À l'aube spirituelle de l'humanité
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À l'aube spirituelle de l'humanité

Une nouvelle approche de la préhistoire

  1. 192 pages
  2. French
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À l'aube spirituelle de l'humanité

Une nouvelle approche de la préhistoire

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À propos de ce livre

Pour saisir les origines de l'homme, il ne s'agit pas seulement de rechercher comment son corps s'est transformé ou quelles ont été ses migrations; c'est la naissance de la pensée, de la culture, de l'art, de la religion même, qu'il faut tenter de cerner pour mieux comprendre comment il est devenu l'homme. Et c'est ce que propose Marcel Otte dans ce livre, récit de notre préhistoire qui, sans sacrifier la précision archéologique ou physique, se concentre sur l'aventure spirituelle qu'a d'abord été l'hominisation. On suivra ainsi pas à pas le cheminement de nos ancêtres jusqu'aux sociétés avancées, avec toujours cette question: qu'est-ce qui les animait? Une « autre » vision de la préhistoire qui s'appuie sur ce que nous savons de l'évolution des corps et des techniques pour retrouver celle de la pensée. Historien de l'art et archéologue, Marcel Otte est professeur de préhistoire à l'Université de Liège. Auteur de nombreux ouvrages de référence, il est notamment spécialiste des échanges culturels durant le Paléolithique et dirige de nombreuses fouilles en Europe.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2012
ISBN
9782738178749
1
La constitution de l’esprit
Comment notre esprit s’est-il constitué au fil du temps ? Et de quoi est-il fait actuellement ? Notre hypothèse est qu’en enquêtant sur son émergence, nous avons une chance de mieux le cerner. Un problème majeur se pose toutefois d’emblée. Comment l’esprit humain peut-il s’étudier lui-même ? Puisqu’il fonctionne en quelque sorte comme une boucle en tentant de s’autodécrire, toute mise à distance prétendant être objective peut sembler vaniteuse. L’observateur se confondant avec l’observé, cette démarche entre en contradiction avec les règles de base qu’a tenté d’établir la recherche dite scientifique pour obtenir des résultats un tant soit peu crédibles.
D’autre part, toute analyse utilise des outils intellectuels conscients ou inconscients qui ont été élaborés au sein d’une certaine culture. Dès lors, vouloir parler des structures spirituelles de l’humanité, en partant d’une seule culture particulière au sein d’une multitude est suspect. Même si c’est au cœur de la culture européenne que se sont forgées les armes puissantes de réflexion de l’homme sur lui-même, comme nous le verrons ultérieurement, n’oublions pas que les analyses et la vision qui en découlent sont obligatoirement partiales et réductrices. Forcément imbibées de préjugés et d’automatismes, elles ne s’intéressent qu’à des aspects particuliers de ce que nous sommes ou pouvons être.
Voilà pourquoi il est si important pour le propos qui nous occupe de commencer par un rappel des idées en la matière telles qu’elles se sont déployées dans le temps, afin de nous doter d’un tableau parfois poétique, d’autres fois tragique de ce dont nous sommes pétris.
La question des origines de l’espèce humaine et de ses particularités est très ancienne, mais très récente dans la forme sous laquelle elle est aujourd’hui posée et par l’éventail des hypothèses envisagées. Partout sur la planète, les cultures se définissent par l’histoire de leur origine particulière, au sein d’un monde ayant lui-même une histoire originelle, et ce récit raconte invariablement l’apparition brutale de l’être humain par création de fait d’une entité supérieure. Les religions « révélées » ne font que fixer ces mythes originels, où les éléments de l’Univers apparaissent les uns après les autres, se multiplient en se produisant rapidement, mais d’emblée sous la forme où nous les connaissons aujourd’hui. Leurs péripéties peuvent certes en modifier l’ordre, la valeur et le nombre, mais le Soleil, les plantes, les animaux ou les hommes apparaissent toujours dotés de leurs caractéristiques actuelles.
Par opposition, le concept d’Univers se transformant en permanence est fort récent, du moins dans la période historique de l’humanité. Des individus isolés ont certes été de longue date des précurseurs en ce domaine. Empédocle, il y a vingt-six siècles, tentait d’expliquer l’adaptation des organismes à leur milieu par la disparition et l’évolution des espèces, préfigurant la théorie de Darwin par la sélection naturelle. Un siècle plus tard, Démocrite pensait que l’Univers s’était formé à partir d’une matière diffuse, qu’un grand nombre de mondes apparaissaient, évoluaient, portaient éventuellement des formes vivantes, entraient en collision ou se désagrégeaient. On lui doit le concept de particules infimes non fractionnables : « Rien n’existe, que les atomes et le vide », disait-il. Sénèque, au Ier siècle de notre ère, affirmait plus globalement : « Un temps viendra où nos descendants s’étonneront que nous ayons ignoré des choses si évidentes. […] Maintes découvertes seront réservées aux siècles futurs, quand tout souvenir de nous sera effacé. » Ces exemples puisés dans la seule période antique montrent que, depuis fort longtemps et certainement partout, nous avons échafaudé des hypothèses en contradiction avec la pensée dominante de notre époque, certaines fois avec une acuité surprenante, mais rarement avec succès du point de vue de leur diffusion collective.
Pour que ces idées d’un monde en évolution permanente deviennent de véritables hypothèses de travail, il a fallu attendre des siècles. La Genèse biblique fut, pendant près de deux millénaires, l’explication globale, obligatoire et unique à l’origine de toutes choses, pour l’Occident judéo-chrétien d’abord, puis avec des variantes dans l’Orient musulman. Et cela semblait assez satisfaisant pour l’esprit. Voilà qui suggère incidemment une question : l’esprit humain n’aurait-il pas besoin de certitudes, d’un horizon rassurant et d’un repère à partir desquels l’activité cérébrale puisse s’exercer sans trop d’angoisse ? Nous y reviendrons sous des angles divers au fil de notre propos, mais l’incertitude acceptable par l’esprit humain semble par nécessité limitée. Nous devons donc garder une méfiance active par rapport à nos convictions et évidences les plus intimes, à moins de nous considérer d’emblée comme supérieurs par nos capacités intellectuelles à toutes les générations passées. Ce qui serait un préjugé !
Ce n’est réellement qu’à partir du XVIIe siècle que le concept de création évolutive du monde – mais pas encore celui d’émergence progressive de l’esprit humain – va trouver des défenseurs. Le philosophe italien Lucilio Vanini est brûlé en 1619 à Toulouse pour avoir affirmé entre autres que l’homme descendait du singe. Un siècle plus tard, Julien Offray de La Mettrie (1709-1751), médecin et philosophe matérialiste, essaye de montrer que la totalité des espèces biologiques constitue un ensemble continu. Ce n’est qu’au XIXe siècle, avec le transformisme de Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829) et surtout le grand et immédiat succès médiatique de Charles Darwin (1809-1882) et de sa théorie de l’évolution par la sélection naturelle que commence réellement le débat. Toutefois, si on accepte peu à peu que les espèces, dont la nôtre, soient le fruit d’une évolution à partir d’une ascendance commune, l’être humain et l’esprit en particulier n’en sont pas moins censés être apparus tels quels de manière brutale dans un passé récent, en vertu d’une sorte de déclic dans l’ordre de la Nature. Voilà qui préserverait sinon notre origine divine, du moins le statut exceptionnel que nous nous sommes attribué dans cet ordre.
Pour que nos connaissances avancent, il a d’abord fallu que des disciplines comme la paléontologie et la préhistoire existent. En Chine, les fossiles étaient jadis perçus comme des os de dragons. En Europe, ils n’ont acquis une existence propre qu’au XVIIIe siècle avec ce que l’on appelait alors des « pétrifications ». L’idée d’une évolution du monde sur des durées immenses était encore ésotérique. Ces restes osseux étaient considérés comme « antédiluviens », par Georges Cuvier (1773-1838) lui-même, pourtant fondateur clairvoyant de la paléontologie des vertébrés. Ce n’est que dans la seconde moitié du XIXe siècle qu’a été admise l’existence de fossiles humains et certains ont été réputés « intermédiaires » entre l’homme et le singe. D’où la naissance d’une nouvelle discipline reconsidérant les travaux de précurseurs tel Schmerling (1790-1836) : la préhistoire. Il faudra cependant attendre 1857, quand Jacques Boucher de Perthes, aidé du géologue Joseph Prestwich, parvient à prouver l’ancienneté de plusieurs bifaces enchâssés dans une couche archéologique plus ancienne que celle attribuée au Déluge, pour que l’idée de l’homme émerge et que des temps géologiques s’imposent. Là encore, si on admettait que notre morphologie était apparue progressivement, ce n’était pas le cas pour l’esprit, toujours pour les mêmes raisons d’amour-propre. Il fallait laisser intacte la séparation nette animal/humain et postuler une intervention miraculeuse pour qu’on puisse passer de l’un à l’autre.
À la charnière des XIXe et XXe siècles, certains « spécialistes » ont finalement admis que les hommes préhistoriques avaient des capacités et des préoccupations intellectuelles similaires aux nôtres, dans les domaines artistique et métaphysique en particulier. Ce n’était toutefois pas la majorité, malgré des preuves nombreuses, comme les peintures rupestres dans des grottes désormais fort fréquentées et bien décrites, alors qu’elles n’avaient guère éveillé la sensibilité des visiteurs auparavant, telle la grotte de Rouffignac découverte dès le XVIIe siècle.
Cette « invisibilité » de certains indices matériels reste d’ailleurs courante de nos jours : on continue par exemple de retrouver a posteriori dans des récoltes de fouilles faites anciennement des artefacts passés inaperçus à l’époque car ils n’étaient pas censés être présents dans telle couche géologique. Le débat au sujet des plafonds peints de la grotte d’Altamira, lancé en 1880 par leur découvreur Sanz de Sautuola, ne prendra fin qu’en 1902 avec le célèbre Mea culpa d’un sceptique par Émile Cartailhac, le plus farouche opposant à l’existence d’un art préhistorique. Pour autant, l’art paléolithique n’était alors considéré que comme un simple divertissement pour ses auteurs : il s’agissait seulement de jouer avec des couleurs et de faire joli sur les parois des grottes que les « sauvages » occupaient, massue à la main et pinceau en poils de bison dans l’autre.
L’abbé Henri Breuil (1877-1961) va heureusement hisser la préhistoire au niveau d’une discipline universitaire à part entière et André Leroi-Gourhan (1911-1986) établira, entre autres, une théorie symbolique de l’art rupestre démontrant son organisation mythologique. De multiples théories portant sur l’art rupestre formeront un débat entre spécialistes ou passionnés. Au total, on a bel et bien admis que ces hommes des temps anciens avaient des préoccupations artistiques et métaphysiques identiques aux nôtres, et qu’ils les exprimaient avec des moyens et une symbolique qui leur étaient propres. Malgré des retours en arrière parfois, comme le poète surréaliste André Breton contestant l’authenticité de la grotte ornée de Pech Merle en 1952 et condamné à une amende pour destruction du patrimoine pour avoir testé les peintures avec les doigts. Le mouvement est ici parallèle à celui qui a prévalu pour les arts « primitifs », longtemps considérés comme de simples artisanats figés, mais dont les spécificités authentiquement artistiques ont été mises en évidence par les anthropologues depuis un pionnier comme Franz Boas.
Le débat s’est ainsi déplacé vers les autres variétés humaines, tel le Neandertal, qui se trouve actuellement dans la situation du Cro-Magnon il y a un siècle : brute épaisse ou délicat personnage à l’aspect peu avantageux et aux moyens techniques différents ? Cette question s’applique à toutes les ethnies et civilisations dont le degré technique nous paraît rudimentaire. Avec l’intérêt croissant à la fois pour une origine non créationniste de l’homme et pour les « peuples primitifs » découverts à partir des aventures coloniales des pays européens, l’étude de la diversité de l’homme dérive des sciences naturelles à partir du siècle des Lumières. Le naturaliste Buffon (1707-1788) contribue à la fois à établir et à défendre une conception évolutionniste de la Terre, et à créer une nouvelle discipline : l’anthropologie. À ses yeux, il n’y avait qu’une seule espèce humaine avec des variations multiples. Les recherches seront concentrées sur l’aspect physique de la diversité des humains jusqu’à la fin du XIXe siècle, créant la base de comparaisons et de la classification – et de ce fait la hiérarchisation – uniquement morphologiques toutefois.
Cette approche pratique a contribué à la création d’une chaire des « religions des peuples sans civilisation » à la Sorbonne, aux musées coloniaux, aux « villages de sauvages » dans les expositions universelles. L’étude des peuples « primitifs » se faisait alors à partir des témoignages des colons, des missionnaires et des explorateurs, par des « anthropologues en chambre » tel James Georges Frazer (1854-1941). Malgré une conscience croissante du problème des méthodes de recueil des données et de leur fiabilité depuis le début du XIXe siècle, cette pratique est restée la règle jusqu’après la Première Guerre mondiale. C’est alors que Bronislaw Malinowski (1884-1942) a systématisé l’approche de terrain en définissant sa méthode d’« observation participante ». Globalement, l’ensemble de ces travaux entretenait la notion de supériorité de la culture occidentale, dans le contexte d’expansion coloniale, même si dans certains domaines, comme la psychiatrie avec Freud, les arts avec Picasso, mais plus radicalement en philosophie avec Wittgenstein (1889-1951), émergeait la notion selon laquelle la hiérarchisation des cultures n’était qu’une idéologie sans fondement historique ou scientifique.
Après le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, qui a exploité dramatiquement toutes les dérives possibles se fondant sur la vision hiérarchique des cultures et des classifications de l’aspect morphologique des humains, Claude Lévi-Strauss (1908-2009) a, dans la seconde moitié du XXe siècle, amené ce débat sur la place publique, grâce à ses travaux novateurs et à son approche multidisciplinaire. Le succès de Tristes Tropiques a beaucoup compté aussi. Face au colonialisme, la démonstration par l’ethnographie de l’équivalence de toute l’humanité et de la valeur des cultures technologiquement plus simples que la nôtre finira par s’imposer. Du moins chez les spécialistes, certainement moins dans la culture générale et très peu dans la pratique, vis-à-vis des peuples aussi bien disparus qu’actuels, comme en témoignent certaines polémiques récentes. Preuve que rien n’est encore acquis ? Ou bien signe que le consensus ne laisse plus place qu’à des provocations résiduelles ?
Ce grand décalage entre l’apparition de concepts nouveaux, leur acceptation, leur diffusion et leur effet progressif dans les productions intellectuelles, matérielles et comportementales semble constant et sans fin.
Comme on le voit, l’effritement des concepts créationnistes a été très lent, y compris dans les milieux scientifiques concernés. Il n’est d’ailleurs toujours pas terminé, de même que celui du principe de supériorité qui en découlerait pour l’homme occidental. D’autres débats sont actuellement en cours, nous le verrons au fil de cet ouvrage. Nos convictions sont parfois tellement enracinées, que nous continuons longtemps à les défendre bec et ongles même si des éléments matériels nouveaux les remettent en cause.
C’est d’autant plus un problème dans le domaine de ce qu’on nomme les « sciences humaines », où les preuves immuables font défaut. La tendance à croire qu’elles se détachent de leur part subjective pour être un reflet de l’interprétation rigoureuse de faits prouvés (langage néoscientifique au possible !) est une illusion nécessaire à l’ego des chercheurs. Une relecture de l’histoire des idées évoque un glissement progressif des préjugés, un déplacement de nos a priori et de nos convictions, et non pas la disparition des anciennes « superstitions » remplacées par des vérités « scientifiques ». Car tous les jours des vérités, pourtant scientifiques, auxquelles nous avons cru fermement tant elles nous étaient assenées, nous paraissent n’être plus que de simples superstitions, tombant face à de nouvelles « preuves » apportées par de nouvelles théories, aussitôt érigées en « vérités ». Le processus est sans fin. Nous pouvons tenter d’y prendre part, certainement pas d’en proposer une issue.
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Planche 2. La roche n’est qu’un tranchant d’outil complexe, mis en action par les premières machines.
En haut (a). Le transfert d’un concept vers une roche fut une action proprement « démiurge » car il transgresse les lois biologiques. La forme du galet choisi, sa masse, son tranchant étendent les possibilités anatomiques humaines liées aux ongles et à la peau. Si sa lucidité a conçu et reproduit à l’infini le « prolongement » de son geste, c’est qu’il lui était vital et entrait intégralement dans le nouveau mode de vie de l’espèce, désormais plus culturel que biologique. Ces gestes « volés » à la nature en ont inspiré d’autres sans fin, au point que notre espèce ne puisse plus exister sans eux. À gauche : Vallonet (France), 900 000 ans ; à droite : Olduvai (Tanzanie), 2 millions d’années.
Au centre (b). Les traces, grises et noires, montrent l’usage des zones utilisées, emmanchées et naturelles. Une véritable « vie » est alors restituée à l’outil dont l’usage, ici, fut latéral (profondes retouches écailleuses).
En bas (c), terre d’Arhem, Bindon et al., 1987. L’emmanchement de très humbles outils de pierre (extrémité agrandie) leur donne des possibilités techniques infinies, spécialement par l’emploi du levier en bois et de la gomme. Les chasseurs nomades doivent y trouver toutes les fonctions avec le moins d’encombrement possible.
Rappelons également que ce n’est qu’au cours du XIXe siècle qu’a été aboli l’esclavage, alors que le ségrégationnisme n’a été interdit que dans la seconde moitié du XXe siècle et que ses effets se font encore largement (mais sournoisement) sentir dans nombre de pays au XXIe siècle. Le vote des femmes a été obtenu dans la première moitié du XXe siècle, celui des autochtones des colonies françaises pleinement acquis dans la seconde. Ces quelques exemples montrent que, aujourd’hui encore, la notion d’humanité reste extrêmement subjective et pétrie de hiérarchisation, et que nous sommes fort loin de reconnaître à tous les humains, sans distinction, des potentialités intellectuelles équivalentes. Les faits montrent que nous avons toujours considéré dans les facultés intellectuelles des degrés très différents, justifiant le refus d’accorder, totalement ou partiellement, le statut d’humain à certaines catégories d’individus, passées ou présentes.
Ces lignes elles-mêmes ne traduisent-elles pas implicitement un autre a priori ? L’idée que seuls les humains auraient un esprit, or l’éthologie nous montre que les capacités d’abstraction, de mémorisation, de transmission de l’apprentissage, les préoccupations esthétiques, les sentiments, la conscience de soi existent chez ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Dédicace
  5. Excuses à Darwin
  6. 1 - La constitution de l’esprit
  7. 2 - Un point de méthode
  8. 3 - Une aventure tropicale
  9. 4 - La spiritualité, moteur de l’évolution ?
  10. 5 - Naissance de l’humanité
  11. 6 - L’homme debout
  12. 7 - De la maîtrise du temps à l’apparition d’une multitude de cultures
  13. 8 - Défier la nature
  14. 9 - Vers la maîtrise du monde, à partir de 10 000 ans
  15. 10 - Créer le monde
  16. 11 - Conclusions et perspectives
  17. Références bibliographiques
  18. Remerciements