La Maladie coronaire
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La Maladie coronaire

Éviter la crise cardiaque et ses complications

  1. 192 pages
  2. French
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La Maladie coronaire

Éviter la crise cardiaque et ses complications

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À propos de ce livre

L'insuffisance coronaire est-elle hĂ©rĂ©ditaire? Quels sont les facteurs de risque? Comment peut-on la prĂ©venir? Y a-t-il un « bon » cholestĂ©rol et un « mauvais » cholestĂ©rol? Quand faut-il subir une Ă©preuve d'effort? Que sont la coronarographie et l'angioplastie? La maladie des artĂšres coronaires est la plus frĂ©quente des maladies cardio-vasculaires. C'est aussi celle qui a le plus bĂ©nĂ©ficiĂ© des progrĂšs mĂ©dicaux depuis ces vingt derniĂšres annĂ©es, avec pour rĂ©sultat une amĂ©lioration spectaculaire de l'espĂ©rance de vie des malades. Clair et complet, trĂšs accessible, y compris sur les aspects plus techniques, ce guide accompagnera les patients et leur entourage dans les diffĂ©rentes Ă©tapes de la maladie. Outre la pathologie et les traitements les plus rĂ©cents, il aborde aussi la vie quotidienne et les prĂ©cautions Ă  prendre pour vivre sereinement. Nicolas Danchin, cardiologue de renom, ancien prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© française de cardiologie, est professeur des universitĂ©s-praticien hospitalier et dirige l'unitĂ© clinique des maladies coronaires Ă  l'hĂŽpital Georges-Pompidou. Pionnier de l'angioplastie, c'est aussi un mĂ©decin de terrain qui prend en charge et suit en consultation de nombreux patients atteints d'insuffisance coronaire. Il est responsable des enquĂȘtes nationales sur l'infarctus du myocarde, rĂ©alisĂ©es tous les cinq ans en France depuis 1995.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2012
ISBN
9782738179982
Sous-sujet
Cardiology
Chapitre 1
Comprendre
le fonctionnement du cƓur
et la maladie coronaire
1. À quoi sert le cƓur et comment fonctionne-t-il ?
Le cƓur est la pompe qui envoie dans tout le corps le sang qui contient les Ă©lĂ©ments grĂące auxquels les diffĂ©rents organes se nourrissent et peuvent ainsi fonctionner normalement. C’est donc Ă  l’évidence un Ă©lĂ©ment central de la machinerie humaine, dont les dĂ©rĂšglements sont susceptibles d’avoir des consĂ©quences particuliĂšrement sĂ©vĂšres.
Le cƓur constitue aussi le pivot du systĂšme de circulation sanguine, se trouvant Ă  l’intersection de la circulation sanguine pulmonaire qui permet au sang rĂ©cupĂ©rĂ© dans l’organisme (le « sang noir ») d’aller s’oxygĂ©ner dans les poumons, et de la circulation sanguine gĂ©nĂ©rale, qui diffuse ensuite le sang oxygĂ©nĂ© (le « sang rouge ») vers l’ensemble des organes qui s’en nourrissent.
Sur le plan anatomique, le cƓur est constituĂ© de quatre cavitĂ©s : les deux oreillettes servent de rĂ©ceptacle pour le sang qui retourne vers le cƓur, tandis que les deux ventricules, dont la paroi est Ă©paisse et trĂšs musclĂ©e, assurent la fonction de pompe qui fait circuler le sang. Ces quatre cavitĂ©s sont organisĂ©es en deux systĂšmes qui fonctionnent en parallĂšle : le cƓur droit (oreillette droite et ventricule droit) reçoit le sang noir qui revient du corps par les deux veines caves et l’envoie dans l’artĂšre pulmonaire pour recevoir l’oxygĂšne qui lui est nĂ©cessaire au niveau des poumons. Le cƓur gauche reçoit le sang rouge qui revient des poumons par les veines pulmonaires et le propulse dans l’artĂšre aorte, une trĂšs grosse artĂšre qui va ensuite donner toutes les branches qui irrigueront les diffĂ©rents organes du corps. La pompe ventriculaire gauche est beaucoup plus puissante que la pompe ventriculaire droite, car elle doit Ă©jecter le sang vers le corps entier avec une pression importante (qui correspond Ă  la « tension artĂ©rielle » et dĂ©passe gĂ©nĂ©ralement 100 mm Hg) ; le ventricule gauche est donc trĂšs musclĂ© et il a une importance primordiale dans le fonctionnement de tout le systĂšme. ConcrĂštement, la circulation du sang se fait de façon continue, en circuit clos, et le cƓur gauche et le cƓur droit fonctionnent simultanĂ©ment (le ventricule droit Ă©jecte le sang noir vers l’artĂšre pulmonaire en mĂȘme temps que le ventricule gauche Ă©jecte le sang rouge vers l’aorte). Pour empĂȘcher le reflux du sang Ă  contre-courant, le cƓur est Ă©quipĂ© de valvules qui jouent le rĂŽle de soupapes.
Enfin, le cƓur est douĂ© d’une activitĂ© Ă©lectrique propre, qui provient des cellules qui forment ses parois. Au rythme de 60 Ă  70 fois par minute, une dĂ©charge Ă©lectrique part de la paroi des oreillettes et diffuse vers les ventricules, dont elle dĂ©clenche la contraction. La frĂ©quence d’activation de ce qui peut ĂȘtre assimilĂ© Ă  une « pile » cardiaque dĂ©pend de nombreux facteurs et s’adapte en fonction des besoins de l’organisme : ainsi, lors d’un effort qui nĂ©cessite que le cƓur augmente son dĂ©bit pour couvrir les besoins de l’organisme, la frĂ©quence de dĂ©charge de la pile auriculaire augmente, accroissant ainsi la frĂ©quence des battements cardiaques (ce que l’on peut constater trĂšs simplement en prenant son pouls).
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Figure 1. Coupe schĂ©matique du cƓur.
Le sang « noir » arrive Ă  l’oreillette droite par les veines caves ; il passe ensuite dans le ventricule droit qui l’envoie dans l’artĂšre pulmonaire oĂč il sera oxygĂ©nĂ©. Il revient ensuite, sous forme de sang rouge par les veines pulmonaires dans l’oreillette gauche, puis passe dans le ventricule gauche qui le propulse dans l’aorte, pour irriguer l’ensemble des organes.
Ainsi, on voit que le cƓur est un organe particuliĂšrement sophistiquĂ©, douĂ© Ă  la fois de propriĂ©tĂ©s Ă©lectriques et d’une capacitĂ© mĂ©canique remarquable, qui lui donne l’originalitĂ© de fonctionner comme une pompe, dont le dĂ©bit va s’adapter aux besoins de l’ensemble de l’organisme : lorsque les organes ont besoin de plus d’oxygĂšne (et donc de recevoir plus de sang), le cƓur s’accĂ©lĂšre et se contracte plus fort, ce qui lui permet d’augmenter considĂ©rablement le dĂ©bit du sang qu’il fait circuler.
En savoir plus
Les valvules cardiaques : le cƓur comporte quatre valvules, deux valvules dites « auriculo-ventriculaires » qui sĂ©parent les oreillettes des ventricules (la valvule tricuspide Ă  droite et la valvule mitrale Ă  gauche) et deux valvules ventriculo-artĂ©rielles qui empĂȘchent le sang de « retomber » vers les ventricules quand ceux-ci se relĂąchent aprĂšs la phase d’éjection (la valvule pulmonaire Ă  droite et la valvule aortique, Ă  gauche). Bien que « valvule » soit le terme correct, les mĂ©decins emploient plus souvent le terme de « valves » cardiaques.
Les diffĂ©rents temps du cycle cardiaque : le sang est propulsĂ© vers les diffĂ©rents organes lorsque les ventricules se contractent ; cette partie du cycle cardiaque prend le nom de « systole ». Pendant la systole, les valvules ventriculo-artĂ©rielles sont ouvertes et les valvules auriculo-ventriculaires sont fermĂ©es, pour que tout le sang soit Ă©jectĂ© vers les artĂšres et qu’il n’y ait pas de reflux des ventricules vers les oreillettes, Ă  contre-courant. Lorsque la contraction est terminĂ©e, les ventricules se relĂąchent et se dilatent, en aspirant ainsi le sang qui se trouve dans les oreillettes. Ce temps s’appelle la « diastole ». Pendant la diastole, les valvules auriculo-ventriculaires s’ouvrent et les valvules ventriculo-artĂ©rielles sont fermĂ©es, ce qui permet au sang de passer des oreillettes vers les ventricules et Ă©vite le reflux de sang des artĂšres vers les ventricules.
La qualitĂ© de la pompe cardiaque (sa capacitĂ© de contraction) est habituellement exprimĂ©e sous la forme d’une mesure appelĂ©e « fraction d’éjection » (ou fraction d’éjection ventriculaire gauche, FEVG). Cet index est le rapport entre le volume de sang Ă©jectĂ© par le cƓur lors de chaque contraction (pendant la systole) et le volume de sang que contient le ventricule gauche lorsqu’il est complĂštement rempli (en fin de diastole). Normalement, la FEVG est ≄ 55 %. Pour une valeur de 40 % Ă  55 % la capacitĂ© contractile du cƓur est modĂ©rĂ©ment diminuĂ©e ; elle permet cependant d’avoir une activitĂ© normale dans toutes les circonstances ordinaires de la vie courante. En dessous de 40 %, la fonction cardiaque est fortement diminuĂ©e et le cƓur assure beaucoup plus difficilement la couverture des besoins de l’organisme ; une altĂ©ration importante de la force contractile du cƓur peut conduire Ă  une insuffisance cardiaque.
2. Qu’est-ce que la maladie coronaire ?
Les artĂšres coronaires alimentent le cƓur en lui fournissant le sang qui permet au muscle cardiaque (le myocarde) de fonctionner en jouant son rĂŽle de pompe. Elles sont les premiĂšres branches Ă  naĂźtre de l’aorte, cette trĂšs grosse artĂšre qui sort du ventricule gauche et qui irrigue tout l’organisme. Les artĂšres coronaires, artĂšres de petit calibre (leur diamĂštre varie de 2 Ă  4 millimĂštres), ont la capacitĂ© de se dilater ou de se contracter, en fonction des besoins de l’organisme. Leur paroi est constituĂ©e de trois couches concentriques, disposĂ©es un peu comme l’intĂ©rieur d’un oignon : l’adventice est la couche la plus extĂ©rieure ; au milieu, se trouve la media, qui est une couche de cellules musculaires qui donnent Ă  l’artĂšre sa capacitĂ© de contraction et de distension ; Ă  l’intĂ©rieur, l’endothĂ©lium est une trĂšs fine couche de cellules qui sĂ©parent l’intĂ©rieur de la paroi artĂ©rielle du sang qui circule dans l’artĂšre. L’endothĂ©lium a un rĂŽle capital pour l’artĂšre ; il est constituĂ© de cellules vivantes, qui envoient Ă  la media les signaux qui lui permettent de se contracter ou de se dilater, ou encore les signaux qui enclenchent un processus de rĂ©paration si la paroi de l’artĂšre est abĂźmĂ©e.
L’intĂ©rieur du conduit artĂ©riel (l’espace oĂč circule le sang) est appelĂ© la « lumiĂšre artĂ©rielle ».
On parle de maladie coronaire quand la paroi des artĂšres coronaires est malade Ă  la suite de dĂ©pĂŽts de cholestĂ©rol (athĂ©rome). Ces dĂ©pĂŽts peuvent former des rĂ©trĂ©cissements qui obstruent plus ou moins complĂštement la lumiĂšre artĂ©rielle et gĂȘnent ainsi le passage du sang.
Il y a deux artĂšres coronaires : la principale est l’artĂšre coronaire gauche ; elle se divise trĂšs vite en deux grosses branches, l’artĂšre interventriculaire antĂ©rieure qui irrigue toute la paroi antĂ©rieure du ventricule gauche, la pointe du cƓur et la cloison qui sĂ©pare le ventricule gauche et le ventricule droit, appelĂ©e le septum interventriculaire, et l’artĂšre circonflexe, qui alimente la paroi gauche (dite « paroi latĂ©rale ») du ventricule gauche. L’artĂšre coronaire droite naĂźt sĂ©parĂ©ment ; elle alimente le ventricule droit, ainsi que la paroi infĂ©rieure du ventricule gauche (qu’on appelle aussi paroi diaphragmatique, car elle est posĂ©e sur le diaphragme, qui sĂ©pare le thorax de l’abdomen). C’est l’artĂšre coronaire gauche qui est vraiment l’artĂšre principale du cƓur : elle mĂ©rite son surnom d’« artĂšre vitale ».
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Figure 2. Les artĂšres coronaires, qui irriguent le muscle cardiaque.
3. Qu’est-ce que l’athĂ©rosclĂ©rose ?
L’athĂ©rosclĂ©rose correspond Ă  un processus de vieillissement des artĂšres, dont la paroi s’imprĂšgne de cholestĂ©rol (l’athĂ©rome) et se rigidifie. C’est ce qui cause la maladie coronaire, mais aussi la maladie des autres artĂšres de l’organisme : par exemple, les artĂšres qui alimentent le cerveau (les artĂšres carotides), avec un risque de faire un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral, ou les artĂšres des jambes, entraĂźnant une artĂ©rite.
L’athĂ©rome se dĂ©veloppe sur des annĂ©es et mĂȘme des dizaines d’annĂ©es ; c’est pourquoi les premiĂšres manifestations cliniques de la maladie (angine de poitrine, infarctus) ne se rĂ©vĂšlent gĂ©nĂ©ralement qu’au-delĂ  de l’ñge de 40 ans. Au dĂ©but, le cholestĂ©rol se dĂ©pose sous l’endothĂ©lium en formant des stries lipidiques (de fines lignes de dĂ©pĂŽts graisseux) et, au fil du temps, les stries convergent et forment de vĂ©ritables plaques de cholestĂ©rol. SchĂ©matiquement, il faut savoir que le cholestĂ©rol se dĂ©pose d’autant plus facilement dans la paroi que l’endothĂ©lium est fragilisĂ©, rendu plus « poreux » par diffĂ©rents facteurs extĂ©rieurs comme le tabac ou d’autres facteurs de risque. Une fois dans la paroi, le cholestĂ©rol se comporte un peu comme un corps Ă©tranger irritant et provoque une rĂ©action d’inflammation plus ou moins importante, qui contribue Ă  faire grossir la plaque et Ă  la fragiliser.
L’organisme est douĂ© de mĂ©canismes de dĂ©fense importants. Au dĂ©but, les artĂšres se dilatent vers l’extĂ©rieur, pour Ă©viter que les plaques de cholestĂ©rol ne bouchent la lumiĂšre artĂ©rielle et gĂȘnent le passage du sang ; ce mĂ©canisme de compensation n’est cependant pas Ă©ternel et, si les plaques continuent de grossir, les artĂšres se rĂ©trĂ©cissent vers l’intĂ©rieur ; ces rĂ©trĂ©cissements sont appelĂ©s « stĂ©noses » dans le jargon mĂ©dical. À la longue, les plaques d’athĂ©rome deviennent plus fibreuses et peuvent mĂȘme se calcifier.
En somme, la consĂ©quence nĂ©faste de tous ces processus est la formation de rĂ©trĂ©cissements sur les artĂšres qui alimentent le cƓur.
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Figure 3. ReprĂ©sentation schĂ©matique d’une paroi d’artĂšre saine (Ă  gauche) et atteinte d’athĂ©rome (Ă  droite).
4. La frĂ©quence de la maladie coronaire est-elle la mĂȘme dans les diffĂ©rentes rĂ©gions du monde ?
Les maladies cardio-vasculaires sont la premiĂšre cause de mortalitĂ© dans le monde. Pour autant, leur frĂ©quence varie entre les pays, parfois dans des proportions importantes. Rien qu’au sein des pays europĂ©ens, les statistiques de 2004 montrent des disparitĂ©s considĂ©rables dans la frĂ©quence des dĂ©cĂšs liĂ©s Ă  la maladie coronaire. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les pays du nord et de l’est de l’Europe sont beaucoup plus touchĂ©s. Pour les hommes de 35 Ă  74 ans, la mortalitĂ© d’origine coronaire est de moins de 150 cas pour 100 000 habitants dans des pays comme la France, l’Espagne, le Portugal, ou l’Italie ; elle se situe entre 150 et 210 pour l’Allemagne, entre 210 et 300 au Royaume-Uni, et dĂ©passe 500 en Russie, Ukraine et dans les pays d’Europe orientale. La situation est Ă©quivalente pour les femmes ; au sein de la population des 35-74 ans, la mortalitĂ© par maladie coronaire passe de moins de 50 pour 100 000 habitants en France ou dans les pays mĂ©diterranĂ©ens, pour dĂ©passer 200 dans les pays d’Europe de l’Est.
À l’échelle mondiale, le Japon, la CorĂ©e ou la France ont des taux de dĂ©cĂšs d’origine coronaire faibles, deux Ă  quatre fois moindres que ceux des États-Unis ou de la Finlande.
Ces disparitĂ©s considĂ©rables s’expliquent probablement avant tout par des diffĂ©rences de mode de vie, bien qu’une influence gĂ©nĂ©tique puisse Ă©galement avoir une part de responsabilitĂ©.
5. A-t-on fait de réels progrÚs dans la prévention et le traitement de la maladie coronaire ?
Les progrĂšs accomplis dans le traitement et la prĂ©vention de la maladie coronaire au cours des trente derniĂšres annĂ©es ont Ă©tĂ© considĂ©rables. À l’échelle mondiale, la mortalitĂ© cardio-vasculaire a commencĂ© Ă  diminuer dans les pays industrialisĂ©s comme les États-Unis ou l’Europe de l’Ouest Ă  partir des annĂ©es 1970, tandis qu’elle continuait de croĂźtre dans les pays moins riches, et notamment dans les pays d’Europe centrale et d’Europe de l’Est ; mais ces pays prennent maintenant le mĂȘme chemin favorable, et une diminution de la mortalitĂ© cardio-vasculaire y est observĂ©e depuis la fin des annĂ©es 1990 et le tout dĂ©but des annĂ©es 2000. En France, la mortalitĂ© cardio-vasculaire a ainsi baissĂ© de 56 % entre 1980 et 2004, et la diminution se poursuit depuis. À tel point que les maladies cardio-vasculaires en France ont maintenant reculĂ© en seconde position, derriĂšre le cancer, des causes de mortalitĂ©.
Ces progrĂšs inouĂŻs ont Ă©tĂ© accomplis Ă  la fois grĂące Ă  une meilleure prise en charge des facteurs de risque, permettant de reculer l’ñge Ă  partir duquel les consĂ©quences de la maladie coronaire se manifestent, et grĂące Ă  une amĂ©lioration impressionnante de l’efficacitĂ© des traitements, lorsque la maladie s’est dĂ©clarĂ©e : ainsi, une Ă©tude rĂ©cente rĂ©alisĂ©e en Californie a montrĂ© une diminution de plus de 50 % de la survenue des infarctus du myocarde entre 1999 et 2008, tĂ©moignant de l’efficacitĂ© des mesures de prĂ©vention ; les enquĂȘtes menĂ©es en France entre 1995 et 2005, ont, de leur cĂŽtĂ©, montrĂ© une baisse de 50 % de la mortalitĂ© des malades hospitalisĂ©s pour une crise cardiaque. C’est donc la conjonction de ces progrĂšs dans la prĂ©vention comme dans le traitement qui a permis de faire reculer dans de telles proportions la mortalitĂ© cardio-vasculaire.
6. Qu’appelle-t-on des « facteurs de risque » ?
À la diffĂ©rence de maladies comme les maladies infectieuses causĂ©es par un microbe bien spĂ©cifique, la maladie coronaire n’est pas due Ă  une seule cause. Elle est le rĂ©sultat de facteurs multiples, dont aucun n’est dĂ©terminant Ă  lui seul, mais dont certains favorisent son dĂ©veloppement, tandis que d’autres, au contraire, retardent la formation des plaques d’athĂ©rome dans les artĂšres.
En savoir plus
Dans les Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques (qui analysent le devenir de populations en fonction de leurs caractĂ©ristiques initiales), on distingue les « marqueurs de risque » et les « facteurs de risque ». Dans le domaine de la maladie coronaire, il existe de trĂšs nombreux marqueurs de risque : ce sont tous les paramĂštres pour lesquels on observe une relation avec la survenue de problĂšmes cardiaques ; il peut s’agir de caractĂ©ristiques dĂ©mographiques (sexe, Ăąge, poids, taille), sociales (niveau d’éducation, catĂ©gorie socioprofessionnelle), de mode de vie (tabac, sĂ©dentaritĂ©, alimentation), cliniques (pression artĂ©rielle, frĂ©quence cardiaque, maladies), ou encore biologiques (taux de cholestĂ©rol, taux de sucre dans le sang, par exemple). Ces diffĂ©rents marqueurs ont la propriĂ©tĂ© d’avoir une relation bien documentĂ©e avec la survenue d’une maladie coronaire : la prĂ©sence du marqueur (ou son taux Ă©levĂ©, s’il s’agit d’un marqueur quantifiable, comme le taux de cholestĂ©rol dans le sang) s’accompagne d’un plus grand risque d’avoir une maladie coronaire. Toutefois, cette relation n’implique pas forcĂ©ment une relation de causalitĂ© : par exemple, si on sait que le fait d’avoir un niveau d’éducation Ă©levĂ© est liĂ© Ă  un moindre risque d’avoir une crise cardiaque, cela ne signifie pas pour autant que la thĂšse d’universitĂ© protĂšge contre la maladie coronaire ; en fait, les comportements « Ă  risque » sur le plan de la maladie coronaire, sont simplement plus frĂ©quents chez les personnes qui ont un niveau scolaire bas, en raison de certaines habitudes culturelles, ou parce qu’une alimentation « saine pour le cƓur » coĂ»te plus cher. Pour passer de la notion de marqueur de risque Ă  celle de facteur de risque, il faut que cette relation de causalitĂ© puisse ĂȘtre documentĂ©e ; autrement dit, que l’on puisse prouver que le facteur de risque soit bien une des causes de la maladie et cela indĂ©pendamment d’autres causes existantes. Une telle dĂ©monstration est difficile, s’agissant d’une maladie qui se dĂ©veloppe sur des dizaines d’annĂ©es. Un des Ă©lĂ©ments les plus utiles pour appuyer la dĂ©monstration de causalitĂ© est de vĂ©rifier que la correction du facteur de risque supposĂ© entraĂźne bien une diminution du risque de dĂ©velopper la maladie.
Le facteur de risque essentiel est le niveau de cholestĂ©rol dans le sang : plus le niveau de cholestĂ©rol est Ă©levĂ©, plus le risque qu’il se dĂ©pose dans la paroi des artĂšres est grand. Mais beaucoup d’autres Ă©lĂ©ments viennent moduler l’appĂ©tit de cholestĂ©rol des parois artĂ©rielles, en les rendant plus ou moins « poreuses » ; ces facteurs constituent soit des facteurs de risque (s’ils augmentent le risque d’avoir une maladie coronaire), soit des facteurs protecteurs (s’ils diminuent ce risque). D’une façon gĂ©nĂ©rale, un endothĂ©lium (c’est la couche de cellules qui se trouve Ă  l’intĂ©rieur des parois de l’artĂšre et qui isole la paroi du conduit artĂ©riel du sang qui circule Ă  l’intĂ©rieur) qui fonctionne bien protĂšge la paroi et la rend plus im...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Avant-propos
  5. Chapitre 1 - Comprendre le fonctionnement du cƓur et la maladie coronaire
  6. Chapitre 2 - Comment se manifeste la maladie coronaire ?
  7. Chapitre 3 - Les examens et les traitements
  8. Chapitre 4 - Les médicaments
  9. Chapitre 5 - Vivre avec une maladie coronaire : les questions que vous pouvez vous poser
  10. Glossaire (plus ou moins) Ă©rudit du langage cardiologique