II
Guérir sa vie blessée
« Les blessures ne sont jamais guĂ©ries et dĂšs quâon y touche, elles se mettent Ă saigner de plus belle. »
Chapitre VI
LA PSYCHOTHĂRAPIE PEUT-ELLE GUĂRIR ?
La dĂ©marche thĂ©rapeutique est lâun des chemins privilĂ©giĂ©s pour une Ăąme blessĂ©e.
Aujourdâhui, diverses aides psychologiques sont proposĂ©es aux victimes. Ce nâest pas ici lâobjet dâen faire une prĂ©sentation dĂ©taillĂ©e ; il sâagit plutĂŽt de fournir quelques indications sur les caractĂ©ristiques du travail thĂ©rapeutique et de comprendre en quoi il Ă©claire la question de la guĂ©rison.
La raison dâĂȘtre de toute thĂ©rapie, câest de proposer un travail psychologique qui aide Ă se libĂ©rer du traumatisme. Pour cela, il faut affronter lâindicible. Un des enjeux thĂ©rapeutiques sera de dĂ©nouer le nĆud de ce qui ne peut ĂȘtre oubliĂ© et de ce qui ne peut ĂȘtre dit. Pour apaiser son Ăąme meurtrie, il faut arriver Ă mettre des mots sur ses blessures et Ă parler de sa souffrance. En commençant Ă parler, la victime va pouvoir briser le mur du silence dans lequel elle est enfermĂ©e. Beaucoup ont en effet du mal Ă parler de ce qui leur est arrivĂ© ; certains auteurs ont interprĂ©tĂ© cette difficultĂ© tantĂŽt par lâimpossibilitĂ© pour des survivants de tĂ©moigner de ce quâils ont subi, tantĂŽt par leur difficultĂ© Ă parler dans un contexte thĂ©rapeutique (Bieder, 1998).
Ce dernier aspect explique peut-ĂȘtre pourquoi rescapĂ©s et victimes sâadressent si rarement Ă un psychiatre ou Ă un psychothĂ©rapeute.
« La premiĂšre des questions Ă laquelle il faudrait pouvoir rĂ©pondre est celle-ci : pourquoi un pourcentage si infime de ces patients adresse-t-il une plainte Ă qui peut lâentendre quant Ă leurs symptĂŽmes spĂ©cifiques⊠Les intĂ©ressĂ©s invoquent la nĂ©cessitĂ© de se taire, de ne rien livrer de leurs expĂ©riences Ă leurs proches, ni Ă personne, comme sâils Ă©taient les dĂ©positaires dâun redoutable secret » (Lebigot et coll., 1991).
Le silence des victimes constitue donc un des enjeux thĂ©rapeutique ; il renvoie Ă ce quâelles ont vĂ©cu comme innommable ; la brĂšche ouverte dans ce silence, ce sera la parole. Rompre le silence implique un parcours, souvent long et douloureux ; il opĂšre le dĂ©voilement de lâimpensable et permettra Ă chacun de donner « un sens Ă lâabsurde catastrophe en retrouvant la continuitĂ© psychique entre le passĂ©, le prĂ©sent et lâavenir » (Lindy, 1985).
La thĂ©rapie des traumatismes a connu un dĂ©veloppement spĂ©cifique liĂ© Ă la nĂ©cessitĂ© dâapporter des rĂ©ponses adaptĂ©es aux problĂšmes psychologiques des victimes. La prise en compte de cette spĂ©cificitĂ© est apparue en particulier Ă partir des situations de guerre oĂč les psychiatres de lâarmĂ©e ont observĂ© chez les soldats au combat une « pathologie psychotraumatique qui constitue rĂ©ellement un domaine Ă part dans lâunivers des affections mentales⊠; Ă cette pathologie, il convient dâappliquer des dispositions thĂ©rapeutiques adaptĂ©es et donc spĂ©cifiques » (Crocq, 1999, op. cit., p. 282). Ce faisant, des mĂ©thodes thĂ©rapeutiques nouvelles se sont dĂ©veloppĂ©es et ont Ă©galement Ă©tĂ© utilisĂ©es par rapport Ă dâautres situations comme les catastrophes, la torture, le viol, etc.
Ainsi, aux Ătats-Unis, par exemple, Ă partir des annĂ©es 1970, une attention croissante a Ă©tĂ© portĂ©e aux victimes dâagressions sexuelles ; ce phĂ©nomĂšne Ă©tait lui-mĂȘme liĂ© au dĂ©veloppement du mouvement fĂ©ministe qui avait mis lâaccent sur la dĂ©fense des droits et de lâintĂ©gritĂ© des femmes. Dans ce contexte, sont apparues de nombreuses mĂ©thodes thĂ©rapeutiques ; lâobjectif Ă©tant toujours le mĂȘme : rĂ©pondre aux nouveaux besoins psychologiques des victimes.
Aujourdâhui, la thĂ©rapie des traumatismes psychiques est lâobjet de traitements spĂ©cifiques, mĂȘme si cette position nâest pas encore partagĂ©e par nombre de psychiatres ou psychothĂ©rapeutes.
Une présentation de différentes approches thérapeutiques permettra de se faire une meilleure idée des objectifs et des méthodes existantes ; elle fournira des informations à ceux qui sont désireux de trouver une aide psychologique.
Une distinction essentielle doit tout dâabord ĂȘtre faite entre les prises en charges psychologiques effectuĂ©es au moment de la survenue dâun Ă©vĂ©nement traumatisant ou immĂ©diatement aprĂšs, et les thĂ©rapies entreprises plus tard, lorsque les victimes souffrent de symptĂŽmes durables.
Les prises en charges psychologiques
Aujourdâhui, face Ă des Ă©vĂ©nements comme les attentats, les catastrophes, les accidents, on cherche Ă apporter le plus tĂŽt possible une aide psychologique aux victimes et ceci, dans la mesure des moyens, sur les lieux mĂȘmes oĂč lâĂ©vĂ©nement sâest produit. Ces interventions sâinspirent dâune longue expĂ©rience de la psychiatrie militaire ; en effet, dĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, il est apparu que les soldats engagĂ©s au combat, qui avaient prĂ©sentĂ© une « rĂ©action de stress au combat » et qui avaient bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun soutien psychologique sur le terrain mĂȘme, avaient moins de troubles affectifs et mentaux et Ă©taient davantage protĂ©gĂ©s contre des sĂ©quelles durables, que dâautres qui nâavaient pas eu un tel soutien.
Lâintervention psychologique prĂ©coce consiste essentiellement Ă inviter les victimes Ă parler de ce quâelles ont vĂ©cu et ressenti au moment de lâĂ©vĂ©nement, afin quâelles puissent se dĂ©charger de leurs Ă©motions intenses et Ă©vacuer leurs affects traumatisĂ©s, en gestation. Cette aide psychologique prĂ©coce repose sur la mĂ©thode du debriefing utilisĂ©e selon des versions diffĂ©rentes depuis la PremiĂšre Guerre mondiale. Son principe, appliquĂ© aux victimes de catastrophes et dâaccidents par lâUS Navy dans les annĂ©es 1970, sur la base dâune dĂ©marche appelĂ©e Special Psychiatric-Rapid Intervention Team (Sprint), sâinspire des critĂšres suivants : briĂšvetĂ© de lâintervention ; immĂ©diatetĂ© ; traitement de toutes les victimes dans un mĂȘme lieu ; espoir de guĂ©rison et dâun retour rapide Ă la vie normale ; proximitĂ© du lieu de lâĂ©vĂ©nement ; simplicitĂ© du traitement. Cette prise en charge est effectuĂ©e par une Ă©quipe composĂ©e, la plupart du temps, dâun psychiatre, dâun psychologue, de travailleurs sociaux et dâun prĂȘtre, pasteur ou rabbin ; les victimes sont rĂ©parties par groupes de six en moyenne, dans un endroit proche de la zone oĂč lâĂ©vĂ©nement sâest produit, dans un lieu fermĂ© disposant de chaises et de tables, oĂč les victimes peuvent sâexprimer librement. Le moment le plus opportun se situe directement aprĂšs lâĂ©vĂ©nement ou bien dans les premiers jours suivants, sans dĂ©passer la premiĂšre semaine.
La prise en charge est essentiellement centrĂ©e sur lâexpression et la verbalisation de ce que chacun a vĂ©cu afin de produire un effet cathartique, câest-Ă -dire une dĂ©charge psychologique des Ă©motions intenses pour Ă©viter le dĂ©veloppement dâune nĂ©vrose traumatique.
Aujourdâhui, de nombreux programmes de ce type ont Ă©tĂ© mis en place Ă la suite dâattentats, de prises dâotages, de dĂ©tournements dâavions ou de catastrophes. En France, câest au lendemain des attentats terroristes de 1986 que furent crĂ©Ă©es les premiĂšres consultations spĂ©cialisĂ©es et aprĂšs 1995, des cellules dâurgence mĂ©dico-psychologiques, dâabord Ă Paris et ensuite dans les grandes villes en province et auprĂšs de chaque Samu dĂ©partemental. Leur mission, comme le souligne Crocq (1999), est « non seulement dâintervenir sur le terrain, mais dâĆuvrer aussi aux stades post-immĂ©diat et chronique, en crĂ©ant des consultations spĂ©cialisĂ©es au sein des consultations hospitaliĂšres, afin dâassurer aux victimes, la thĂ©rapeutique spĂ©cifique dont elles ont besoin » (op. cit., p. 285-286).
Ces objectifs se sont concrĂ©tisĂ©s en France sous lâimpulsion de Crocq par une dĂ©marche dâaide psychologique et correspondent Ă lâexpĂ©rience française en la matiĂšre. Crocq en fixe les principaux aspects ; il sâagit avant tout dâoffrir aux victimes un espace de transition oĂč elles peuvent parler directement de ce quâelles ont vĂ©cu ; ensuite, Ă travers la dĂ©charge Ă©motionnelle, les rĂ©conforter et leur apporter des informations sur ce qui leur est arrivĂ©, en les aidant Ă prendre conscience du fait que leurs rĂ©actions sont partagĂ©es ; enfin, les prĂ©parer Ă rĂ©intĂ©grer leur milieu habituel en les aidant Ă attĂ©nuer leurs sentiments nĂ©gatifs sur lâavenir et en leur permettant de mettre un point final Ă leur expĂ©rience.
Ă cĂŽtĂ© des interventions psychologiques dâurgence, liĂ©es Ă des catastrophes ou des accidents, dâautres se sont portĂ©es vers des victimes dâagressions sexuelles ; lĂ encore, il sâagit dâune aide psychologique, mais qui est intĂ©grĂ©e aujourdâhui dans un dispositif dâensemble.
On assiste ainsi Ă un souci de coordonner les diffĂ©rents types dâaide et ceci Ă lâintĂ©rieur dâune approche globale. La notion dâintervention en rĂ©seau, qui fait appel aux mĂ©decins, psychologues, travailleurs sociaux, policiers, associations dâaide aux victimes, etc., illustre cette nouvelle conception de la prise en charge.
Dans ce cadre, lâaide psychologique peut ĂȘtre mieux reconnue dans sa spĂ©cificitĂ© : elle est avant tout une « attitude » psychothĂ©rapeutique qui nâest pas une simple aide morale, mais qui permet Ă la victime dâexprimer, dâidentifier et dâĂ©valuer ses sentiments et sa souffrance ; elle peut alors ĂȘtre clairement distinguĂ©e de lâintervention mĂ©dicale et ne pas ĂȘtre confondue avec la psychothĂ©rapie proprement dite. De ce point de vue, les consultations psychologiques faites en dehors dâun contexte hospitalier peuvent sâavĂ©rer les plus appropriĂ©es pour affirmer le sens de cette prise en charge psychologique. Interventions psychologiques dâurgence et prises en charges psychologiques constituent donc deux formes dâaide et de soutien apportĂ©es aux victimes sur les lieux mĂȘmes de lâĂ©vĂ©nement, ou immĂ©diatement aprĂšs.
Les thérapies classiques
La dĂ©marche thĂ©rapeutique proprement dite est un traitement psychologique suivi qui intervient une fois les sĂ©quelles du traumatisme installĂ©es de maniĂšre durable. Il sâagit de sĂ©ances rĂ©guliĂšres qui sâĂ©chelonnent sur une pĂ©riode plus ou moins longue de 6 mois Ă 1, 2, 5, 10 ans, voire plus. Il existe ainsi un Ă©ventail de thĂ©rapies classiques qui traitent les traumatismes psychiques, non de maniĂšre spĂ©cifique, mais comme tout autre problĂšme psychologique ; parmi ces approches, on peut retenir les thĂ©rapies cognitivo-comportementales, la visualisation, le travail sur les rĂȘves, les thĂ©rapies par lâart, la sophrologie, etc. ; et les psychothĂ©rapies classiques.
La thĂ©rapie cognitivo-comportementale illustre Ă titre dâexemple une forme de traitement du traumatisme qui part dâune comprĂ©hension du symptĂŽme comme produit dâun comportement conditionnĂ©, câest-Ă -dire comme un ensemble de rĂ©ponses apprises et qui, par la thĂ©rapie, peuvent ĂȘtre dĂ©sapprises ; on sâintĂ©resse donc avant tout au changement de comportement. Ă cet aspect, est associĂ© le plus souvent un autre, dâordre cognitif, qui sâintĂ©resse aux schĂ©mas de pensĂ©e et cherche Ă les changer en proposant dâanalyser comment une personne comprend lâĂ©vĂ©nement quâelle a subi. Lâobjectif thĂ©rapeutique est essentiellement centrĂ© sur le traitement de lâanxiĂ©tĂ©, des troubles obsessionnels et des phobies ; la dĂ©marche est basĂ©e sur plusieurs techniques qui consistent Ă aider la personne Ă surmonter ces troubles. Ainsi sâagissant dâune personne anxieuse, la thĂ©rapie comportementale proposera de la placer dans une situation fortement anxiogĂšne pour la dĂ©sensibiliser ensuite, câest-Ă -dire lui apprendre Ă contrĂŽler de telles rĂ©actions.
Cette thĂ©rapie comporte plusieurs Ă©tapes ; dans un premier temps, il sâagit dâapprendre les rĂ©ponses Ă adopter et celles Ă Ă©viter Ă la suite de contacts rĂ©pĂ©tĂ©s avec un stimulus ; cela permet une meilleure maĂźtrise des images mentales et des Ă©motions ; dans un deuxiĂšme temps, la technique thĂ©rapeutique est basĂ©e sur le conditionnement opĂ©rant : on cherche Ă orienter le patient vers les rĂ©ponses souhaitĂ©es ; dans un troisiĂšme temps, on le met en situation dâapprendre de nouveaux comportements. La dĂ©marche thĂ©rapeutique se dĂ©roule comme un vĂ©ritable programme organisĂ© de façon systĂ©matique avec une progression qui comporte la dĂ©finition des objectifs ; lâanalyse des problĂšmes ; la mise en Ćuvre des changements aux niveaux comportemental, cognitif et affectif ; et lâĂ©valuation des acquis.
Ce type de thĂ©rapie comporte un certain nombre de sĂ©ances fixĂ©es Ă lâavance et dure en gĂ©nĂ©ral de trois Ă six mois ; elle peut se prolonger par un suivi sur un an. Les victimes qui ont recours Ă ces mĂ©thodes indiquent une amĂ©lioration de leur Ă©tat, dans le sens oĂč certains symptĂŽmes non spĂ©cifiques disparaissent.
Ces dĂ©marches comportent Ă©galement un volet pratique de relaxation qui consiste Ă fournir des moyens permettant dâune part de gĂ©rer le stress et dâautre part dâapprendre des stratĂ©gies dâadaptation (coping skills) en Ă©valuant les situations de risques et en dĂ©veloppant de nouvelles habiletĂ©s.
La visĂ©e est donc double : supprimer les symptĂŽmes et obtenir une rĂ©habilitation de la victime pour lui permettre de retrouver ses capacitĂ©s adaptatrices perdues ; dans ces dĂ©marches, on considĂšre quâil existe une adĂ©quation entre le type de techniques proposĂ©es et la disparition de tel ou tel symptĂŽme, comme lâanxiĂ©tĂ© ou le sentiment de culpabilitĂ© ; la personne est alors en mesure de reprendre une vie normale ; en effet, les problĂšmes psychiques y sont perçus comme des dysfonctionnements qui peuvent ĂȘtre rĂ©tablis grĂące Ă des techniques efficaces. La conception de la guĂ©rison est donc essentiellement fonctionnelle et orientĂ©e vers une rĂ©insertion sociale ; il sâagit dâobtenir que la personne reprenne sa place dans la sociĂ©tĂ© et quâelle puisse recommencer à « fonctionner » normalement.
La fin de la thérapie correspond en principe à la disparition des symptÎmes, mais pas nécessairement à la guérison du traumatisme.
Si on considĂšre maintenant les dĂ©marches psychothĂ©rapeutiques, la plupart des travaux relatent que ce sont les psychothĂ©rapies classiques, câest-Ă -dire celles qui se rĂ©fĂšrent aux techniques inspirĂ©es de la psychanalyse qui sont encore largement utilisĂ©es. Dans cette optique, on ne considĂšre pas lâexpĂ©rience du survivant comme lâexpression dâun traumatisme spĂ©cifique, mais comme lâexpression dâune nĂ©vrose qui doit ĂȘtre traitĂ©e comme nâimporte quelle autre ; autrement dit, la blessure psychique nâest pas abordĂ©e comme cause de la dĂ©sorganisation psychique, mais seulement comme ce qui est en lien avec elle.
Cela amÚne certains spécialistes à considérer que les méthodes thérapeutiques classiques, y compris la psychothérapie de soutien, ne peuvent venir à elles seules à bout du syndrome traumatique.
« Nâest-il pas paradoxal de trouver, aujourdâhui encore, des cliniciens qui continuent inexorablement Ă relier dans leur pratique psychothĂ©rapeutique, la souffrance des survivants de lâHolocauste Ă leur personnalitĂ© antĂ©rieure, niant par lĂ lâimpact des Ă©vĂ©nements traumatiques ? Leur rĂ©fĂ©rentiel thĂ©orique ne leur permettant pas de penser lâaction dâun tiers, ils escamotent la rĂ©alitĂ© clinique pour indĂ©finiment prĂ©server lâĂ©difice thĂ©orique qui fonde leur pratique » (Sironi, 1999, op. cit., p. 249).
Il faut, selon eux, des dispositifs thĂ©rapeutiques spĂ©cifiques pour traiter les traumatismes psychiques. La visĂ©e nâest plus le traitement du symptĂŽme ou le traitement dâune personnalitĂ© nĂ©vrotique, mais la victime dans sa spĂ©cificitĂ©, laquelle est invitĂ©e Ă faire parler sa blessure et sa souffrance. La dĂ©marche reste psychothĂ©rapeutique ; ma...