Hyperterrorisme : la nouvelle guerre
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Hyperterrorisme : la nouvelle guerre

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Hyperterrorisme : la nouvelle guerre

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À propos de ce livre

Le 11 septembre 2001, le monde a basculé dans l'hyperterrorisme. Frappée au coeur, l'Amérique a aussitôt organisé une riposte contre un ennemi sans territoire et sans État. François Heisbourg fournit, avec les meilleurs chercheurs et spécialistes de la Fondation pour la Recherche Stratégique, les clés pour comprendre l'origine des attentats et en mesurer les conséquences: - Quels sont les motivations et les moyens des organisateurs? - Comment se dérouleront les étapes successives d'une riposte qui durera plusieurs années? - Quelle sera la nouvelle carte du monde issue des attentats et de la riposte? - Comment sera affectée notre vie économique, politique et sociale, confrontée à des choix redoutables entre liberté et sécurité? François Heisbourg, directeur de la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS) et président de l'International Institute of Strategic Studies (IISS) est reconnu en France et à l'étranger comme l'un des meilleurs spécialistes des questions internationales et de défense alliant la réflexion au fond et l'action dans une carrière industrielle et gouvernementale exceptionnellement riche. Les chercheurs de la FRS ont apporté leur expertise individuelle et collective sans équivalent en France en matière de sécurité et de défense.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2001
ISBN
9782738182562
Troisième partie
L’impact
Chapitre V
L’impact
sur la stratégie américaine
Lors des attentats qui ont touché Washington et New York, le spectre de Pearl Harbor s’est immédiatement imposé pour caractériser cette surprise stratégique. Cette analogie a cependant des limites. L’attaque du 11 septembre n’a pas été perpétrée par un État même si elle a pu bénéficier du soutien de tel ou tel État. Elle n’était pas non plus dirigée directement contre les forces armées américaines comme ce fut le cas il y a soixante ans. Elle a été conçue et lancée par des « acteurs armés non étatiques », des réseaux terroristes liés à l’organisation Al Qaida dont les ramifications s’étendent dans plusieurs dizaines de pays.
Cherchant à frapper la principale puissance militaire, coupable, à leurs yeux, d’une politique délibérément hostile au monde musulman, les terroristes ont évité de défier les États-Unis là où leur force est sans égale, c’est-à-dire dans le domaine militaire. Ils ont développé et utilisé des méthodes de combat dites « asymétriques » face auxquelles l’outil militaire traditionnel offre apparemment bien peu d’utilité. Donald Rumsfeld, le secrétaire à la Défense, le reconnaissait sans détour dès le 18 septembre lors d’une conférence de presse, en déclarant que l’adversaire auquel les États-Unis avaient à faire face ne possédait pas d’armée, de marine ou de forces aériennes, ni d’ailleurs de territoire bien précis et qu’enfin il n’offrait pas, pour réplique, de cibles de haute valeur comme les infrastructures civiles et militaires d’un État. Il fallait donc le combattre en imaginant une campagne très différente de celles du passé. Désormais, à côté des concepts classiques d’emploi des forces, les Américains doivent imaginer de nouveaux modes opératoires, et, selon les termes du secrétaire à la Défense, il ne fallait pas s’attendre « à ce que les engagements militaires produisent nécessairement des victoires apparentes ».
La menace terroriste islamiste était devenue de plus en plus présente aux yeux des Américains dans la décennie 1990, certaines de leurs installations civiles (le World Trade Center en 1993), militaires (les forces américaines en Arabie Saoudite en 1996 ; le destroyer USS Cole en 2000) et diplomatiques (les ambassades en Tanzanie et au Kenya en 1998) ayant fait l’objet d’attentats suicides. Les menaces directes contre le territoire américain se précisaient ainsi et devenaient l’une des priorités.
L’Amérique prise de court
Les attaques qui ont dévasté une partie de New York et frappé le Pentagone ont eu lieu à un moment de fragilité particulière des États-Unis à cet égard. Face aux risques d’attentats terroristes et, plus généralement, de menaces de nature « asymétrique », les responsables américains avaient identifié certaines lacunes dans leur dispositif tant de prévention (adéquation de la chaîne de renseignement aux nouveaux risques par exemple), de riposte (quel mode d’action militaire appliquer) et de gestion d’une catastrophe consécutive à une action terroriste qui aurait pu impliquer l’emploi d’armes de destruction massive NBC (nucléaire, biologique et chimique). Peu de temps après son entrée en fonction, le Président Bush avait décidé d’accélérer les mesures visant à corriger ces carences.
La National Security Presidential Directive 5 (NSPD 5) du 12 mai 2001 donnait instruction au directeur de la CIA, George Tenet, de procéder à un audit de l’agence de renseignement d’ici à la fin de l’été. Un double objectif lui avait été assigné : consolider les actions destinées à réduire les rivalités bureaucratiques et améliorer les moyens de collecte de l’information du renseignement américain, dont le budget annuel cumulé est de l’ordre de 30 milliards de dollars par an. L’Agence de sécurité nationale (la NSA — National Security Agency), qui dépend du Pentagone et qui procède aux interceptions et aux décryptages des communications à l’échelle de la planète, se trouvait elle aussi en pleine réorganisation.
Les écoutes électroniques doivent aujourd’hui faire face à un défi technologique sans précédent posé par l’existence de puissants logiciels de cryptage et par l’utilisation croissante de fibres optiques (qui peuvent transférer de 2,5 à 20 gigabits par seconde ; 10 gigabits correspondent à l’équivalent de 18 000 livres) pour relayer les télécommunications difficilement pénétrables par les moyens traditionnels d’intrusion1. Ainsi, l’US Navy a décidé, sans doute pour le compte de la NSA, de dépenser 1 milliard de dollars pour modifier un de ses sous-marins les plus modernes de la classe Seawolf, le Jimmy Carter, pour des missions d’espionnage et notamment celles consistant à faciliter l’intrusion sur les câbles de fibres optiques au fond des mers.
De surcroît, la NSA a connu depuis ces dernières années une série de déboires techniques, par exemple la panne qui, en janvier 2000, a privé l’Amérique de renseignements pendant soixante-douze heures2. Enfin, les problèmes organisationnels qu’elle rencontre, qui furent d’ailleurs soulignés par un rapport du Comité du renseignement de la Chambre des représentants de 1999, font désormais l’objet de l’attention de son directeur, le général Michael Hayden, qui, depuis avril 1999, s’emploie avec une efficacité que beaucoup lui reconnaissent à redorer le blason de la NSA qui n’en finissait pas de chercher un nouveau souffle depuis la fin du bloc soviétique. L’espionnage contre l’URSS représentait environ 60 % du budget de la NSA en 1980. En 1995 seulement 12 % de son budget étaient consacrés à la Russie. L’organisation interne de l’Agence en cinq directorats opérationnels ne correspondait plus aux besoins actuels mais n’avait pourtant pas été modifiée. L’Agence s’enlisait dans des querelles bureaucratiques internes auxquelles Hayden a, semble-t-il, mis fin en regroupant les activités de la NSA en deux directorats, l’un pour l’écoute (signals intelligence), l’autre pour la protection des émissions radioélectriques américaines et leur codage (information security).
En matière de secours à la population américaine, le Président Bush avait décidé, le 8 mai 2001, que l’Agence fédérale pour la gestion des situations d’urgence (FEMA — Federal Emergency Management Agency) serait désormais en charge de l’ensemble des moyens destinés à faire face aux conséquences d’une attaque terroriste, notamment avec des armes NBC. Un Office of National Preparedness (ONP) est maintenant chargé au sein de la FEMA de coordonner les secours fédéraux. Il se substitue au rôle joué par le National Domestic Preparedness Office du FBI. En septembre 2001, ces mesures n’étaient pas encore en vigueur, et l’ONP n’était pas opérationnel. Le FBI, quant à lui, avait vu l’arrivée d’un nouveau directeur à peine deux mois avant l’attentat.
Pour ce qui est du traitement particulier du terrorisme, là aussi, l’Amérique se trouvait en septembre 2001 au milieu du gué puisque le vice-président Cheney, qui présidait un groupe de haut niveau consacré aux menaces terroristes, devait en faire rapport le 1er octobre suivant afin de réorienter les moyens américains contre la menace terroriste.
Cette adaptation de l’appareil de sécurité aux nouveaux risques, à laquelle se sont attelées les autorités américaines, concerne bien évidemment le département à la Défense. Il y est acquis que désormais, pour faire face aux risques tels que la guerre de l’information, le terrorisme, les mafias, l’outil militaire américain doit se conjuguer avec d’autres moyens dont dispose l’Administration américaine (Département d’État, Justice, Trésor, Douanes, Intérieur, etc.). De la même façon que les frontières traditionnelles du champ de la sécurité nationale s’estompent depuis la fin de la guerre froide, la nature des opérations militaires se diversifie elle aussi. Des missions de plus en plus différenciées sont ainsi confiées aux forces armées depuis les affrontements militaires de haute intensité jusqu’aux opérations humanitaires. Lors de sa première visite à l’OTAN, quelques semaines après l’entrée en fonction de l’Administration Bush, Donald Rumsfeld avait fait une référence implicite à cette gamme de missions en évoquant la nécessité pour les États-Unis de disposer d’une « dissuasion multicouches » (layers of deterrence)3. Dans le cadre des travaux des groupes mis sur pied dès son arrivée au Pentagone, le secrétaire à la Défense avait d’ailleurs réclamé une transformation de l’appareil militaire américain encore trop imprégné de la seule idée d’avoir à mener uniquement des opérations militaires traditionnelles. Cette idée de transformation de l’appareil de défense n’est pas nouvelle. Elle est apparue au milieu des années 1990 mais s’était alors heurtée à l’inertie présente au sein du Pentagone comme d’ailleurs de toute grande bureaucratie. Le département à la Défense faisait valoir, non sans quelques raisons, que la défense militaire des intérêts américains se concevait face à des États hostiles, généralement dans le cadre d’alliances conduites par les États-Unis, et que les capacités militaires, en particulier celles des forces classiques, gardaient toute leur valeur. À ces moyens pouvait s’ajouter une panoplie d’instruments militaires adaptée à des menaces de nature transnationale émanant d’acteurs armés non étatiques. Ce besoin avait donc été identifié il y a quelques années, mais sans qu’il s’ensuive une réorganisation à la mesure du risque.
Une menace prévisible ?
Un rapport d’experts américains de 1997 portant sur l’avenir de la politique militaire américaine de défense, le National Defense Panel (NDP) intitulé Transforming Defense — National Security in the 21st Century, avait procédé à une évaluation indépendante de la structure des armées américaines à l’horizon 2010. Ce rapport plaçait au premier rang des chantiers à ouvrir celui de la vulnérabilité du sol américain et, corrélativement, la question de la défense du territoire (homeland defense). Question non résolue jusqu’en septembre 2001, elle fait l’objet de toutes les attentions des décideurs américains depuis lors. Un « monsieur antiterrorisme », Tom Ridge, est désormais chargé, à la Maison-Blanche, de coordonner les différentes activités fédérales dans ce domaine. La défense intérieure devient l’une des priorités de la Quadrennial Defense Review que le secrétaire à la Défense a présenté au Congrès le 1er octobre 2001 et qui sert de charte programmatique pour les armées américaines pour les quatre prochaines années. Un nouveau grand commandement géographique, le Homeland Defense Command, est en passe d’être créé et chaque armée modifie ses structures en conséquence. C’est ainsi que l’armée de terre américaine met sur pied un commandement de la défense intérieure et le corps des Marines une brigade de lutte antiterroriste capable de se déployer à très court préavis n’importe où aux États-Unis.
Sur le plan géopolitique, le rôle croissant des acteurs non étatiques était depuis longtemps mis en évidence par toutes les analyses. Les auteurs du rapport du NDP estimaient que, quelles que soient les évolutions de la scène internationale, les États-nations perdraient de leur importance, au profit d’organisations internationales, de sociétés multinationales et d’acteurs non étatiques, voire de mafias. Face aux dérèglements internationaux que cela pouvait entraîner, de nouvelles alliances pourraient voir le jour. On en a d’ailleurs vu une traduction à la suite des attentats contre le World Trade Center et le Pentagone. La Maison-Blanche a su très rapidement tisser une alliance d’un nouveau type fédérant les soutiens de plusieurs dizaines de pays. À côté des alliés traditionnels y figurent des pays aussi différents que l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Pakistan et la Russie. Cette inflexion géostratégique correspond, elle aussi, à une évolution profonde de la politique américaine amorcée au milieu des années 1990 avec des prolongements militaires inédits ouvrant des espaces jusqu’alors inconnus aux manœuvres des forces américaines. C’est ainsi, par exemple, que, quelques semaines après la signature en 1997 d’importants accords économiques avec les républiques d’Asie centrale, les États-Unis ont procédé à un vaste exercice au Kazakhstan en projetant 5 000 parachutistes de la 82e division aéroportée (dont des éléments seront déployés en Asie centrale cinq ans plus tard dans la lutte contre les réseaux Ben Laden) lors d’un vol non-stop entre Fort Bragg et le Kazakhstan.
Au vu des transformations consécutives à la disparition du bloc soviétique que le rapport NDP mettait en évidence, les États-Unis devaient s’orienter résolument vers une stratégie de protection. Pour les forces armées, le nouvel environnement géopolitique recelait un certain nombre de défis spécifiques dans la mesure où des adversaires ne défieraient pas les Américains là où existent les avantages comparatifs de leur pays. Un ennemi pourrait au contraire chercher à développer des réponses « asymétriques », mieux encore, il les combinerait de façon à maximiser ses avantages. D’un point de vue militaire, les défis les plus importants à relever aujourd’hui par Washington se trouvent, comme l’annonçait le rapport, dans les domaines suivants : la projection de puissance, la guerre de l’information, l’utilisation de l’espace, les opérations en zones urbaines, les armes de destruction massive, les menaces et les défis de nature transnationale.
Comme la plupart des experts en stratégie, les auteurs du rapport de 1997 considéraient comme vraisemblable qu’à l’avenir un adversaire chercherait à attaquer les points faibles des États-Unis en utilisant des moyens indirects ou de contournement de la supériorité américaine. Il s’agirait, par exemple, de s’en prendre aux systèmes d’information nécessaires à la vie économique ou encore à la population américaine, y compris avec des armes chimiques et bactériologiques. Le NDP suggérait que le Pentagone portât son attention sur plusieurs problèmes dont celui de la défense du territoire américain. Au risque, certes de plus en plus réduit, d’une attaque nucléaire massive contre le territoire américain s’ajoutent désormais des risques d’attaques terroristes, la menace de missiles de croisière et balistiques, les menaces transnationales, des menaces directes aux frontières terrestres et maritimes des États-Unis, et enfin la possibilité d’attaques contre leurs infrastructures et en particulier contre leurs réseaux informatiques civils. Dans ses grandes lignes, ce rapport plaçait ainsi les autorités américaines devant un choix difficile : maintenir en le modernisant l’appareil de défense pour le rendre capable de répondre aux besoins traditionnels de défense contre un adversaire étatique s’en prenant aux intérêts américains ou à ceux des alliés des États-Unis, mais aussi en transformer profondément certains de ses sous-ensembles afin de faire face, également, aux nouveaux défis auxquels l’Amérique sera confrontée dans le moyen terme.
Les structures internes de prise de décision américaines devraient être également adaptées. Quinze jours après les attentats contre le Pentagone et le World Trade Center, le Président Bush réorganisait le NSC en créant le poste d’assistant du Président pour la lutte contre le terrorisme et le confiait à un général de l’armée de terre à la retraite, le général Wayne Downing, spécialiste de la lutte antiterroriste et ancien commandant en chef du commandement américain pour les forces spéciales (Special Operations Command). D’un strict point de vue des forces américaines, les événements du 11 septembre favoriseront vraisemblablement un double mouvement lié à la nécessité, d’une part, de posséder des moyens capables de réagir, sans possibilité de mobilisation, face à une attaque dirigée contre les intérêts américains en frappant vite et efficacement des adversaires insaisissables sur n’importe quel endroit de la planète ; d’autre part, à plus long terme, d’engager une stratégie de transformation d’une partie de leur appareil de défense.
Guerre high-tech et guerre de l’ombre
Les engag...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Préface
  5. Introduction
  6. Première partie - L’agression
  7. Deuxième partie - La riposte
  8. Troisième partie - L’impact
  9. Conclusion
  10. Annexes
  11. Bibliographie
  12. Liens Internet
  13. La Fondation pour la recherche stratégique (FRS)
  14. Les contributeurs à l’ouvrage