Les Blessures psychiques
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Les Blessures psychiques

La force de revivre

  1. 272 pages
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Les Blessures psychiques

La force de revivre

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À propos de ce livre

Partant de l'expĂ©rience des rescapĂ©s des plus grands traumatismes, ce livre nous invite Ă  guĂ©rir des blessures psychiques que peuvent laisser les Ă©vĂ©nements, extraordinaires ou ordinaires, de l'existence. Car dĂ©passer la dĂ©tresse et surmonter la souffrance est toujours possible. Contre les systĂšmes d'aide artificiels, souvent plus nocifs qu'efficaces, c'est un travail personnel que propose ici Gustave-Nicolas Fischer, oĂč la mĂ©moire et la parole, la rĂ©paration et le pardon permettent de s'affranchir du passĂ© et de vivre pleinement le prĂ©sent. Gustave-Nicolas Fischer enseigne Ă  l'universitĂ© de Metz oĂč il dirige le laboratoire de psychologie. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages de psychologie de la santĂ© dont il est un spĂ©cialiste.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2003
ISBN
9782738186034
II
Guérir sa vie blessée
« Les blessures ne sont jamais guĂ©ries et dĂšs qu’on y touche, elles se mettent Ă  saigner de plus belle. »
B. BETTELHEIM
Chapitre VI
LA PSYCHOTHÉRAPIE PEUT-ELLE GUÉRIR ?
La dĂ©marche thĂ©rapeutique est l’un des chemins privilĂ©giĂ©s pour une Ăąme blessĂ©e.
Aujourd’hui, diverses aides psychologiques sont proposĂ©es aux victimes. Ce n’est pas ici l’objet d’en faire une prĂ©sentation dĂ©taillĂ©e ; il s’agit plutĂŽt de fournir quelques indications sur les caractĂ©ristiques du travail thĂ©rapeutique et de comprendre en quoi il Ă©claire la question de la guĂ©rison.
La raison d’ĂȘtre de toute thĂ©rapie, c’est de proposer un travail psychologique qui aide Ă  se libĂ©rer du traumatisme. Pour cela, il faut affronter l’indicible. Un des enjeux thĂ©rapeutiques sera de dĂ©nouer le nƓud de ce qui ne peut ĂȘtre oubliĂ© et de ce qui ne peut ĂȘtre dit. Pour apaiser son Ăąme meurtrie, il faut arriver Ă  mettre des mots sur ses blessures et Ă  parler de sa souffrance. En commençant Ă  parler, la victime va pouvoir briser le mur du silence dans lequel elle est enfermĂ©e. Beaucoup ont en effet du mal Ă  parler de ce qui leur est arrivĂ© ; certains auteurs ont interprĂ©tĂ© cette difficultĂ© tantĂŽt par l’impossibilitĂ© pour des survivants de tĂ©moigner de ce qu’ils ont subi, tantĂŽt par leur difficultĂ© Ă  parler dans un contexte thĂ©rapeutique (Bieder, 1998).
Ce dernier aspect explique peut-ĂȘtre pourquoi rescapĂ©s et victimes s’adressent si rarement Ă  un psychiatre ou Ă  un psychothĂ©rapeute.
« La premiĂšre des questions Ă  laquelle il faudrait pouvoir rĂ©pondre est celle-ci : pourquoi un pourcentage si infime de ces patients adresse-t-il une plainte Ă  qui peut l’entendre quant Ă  leurs symptĂŽmes spĂ©cifiques
 Les intĂ©ressĂ©s invoquent la nĂ©cessitĂ© de se taire, de ne rien livrer de leurs expĂ©riences Ă  leurs proches, ni Ă  personne, comme s’ils Ă©taient les dĂ©positaires d’un redoutable secret » (Lebigot et coll., 1991).
Le silence des victimes constitue donc un des enjeux thĂ©rapeutique ; il renvoie Ă  ce qu’elles ont vĂ©cu comme innommable ; la brĂšche ouverte dans ce silence, ce sera la parole. Rompre le silence implique un parcours, souvent long et douloureux ; il opĂšre le dĂ©voilement de l’impensable et permettra Ă  chacun de donner « un sens Ă  l’absurde catastrophe en retrouvant la continuitĂ© psychique entre le passĂ©, le prĂ©sent et l’avenir » (Lindy, 1985).
La thĂ©rapie des traumatismes a connu un dĂ©veloppement spĂ©cifique liĂ© Ă  la nĂ©cessitĂ© d’apporter des rĂ©ponses adaptĂ©es aux problĂšmes psychologiques des victimes. La prise en compte de cette spĂ©cificitĂ© est apparue en particulier Ă  partir des situations de guerre oĂč les psychiatres de l’armĂ©e ont observĂ© chez les soldats au combat une « pathologie psychotraumatique qui constitue rĂ©ellement un domaine Ă  part dans l’univers des affections mentales
 ; Ă  cette pathologie, il convient d’appliquer des dispositions thĂ©rapeutiques adaptĂ©es et donc spĂ©cifiques » (Crocq, 1999, op. cit., p. 282). Ce faisant, des mĂ©thodes thĂ©rapeutiques nouvelles se sont dĂ©veloppĂ©es et ont Ă©galement Ă©tĂ© utilisĂ©es par rapport Ă  d’autres situations comme les catastrophes, la torture, le viol, etc.
Ainsi, aux États-Unis, par exemple, Ă  partir des annĂ©es 1970, une attention croissante a Ă©tĂ© portĂ©e aux victimes d’agressions sexuelles ; ce phĂ©nomĂšne Ă©tait lui-mĂȘme liĂ© au dĂ©veloppement du mouvement fĂ©ministe qui avait mis l’accent sur la dĂ©fense des droits et de l’intĂ©gritĂ© des femmes. Dans ce contexte, sont apparues de nombreuses mĂ©thodes thĂ©rapeutiques ; l’objectif Ă©tant toujours le mĂȘme : rĂ©pondre aux nouveaux besoins psychologiques des victimes.
Aujourd’hui, la thĂ©rapie des traumatismes psychiques est l’objet de traitements spĂ©cifiques, mĂȘme si cette position n’est pas encore partagĂ©e par nombre de psychiatres ou psychothĂ©rapeutes.
Une présentation de différentes approches thérapeutiques permettra de se faire une meilleure idée des objectifs et des méthodes existantes ; elle fournira des informations à ceux qui sont désireux de trouver une aide psychologique.
Une distinction essentielle doit tout d’abord ĂȘtre faite entre les prises en charges psychologiques effectuĂ©es au moment de la survenue d’un Ă©vĂ©nement traumatisant ou immĂ©diatement aprĂšs, et les thĂ©rapies entreprises plus tard, lorsque les victimes souffrent de symptĂŽmes durables.
Les prises en charges psychologiques
Aujourd’hui, face Ă  des Ă©vĂ©nements comme les attentats, les catastrophes, les accidents, on cherche Ă  apporter le plus tĂŽt possible une aide psychologique aux victimes et ceci, dans la mesure des moyens, sur les lieux mĂȘmes oĂč l’évĂ©nement s’est produit. Ces interventions s’inspirent d’une longue expĂ©rience de la psychiatrie militaire ; en effet, dĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, il est apparu que les soldats engagĂ©s au combat, qui avaient prĂ©sentĂ© une « rĂ©action de stress au combat » et qui avaient bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un soutien psychologique sur le terrain mĂȘme, avaient moins de troubles affectifs et mentaux et Ă©taient davantage protĂ©gĂ©s contre des sĂ©quelles durables, que d’autres qui n’avaient pas eu un tel soutien.
L’intervention psychologique prĂ©coce consiste essentiellement Ă  inviter les victimes Ă  parler de ce qu’elles ont vĂ©cu et ressenti au moment de l’évĂ©nement, afin qu’elles puissent se dĂ©charger de leurs Ă©motions intenses et Ă©vacuer leurs affects traumatisĂ©s, en gestation. Cette aide psychologique prĂ©coce repose sur la mĂ©thode du debriefing utilisĂ©e selon des versions diffĂ©rentes depuis la PremiĂšre Guerre mondiale. Son principe, appliquĂ© aux victimes de catastrophes et d’accidents par l’US Navy dans les annĂ©es 1970, sur la base d’une dĂ©marche appelĂ©e Special Psychiatric-Rapid Intervention Team (Sprint), s’inspire des critĂšres suivants : briĂšvetĂ© de l’intervention ; immĂ©diatetĂ© ; traitement de toutes les victimes dans un mĂȘme lieu ; espoir de guĂ©rison et d’un retour rapide Ă  la vie normale ; proximitĂ© du lieu de l’évĂ©nement ; simplicitĂ© du traitement. Cette prise en charge est effectuĂ©e par une Ă©quipe composĂ©e, la plupart du temps, d’un psychiatre, d’un psychologue, de travailleurs sociaux et d’un prĂȘtre, pasteur ou rabbin ; les victimes sont rĂ©parties par groupes de six en moyenne, dans un endroit proche de la zone oĂč l’évĂ©nement s’est produit, dans un lieu fermĂ© disposant de chaises et de tables, oĂč les victimes peuvent s’exprimer librement. Le moment le plus opportun se situe directement aprĂšs l’évĂ©nement ou bien dans les premiers jours suivants, sans dĂ©passer la premiĂšre semaine.
La prise en charge est essentiellement centrĂ©e sur l’expression et la verbalisation de ce que chacun a vĂ©cu afin de produire un effet cathartique, c’est-Ă -dire une dĂ©charge psychologique des Ă©motions intenses pour Ă©viter le dĂ©veloppement d’une nĂ©vrose traumatique.
Aujourd’hui, de nombreux programmes de ce type ont Ă©tĂ© mis en place Ă  la suite d’attentats, de prises d’otages, de dĂ©tournements d’avions ou de catastrophes. En France, c’est au lendemain des attentats terroristes de 1986 que furent crĂ©Ă©es les premiĂšres consultations spĂ©cialisĂ©es et aprĂšs 1995, des cellules d’urgence mĂ©dico-psychologiques, d’abord Ă  Paris et ensuite dans les grandes villes en province et auprĂšs de chaque Samu dĂ©partemental. Leur mission, comme le souligne Crocq (1999), est « non seulement d’intervenir sur le terrain, mais d’Ɠuvrer aussi aux stades post-immĂ©diat et chronique, en crĂ©ant des consultations spĂ©cialisĂ©es au sein des consultations hospitaliĂšres, afin d’assurer aux victimes, la thĂ©rapeutique spĂ©cifique dont elles ont besoin » (op. cit., p. 285-286).
Ces objectifs se sont concrĂ©tisĂ©s en France sous l’impulsion de Crocq par une dĂ©marche d’aide psychologique et correspondent Ă  l’expĂ©rience française en la matiĂšre. Crocq en fixe les principaux aspects ; il s’agit avant tout d’offrir aux victimes un espace de transition oĂč elles peuvent parler directement de ce qu’elles ont vĂ©cu ; ensuite, Ă  travers la dĂ©charge Ă©motionnelle, les rĂ©conforter et leur apporter des informations sur ce qui leur est arrivĂ©, en les aidant Ă  prendre conscience du fait que leurs rĂ©actions sont partagĂ©es ; enfin, les prĂ©parer Ă  rĂ©intĂ©grer leur milieu habituel en les aidant Ă  attĂ©nuer leurs sentiments nĂ©gatifs sur l’avenir et en leur permettant de mettre un point final Ă  leur expĂ©rience.
À cĂŽtĂ© des interventions psychologiques d’urgence, liĂ©es Ă  des catastrophes ou des accidents, d’autres se sont portĂ©es vers des victimes d’agressions sexuelles ; lĂ  encore, il s’agit d’une aide psychologique, mais qui est intĂ©grĂ©e aujourd’hui dans un dispositif d’ensemble.
On assiste ainsi Ă  un souci de coordonner les diffĂ©rents types d’aide et ceci Ă  l’intĂ©rieur d’une approche globale. La notion d’intervention en rĂ©seau, qui fait appel aux mĂ©decins, psychologues, travailleurs sociaux, policiers, associations d’aide aux victimes, etc., illustre cette nouvelle conception de la prise en charge.
Dans ce cadre, l’aide psychologique peut ĂȘtre mieux reconnue dans sa spĂ©cificitĂ© : elle est avant tout une « attitude » psychothĂ©rapeutique qui n’est pas une simple aide morale, mais qui permet Ă  la victime d’exprimer, d’identifier et d’évaluer ses sentiments et sa souffrance ; elle peut alors ĂȘtre clairement distinguĂ©e de l’intervention mĂ©dicale et ne pas ĂȘtre confondue avec la psychothĂ©rapie proprement dite. De ce point de vue, les consultations psychologiques faites en dehors d’un contexte hospitalier peuvent s’avĂ©rer les plus appropriĂ©es pour affirmer le sens de cette prise en charge psychologique. Interventions psychologiques d’urgence et prises en charges psychologiques constituent donc deux formes d’aide et de soutien apportĂ©es aux victimes sur les lieux mĂȘmes de l’évĂ©nement, ou immĂ©diatement aprĂšs.
Les thérapies classiques
La dĂ©marche thĂ©rapeutique proprement dite est un traitement psychologique suivi qui intervient une fois les sĂ©quelles du traumatisme installĂ©es de maniĂšre durable. Il s’agit de sĂ©ances rĂ©guliĂšres qui s’échelonnent sur une pĂ©riode plus ou moins longue de 6 mois Ă  1, 2, 5, 10 ans, voire plus. Il existe ainsi un Ă©ventail de thĂ©rapies classiques qui traitent les traumatismes psychiques, non de maniĂšre spĂ©cifique, mais comme tout autre problĂšme psychologique ; parmi ces approches, on peut retenir les thĂ©rapies cognitivo-comportementales, la visualisation, le travail sur les rĂȘves, les thĂ©rapies par l’art, la sophrologie, etc. ; et les psychothĂ©rapies classiques.
La thĂ©rapie cognitivo-comportementale illustre Ă  titre d’exemple une forme de traitement du traumatisme qui part d’une comprĂ©hension du symptĂŽme comme produit d’un comportement conditionnĂ©, c’est-Ă -dire comme un ensemble de rĂ©ponses apprises et qui, par la thĂ©rapie, peuvent ĂȘtre dĂ©sapprises ; on s’intĂ©resse donc avant tout au changement de comportement. À cet aspect, est associĂ© le plus souvent un autre, d’ordre cognitif, qui s’intĂ©resse aux schĂ©mas de pensĂ©e et cherche Ă  les changer en proposant d’analyser comment une personne comprend l’évĂ©nement qu’elle a subi. L’objectif thĂ©rapeutique est essentiellement centrĂ© sur le traitement de l’anxiĂ©tĂ©, des troubles obsessionnels et des phobies ; la dĂ©marche est basĂ©e sur plusieurs techniques qui consistent Ă  aider la personne Ă  surmonter ces troubles. Ainsi s’agissant d’une personne anxieuse, la thĂ©rapie comportementale proposera de la placer dans une situation fortement anxiogĂšne pour la dĂ©sensibiliser ensuite, c’est-Ă -dire lui apprendre Ă  contrĂŽler de telles rĂ©actions.
Cette thĂ©rapie comporte plusieurs Ă©tapes ; dans un premier temps, il s’agit d’apprendre les rĂ©ponses Ă  adopter et celles Ă  Ă©viter Ă  la suite de contacts rĂ©pĂ©tĂ©s avec un stimulus ; cela permet une meilleure maĂźtrise des images mentales et des Ă©motions ; dans un deuxiĂšme temps, la technique thĂ©rapeutique est basĂ©e sur le conditionnement opĂ©rant : on cherche Ă  orienter le patient vers les rĂ©ponses souhaitĂ©es ; dans un troisiĂšme temps, on le met en situation d’apprendre de nouveaux comportements. La dĂ©marche thĂ©rapeutique se dĂ©roule comme un vĂ©ritable programme organisĂ© de façon systĂ©matique avec une progression qui comporte la dĂ©finition des objectifs ; l’analyse des problĂšmes ; la mise en Ɠuvre des changements aux niveaux comportemental, cognitif et affectif ; et l’évaluation des acquis.
Ce type de thĂ©rapie comporte un certain nombre de sĂ©ances fixĂ©es Ă  l’avance et dure en gĂ©nĂ©ral de trois Ă  six mois ; elle peut se prolonger par un suivi sur un an. Les victimes qui ont recours Ă  ces mĂ©thodes indiquent une amĂ©lioration de leur Ă©tat, dans le sens oĂč certains symptĂŽmes non spĂ©cifiques disparaissent.
Ces dĂ©marches comportent Ă©galement un volet pratique de relaxation qui consiste Ă  fournir des moyens permettant d’une part de gĂ©rer le stress et d’autre part d’apprendre des stratĂ©gies d’adaptation (coping skills) en Ă©valuant les situations de risques et en dĂ©veloppant de nouvelles habiletĂ©s.
La visĂ©e est donc double : supprimer les symptĂŽmes et obtenir une rĂ©habilitation de la victime pour lui permettre de retrouver ses capacitĂ©s adaptatrices perdues ; dans ces dĂ©marches, on considĂšre qu’il existe une adĂ©quation entre le type de techniques proposĂ©es et la disparition de tel ou tel symptĂŽme, comme l’anxiĂ©tĂ© ou le sentiment de culpabilitĂ© ; la personne est alors en mesure de reprendre une vie normale ; en effet, les problĂšmes psychiques y sont perçus comme des dysfonctionnements qui peuvent ĂȘtre rĂ©tablis grĂące Ă  des techniques efficaces. La conception de la guĂ©rison est donc essentiellement fonctionnelle et orientĂ©e vers une rĂ©insertion sociale ; il s’agit d’obtenir que la personne reprenne sa place dans la sociĂ©tĂ© et qu’elle puisse recommencer Ă  « fonctionner » normalement.
La fin de la thérapie correspond en principe à la disparition des symptÎmes, mais pas nécessairement à la guérison du traumatisme.
Si on considĂšre maintenant les dĂ©marches psychothĂ©rapeutiques, la plupart des travaux relatent que ce sont les psychothĂ©rapies classiques, c’est-Ă -dire celles qui se rĂ©fĂšrent aux techniques inspirĂ©es de la psychanalyse qui sont encore largement utilisĂ©es. Dans cette optique, on ne considĂšre pas l’expĂ©rience du survivant comme l’expression d’un traumatisme spĂ©cifique, mais comme l’expression d’une nĂ©vrose qui doit ĂȘtre traitĂ©e comme n’importe quelle autre ; autrement dit, la blessure psychique n’est pas abordĂ©e comme cause de la dĂ©sorganisation psychique, mais seulement comme ce qui est en lien avec elle.
Cela amÚne certains spécialistes à considérer que les méthodes thérapeutiques classiques, y compris la psychothérapie de soutien, ne peuvent venir à elles seules à bout du syndrome traumatique.
« N’est-il pas paradoxal de trouver, aujourd’hui encore, des cliniciens qui continuent inexorablement Ă  relier dans leur pratique psychothĂ©rapeutique, la souffrance des survivants de l’Holocauste Ă  leur personnalitĂ© antĂ©rieure, niant par lĂ  l’impact des Ă©vĂ©nements traumatiques ? Leur rĂ©fĂ©rentiel thĂ©orique ne leur permettant pas de penser l’action d’un tiers, ils escamotent la rĂ©alitĂ© clinique pour indĂ©finiment prĂ©server l’édifice thĂ©orique qui fonde leur pratique » (Sironi, 1999, op. cit., p. 249).
Il faut, selon eux, des dispositifs thĂ©rapeutiques spĂ©cifiques pour traiter les traumatismes psychiques. La visĂ©e n’est plus le traitement du symptĂŽme ou le traitement d’une personnalitĂ© nĂ©vrotique, mais la victime dans sa spĂ©cificitĂ©, laquelle est invitĂ©e Ă  faire parler sa blessure et sa souffrance. La dĂ©marche reste psychothĂ©rapeutique ; ma...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Copyright
  4. Table
  5. DĂ©dicace
  6. INTRODUCTION
  7. I. Vivre avec ses blessures
  8. II. Guérir sa vie blessée
  9. CONCLUSION
  10. ANNEXE
  11. BIBLIOGRAPHIE