La Crise du milieu de la vie
eBook - ePub

La Crise du milieu de la vie

Une deuxième chance

  1. 224 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

La Crise du milieu de la vie

Une deuxième chance

Détails du livre
Aperçu du livre
Table des matières
Citations

À propos de ce livre

Doutes, remises en cause, envies de tout recommencer: le milieu de la vie est souvent une période de crise. Redoutée par beaucoup, c'est aussi une occasion de faire le bilan et de rebondir. Quelles sont les principales manifestations de cette crise? Comment influe-t-elle sur la santé, le moral ou la sexualité? Comment faire face à l'éloignement des enfants et au vieillissement de ses propres parents? Comment dépasser la routine dans son couple ou au travail? Comment mettre à profit l'expérience acquise tout en développant sa créativité personnelle? En somme, comment trouver une nouvelle harmonie avec soi-même?Psychiatre, psychothérapeute, Françoise Millet-Bartoli enseigne à la faculté de médecine de Toulouse.

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramètres et de cliquer sur « Résilier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez résilié votre abonnement, il restera actif pour le reste de la période pour laquelle vous avez payé. Découvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l’application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accès complet à la bibliothèque et à toutes les fonctionnalités de Perlego. Les seules différences sont les tarifs ainsi que la période d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous économiserez environ 30 % par rapport à 12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accéder à La Crise du milieu de la vie par Françoise Millet-Bartoli en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Psychology et Developmental Psychology. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2002
ISBN
9782738185334
Chapitre VI
La traversée de la crise
La traversée de la CMV n’est jamais une croisière, malgré certaines apparences. Chacun l’effectue à sa manière. Pour les uns, elle ressemble à un flottement de quelques mois, pour d’autres, c’est une plongée dans la maladie. Des troubles psychiques sont parfois le prix à payer pour en sortir.
Les formes discrètes du trouble
« Personne ne s’est aperçu que je faisais une crise du milieu de la vie. Personne, sauf mon ami de toujours, que je ne vois pas souvent, car il vit aux États-Unis. C’est lui qui m’a dit ce qui m’arrivait. Il m’a conseillé d’aller voir un psy. Depuis six mois à peu près, j’avais une impression d’interruption... C’est difficile à expliquer... Quelque chose d’extérieur à moi, comme si je regardais ma vie derrière une vitre... J’avais l’impression que le temps s’arrêtait, je ne savais pas jusqu’à quand. Je n’en ai parlé à personne, sauf à cet ami. J’avais peur qu’on me prenne pour un fou, qu’on ne me comprenne pas. »
L’homme qui s’exprime ainsi n’a concrètement rien changé à sa vie de famille ni à son métier. Personne ne l’a pris pour un fou, comme il le craignait, et il n’a eu recours à aucun médicament. Pourtant, ces quelques mois interminables ont été particulièrement difficiles à passer. Il en est sorti différent intérieurement. Aujourd’hui seulement, il peut en parler.
On peut souffrir en silence...
On parle généralement de CMV « discrète » ou « pure » quand le vécu de changement est intérieur, qu’il ne retentit pas sur le comportement social et peut passer inaperçu pour l’entourage, sauf pour les très proches. Cette dénomination a été proposée par Lucien Millet pour éviter les qualificatifs ordinaires de « mineure » ou de « simple ».
En effet, ces formes discrètes de crise ne sont ni mineures ni simples112. Elles ne relèvent pas de la pathologie, mais entraînent un degré de souffrance tel qu’il amène souvent à demander de l’aide : plus que celle d’un ami, on sollicite volontiers une aide professionnelle et extérieure — celle d’un médecin par exemple, généraliste ou psychiatre. Toutefois, il est probable que beaucoup de personnes concernées, devant le mal-être qu’elles ressentent confusément, ne font appel à personne, soit qu’elles éprouvent de la difficulté à formuler une telle demande, soit qu’elles l’estiment inutile ou encore qu’elles redoutent une proposition de traitement médicamenteux.
Les formes discrètes de la CMV se caractérisent par leur survenue à l’occasion d’événements en apparence banals, bien que souvent plus significatifs qu’il n’y paraît : éloignement affectif, déménagement, problème professionnel, incident de santé... Elles se traduisent par une impression de malaise existentiel, de changement intérieur inexplicable, par un sentiment de remise en question personnelle et du monde environnant. L’un des aspects spécifiques est celui d’un vécu de « discontinuité » personnelle, souvent exprimé en ces termes mêmes.
Normal ? Pas normal ?
Les formes discrètes de la CMV introduisent la question ancienne de la frontière entre la santé mentale et la maladie. Longtemps, les psychiatres se sont heurtés à ce problème. Pour le résoudre, ils ont fini par créer des cadres de référence plus précis, afin de mieux répertorier les personnalités, normale ou pathologique, et les symptômes qui vont avec. Toutefois, les limites sont parfois difficiles à marquer. Certains changements de comportement au cours de cette période de crise peuvent, en effet, prêter à confusion. À l’inverse, il arrive à certains quadragénaires d’éprouver des souffrances psychologiques considérables sans rien en laisser paraître. À moins que leur corps ne se charge de le dire à travers des troubles psychosomatiques.
En dehors de troubles pathologiques francs, ces formes évoluent sur des périodes relativement courtes, de l’ordre de quelques mois, sans doute parce qu’elles affectent des hommes et des femmes ayant des investissements affectifs ou familiaux, lesquels jouent un rôle de soutien ou donnent l’occasion de trouver de nouveaux pôles de créativité personnelle. Dans ce genre de cas, l’aide psychothérapique est également bénéfique, même si elle se limite à une écoute emphatique, sans interprétation ni intervention directive. Cette aide peut suffire, comme elle peut déboucher sur une psychothérapie plus longue. En voici un exemple.
Bernard, 46 ans, architecte, consulte pour des difficultés à dormir associées à une sensation de fatigue permanente. « C’est un état bizarre, dit-il, difficile à définir, comme si quelque chose n’était plus comme avant. » Il y a quelques mois, il a commencé à sentir de temps en temps des palpitations. Un cardiologue l’a rassuré : « Enfin, façon de parler, précise-t-il, car cela ne m’a pas arrangé de savoir qu’il n’y avait rien... » Une cousine, elle aussi médecin, lui a fait faire un bilan biologique qui n’a rien montré d’anormal, et lui a conseillé d’en parler avec un psychiatre.
Bernard me raconte qu’il se sent presque toujours tendu. Il n’a plus d’intérêt pour ce qu’il faisait habituellement avec plaisir ou, du moins, sans effort. Désormais, tout lui coûte.
Marié depuis vingt ans, il n’accuse pas de problème grave avec sa femme qui commence à le traiter de vieux : « Je fais des efforts pour sortir mais, franchement, je n’y prends plus aucun plaisir », constate-t-il calmement. Il n’a pas de souci important non plus du côté de ses enfants : « Mon fils ne fiche pas grand-chose mais c’est un débrouillard. Ma fille a toujours réussi dans ses études. Ils sont de moins en moins à la maison. Ils ne doivent pas me trouver drôle. » De même, il n’y a pas de plainte particulière concernant le travail, mais pas de grand enthousiasme non plus : « Il y a la concurrence », se contente-t-il d’ajouter.
En revanche, Bernard a été très déçu par ses activités politiques. Membre actif de la campagne électorale du maire sortant qui a été battu, il ne s’est pas senti suffisamment suivi en raison de luttes de pouvoir au sein de son équipe. « J’ai été lâché, ça m’a dégoûté. Je n’ai plus cru en rien, je me suis totalement désinvesti, comme un adolescent qui perd d’un seul coup ses illusions. Je me demande parfois si mes convictions restent fortes, alors que j’ai toujours été militant... »
Bernard continue donc de travailler, de faire ce qu’il a à faire, parce qu’il le faut, parce qu’il a été « éduqué » comme ça, mais de temps en temps lui vient l’idée que s’il disparaissait ce ne serait grave pour personne. On lui a alors conseillé d’essayer la relaxation. Les quelques séances n’ont pas apporté de grand bénéfice. En revanche, le fait de parler l’a apaisé et l’aide à relativiser sa désillusion.
Quelle aide peut apporter un « psy » ?
Quand aller consulter ?
— Si vous n’osez pas parler à votre entourage de ce que vous ressentez.
— Si vous avez peur de devenir fou, ou si vous avez l’impression que ce que vous ressentez est anormal.
— Si vous êtes rassuré par l’idée de parler à quelqu’un de neutre et de professionnel.
— Si vous avez du mal à définir ce que vous vivez : impression de malaise, de rupture intérieure, de discontinuité, etc.
Quelles sont les premières aides qu’il peut vous apporter ?
— Il vous écoute et vous aide à préciser ce que vous ressentez.
— Il calme votre inquiétude sur votre niveau de « santé mentale ».
— Il met en relation certaines impressions que vous ressentez avec d’éventuels phénomènes anxieux.
— Il replace le malaise que vous éprouvez dans le contexte actuel de votre vie et vous aide à repérer certains événements marquants qui ont pu passer inaperçus.
— Il vous explique comment il voit votre problème, si vous avez intérêt à entreprendre une thérapie et, dans ce cas, quel type vous conviendrait le mieux.
— En l’absence de trouble systématisé, il est difficile d’orienter a priori. Il faut souvent plusieurs entretiens pour analyser ensemble les difficultés dans leur globalité.
Après six mois d’entretiens réguliers mais sans rythmicité rigide, Bernard se sent mieux, même s’il n’a pas retrouvé son enthousiasme, et exprime le désir d’interrompre cette prise en charge. Un rendez-vous est pris environ un mois plus tard pour faire le point. Il l’annule une semaine à l’avance et me déclare se sentir « apte à voler de ses propres ailes ». Il ajoute qu’il élabore avec l’un de ses frères un projet d’architecture dans le village où ont vécu leurs grands-parents et où ils possèdent un terrain, ce qui est une façon de réinvestir son métier et, en même temps, sa place dans la lignée familiale.
Ainsi peut-on traverser la crise sans qu’il y ait de retentissement frappant sur la vie sociale, ou même familiale, sans qu’apparaissent des troubles pathologiques relevant du « soin » psychiatrique.
Pas plus que l’adolescence, la CMV ne peut être envisagée sous l’angle de la normalité. En revanche, son évolution sera en grande partie influencée par les relations et l’interdépendance mises en place depuis longtemps avec l’entourage proche. Il s’agit probablement là d’un facteur important qui induira, dans certains cas l’apaisement, et dans d’autres la complication vers les troubles pathologiques.
Quand tout se complique
La complication vers des troubles plus graves se fait souvent par le biais d’éléments dépressifs qui vont, progressivement ou d’un coup, faire basculer le quadragénaire désorienté. Rappelons que l’approche psychanalytique met fort justement l’accent sur la composante dépressive de la crise du milieu de la vie, laquelle résulte de la confrontation de l’adulte au vieillissement et à la perspective de la mort.
On peut, comme le psychanalyste Eliott Jaques, défendre l’idée que la vie ne peut être vécue que dans la perspective d’une mort personnelle, ce qui implique, à un moment donné de l’âge adulte, une « crise dépressive » inéluctable113. Certains auteurs adoptent une position plus nuancée et soutiennent qu’une « crise d’une certaine proportion est probablement la norme de l’âge moyen114 ». D’autres défendent même l’idée inverse et affirment, en s’appuyant sur des études, que cet âge apparaît comme « une période de vie relativement exempte de stress115 ». Quoi qu’il en soit, et indépendamment de ces divergences fondamentales, une notion paraît essentielle : celle du déni, qui consiste à refuser inconsciemment certains désirs ou, au contraire, la réalité des difficultés psychologiques.
Jaques, très clairement, estime que l’attitude de l’être humain tout au long de sa vie est soutenue par le désir inconscient d’être immortel, et que l’idéalisme de la jeunesse se construit sur l’utilisation inconsciente du déni « comme processus de défense contre deux caractéristiques fondamentales de la condition humaine : l’inéluctabilité de la mort et l’existence des pulsions destructrices à l’intérieur de chaque personne ». La prise en compte de ces deux éléments permettrait de mieux les affronter et de surmonter la CMV en libérant une forme plus positive de créativité. Le milieu de la vie, en quelque sorte, offrirait le choix entre deux possibilités : la mise en échec de ce déni de notre sort de mortels entraînant un mouvement dépressif ou bien la poursuite de celui-ci malgré la réalité extérieure.
Ainsi, un certain nombre de comportements peuvent s’interpréter comme des tentatives pour dénier la fuite du temps : les comportements compulsifs de tant d’hommes et de femmes autour de la quarantaine pour rester jeunes ; les préoccupations quasi obsessionnelles concernant leur apparence extérieure, leur forme sportive ou leur santé ; la multiplication des conquêtes amoureuses pour se rassurer sur leur potentiel de séduction, qui auraient pour but inconscient de lutter et d’atténuer la situation interne de chaos et de désespoir.
Selon un même mécanisme de défense, certaines manifestations pathologiques de CMV qui n’appartiennent pas à la dépression peuvent être considérées comme une manière d’éviter celle-ci. Les notions de « position dépressive » ou de « dépressivité » apparaissent alors plus judicieuses pour évoquer non seulement les troubles dépressifs eux-mêmes, mais aussi d’autres phénomènes pathologiques tels que des comportements toxicomaniaques survenant à l’âge adulte, des troubles psychosomatiques ou encore hypocondriaques.
Avez-vous surmonté votre position dépressive ?
Le concept de « position dépressive » a été introduit par Melanie Klein116, puis repris par Donald Winnicott, figures de la psychanalyse dans la mouvance de Freud, pour décrire les mouvements psychologiques opérés par le petit enfant dans sa première année face à la séparation progressive d’avec sa mère.
Dans les meilleurs des cas, cette séparation se fait progressivement par l’expérience répétée de l’absence puis du retour de l’image maternelle. Tout ce qui symbolise l’absence et la réapparition, comme les jeux de cache-cache, permet à l’enfant de surmonter l’angoisse liée aux séparations et d’intégrer un sentiment de sécurité, en faisant la part entre absence passagère et perte définitive.
Cette expérience fondamentale va conditionner en grande partie nos capacités futures de séparation, de solitude et d’autonomie, à l’adolescence puis à l’âge adulte, selon que la posit...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Dédicace
  5. Avant-propos
  6. Chapitre premier - Le tournant de l’âge mûr
  7. Chapitre II - Crise ? Vous avez dit crise...
  8. Chapitre III - Les coulisses de la quarantaine
  9. Chapitre IV - Couple, enfants, parents, travail Entre réussite et rêves d’évasion
  10. Chapitre V - L’âge adulte aujourd’hui
  11. Chapitre VI - La traversée de la crise
  12. Chapitre VII - Les portes de sortie de la CMV
  13. Conclusion - Une nouvelle adolescence ?
  14. Notes et références bibliographiques
  15. Remerciements