Pré-textes
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L'homme préhistorique en morceaux

  1. 400 pages
  2. French
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L'homme préhistorique en morceaux

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À propos de ce livre

« Voici, après Pré-ambules, ou les premiers pas de l'homme, Pré-textes, ou l'homme préhistorique en morceaux. Ces "morceaux" se rapportent, bien sûr, aux hommes fossiles que j'ai toujours fréquentés, souvent cherchés, parfois trouvés, mais aussi aux produits artisanaux ou artistiques, parfois les deux, de leur esprit. C'est un vrai livre de paléoanthropologie et de préhistoire qui fait le tour des sujets servis par ces disciplines. En dehors des faits évoqués en permanence et illustrés souvent, je souhaiterais en effet que le lecteur, et notamment le jeune lecteur, trouve dans ces textes la passion de la recherche, l'éclat de ses résultats et l'élégance de ses démonstrations, en d'autres termes l'esprit scientifique tel qu'il m'a séduit, tel que je l'ai vécu et continue, bien sûr, de le vivre. » Y. C. Dans un style clair et enlevé, voici donc, par l'un de nos plus grands paléontologues, reconnu dans le monde entier, un livre, aussi plaisant que riche, qui nous présente plus de vingt ans d'actualité préhistorique.Découvreur mondialement connu de nombreux fossiles humains célèbres dont Lucy, Yves Coppens est paléontologue, professeur honoraire au Muséum national d'histoire naturelle et au Collège de France, membre de l'Académie des sciences et de l'Académie de médecine. Il a notamment publié Pré-ambules, Le Genou de Lucy, L'Histoire de l'homme, Yves Coppens raconte l'homme et, plus récemment, Le Présent du passé qui ont été de très grands succès.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2011
ISBN
9782738194350
1.
L’homme préhistorique,
ses disciplines
L’homme préhistorique est un fossile et la science des fossiles s’appelle la paléontologie.
Comme la paléontologie couvre un champ immense – l’étude de toutes les espèces qui ont vécu (mais qui sont aujourd’hui éteintes) depuis les premières –, cette discipline, que l’on appelle aussi parfois pour cela « paléobiologie », s’est subdivisée en mille spécialités : paléontologie animale, paléontologie végétale, paléomammologie, paléoprimatologie, etc., et, bien sûr, paléontologie humaine, que l’on a rajeunie en paléoanthropologie, quand il s’agit de systématique, et en paléogénétique, paléohistologie, paléohématologie, paléoimmunologie, paléopathologie, paléobiogéochimie, quand il s’agit de biologie, disciplines qui viennent ensuite se ranger dans les cases de la systématique.
L’anthropologie, étudiant de son côté l’homme, les hommes préhistoriques se sont retrouvés souvent aussi sous la coupe de cette discipline ; mais les confusions étant fréquentes avec l’anthropologie culturelle ou l’anthropologie sociale (l’ethnologie, par exemple), cette anthropologie qui concerne l’anatomie a alors parfois bénéficié d’un adjectif : anthropologie physique, anthropologie biologique, anthropologie préhistorique.
Comme, par ailleurs, depuis qu’il est homme, l’homme préhistorique a, comme l’on sait, inventé la culture – est culture tout ce qui n’est pas nature –, les témoignages de celle-ci tombent, cette fois, sous la dépendance de la science que l’on nomme « préhistoire » ou « archéologie » ou « palethnologie ». La « paléoanthropologie » (plus américaine) comme d’ailleurs l’« anthropologie préhistorique » (plus désuète) sont censées recouvrir les deux facettes de ces études : celle de l’homme lui-même et celle de ses comportements, de son habitat, des produits de son art et de son artisanat, etc. Mais ces appellations dépendent aussi des enseignements reçus et les enseignements, des traditions culturelles des enseignants. C’est la raison pour laquelle, au moment de la quitter, j’ai proposé d’appeler « anthropologie biologique » la première chaire dont j’ai été titulaire et qui s’appelait alors tout simplement « anthropologie » (c’était au Muséum national d’histoire naturelle de Paris) et c’est aussi la raison pour laquelle j’ai appelé « paléoanthropologie et préhistoire » la chaire que l’on m’a offerte au Collège de France, pour garder, dans son nom, la tradition française du second terme au risque de dire, pour certains, deux fois la même chose.
Les fossiles se trouvant dans le sol et le sous-sol, il faut évidemment commencer par aller les chercher. Et, avant de faire de la paléontologie – le contenu –, il convient d’étudier le contenant, en d’autres termes de faire de la géologie, de la stratigraphie, de la tectonique, de la sédimentologie, etc. Quant au contenu, il nous permettra d’exercer les métiers que l’on vient de décrire, paléontologue, préhistorien, et d’interpréter cette fois les analyses de contenant et contenu réunis en termes de paléoenvironnement, paléoécologie, paléoclimatologie, paléogéographie, etc. Si les terrains sont fossilifères, on fera en outre de la taphonomie pour interpréter la répartition des fossiles en termes de compréhension de l’histoire du dépôt ; s’il s’agit d’habitat humain, on fera de la palethnologie pour interpréter la répartition des restes en termes de compréhension du fonctionnement de l’« établissement » et, donc, de comportement de ses habitants.
Beaucoup d’autres disciplines viennent évidemment s’allier à celles de base que nous venons de présenter en fonction de leur offre et de nos besoins (celles qui concernent les datations, par exemple). Mais cette petite introduction souhaitait ouvrir à quelques textes des grands domaines de l’étude de l’homme préhistorique et n’avait pas vocation à établir un inventaire de toutes les disciplines qui, de près ou de loin, s’y rapportent ou s’y sont rapportées.
*
La paléobiologie
Cette histoire que Sacha Broussine a décidé de nous raconter […] est, de très loin, la plus belle de toutes les histoires puisque c’est la nôtre, celle de notre Univers, celle de notre planète, celle de la vie dont nous faisons partie ; on ne peut pour le moment la raconter que depuis 15 milliards d’années – ce qui n’est quand même pas si mal –, depuis une grande explosion dont on capte encore les éclats et le bruit. Et, depuis ce gros boum, toute l’histoire se déroule dans le sens de l’expansion – que l’on pouvait attendre – mais aussi dans celui de l’organisation et de la complication, l’organisation la plus élaborée, la complication la plus grande étant en même temps les plus rares, nous disent les astrophysiciens.
Il est amusant de penser naïvement, avant d’aller plus loin, au temps d’avant le gros boum, s’il fut, comme d’ailleurs à celui d’après l’expansion, s’il doit venir, et aux autres mondes qui peuplent peut-être d’autres espaces, s’il y a de ces derniers pour contenir ces premiers…
Des molécules s’empilent, s’entourent, se divisent et s’animent bientôt à la surface mouillée d’une planète d’une galaxie en expansion comme les autres et voilà la vie qui va se répandre, s’organiser, se compliquer à son tour. Une superbe gerbe de formes vivantes que lie une indéniable parenté se déploie sur la Terre entière au fil de 4 milliards d’années, produisant, au terme d’un de ses rameaux, l’homme, le premier être à tenter de réunir les éléments épars pour raconter l’histoire.
Il est aussi amusant de penser à ce à quoi auraient pu ressembler les animaux et les plantes d’aujourd’hui si la vie, contrainte par le carcan de son génome mais ne disposant pas moins d’une belle marge de manœuvre, n’avait pas choisi à chaque carrefour ce qu’elle a choisi… Nous ne serions pas ; mais d’autres gens, d’allure forcément étrange, réfléchiraient peut-être à notre place…
L’homme a inventé l’outil, la culture, la technologie ; il va bientôt partir coloniser les autres planètes de son étoile et puis d’autres planètes d’autres étoiles, à la rencontre d’autres mondes et peut-être d’autres vies. Mais, après tout, ce phénomène terrestre ne présenterait-il pas le degré d’élaboration et de complication qui suffirait à en faire un phénomène rare, je veux dire unique ?
Entrez vite dans le livre de Sacha Broussine. L’Univers, sa Voie lactée et son étoile solaire, la vie et son incroyable fantaisie, l’homme et sa perpétuelle bougeotte nous y attendent tout au long de ces pages et de leurs illustrations originales ; vous y verrez que la réalité dépasse partout et de très loin la fiction la plus folle.
La paléontologie
L’astronomie, la géologie, la paléontologie, la préhistoire sont au moins en partie des disciplines historiques. Et comme on ne peut remonter le temps autrement que par la science et l’imagination, ces disciplines font rêver. Comme, en outre, l’histoire de l’homme fait partie de l’histoire de la vie qui fait partie de l’histoire de la Terre qui fait naturellement partie de l’histoire de l’Univers, ces disciplines racontent une histoire continue d’une quinzaine de milliards d’années, qui n’est ni plus ni moins que la nôtre ; l’histoire d’une matière inerte qui se complique, s’organise et devient, dans l’eau, sur la Terre il y a 4 milliards d’années, en partie vivante ; matière vivante qui se complique, s’organise et devient, sur la même Terre il y a 3 millions d’années, en partie pensante ! C’est quand même la plus belle mais la plus cocasse des histoires du monde !
Neil Shubin est paléontologue, c’est donc un de ces historiens de la vie, un historien qui a su conduire avec succès, sur le terrain, une bien belle aventure scientifique puisqu’il a découvert le premier fossile conquérant des continents, qui a osé mettre le nez « dehors », après 3,5 milliards d’années dans l’eau. C’est une bien réelle aventure tout court, puisque c’est sous les latitudes peu confortables des terres arctiques d’Ellesmere qu’il est allé le chercher – et le fossile était au rendez-vous. Comme Neil Shubin est aussi un merveilleux conteur, il parvient avec élégance, en trois tableaux dirait-on au théâtre, à faire ressentir tout cela, la beauté et la rigueur des toundras et des climats qui leur vont bien ; à faire saisir l’évidence et la magie de l’évolution et de ses broderies adaptatives ; à faire mesurer la réalité et l’ampleur, au fil du temps, des changements topographiques et environnementaux.
Je me suis bien sûr reconnu dans les exercices successifs de ce métier qui est le mien, prospection, découvertes et fouilles des sites, collecte et dégagement des fossiles de leur gangue, émerveillement devant les caractères anatomiques qui nous arrivent du temps et qui nous racontent, si on sait les lire, ce que l’on attend – un peu – et plein d’autres choses qu’on n’attend pas et puis intégration des données nouvelles dans la fresque déjà somptueuse de l’histoire générale de notre monde. Bien que connaissant donc – et pour cause – toutes ces étapes par cœur, je n’en ai pas moins lu avec gourmandise ce livre extraordinaire et généreux de Neil Shubin et envié la clarté de son style, reflet évident de celle de son esprit, habité d’une belle logique déductive, celle des grands scientifiques.
Merci, Neil, d’avoir pris ce temps d’écrire. Les paléontologues et, j’en suis sûr, tous les lecteurs, t’en seront reconnaissants.
La paléoanthropologie et la préhistoire
La paléoanthropologie et la préhistoire sont chargées, comme chacun sait, de reconstituer l’histoire de l’homme ; ces disciplines ont donc le devoir scientifique et philosophique grave de démontrer ses racines animales, de prouver son cousinage avec les grands singes, de déclarer son origine unique, tropicale et africaine, de montrer la logique de son déploiement progressif à travers le monde et d’expliquer comment conscience et connaissance ont peu à peu donné à ce drôle de petit mammifère des traits comportementaux que l’on n’avait pas encore vu poindre le long des 4 milliards d’années d’histoire de la vie, et qui sont le libre arbitre et la liberté, la responsabilité et la dignité. Toute cette reconstitution se fait donc avec ce que le temps, dans son infinie profondeur, a bien voulu conserver, c’est-à-dire, essentiellement, des ossements et des cailloux ; mais ces ossements sont fossilisés et ces cailloux taillés, et les uns et les autres ont gardé de l’époque de leur existence et parfois des époques qui se sont écoulées depuis, une impressionnante mémoire qu’il suffit d’apprendre à lire, et puis à transcrire et bien sûr à enseigner. Le titulaire actuel de la chaire ne s’appelant pas Jonas, la figure se passera de légende1.
L’histoire naturelle et l’histoire culturelle de l’homme
Ce troisième numéro de la toute jeune et toute dynamique revue Musées/Hommes est un brillant parcours à travers ce que l’on nomme la paléoanthropologie quand il s’agit de l’histoire naturelle de l’homme et la préhistoire, lorsqu’il s’agit de son histoire culturelle. En guise d’introduction, j’aimerais cette fois user de cette tribune pour répondre à ceux, sincères ou provocateurs, qui se sont parfois demandé à quoi servaient ces disciplines. La paléoanthropologie et la préhistoire sont des sciences à la limite des domaines des sciences de la Terre, des sciences de la vie et des sciences de l’homme. Elles participent donc à l’acquisition des connaissances et sont, en ce sens, indissociables de leurs consœurs et du propos commun qui les unit, la description du monde et la tentative de compréhension logique de son fonctionnement. Or, lorsqu’on étudie, parmi les vestiges laissés sur ou dans le sol, l’évolution des rapports qui ont existé entre les types successifs d’hommes et leurs cultures, on constate des différences importantes de vitesse de transformation des uns et des autres. L’homme se transforme d’abord physiquement plus vite que n’évolue sa culture, puis le phénomène s’inverse ; la culture accélère de manière exponentielle, son développement, laissant littéralement sur place l’évolution biologique, ce qui fait dire à certains que nous n’évoluons plus. Que s’est-il donc passé ? L’équipement culturel de plus en plus important de l’homme a eu simplement de plus en plus tendance à répondre avant son propre corps aux sollicitations du milieu naturel ; ainsi peu à peu, chez lui, l’instinct a cédé le pas au libre arbitre. En d’autres termes, l’homme a peu à peu, grâce à la connaissance, gagné sa liberté, sa responsabilité, sa dignité. La paléoanthropologie et la préhistoire ont, bien sûr, participé à l’acquisition de cette connaissance, source de libération, mais ce sont elles qui en ont aussi démonté et expliqué le mécanisme. Depuis que l’homme a atteint ce niveau de réflexion que l’on appelle conscience, il est par ailleurs habité par cette angoisse dite existentielle qui peut se traduire par le fameux triptyque de questions : quelle est mon origine ? Quelle sera ma destinée ? Quelle est ma nature, et quelle est sa place dans le monde ? Mythes et religions ont élaboré des parades apaisantes à ces questions inhérentes à notre nature réfléchie, mais la science, et en particulier ses approches paléoanthropologiques et préhistoriques, leur a donné aussi, à son niveau, des éléments de réponse. On connaît aujourd’hui par exemple les 20 derniers milliards d’années de l’histoire de notre Univers2 ; après une probable explosion, dont on perçoit encore les effets, la matière particulièrement dense et chaude qui le constituait alors s’est peu à peu répandue en se compliquant et en s’organisant avec le temps : galaxies, étoiles et planètes se sont bientôt mises en place et, sur l’une de ces dernières, vieille de moins de 5 milliards d’années, s’est développé un phénomène curieux : la vie. Simple à l’origine, il s’est lui aussi répandu à travers la Terre entière en se compliquant et en s’organisant avec le temps ; unicellulaires puis pluricellulaires, plantes et bêtes, invertébrés et vertébrés se sont mis en place et en l’un de ces derniers vertébrés, vieux de moins de 5 millions d’années, s’est développé un phénomène extravagant, la conscience. Nous voici donc situés, humbles et superbes, au bout d’une des branches d’un immense arbre généalogique d’animaux et de végétaux de 4 milliards d’années, sur une petite planète d’une des étoiles de la Voie lactée, en pleine conquête de notre corps, de notre Terre et de notre système solaire, dont on connaît en outre les limites de la durée d’existence. Il n’y a pas de science appliquée, disait Louis Pasteur, il n’y a que les applications de la science. La paléoanthropologie et la préhistoire, comme toutes les sciences, ont aussi bien sûr de ces applications à court terme qui rassurent certains. Ce sont en effet des sciences de la Terre ; leurs fossiles participent ainsi à la datation des couches de terrain qui les contiennent ; or ces datations permettent l’établissement de cartes géologiques, documents de base nécessaires à toute exploitation ayant un rapport avec ce terrain, recherche de pierres pour la construction ou d’assises pour son implantation, recherche d’eau, recherche de pétrole, d’uranium et des divers minerais qu’utilise l’homme… La paléoanthropologie et la préhistoire sont donc des disciplines essentielles : d’allure peut-être parfois anecdotiques, elles ne sont en fait pas si innocentes qu’elles en ont l’air et transforment peu à peu, insidieusement, les mentalités de l’humanité tout entière. Elles nous ont appris l’épaisseur du temps, l’ancienneté incontestable du temps de l’homme, mais en même temps sa jeunesse non moins incontestable vis-à-vis du temps de la vie, de celui de la Terre ou de celui de l’Univers. Elles nous ont appris notre origine animale, notre proche cousinage avec les chimpanzés, et en même temps la supériorité que nous a apportée notre invention de l’outil fabriqué et du milieu culturel qu’il a représenté. Elles nous ont appris qu’il ne fallait jamais avoir peur de la science, source de connaissance, donc de plus grande liberté, mais qu’il ne fallait pas non plus oublier la responsabilité qui lui était toujours associée. En nous révélant toutes les cultures de tous les hommes depuis les premières, tout au long des quelques millions d’années de leur existence, elles nous ont, en outre, offert comme un cadeau supplémentaire, un nouvel humanisme, un humanisme universel, qui fait de cette fin de millénaire une véritable Renaissance, philosophique et, par voie de conséquence, spirituelle.
La préhistoire
Parmi les questions posées, à l’issue de conférences, par les divers publics venus écouter l’histoire de l’homme ou certains de ses épisodes, il en est une, rare il est vrai, mais quelque peu agressive lorsqu’elle est exprimée, et cette question est à peu près la suivante : « À quoi donc sert la préhistoire ? »
Ce sont quelques-unes des réponses à cette question que je m’efforcerai de mettre en ordre dans cette préface supposée en effet réfléchir sur l’apport de la connaissance de la science que nous pratiquons à la pensée humaine.
En commençant par le gros bout de la lorgnette, je dirai d’abord que la participation de la préhistoire à l’accroissement du savoir suffit à justifier l’intérêt intrinsèque de cette discipline. C’est d’ailleurs la préhistoire elle-même qui montre la corrélation qui existe entre l’augmentation des connaissances et le déclin puis la disparition des instincts, le libre arbitre développé par les premières rendant désormais et progressivement inutiles les seconds.
Je continuerai volontiers en rappelant que l’histoire de l’homme est bien évidemment une partie de l’histoire de la vie, elle-même étant une partie de l’histoire de notre planète, seule porteuse connue pour le moment de cet état de la matière, l’histoire de la Terre étant une partie de l’histoire de notre système stellaire, de notre galaxie, et de notre Univers tout entier. Quand on sait que l’on peut remonter ainsi aujourd’hui à une quinzaine de milliards d’années et que l’homme, vieux de 3 millions d’années, n’est qu’un des aboutissements actuels de cette immense histoire, on ne peut qu’être frappé par la modestie de sa place dans le temps et, bien entendu, dans l’espace, sur une des planètes d’une des milliards d’étoiles, le Soleil, d’une des milliards de galaxies, la Voie lactée.
Mais quand on réalise par ailleurs que la position de la Terre par rapport au...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Dédicace
  5. Préface
  6. Ouverture - L’homme préhistorique : réalité, mythe, mode
  7. 1. - L’homme préhistorique, ses disciplines
  8. 2. - L’homme préhistorique, son entrée en scène
  9. 3. - L’Homme préhistorique, son corps
  10. 4. - L’Homme préhistorique, son esprit
  11. 5. - L’homme préhistorique, ses peuplements
  12. Fermeture - L’homme posthistorique : mémoires d’outre-Terre
  13. Du même auteur chez Odile Jacob