Spin
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Le roman noir de la matière

  1. 320 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Le roman noir de la matière

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À propos de ce livre

La physique est-elle à la veille d'une révolution? Agités par la possibilité de résoudre l'énigme de la masse manquante, la plus grande partie de la matière de l'univers qui n'a jamais pu être observée, les astrophysiciens sont en quête d'une énergie noire et d'une matière noire. Mais sont-ils encore capables d'idées audacieuses? N'ont-ils pas plutôt des soucis de carrière que la tête dans les étoiles? Mêlant humour et sérieux, Michel Cassé et Jacques Paul ont cherché à répondre à ces deux questions au fil d'une intrigue amoureuse qui nous plonge dans la physique telle qu'elle se fait au jour le jour dans les laboratoires. Perplexité: qu'est-ce qui relève le plus de la fiction? La physique de la matière noire ou l'intrigue qu'ils ont imaginée?Michel Cassé et Jacques Paul sont astrophysiciens au Commissariat à l'énergie atomique. Jacques Paul est l'auteur de L'Homme qui courait après son étoile. Michel Cassé a notamment publié Du vide et de la création, Généalogie de la matière et Énergie noire, matière noire.

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2006
ISBN
9782738185013
Chapitre VI
Rue du théâtre
Grenelle de l’astrophysique
Il suffit de regarder attentivement un plan de Paris pour y voir un tronc d’arbre coupé avec ses cercles de croissance qui s’emboîtent plus ou moins régulièrement du cœur jusqu’à l’écorce. Chacun de ces cernes, correspondant à une année, porte l’empreinte du climat que l’arbre endura cette année-là. C’est ainsi que les cernes les plus étroits dénotent les années les plus sèches. Appliquée à la capitale, une telle dendrochronologie tient surtout au fait que Paris fut pendant les vingt siècles de son histoire une ville guerrière et murée.
Foyer des grandes voies d’eau drainant les richesses des terres les plus prospères du pays, la ville s’est toujours abandonnée à un vigoureux désir de croissance. Mais cette même géographie fluviale à laquelle Paris doit sa richesse, au point que la ville en porte la devise et l’emblème, est aussi la cause d’une extrême vulnérabilité. Bien avant que le réseau routier contemporain en reprenne le canevas et focalise chaque matin vers Paris des hordes de banlieusards motorisés, la convergence des cours d’eau a drainé de tout temps vers Paris les envahisseurs les plus divers. Pour s’en prémunir, la ville s’est toujours ceinturée de murailles. Tant qu’une enceinte subsistait, la croissance irrépressible de la cité suscitait tout le long des remparts une forme de congestion du tissu urbain. À la longue, l’enceinte finissait bien par céder, mais laissant chaque fois à Paris des cercles de nodosités qui subsistent encore aujourd’hui.
Après avoir repoussé loin de Paris les frontières de son royaume et les avoir garnies de places fortes invulnérables, Louis XIV avait pour un temps mis fin aux risques d’invasion. Débarrassé un bon siècle durant de toute forme de fortification, la ville se retrouva à la fin du XVIIIe siècle à nouveau ceinturée d’une enceinte bâtie cette fois par la Ferme générale pour assurer la perception des droits d’entrée les plus divers qui frappaient toutes les marchandises à destination des Parisiens. Le mur murant Paris – et qui rendait Paris murmurant – était bordé côté périphérie par une suite de chaussées plantées d’arbres, les boulevards extérieurs71. L’enceinte des Fermiers généraux ne fut pas de taille à contenir durablement la croissance de la capitale. Dès les années 1820, des rues s’amorçaient extra-muros, bordées de maisons champêtres que des entrepreneurs bâtissaient à bon compte pour toute une population d’ouvriers, de petits rentiers et même de modestes fonctionnaires.
C’est à cette époque que démarra le lotissement des solitudes maraîchères qui s’étendaient de Vaugirard à la Seine. Cette plaine, où Labienus le Romain vainquit Camulogène le Gaulois, était trop souvent inondée par le fleuve pour qu’y pousse une de ces bourgades que Paris captura les unes après les autres avant de les submerger d’une même boue de maisons grisâtres d’où pointe parfois un modeste clocher marquant l’ancienne place du village.
En 1823, un promoteur ambitieux, Léonard Violet, entreprit dans les plaines de Grenelle une opération immobilière d’une ampleur exceptionnelle. Violet avait judicieusement évalué l’intérêt de la proche périphérie de Paris : terrains peu coûteux à l’achat, pas ou peu d’impôts fonciers ni d’octroi sur les matériaux de construction, et surtout pas de règles d’urbanisme contraignantes. Il ne s’agissait pas moins que de créer une nouvelle petite ville avec ses places, ses rues, ses commerces, son église et même son théâtre, ouvert en 1828 avec, comme directeurs, Edmond et Jules Seveste. En 1808, Napoléon avait cru bon de restreindre la liberté théâtrale dans Paris intra-muros, et nombres de salles avaient fleuri au-delà des boulevards extérieurs. À la Restauration, les deux frères Seveste monopolisaient les théâtres hors les murs avec une formule de spectacle dans laquelle deux troupes se livraient à des chassés-croisés d’une salle à l’autre selon les besoins de programmes où alternaient vaudevilles et mélodrames.
La façade du théâtre de Grenelle, décorée de statues représentant Euterpe et Apollon, s’ouvrait sur la « rue du Théâtre ». Cette longue chaussée aboutissant à la Seine porte encore aujourd’hui le même nom alors que le théâtre a depuis longtemps disparu, remplacé dans les années 1930 par une bâtisse en brique au profil rappelant celui de l’ancienne salle, dont seul subsiste le modelé comme fossilisé dans la gangue urbaine. Traversant un quartier résidentiel à l’architecture disparate, la rue du Théâtre voit cohabiter assez harmonieusement de beaux immeubles en pierre de taille, des bâtiments plus modestes de l’époque ouvrière, récemment rénovés et embourgeoisés, quelques constructions récentes des années 1960 à 1970, et parfois, au fond d’une cour, la perle rare des agences immobilières, une maison de ville.
Depuis son retour de Californie, A*** loue un appartement rue du Théâtre, à deux pas de l’ancienne salle des frères Seveste. Comme tous les intellectuels et la plupart des universitaires, A*** n’avait jamais envisagé de s’installer ailleurs que rive gauche. Il aurait bien sûr préféré se poser au cœur de la montagne Sainte-Geneviève, le seul quartier possible pour un pur produit de l’université. À défaut, il n’aurait pas dédaigné un logement à la périphérie de la montagne Sacrée, du côté de Montparnasse ou de Saint-Germain-des-Prés. Avec son goût immodéré de l’exposition médiatique, A*** aurait été tout à fait à l’aise au sein de ces repères de l’intelligentsia germano-pratine.
Malheureusement, les émoluments d’un professeur d’université sont loin d’être suffisants pour s’établir dans un quartier devenu au mieux une vitrine de souvenirs, au pire un bazar pour touristes. Quand une librairie déménage alors qu’elle était une véritable institution depuis les années 1920, quand un célèbre disquaire ferme, quand des commerces de proximité mettent la clé sous la porte et qu’à leur place s’implantent des commerces de luxe, un astrophysicien n’est plus de force à y faire son nid, il doit se replier au loin, comme A*** le fit rue du Théâtre, dans les plaines de Grenelle.
À bien des égards, le choix de A*** semble des plus judicieux. En dix minutes, il peut rejoindre en voiture aussi bien l’Observatoire de Paris que les terrasses de Meudon, deux de ses lieux de travail attitrés. La tortueuse ligne 10 du métro lui offre aussi un accès rapide au prétendu campus de Jussieu, cette portion de cité-dortoir jetée en catastrophe au pied même du Panthéon pour absorber le trop-plein d’étudiants des années 1960, où il exerce son temps d’enseignement. Sans oublier que la même ligne dessert aussi le Collège de France, où A*** ambitionne de finir sa carrière, et l’Institut de France, qui ne devrait pas manquer de l’accueillir un jour au sein de l’Académie des sciences. Et puis, il ne déplait pas à A*** d’habiter une rue aussi paradoxale, au nom vide de sens, ce qui lui permet de piquantes reparties quand une jeune pimbêche lui demande quel spectacle se donne du côté de chez lui.
Au deuxième étage d’un bel immeuble en pierre de taille, aux encorbellements décorés de guirlandes de rose style Art déco, A*** occupe un quatre pièces dont les deux plus grandes donnent sur la rue, à peu près au sud, garantissant un ensoleillement surabondant que n’altère pas la petite bâtisse en vis-à-vis de l’autre côté de la rue. Ces deux pièces du devant communiquent par une porte à double battant que les A*** avaient retirée. La plus grande est la salle à manger où Inès a réussi à caser le piano droit qui lui permet de composer d’aimables bluettes. Dans un coin de la plus petite, qui fait office de salon, A*** s’est organisé une manière de bureau qu’il a équipé d’un kit wi-fi pour profiter sans entrave des charmes de l’Internet à haut débit. Il n’hésite pas ainsi à s’octroyer quelques pauses à la maison, tout en restant en contact étroit avec son laboratoire.
Astrophysicien à la maison
À peine sorti de la station Émile Zola, au retour de Jussieu où il s’est encore une fois usé les nerfs à l’occasion d’une de ces réunions très agitées bien que sans objet, A*** s’abandonne aux petits plaisirs d’un bel après-midi d’automne : descendre la rue du Commerce en prenant le trottoir du côté du soleil ; s’arrêter pour acheter un journal ; avoir un peu froid ; trouver que Paris est en beauté en cette fin d’octobre où la lumière semble plus limpide. Sous le charme de cette harmonie qui s’installe entre l’insouciance de l’âme et le climat de la saison, A*** tourne à regret le coin de la rue du Théâtre pour rejoindre son appartement et s’atteler une fois pour toutes à cette mystérieuse affaire de spin.
Les enfants chez leurs grands-parents pour les vacances de la Toussaint, sa femme Inès rêvassant à son piano, A*** se sent dans les meilleures dispositions pour prendre connaissance du dossier sur le spin que B*** n’a certainement pas manqué de lui faire parvenir depuis qu’il l’a relancé d’un mail assez sec. S’attablant à son bureau, A*** branche le petit ordinateur portable qu’il vient de sortir de son cartable et consulte sa messagerie où il repère aussitôt le mail de B*** : « Cher A***, à ta demande, j’ai essayé de composer une petite chronologie pour éclairer l’apparition du spin dans la théorie physique et sa montée en puissance. Tu en trouveras le détail dans le fichier attaché à ce mail. » A*** sauvegarde aussitôt le fichier en question qui renferme un très long texte dont l’allure générale lui paraît assez rébarbative. Surmontant sa répulsion, A*** fait défiler sur l’écran de sa machine le long pensum de B***....

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Chapitre premier - La chute de l’ange
  5. Chapitre II - Visions cosmiques
  6. Chapitre III - Les marronniers d’Arago
  7. Chapitre IV - Les communs de Meudon
  8. Chapitre V - Et l’antimatière fut
  9. Chapitre VI - Rue du théâtre
  10. Chapitre VII - Un dimanche à la campagne
  11. Chapitre VIII - La matière noire légère reçue à l’institut
  12. Chapitre IX - La petite musique du vide
  13. Chapitre X - Leur dernier coup d’éclat
  14. Chapitre XI - Le rideau tombe sur la lune
  15. Postface
  16. Notes
  17. Remerciements
  18. Index