manière la plus sûre de nous identifier est de nous cartographier biologiquement (biométrie, tests ADN). Et si, loin de ce qu'avance le mouvement individualiste ou communautariste, la biologie actuelle nous donnait à voir le contraire d'un repli des identités? Et si l'immunologie elle-même nous suggérait qu'être « soi » consiste toujours à intégrer « l'autre »?Edgardo D. Carosella, de l'Académie des sciences, est médecin, directeur de recherche CEA et chef du service de recherches en hémato-immunologie à l'hôpital Saint-Louis de Paris; il est également vice-président du Centre d'étude du polymorphisme humain (CEPH). Thomas Pradeu est philosophe, maître de conférences à l'université Paris-Sorbonne; il est aussi membre associé de l'Institut d'histoire et de philosophie des sciences et des techniques.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2010
ISBN
9782738196545
Chapitre 1
Qui suis-je ?
Premier regard sur notre identité
Notre identité, une question cruciale
Tout être humain se pose la question de son identité. Chacun se demande en effet : qui suis-je ? Suis-je vraiment différent des autres êtres humains ? Si je suis différent, alors qu’est-ce qui fait ma différence ? Selon les situations, chacun veut soit marquer sa différence (par exemple avoir ses propres opinions, avoir des pensées originales, personnelles), soit être « comme les autres » (par exemple dans l’habillement ou les modes en tout genre, mais plus généralement dans la plupart des comportements en société). Les premières ébauches d’un questionnement sur l’identité surgissent dès la petite enfance. D’abord il y a l’étape d’imitation : l’enfant devient une sorte de miroir de ceux qui lui sont les plus proches (principalement, son père et sa mère). Il va mimer leurs gestes les plus simples : le mouvement des mains, de la tête, des lèvres. Cette étape d’imitation a été observée aux XVIIIe et XIXe siècles chez les enfants abandonnés dès leur naissance dans la forêt et exceptionnellement élevés par un animal, l’« enfant-ours », l’« enfant-loup », etc. Ils avaient acquis toute la gestuelle de l’animal, comme cela a été observé, par exemple, chez Victor de l’Aveyron, l’enfant sauvage3. Cette étape est très importante pour la formation de soi à travers l’interaction avec l’autre. C’est le premier pas vers la découverte de l’autre. Vers 18 mois, l’enfant commence à prendre conscience de son identité. Le signe le plus évident de cette conscience de soi est le fait qu’il puisse se reconnaître dans un miroir. Dans un premier temps, son reflet sera considéré par l’enfant comme quelqu’un d’autre. Il va essayer de le toucher, de se rapprocher, comme s’il s’agissait d’un autre enfant. Mais assez rapidement, il va se reconnaître. Le « test de la tache », aussi appelé « test du miroir », est très utilisé par les psychologues pour mettre en évidence cette reconnaissance de soi. Ce test, initialement développé par Gordon G. Gallup4, consiste à placer sur la tête d’un animal, à son insu, une marque colorée inodore puis à observer si l’animal se rend compte ou non de la présence de cette marque. À l’aide de ce test, on peut montrer que les chiens, les chats, les chevaux, et même les macaques, ne se reconnaissent pas dans un miroir. Ils peuvent cesser de s’agiter face à l’image que reflète le miroir, par habitude, mais ce n’est pas parce qu’ils s’y reconnaissent – par opposition aux grands singes (orangs-outans, chimpanzés bonobos) qui, eux, peuvent se reconnaître.
Cette étape de la reconnaissance est chez l’être humain très importante car c’est à partir de là que l’enfant commence à avoir conscience de sa différence. Il apprend peu à peu à s’individualiser, à assimiler son prénom, puis il acquiert la capacité à dire « je ». Pendant une longue période, l’enfant parle de lui à la troisième personne, disant par exemple : « C’est Martin qui a fait ça », au lieu de : « J’ai fait ça »5. Enfin, après que l’enfant a pris conscience de lui-même, commence l’étape appelée « théorie de l’esprit6 », qui désigne la capacité de l’enfant puis de l’adulte à réfléchir et à méditer sur les connaissances acquises et sur les pensées et représentations d’autrui. Puis, au fur et à mesure que l’individu grandit, cette question devient cruciale et se complique en prenant différentes connotations, à l’adolescence sur un mode inquiet et prospectif (« que vais-je devenir ? »), à l’âge adulte (« comment vais-je conclure ma vie ? ») et enfin à l’automne de sa vie sur un mode rétrospectif (« qu’ai-je fait de ma vie ? »). En effet, toutes ces questions qui mettent en jeu le cœur de notre identité dans son évolution sont indissociables de nos sentiments envers la mort. Car celle-ci est la seule certitude que l’homme puisse avoir. Cette conscience qu’a l’homme de sa propre finitude constitue une différence majeure avec les animaux, qui, pour autant qu’on puisse en juger, ignorent qu’ils vont mourir. La construction de notre identité ne peut pas y échapper. Au fur et à mesure que nous en avons de plus en plus conscience, cette réalité, en cette ultime étape, sera d’une certaine manière notre contribution à la transcendance humaine, c’est-à-dire l’inscription de nous-même dans une durée qui va au-delà de notre seule existence individuelle, qui est comme une prolongation de notre vie. C’est donc dans ce cheminement qui commence dans l’imitation et se termine dans la projection dans la durée que l’identité se construira dans une évolution constante.
L’identité n’est pas l’appartenance
Comme le souligne le philosophe Michel Serres7, nous avons une tendance déraisonnable à confondre l’identité et l’appartenance, si bien qu’à la question : « Qui êtes-vous ? », on répond souvent instinctivement : « Je suis Thierry Martin. » Cela permet certes de se présenter, de « décliner son identité », mais le nom lui-même n’est qu’une appartenance, en l’occurrence l’appartenance à une famille : mon nom dit quelque chose sur mon ascendance (bien marquée, par exemple, par les noms en ben, « fils de »), il peut être modifié par un mariage ou d’autres appartenances, mais il ne dit pas qui je suis réellement. Une autre réponse instinctive est : « Je suis de tel sexe, de telle nationalité, je suis né à tel endroit, je m’adonne à telles activités, etc. » Or, de nouveau, ce ne sont pas là des manières de dire qui nous sommes, mais seulement de dire à quels groupes nous appartenons : j’appartiens au groupe des femmes, de nationalité française, exerçant la profession d’avocate, etc. La « carte d’identité » elle-même n’est en réalité qu’une carte d’appartenance, le partage d’une nationalité entre les différents membres d’un peuple.
À travers son histoire, l’homme a essayé de classer et de définir les autres hommes, souvent de manière négative : les Grecs se pensaient par opposition aux « Barbares » et les premiers colons en Amérique ne voyaient le plus souvent les indigènes que comme des sous-hommes dénués d’âme. Mais en réalité ces faux classements, ces prétendues oppositions n’ont fait que causer du tort à notre humanité, car notre seule véritable appartenance est celle à l’espèce humaine. Certes, par la suite, des classifications administratives peuvent être nécessaires pour identifier un individu (au sens de le singulariser, d’être certain qu’il s’agit bien de lui), mais elles ne permettent pas du tout de définir son identité. Il importe donc de ne pas confondre l’être et l’appartenance. On croit que définir l’identité de l’individu, c’est déterminer la plus petite intersection de tous les ensembles auxquels il appartient. Mais en réalité l’identité est ce que je suis, et non la somme de mes appartenances contingentes.
Nous retrouvons, ce faisant, les conclusions d’Amin Maalouf, formulées dans son livre Les Identités meurtrières. Amin Maalouf, Libanais, chrétien, melkite, insiste sur l’importance des multiples appartenances pour comprendre l’identité, mais précisément il ajoute que ces appartenances sont virtuellement infinies, et que même le plus petit des hasards ou accidents de la vie peut avoir une influence plus décisive sur la construction de notre identité que telle appartenance que l’on croyait pourtant fondamentale, comme l’origine ethnique ou la religion par exemple. Aussi Amin Maalouf écrit-il :
L’identité ne se compartimente pas, elle ne se répartit pas par moitiés, ni par tiers, ni par plages cloisonnées. […] Lorsqu’on me demande ce que je suis « au fin fond de moi-même », cela suppose qu’il y a, « au fin fond » de chacun, une seule appartenance qui compte […], son « essence » déterminée une fois pour toutes à la naissance et qui ne changera pas ; comme si le reste, tout le reste – sa trajectoire d’homme libre, ses convictions acquises, ses préférences, sa sensibilité propre, ses affinités, sa vie, en somme –, ne comptait pour rien8.
L’identité n’est pas l’apparence
Lorsqu’une personne se demande : « Qui suis-je ? », sa question renvoie à ce qu’elle est elle-même et à l’image qu’elle se fait d’elle-même, mais aussi à l’image que les autres ont d’elle et encore à l’image qu’elle croit que les autres se font d’elle. Les autres sont un miroir pour moi-même, mais un miroir très imparfait. Je crois donner aux autres une image de moi, mais je me rends compte bien souvent qu’ils n’ont pas du tout l’image de moi que je voudrais qu’ils aient9. Combien de fois pouvons-nous entendre : « Je ne suis pas celui que vous croyez », ou : « Ne croyez pas que je suis ceci ou cela » ? L’exercice social qui consiste à définir son interlocuteur et à être défini par lui comme on le souhaiterait est fort délicat. D’ailleurs, lorsque je veux modifier mon image, je me méprends encore sur celle-ci. Nous renvoyons de nombreuses images parcellaires, selon les personnes avec qui l’on est, et selon les circonstances dans lesquelles on se trouve. Le « moi » n’est alors rien d’autre qu’un tissu d’apparences, car ces images du moi ne sont qu’un jeu d’interprétations, fait de multiples distorsions, et qui ne donne pas accès à l’individu véritable. Ainsi, l’identité sociale en elle-même, qui est toujours en définitive une identité en miroirs, ne nous dit pas qui nous sommes réellement.
Il faut bien voir, en effet, la relativité de l’apparence. L’apparence s’affirme toujours sous la forme d’un rôle social : la personne qui est investie maire, par exemple, « joue » immédiatement son rôle, parfois avec emphase ou excès. La cérémonie d’investiture, dans ce cas, s’apparente à une forme d’intronisation, destinée précisément à ce que la personne se pénètre bien de la force de sa nouvelle fonction dans la société. Et quels que soient le métier ou la place que l’on occupe dans la société, épreuves, rites de passage, honneurs et récompenses viennent officialiser le titre et la fonction. De fait, c’est la société qui institutionnalise cette apparence complexe qu’est le rôle social, mais ce dernier ne saurait en lui-même définir l’identité de l’homme, qui peut fort bien changer de rôle sans se perdre pourtant.
C’est de fait toute la question de la conjugaison de l’être et du paraître qui est ici posée. L’être évolue, l’apparaître également, mais à des vitesses différentes : ce que je donne l’impression d’être change beaucoup plus vite que ce que je suis réellement. Et pourtant je dois parvenir à me construire, à mon rythme, en tenant compte des différentes images de moi-même qu’autrui me renvoie.
L’identité n’est pas fixe, elle est évolutive
S’interroger sur l’identité humaine, c’est poser deux questions. La première est celle-ci : qu’est-ce qui, à un instant donné, fait que cette personne est unique, différente de toutes les autres personnes ? Il s’agit donc de la question de l’unicité de la personne. Comme nous le montrerons plus loin, cette unicité a un fondement biologique, avec un composant qui change peu, le patrimoine génétique (sachant que des mutations spontanées avec cassure de l’ADN se produisent régulièrement tout au long de la vie d’un individu, et font que l’on ne peut pas parler d’identité génétique « immuable10 »), et deux composants fortement évolutifs, le système immunitaire et le système neuronal. À un instant donné, ce sont principalement ces trois aspects (génétique, immunologique, neurologique) qui définissent l’unicité biologique de la personne.
La deuxième question caractéristique de l’identité est la suivante : qu’est-ce qui assure qu’une personne reste la même tout en changeant continûment ? C’est la question de l’évolution de la personne dans le temps, ce que Paul Ricœur a appelé « ipséité11 ». L’identité n’est pas la fixité, le maintien à l’« identique ». Quand on dit que deux objets sont identiques, on veut dire qu’ils n’ont pas de différences, autrement dit qu’ils sont parfaitement substituables. En revanche, quand la question de l’identité se pose pour une personne, la définition change radicalement.
Voici des dialogues qui nous sont familiers et dont nous avons peut-être été les témoins. Le premier : « Tu n’as pas changé. — Mais si ! — Pas du tout, tu es toujours le même. » Le second : « Il y a quelque chose en toi qui a changé. — Je ne crois pas, je suis toujours le même. » Comme on le voit, chacun se fait une image de lui-même qui ne coïncide pas nécessairement avec la réalité, et une image de l’autre qui ne coïncide pas nécessairement avec l’image que l’autre se fait de lui-même. Dans ce premier dialogue, nous revendiquons le temps passé, vécu et surtout ses effets sur notre identité. Dans le second, au contraire, nous n’acceptons pas le temps passé et, en quelque sorte, nous revendiquons une identité figée qui nous convient. Quelle est l’attitude la plus raisonnable ? En toute logique et sachant que le temps passe en laissant son témoignage, le second dialogue est le plus juste ; néanmoins, le premier n’est pas faux car le temps est passé aussi pour l’autre, mais ce n’est pas la pérennité et la temporalité de l’apparence physique qui accompagnent les faits et les caractérisent, ce qui compte ce sont les sentiments qui animent cette image, et en l’occurrence ni l’un ni l’autre n’a vu le temps passer. Ainsi, par exemple, dans le dialogue entre Nadja et André Breton, à la question : « Qui suis-je12 ? », Nadja répond : « Qui je hante ? […] évidemment il fait allusion à ce qu’il a fallu que je cessasse d’être pour être qui je suis. » André Breton utilise le terme « hanté » au sens de « habité par un fantôme », celui qui a eu une identité et une existence antérieures aujourd’hui finies. Nous aussi avons tendance à hanter les autres et donc à biaiser la réponse de l’autre. Nous avons certainement dans notre identité des identités « fantômes » qui peuvent surgir parfois, au gré des circonstances, et qui nous rappellent ce que nous avons été et que peut-être nous ne sommes plus.
Pourquoi disions-nous que l’identité d’un être humain ne consiste pas à rester toujours le « même », toujours « identique » ? Loin de présupposer l’absence de différences, l’identité d’une personne implique le changement dans le temps et la constitution de sa différence. Quand on s’interroge sur l’identité d’une personne, on se demande comment elle évolue à travers le temps, comment elle change tout en restant « elle-même ». Autrement dit, l’identité se construit, l’identité consiste à changer tout en restant soi. L’identité d’une personne est en effet un cheminement, celui qui va de la naissance à l’enfance, l’âge adulte et la vieillesse, elle est une identité changeante, évolutive. Je suis l’enfant que je fus et pourtant, malgré les ressemblances, je suis incontestablement très différent de lui. L’identité ne consiste pas à rester toujours identique à ce que l’on a été.
Cela pose la question de savoir si la construction de l’identité pour un individu donné est la même à notre époque qu’il y a cinquante ans ou encore il y a un siècle. En effet, tout ce que nous pensons, nous disons et subissons est relatif et dépend des moyens que nous avons à notre disposition. Les moyens de connaissance et l’accès à la connaissance ne sont pas aujourd’hui les mêmes qu’il y a cinquante ans. Nous pensons et nous nous exprimons en accord avec ces moyens. Certes, l’individu est en un sens le même, mais, en raison précisément des changements concernant les conditions de communication, les rapports avec autrui ne sont pas les mêmes. Cela équivaut à dire que je suis qui je suis dans mon temps et que je serais un autre dans un autre temps. Pour la même raison, je dois aussi accepter que la construction de cette identité dépend de l’espace, car elle ne se serait pas construite de la même façon ailleurs. Ces notions d’espace et de temps dans notre identité sont un point essentiel. Je suis ici et maintenant, et je suis différent d’hier, car nous changeons constamment.
Ce lien entre d’une part notre identité et d’autre part l’espace et le temps pourrait, semble-t-il, avoir pour conséquence que notre humanité serait changeante et dépendrait de notre entourage. On pourrait donc être influencé par les idées, les conceptions, les manières de faire de notre entourage, et ainsi, par exemple, être un humaniste, un positiviste ou encore un spiritualiste selon les lieux où l’on se trouve. Il ne faut pas, cependant, se méprendre sur ces influences sur nous : chacun de nous construit son identité d’une manière qui lui est propre, et cette identité ne se réduit pas à l’addition des influences de l’entourage.
Comme nous le voyons, parler de l’identité d’une personne, ce n’est pas parler de sa permanence, de sa fixité, du fait qu’elle resterait toujours la même, mais bien du fait que « quelque chose » d’elle semble assurer que c’est bien la même personne, en dépit du fait qu’elle change tout le temps. Si la notion d’identité est complexe, c’est précisément parce qu’elle se situe entre le maintien à l’identique (où rien ne change) et le flux incessant (où tout change, où rien ne se maintient).
L’identité : addition ou rupture ?
Le caractère le plus extraordinaire de la vie est son additivité, c’est-à-dire, plus simplement, l’addition de faits qui se superposent couches par couches formant en quelque sorte un dépôt sédimentaire qui laisse quelques traces sur les couches qui se superposent ensuite. Au cours de la vie, ces couches sédimentaires s’ajoutent les unes aux autres. On pourrait donc penser que l’identité de la personne, que son soi, suit le même processus. Si nous acceptons cette idée, nous réduisons le soi à une accumulation d’expériences individuelles dont l’évolution dépendra essentiellement des étapes de la vie de chaque individu. Le soi d’un enfant serait donc presque identique au soi des autres enfants du même âge et de la même éducation. Les frères jumeaux élevés dans la même famille, par exemple, auraient la même identité. Il n’y aurait donc pas de différence entre le soi de deux frères ou des enfants d’une même communauté. Cela nous amènerait donc à penser que le soi serait acquis à l’adolescence ou à l’âge adulte. Certes, il faut convenir que le vécu de chaque individu joue un rôle important dans l’acquisition de l’id...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Dédicace
  5. Introduction - L’identité humaine : la recherche d’un sens
  6. Chapitre 1 - Qui suis-je ? - Premier regard sur notre identité
  7. Chapitre 2 - Chacun de nous est-il unique ? - Le risque de la différence
  8. Chapitre 3 - Sommes-nous programmés ? - Prédétermination génétique et liberté du soi
  9. Chapitre 4 - Le devenir de soi-même - La construction de l’identité
  10. Chapitre 5 - L’autre constitue mon identité
  11. Chapitre 6 - L’identité immunologique
  12. Chapitre 7 - L’humain au cœur de l’identité
  13. Notes bibliographiques
  14. Des mêmes auteurs