Un avenir pour l'emploi
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Un avenir pour l'emploi

Sortir de l'économie administrée

  1. 160 pages
  2. French
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Un avenir pour l'emploi

Sortir de l'économie administrée

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À propos de ce livre

Contre le chĂŽmage, on a tout essayĂ©? Non, rĂ©pond Bruno Coquet, car si on a multipliĂ© les dispositifs coĂ»teux, notamment pour allĂ©ger les cotisations sociales, l'emploi reste en quĂȘte d'une vraie stratĂ©gie, lisible et efficace. Ce livre bat en brĂšche le consensus qui rĂšgne sur le sujet. À force de se focaliser sur les rigiditĂ©s du marchĂ© du travail et sur son coĂ»t, on oublie de poser des questions simples: pourquoi les tentatives de rĂ©forme ne concernent-elles jamais le secteur public? Est-ce le travail qui est trop cher ou la protection sociale? Pourquoi subventionner des emplois qui ne permettent mĂȘme pas d'en vivre? Bruno Coquet ne se contente pas de dĂ©noncer quarante ans d'Ă©checs en matiĂšre d'emploi. Il montre que des solutions sont possibles si l'on veut bien faire prĂ©valoir les principes d'Ă©quitĂ© et de clartĂ©, qui seuls permettront d'Ă©largir le soutien dont la rĂ©forme a tant besoin. Bruno Coquet est docteur en Ă©conomie, reconnu comme l'un des meilleurs experts français des politiques du marchĂ© du travail et de l'assurance-chĂŽmage. Intervenant auprĂšs de l'Institut de l'entreprise et de l'OFCE, il a Ă©tĂ© prĂ©sident du comitĂ© de l'emploi (EMCO) du Conseil de l'Union europĂ©enne.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2017
ISBN
9782738137951

CHAPITRE 1

Des moyens en pagaille,
pas de résultat


Le monde est le mĂȘme pour tous. La plupart des pays industrialisĂ©s occidentaux partagent avec la France le souvenir d’une reconstruction heureuse, puis l’entrĂ©e dans le chaos des crises Ă©conomiques, financiĂšres, sociales, internes ou venues d’ailleurs. Comme la France, tous les pays ont Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  la nĂ©cessitĂ© de s’adapter et de tirer le meilleur parti de la mondialisation ainsi que des changements technologiques ou climatiques qui redistribuent les cartes Ă  toute vitesse.
Les « contraintes » europĂ©ennes sont aussi les mĂȘmes pour tous les États membres de l’Union et de la zone euro, et si la France s’est parfois habilement jouĂ©e de ces rĂšgles, d’autres s’en sont accommodĂ©s de maniĂšre plus vertueuse. C’est d’autant plus regrettable que la France a eu la chance d’ĂȘtre Ă©pargnĂ©e par les chocs macroĂ©conomiques « asymĂ©triques » qui ont durement secouĂ© ses partenaires, telle la rĂ©unification allemande, ou plus rĂ©cemment la bulle immobiliĂšre espagnole. La France est avant tout face Ă  elle-mĂȘme, car ce sont principalement des facteurs endĂ©miques qui expliquent le contraste entre la situation Ă©conomique de notre pays et celles de nos principaux partenaires.

MarchĂ© du travail : le nƓud gordien ?

Le chĂŽmage porte Ă  lire tous les problĂšmes au prisme du marchĂ© du travail. Il faut cependant voir les choses plus largement car, en rĂ©alitĂ©, le potentiel de croissance de la France n’a cessĂ© de s’affaiblir bien au-delĂ  du facteur travail1. Les difficultĂ©s sont omniprĂ©sentes, touchant le partage de la valeur ajoutĂ©e, le taux d’activitĂ© tout au long de la vie, le salaire, le niveau de la protection sociale et son financement2, la fiscalitĂ©, la redistribution, la pauvretĂ© ou encore l’éducation. En un mot l’économie dans son ensemble.
Pourtant, quel que soit le sujet abordĂ©, les institutions et le fonctionnement anachroniques du marchĂ© du travail, ainsi que le modĂšle français de protection sociale, sont toujours dĂ©signĂ©s comme les principaux responsables des piĂštres performances Ă©conomiques françaises, du chĂŽmage de masse et de la faiblesse des taux d’activitĂ© et d’emploi. En effet, les analyses en reviennent systĂ©matiquement Ă  pointer des blocages, des rigiditĂ©s, des coĂ»ts qui pĂšsent sur l’emploi et rendraient la plupart des autres rĂ©formes inopĂ©rantes si la rĂ©forme du marchĂ© du travail n’avait pas Ă©tĂ© accomplie au prĂ©alable et en profondeur.
Il est vrai que depuis quarante ans le marchĂ© du travail français n’a donnĂ© aucun signe de rĂ©mission durable. La France Ă©tait, en 2015, le pays de l’Union europĂ©enne comptant le plus grand nombre de chĂŽmeurs, aprĂšs l’Espagne et devant l’Italie. Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, douze pays de l’Union sont parvenus Ă  rĂ©duire au moins une fois leur taux chĂŽmage sous le seuil de 5 %, dix-huit sont passĂ©s en deçà de 6 % et, neuf ans aprĂšs le dĂ©but de la crise actuelle, plusieurs retrouvent leurs meilleurs niveaux. Mais chez nous, le taux de chĂŽmage n’a jamais Ă©tĂ© infĂ©rieur Ă  7,3 % depuis plus de trente ans, et Ă  7,4 % depuis 1995. Seuls quatre pays de l’Union europĂ©enne ont fait pire, le moins bon Ă©tant la Slovaquie, qui n’est jamais parvenue Ă  faire mieux que 9,6 %3. Ces mauvais Ă©lĂšves du chĂŽmage ont cependant surclassĂ© la France dans d’autres matiĂšres : ainsi, entre 1995 et 2015, le PIB par habitant a Ă©tĂ© multipliĂ© par cinq en Slovaquie, par deux en Espagne contre seulement + 58 % en France ; mĂȘme la GrĂšce, pourtant laminĂ©e par la crise, a vu son PIB par tĂȘte progresser de + 64 % sur cette pĂ©riode.
Un corpus dominant s’est progressivement constituĂ© parmi les Ă©conomistes et les institutions internationales prescriptrices de politiques Ă©conomiques. Son idĂ©e-force est que le systĂšme Ă©conomique et social français est Ă  la fois obsolĂšte et dĂ©sĂ©quilibrĂ© en faveur de la sĂ©curitĂ© au dĂ©triment de la flexibilitĂ©, ce qui handicape les performances Ă©conomiques du pays.
Les principaux problĂšmes de l’économie française et les prescriptions qui constituent « l’agenda » des rĂ©formes sont articulĂ©s autour de cinq axes :
‱ Le coĂ»t du travail est trop Ă©levĂ©, d’une part au niveau du salaire minimum, ce qui pĂšse sur l’emploi non qualifiĂ© Ă  bas salaires, et d’autre part Ă  tous les niveaux de salaire, ce qui nuit Ă  la compĂ©titivitĂ©. Le remĂšde est d’abaisser le coĂ»t du travail, en contenant le Smic, en allĂ©geant les cotisations sociales et en diminuant les charges des entreprises.
‱ Les institutions du marchĂ© du travail sont rigides et inefficientes (Code du travail, contrats et conditions de travail, salaire minimum et nĂ©gociations salariales, assurance-chĂŽmage, formation professionnelle, etc.) si bien que les comportements individuels sont rigides eux aussi : il faut allĂ©ger la rĂ©glementation et inciter Ă  l’emploi.
‱ Les individus les plus fragiles sont marginalisĂ©s, Ă  la fois dans l’accĂšs au marchĂ© du travail, dans l’accĂšs aux emplois de bonne qualitĂ©, stables, et Ă  tout ce qu’ils permettent d’obtenir (logement, crĂ©dit, etc.) : les politiques publiques doivent rĂ©duire la prĂ©caritĂ© en favorisant leur insertion dans l’emploi.
‱ La protection sociale rĂ©duit l’incitation Ă  l’emploi, car elle est trop gĂ©nĂ©reuse, pas assez contributive, pas assez conditionnĂ©e Ă  l’activitĂ© et Ă  l’emploi : la gĂ©nĂ©rositĂ© de la protection sociale doit ĂȘtre rĂ©duite.
‱ La formation initiale et tout au long de la vie des actifs est insuffisante ou inadaptĂ©e, ce qui pĂ©nalise l’innovation, la croissance potentielle et surtout l’emploi : il faut rĂ©former l’éducation, dĂ©velopper l’apprentissage et la formation professionnelle, Ă  la fois pour crĂ©er des emplois aujourd’hui et pour prĂ©parer les actifs aux besoins futurs de la nouvelle Ă©conomie.
La forte rĂ©sistance sociale que rencontre l’application de ce programme empĂȘche de le qualifier de consensus. C’est d’autant plus vrai qu’une telle convergence sur les objectifs et les moyens de la rĂ©forme, ainsi que sur les mĂ©canismes nombreux et trĂšs complexes qui rĂ©gissent le marchĂ© du travail, ne peut Ă©videmment pas ĂȘtre obtenue sans quelques gros malentendus, et surtout sans une simplification drastique des problĂšmes et de leurs solutions.
Cet agenda est nĂ©anmoins devenu la colonne vertĂ©brale de la rĂ©flexion, bien au-delĂ  des milieux Ă©conomiques qui l’ont formulĂ©. Il fournit en effet une cartographie des problĂšmes plus ou moins acceptĂ©e, et des bases de langage communes pour discuter et formaliser les rĂ©formes Ă  accomplir. Que l’on partage ou non cette approche, c’est sur ce tapis et avec ces cartes que se joue la partie.
Il est nĂ©anmoins Ă©vident que l’insistance Ă  mettre la rĂ©forme du marchĂ© du travail au centre de tout, et avant tout, complique les choses : d’une part la volontĂ© rĂ©formatrice prend un tour obsessionnel ; d’autre part, concentrer la rĂ©forme sur le marchĂ© du travail a pour corollaire d’y concentrer l’opposition Ă  la rĂ©forme. Tout concourt Ă  faire de ce champ une « ZAD » symbolique, arĂšne idĂ©ale pour une lutte finale.

Du déni aux réformes

Le combat contre le chĂŽmage constitue le point focal des politiques publiques depuis des lustres, et il se traduit dans les faits, car contrairement Ă  une opinion largement rĂ©pandue, les gouvernements ont beaucoup agi, toutes couleurs politiques confondues. Les rĂ©formes du marchĂ© du travail et les politiques publiques mises en Ɠuvre ont Ă©tĂ© innombrables.
« On a tout essayĂ© ! » La cĂ©lĂšbre formule rĂ©sume admirablement bien le sentiment mĂȘlĂ© de devoir accompli, de fatalisme et de contrition. On sait avec le recul que lorsqu’elle fut prononcĂ©e au dĂ©but des annĂ©es 1990 on n’avait pourtant pas essayĂ© grand-chose : blocage des prix, dĂ©valuations, nationalisations, dĂ©sindexation pour rompre la « boucle prix-salaires » et se dĂ©faire de la « contrainte extĂ©rieure ». Les politiques du marchĂ© du travail Ă  proprement parler s’étaient consacrĂ©es Ă  rĂ©duire le nombre d’actifs par tous les moyens. Contre le chĂŽmage on avait donc surtout essayĂ© le malthusianisme.
Un renversement de perspective s’engage au crĂ©puscule du XXe siĂšcle, confortĂ© dans les annĂ©es 2000 par l’impulsion europĂ©enne de la StratĂ©gie de Lisbonne : ce qui va dominer ce n’est plus le « contenu en emploi de la croissance », ce partage d’un gĂąteau existant, mais l’augmentation du taux d’emploi pour stimuler la croissance, et in fine renforcer la cohĂ©sion sociale. Il ne s’agit plus d’écarter les individus du marchĂ© du travail, mais de les y amener toujours plus nombreux, afin de maximiser la croissance Ă©conomique.
Un dĂ©ferlement de lois et de rĂšglements s’ensuit : environ soixante rĂ©formes majeures ont Ă©tĂ© entreprises depuis 2000, une par trimestre ! Et encore, ce dĂ©compte ne recense que les lois directement axĂ©es sur le marchĂ© du travail et la protection sociale ; on pourrait lĂ©gitimement y inclure celles qui ajoutent Ă  leurs motifs des effets indirects sur l’emploi, comme dans les domaines de l’éducation ou de l’environnement, ou encore les dispositions incorporĂ©es dans les lois de finances ou les lois de financement de la SĂ©curitĂ© sociale dont certaines sont trĂšs massives (barĂšme des exonĂ©rations de cotisations sociales, crĂ©dit d’impĂŽt compĂ©titivitĂ© emploi [CICE]), ainsi que les mesures introduites en marge de textes dont l’emploi n’est pas l’objet premier. De mĂȘme pour les accords interprofessionnels et les textes d’ordre rĂ©glementaire qui peuvent avoir des effets trĂšs consĂ©quents, parfois plus sensibles et dĂ©cisifs qu’une loi votĂ©e au Parlement, comme la revalorisation ponctuelle du Smic ou son absence.
Ce mouvement s’incarne Ă  la fois dans le domaine juridique (Code du travail), et dans le domaine Ă©conomique par l’entremise des budgets dĂ©volus aux politiques publiques : exonĂ©rations de cotisations sociales, assurance-chĂŽmage, contrats aidĂ©s, formation professionnelle, dĂ©penses sociales et niches fiscales, etc. La plupart de ces budget n’ont cessĂ© de croĂźtre au fil des ans, jusqu’à peser aujourd’hui environ 6 % du PIB au total, soit prĂšs de 130 milliards d’euros par an (Graphique 1).
À ce montant, il serait possible d’ajouter le CICE, le Pacte de responsabilitĂ©, les soutiens divers aux activitĂ©s de services Ă  la personne, mĂȘme si la destination de ces politiques n’est pas exclusivement l’emploi. En incluant tous ces dispositifs, l’addition s’alourdirait d’environ 45 milliards d’euros par an (2 % du PIB), et encore 40 milliards de plus si l’on ajoutait la politique du logement (encore 2 % du PIB), dont les liens avec le marchĂ© du travail sont nombreux et Ă©troits (cf. chapitre 6). ConsidĂ©rĂ©s largement, les moyens consacrĂ©s chaque annĂ©e Ă  intervenir directement sur le marchĂ© du travail, ou afin de compenser indirectement des effets fĂącheux de son fonctionnement, reprĂ©sentent donc presque 10 % du PIB.
Les donnĂ©es de comparaison internationale attestent que la France est structurellement dĂ©pensiĂšre sur le marchĂ© du travail : elle figure parmi les pays europĂ©ens dont les budgets d’intervention sont les plus Ă©levĂ©s, et ce depuis trĂšs longtemps (Graphique 2). Certes, le niveau actuel des dĂ©penses contracycliques (assurance-chĂŽmage, emplois publics aidĂ©s) est dopĂ© par la crise profonde et durable que nous traversons depuis 2008. Mais l’atonie de l’emploi a aussi pour effet de modĂ©rer des budgets volumineux trĂšs dynamiques en temps normal (formation professionnelle, allĂ©gements de cotisations sociales, apprentissage, etc.).
Graphique 1. DĂ©penses publiques su...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. DĂ©dicace
  5. Introduction
  6. CHAPITRE 1 - Des moyens en pagaille, pas de résultat
  7. CHAPITRE 2 - Le secteur public dispensé des réformes
  8. CHAPITRE 3 - Réduire le coût du travail ou celui de la protection sociale ?
  9. CHAPITRE 4 - Des emplois subventionnés dont on ne peut pas vivre
  10. CHAPITRE 5 - Emploi et logement : les exclusions siamoises
  11. CHAPITRE 6 - Rebñtir l’assurance-chîmage
  12. CHAPITRE 7 - Former plus
 Pour quoi faire ?
  13. CHAPITRE 8 - La politique de l’emploi contre-attaque
  14. Conclusion
  15. Bibliographie
  16. Table
  17. Du mĂȘme auteur