N'importe qui peut-il péter un câble ?
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N'importe qui peut-il péter un câble ?

  1. 272 pages
  2. French
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N'importe qui peut-il péter un câble ?

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À propos de ce livre

Perte de contrôle, souffrance morale… on a tendance aujourd'hui à ne plus tolérer les difficultés de la vie et à craindre même parfois de perdre la tête pour de bon. Or « péter un câble » recouvre des états très divers, de l'explosion de colère à toutes les formes de pathologies mentales. Alors où est la frontière entre le normal et le pathologique? Certaines personnes sont-elles plus à risque? Quelle est la part du génétique, de l'environnement et des sentiments inconscients? Quel est le véritable impact du stress sur la santé mentale? Avoir trop d'ambitions personnelles peut-il être dangereux? Certains métiers mettent-ils en péril l'équilibre mental? Y a-t-il des cultures qui protègent des problèmes psys? Les troubles mentaux sont-ils de plus en plus fréquents? Qui va chez le psy? Peut-on s'en sortir et comment? Le système de soins français est-il adapté et suffisant pour faire face aux problèmes psys? Vivianne Kovess-Masfety apporte une réponse claire et vraie à toutes nos interrogations sur la santé mentale et la psychiatrie en France aujourd'hui. Vivianne Kovess-Masfety est psychiatre, épidémiologiste. Elle dirige une unité de recherche de l'université Paris-Descartes, où elle enseigne, et est professeur à l'université McGill à Montréal.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2008
ISBN
9782738193711
PREMIÈRE PARTIE
QU’EST-CE QUE PÉTER UN CÂBLE ?
Chapitre 1
Aux frontières de la normalité
De la crise de folie à la colère
Péter un câble est une expression très populaire ; une recherche sur Internet montre à quel point l’expression est fréquemment employée et ce pour exprimer des situations très diverses.
Ces situations peuvent aller d’une crise de violence accompagnant un épisode délirant à un énervement suscité par les tourments de la vie quotidienne, qui fait craindre de se mettre en colère au point de perdre le contrôle de soi-même.
Péter un câble, c’est devenir fou ?
« Un jeune de 18 ans agressé à la tronçonneuse. »
« Un jeune homme de 18 ans a été retrouvé dimanche gisant dans son sang en pleine rue, à Lyon, le visage gravement mutilé, après avoir été agressé à la tronçonneuse, probablement par son frère âgé de 15 ans. La victime, qui a perdu une oreille et dont une jambe a été en partie sectionnée, a dû être opérée par des médecins sur place dans une ambulance des pompiers, avant d’être hospitalisée. »
Réaction des internautes :
« Mais où va le monde ? C’est de plus en plus grave ce monde de fous.
– C’est un monstre…
– Vous n’avez pas songé une minute qu’il a sûrement un problème psychologique, et que vous aussi, un beau jour, pourriez péter un câble comme il l’a fait ? Je n’approuve évidemment pas ce qu’il a fait, mais il faut quand même essayer de comprendre… Le cerveau humain n’est pas infaillible, c’est un peu comme un PC : il peut planter. »
Dans cet exemple, qui décrit un drame causé par l’entrée dans un processus délirant, on observe deux types de réaction : « C’est un monstre », sous-entendant qu’il a intentionnellement agressé son frère, et « il a des problèmes », c’est-à-dire que c’est un malade. Cette dernière opinion incluant une sorte de banalisation : péter un câble, cela peut arriver à tout le monde.
Un symptôme de la psychose ?
« Péter un câble » est le titre d’une des fiches illustrées sur les principaux symptômes de la psychose et publiées par une association suisse qui s’occupe de schizophrénie. Péter un câble y est défini par « la peur de devenir fou et de perdre le contrôle ».
Dans ce contexte et contrairement au précédent exemple, le fait de péter un câble est clairement assimilé à un symptôme d’une maladie mentale grave, la schizophrénie, et est présenté comme un des signes qui marquent l’entrée dans la maladie.
Péter un câble à cause de la drogue
Dans un contexte identique, une information stipule, sous le titre : « La drogue peut faire péter un câble », qu’il existe aujourd’hui suffisamment de preuves scientifiques pour avertir les consommateurs réguliers de cannabis des risques élevés de maladies psychotiques auxquels ils s’exposent et, plus précisément, du danger réel d’affections particulièrement graves, telle la schizophrénie.
Une dépression non soignée ?
« Cela fait des années que je vis dans un climat de dépression, de mon entourage, de moi-même. J’ai traversé automutilation, solitude, problèmes familiaux, etc. Je m’isole de plus en plus d’année en année, et je ne me vois pas d’avenir, alors que je suis très jeune et que j’ai mené des études plutôt bonnes… Je m’inquiète pas mal en me demandant où cet état dépressif va me mener. J’ai vu des psys, mais je ne leur parle pas, et je refuse de prendre des médicaments car je vois ça comme une aliénation. »
Réaction d’un internaute :
« Soigne-toi, sinon tu vas péter un câble et te suicider ! Quelles sont les grandes raisons de ton état ? Je ne suis pas toubib, mais évite absolument de t’isoler, si, apparemment, ça ne va pas fort avec la famille, essaie de fréquenter tes amis ! Peut-être aussi avoir un meilleur sommeil, te coucher plus tôt, etc. »
Cet exemple n’est plus celui de la « crise de folie », mais d’un éventuel passage à l’acte violent, le suicide.
C’est perdre le contrôle ?
Dans les exemples qui suivent, ce sont des tourments de la vie quotidienne qui peuvent amener à avoir des comportements de colère avec violence physique ou verbale.
« Le jour où j’ai vraiment pété un câble. »
« Un jour, ma chef arrive sournoisement derrière moi, et constate qu’en plus de faire des tableaux de facturation sous Excel, j’ai l’audace de discuter avec une amie sur ma messagerie.
“Tu crois peut-être que je te paie pour que tu discutes avec tes amis sur ta messagerie ? Tu tiens à garder ton job ?” Là, je ne sais pas ce qui m’a pris, je crois que j’étais franchement de mauvaise humeur ce jour-là. J’ai explosé, et j’ai balancé des missiles.
“Eh bien justement non ! Mon poste je ne tiens pas tant que ça à le garder, tu vois, je m’en fous complètement même ! Tu sais quoi ? J’en ai marre d’être traitée plus mal que si j’étais ton clébard, en plus je suis sous-payée. Et tu as vu comment tu me parles ? Tu as vu comment tu parles à tout le monde d’ailleurs ? Même un enfant de 6 ans est plus poli que toi ! Y en a ras le bol de tes attitudes ! Tu ne te rends pas compte que personne ne t’aime parce que tu ne respectes personne et que tu méprises tout le monde ? On n’est pas tes esclaves, bordel ! !”
Elle est devenue verte. J’étais hors de moi, et tout le monde s’est arrêté. Sidéré. Comme si tout le monde craignait qu’une bombe explose.
Interdite pendant quelques secondes – elle ne s’attendait pas sans doute à ce qu’on lui réponde de la sorte –, elle a riposté : “Mais qu’est-ce qui t’arrive ? Tu as pété un câble ou quoi ? Tu t’en fous de ton travail ? Eh bien puisque c’est comme ça, tu vas pouvoir en chercher un autre, dès maintenant !”
Et moi j’ai répondu : “Eh bien oui, je pète un câble quand je veux.” »
Dans cet exemple, il s’agit d’une sorte de ras-le-bol probablement à la suite d’autres conflits plus ou moins larvés. Évidemment, les conséquences sont peut-être graves pour la personne qui a pris le risque de perdre son travail, mais peut-être aussi les conditions étaient-elles vraiment tellement épouvantables, que de toute façon elle songeait à partir et que cette colère n’était pas si inopinée qu’on peut le croire. Son « pétage de câble » a fait sortir une colère rentrée depuis longtemps et « remis les pendules à l’heure ». On est dans un tout autre registre que les cas précédents.
C’est avoir peur de craquer ?
D’autres personnes sont aux prises avec des situations difficiles et se sentent dépassées.
Pour les femmes, ce sont surtout des situations qui impliquent de jeunes enfants. L’une d’elles exprime très clairement sa peur de devenir violente et de donner une gifle à son enfant.
Mais le sentiment amoureux peut aussi être à l’origine de cette peur de craquer.
Quant aux hommes, l’informatique, notamment, semble les pousser à bout.
Des parents dépassés
« Au secours ! Que faire ? Il me fait péter un câble. »
« Depuis la rentrée des classes, mon fils croit qu’avec les facilités qu’il a, il n’a pas besoin de travailler. Donc il ne fait rien. Bien sûr, les résultats commencent déjà à être mauvais, il ne note pas ses devoirs sur son cahier de textes, ne copie pas ses leçons et de plus il nous ment. Tous les soirs, c’est la prise de tête : il me pousse à bout. Parfois, j’arrive à me contenir, mais la plupart du temps, il me fait exploser (j’en arrive même à lui mettre des claques) et là je m’en veux. »
« Je vais péter un câble. Faut que je l’écrive quelque part, je ne sais pas pourquoi plus ici qu’ailleurs, mais voilà, je suis à bout ! »
« Je n’en peux plus avec les filles qui sont affreuses quand elles sont ensemble, elles enchaînent bêtise sur bêtise, elles ne peuvent pas jouer plus de dix minutes sans se chamailler, voire se taper. On n’arrête pas de cadrer, mais ça devient dur. Et puis la maison, le linge… C’est la folie depuis l’arrivée de Bertrand, il me faudrait un pressing à domicile. Bertrand ne fait toujours pas ses nuits, alors ça n’aide pas. Certes, je peux enfin dormir une nuit sur deux depuis que nous sommes passés au biberon (il y a une semaine), mais pas facile de totalement récupérer quand on court toute la journée derrière. Bref, j’ai beaucoup de chance d’avoir la famille dont je rêvais, j’en ai conscience, mais la fatigue me fait virer maboule des nerfs. Vivement que ça passe : trois enfants en deux ans : des jumelles et un garçon : la vie est pleine de surprises ! »
Ici l’internaute ne nous dit pas ce qu’elle entend par péter un câble, on a plutôt l’impression qu’elle craint de déprimer. Elle se sent très fatiguée, elle est supposée être heureuse, mais la situation est très difficile et elle sent bien que cela ne tourne pas rond.
L’amoureux(se) éconduit(e)
« Je vais péter un câble. »
« Voilà, cela va faire trois mois que c’est fini, mais on continue à se parler et à se voir au sein de notre travail ; la semaine dernière, on a réussi à renouer le dialogue alors qu’avant c’était vraiment tendu. Je lui ai laissé un SMS en lui disant que je le rappellerai un peu plus tard (il était 18 heures). Je l’ai appelé à 22 h 10 et ça a sonné, puis : répondeur ! Pour moi c’est encore une grosse claque que je me prends ! Est-ce que je dois penser qu’il ne veut pas me parler en dehors de nos activités professionnelles ? Je me pose trop de questions. Dois-je lâcher l’affaire, moi qui voulais tenter de le reséduire ? Complètement paumée, besoin d’un gros bisou. »
Ne pas savoir quoi faire surtout pour des sujets aussi importants est générateur d’angoisse et la peur de péter un plomb fait partie des symptômes et des crises d’angoisse.
À cause de problèmes… d’informatique pour les hommes
« Je vais péter un câble !!! »
« J’étais en train de me monter un vieux PC, avec un petit disque 2 Go, etc. J’ai cinq lecteurs disquettes chez moi, dont deux qui étaient utilisées, je les ai tous fusillés ! J’en ai marre, tout ça à cause du disque dur de 2 Go… C’est vraiment n’importe quoi, sur tous les PC où j’ai branché ce disque, les lecteurs disquettes gardent leur voyant vert allumé, et font un sale bruit quand on met une disquette, c’est vraiment incroyable ! J’ai jamais vu ça, comment un putain de disque dur peut griller des lecteurs de disquettes ! ? Ou si vous savez réparer mes cinq pauvres lecteurs de disquettes, dites-le-moi, je suis à bout de nerf ! »
Les exemples de peur de péter un câble concernant l’informatique : mise en place d’un nouveau logiciel ou matériel, contrat avec le fournisseur d’Internet et autres abondent sur la toile. La patience des utilisateurs est mise à rude épreuve et il semble que le pétage de plomb dans ce contexte soit plutôt la peur d’une grosse colère qui enverrait promener tout ce matériel et l’endommagerait.
Le pétage de câble des people
On trouve aussi des exemples de pétage de câble de personnalités politiques ou d’écrivains en vue, vidéos ou textes d’interviews à l’appui. Il s’agit d’épisodes au cours desquels des personnalités, sans doute sous pression, se mettent en colère, tiennent des propos choquants ou adoptent des comportements politiquement incorrects, l’abus de substances toxiques pouvant éventuellement être en cause.
Le pétage de câble peut ainsi se rapporter à tout comportement qui sort de la normalité, la normalité étant conçue comme un strict contrôle de ses comportements : ne pas se mettre en colère devant la contrariété, avoir l’air heureux avec trois enfants en bas âge quoi qu’il arrive. À l’opposé, le pétage de plomb décrit aussi des états franchement pathologiques.
Qu’est-ce qui est normal et qu’est-ce qui ne l’est pas ?
Le pétage de câble implique de passer d’un état dit normal à un état anormal. L’image implique quelque chose de brutal et une différence d’état psychique importante et clairement perceptible. Une sorte d’avant et d’après : l’après étant quelque chose de l’ordre de la folie ou de l’anormal.
Mais qu’est-ce qui est normal et qu’est-ce qui ne l’est pas en matière de fonctionnement psychique ?
Les psychiatres sont assez souvent amenés à rencontrer des personnes que tout le monde considère comme normales et qui se révèlent franchement pathologiques. Inversement, des personnes viennent à la psychiatrie alors qu’elles n’ont aucun problème sérieux. Les définitions grand public des maladies mentales sont assez différentes de celles que reconnaît la psychiatrie tant dans les dénominations que dans les signes reconnus comme « anormaux ».
La perception même par chacun de ce qui est anormal peut varier considérablement. Par exemple, la tolérance à l’angoisse ou à la souffrance psychique est très différente suivant les personnes. Cela apparaît clairement dans les enquêtes réalisées auprès de la population générale où l’on voit très bien qu’à un niveau de symptômes apparemment équivalent, certains sont très gênés dans leur vie quotidienne, d’autres beaucoup moins. Certains consultent un médecin ou un « psy », alors que d’autres considèrent que cela passera et ne consultent personne.
La difficulté à définir la frontière « normal/pathologique » est particulièrement bien connue des épidémiologistes de la santé mentale.
En effet, pour un soignant qui reçoit un patient qui lui demande de l’aide, la question est en général de savoir de quel problème il s’agit et quelle est l’aide la plus appropriée. La personne a une demande d’aide et la question de sa normalité ou de son anormalité ne se pose pas vraiment.
Les épidémiologistes ont une démarche différente puisqu’ils doivent, eux, évaluer la quantité de problèmes au niveau d’une population. Pour cela, ils tirent au sort des personnes comme pour les sondages sur les intentions de vote, et leur posent des questions pour déterminer si elles souffrent ou non d’un problème de santé mentale. Parmi les personnes interrogées, certaines ont des problèmes sévères et sont suivies par des psychiatres, voire ont été hospitalisées, certaines n’ont pas de problème ou du moins pas de problème qui apparaisse vraiment sévère, et elles n’ont pas de contact avec la psychiatrie. Le plus troublant, lorsqu’on procède à ces enquêtes, est que l’on trouve des personnes qui semblent avoir des problèmes très sévères et n’ont demandé aucune aide professionnelle, et d’autres qui ne semblent pas avoir de problèmes très sévères, mais sont suivies régulièrement en psychiatrie.
La définition des limites entre normalité et anormalité est donc particulièrement difficile lors de ces enquêtes. En effet, on y considère par exemple comme « malade » une personne qui a de nombreux symptômes de dépression ou d’an...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Copyright
  4. Table des matières
  5. Dédicace
  6. Introduction
  7. PREMIÈRE PARTIE. QU'EST-CE QUE PÉTER UN CÂBLE ?
  8. DEUXIÈME PARTIE. LES DIFFÉRENTS TROUBLES PSYS AUJOURD'HUI
  9. TROISIÈME PARTIE. SE SOIGNER ET GUÉRIR
  10. Conclusion
  11. Quatrième de couverture