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Du vin
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Ă propos de ce livre
L'amateur est une espĂšce rare. Il ne discourt pas, il s'interroge. Devant un connaisseur qui pontifie en Ă©voquant arĂŽmes de violette ou entrailles de liĂšvre, il ferme les yeux pour goĂ»ter tranquille. Ce qui le dĂ©finit, c'est l'amour. Et vous, dans quel camp ĂȘtes-vous? Amateur de bordeaux ou connaisseur de bourgogne? Qu'aimez-vous dans le vin? Le savoir qui l'entoure ou le plaisir qu'il donne? Le prestige de l'Ă©tiquette ou l'authenticitĂ© du terroir? Que valent vraiment ces catĂ©gories? Les mythologies du vin dĂ©cryptĂ©es avec minutie et vĂ©cues avec gourmandise. Sociologue, chercheur au CNRS, Claude Fischler est notamment l'auteur de L'Homnivore, ouvrage dĂ©sormais classique consacrĂ© Ă l'Ă©tude des pratiques alimentaires.
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Culinary ArtsVin chauvin
« Ce vin est bon, dit un jour un client Ă un grand restaurateur parisien. Je mây connais : je suis de Bordeaux. » Ainsi, la connaissance du vin procĂ©derait de la naissance : patrimoine gĂ©nĂ©tique ou apprentissage in utero ? Les scientifiques ne manqueront pas de se pencher sur cette grave question. En tout cas, cette dĂ©claration confirme ceci : les Français savent, ils ont le (bon) goĂ»t innĂ©. DĂšs lors, chez eux, ils ne boivent que français ; en vacances Ă lâĂ©tranger, ils dĂ©daignent les productions locales. Cette certitude Ă©tant partagĂ©e par de nombreux professionnels, il ne reste aux Gaulois quâĂ sâindigner ou sâamuser de ce que lâAustralie, lâAllemagne, la Californie, lâItalie, lâEspagne, le Portugal ou le Chili osent faire du vin, le boire et mĂȘme, audace suprĂȘme, le vendreâŠ
IX
Incantations et décantations la grande dégustation des vintages du siÚcle
Nous sommes trois venus de France Ă Porto, ce 12 juin 1999, conviĂ©s Ă la dĂ©gustation des vintages du siĂšcle. Encore y a-t-il parmi nous un Anglais. Trois parmi soixante-dix Ă©lus invitĂ©s, en une sorte de pĂšlerinage planĂ©taire, Ă converger vers ce Compostelle Ćnologique. Câest peu. Nous Français nâhĂ©sitons pas Ă Ă©craser de notre condescendance les Ă©trangers perdus dans les complexitĂ©s inextricables de nos bordeaux ou de nos bourgognes â que nous sommes dâailleurs souvent loin de maĂźtriser nous-mĂȘmes. Mais nous prĂ©servons soigneusement une bienheureuse inconscience de nos propres ignorances, particuliĂšrement insondables en matiĂšre de vin de Porto.
Le porto, pour les Français, est une boisson dâapĂ©ritif sucrĂ©e, bue par leur vieille tante de province ou par Jeanne Calment, la dĂ©funte doyenne de lâhumanitĂ©. Ou encore une sorte de condiment liquoreux dont on peut Ă©ventuellement agrĂ©menter un melon, Ă condition dâavoir la main lĂ©gĂšre (le risque, nâest-ce pas, est de gĂącher le melon). Il y a sans doute beaucoup de centenaires et de vieilles tantes dans nos provinces, puisque la France est le second marchĂ© mondial pour le porto, aprĂšs la Grande-Bretagne. Mais alors que les Français, en matiĂšre de produits agro-alimentaires, sont dâordinaire rĂ©putĂ©s pour leur exigence de qualitĂ©, il nâachĂštent guĂšre que du porto bas de gamme.
Les Anglais, qui ont « inventĂ© » le porto, en connaissent plusieurs versions, dont deux se situent aux pĂŽles opposĂ©s de la hiĂ©rarchie sociale. La premiĂšre est populaire et fĂ©minine : câest le port and lemon (porto-citron), bu hier plus quâaujourdâhui dans les pubs, Ă base de ruby tawny (jeune porto dâassemblage). Lâautre, plus huppĂ©e, upper class, est consommĂ©e au cours dâun rituel sĂ©culaire et masculin, qui consiste Ă faire passer une carafe de main en main dans le sens des aiguilles dâune montre, chacun se servant sans quâelle touche jamais la table pendant son circuit. Dans la carafe, un vintage port, câest-Ă -dire un porto dâun grand millĂ©sime officiellement « dĂ©clarĂ© » tel par lâInstitut des Vins de Porto, Ă©levĂ© deux annĂ©es en barrique avant dâĂȘtre mis en bouteilles pour poursuivre son vieillissement, comme les vins rouges que nous connaissons1. Pour un bon bec anglais, il nâest de porto que de vintage, Ă lâexclusion de tous les tawnies (vieillis uniquement en barrique et assemblĂ©s) et autres sucreries bonnes au plus pour les femmelettes ou les barbares continentaux2. Le rituel de la circulation du porto (passing the port) dĂ©bute Ă la fin du repas, en particulier sur le fromage de Stilton et se poursuit ensuite en association avec le havane, gĂ©nĂ©ralement tard dans la nuit.
La noblesse ou le sacré
Le discours du vin se situe le plus souvent dans deux registres mĂ©taphoriques. Dâune part la thĂ©matique aristocratique : les grands vins revendiquent « noblesse », « grandeur », « lignage ». Et dâautre part lâunivers du sacrĂ©, de la liturgie : dĂšs quâon dĂ©guste, il nâest plus question que de recueillement, de rite, de messe, de vĂ©nĂ©ration, de cĂ©lĂ©bration et les « nectars » sont toujours « divins ». Bref : le culte du vin Ă©lĂšve lâĂąme.
Le thĂšme aristocratique nâapparaĂźt pas souvent dans la mythologie du porto, peut-ĂȘtre parce que ce vin-lĂ oscille entre ses racines paysannes portugaises, dans la vallĂ©e du Douro, et son « Ă©levage » par un nĂ©goce citadin, anglo-portugais, cosmopolite dans les lodges des grandes marques, dont les enseignes, cramponnĂ©es Ă flanc de raide coteau, illuminent la nuit de Porto, de lâautre cĂŽtĂ© du fleuve, Ă Vila Nova de Gaia.
On ne peut Ă©chapper, en revanche, au second thĂšme â le discours du sacrĂ©. Ce qui nous rĂ©unit, hic et nunc, câest bien une sorte de pĂšlerinage et un rite cĂ©rĂ©moniel Ă part entiĂšre, une liturgie solennelle. Dans lâintitulĂ© choisi pour lâoccasion, Vintages of the Century, il y a quelque chose qui pourrait relever de lâhumilitĂ© chrĂ©tienne (ou de lâunderstatement britan-nique) : le monde entier ne bruit que de la cĂ©lĂ©bration dâun millĂ©naire approchant et on ne nous propose, presque modestement, quâun bilan du siĂšcleâŠ
Ainsi du monde entier ont convergĂ© les pĂšlerins, celui-ci en tant que docteur de la foi Ă lâautoritĂ© universelle, celui-lĂ comme zĂ©lateur actif ou potentiel, comme dĂ©vot reconnu ou mĂȘme comme simple adepte. Du Japon est venu Shinya Tasaki, Ă©lu meilleur sommelier du monde en 1995, lâhomme qui Ă lui seul ou presque a fait la gloire nouvelle du vin dans son pays. DâAmĂ©rique, voici James Suckling (au nom prĂ©destinĂ© : to suckle, tĂ©ter), Ă©vangĂ©liste des vintages au Nouveau Monde. DâAngleterre Jancis Robinson, mĂ©diatique et inlassable croisĂ©e du vin. Du BrĂ©sil, de Russie, dâEurope et dâAustralie, dâAsie et de Californie, initiĂ©s ou novices avides de rĂ©vĂ©lation, ils sont venus. Un journaliste polonais, rubicond mais blanchi sous le harnais, arrive de Varsovie Ă ses frais, en train. Trois BrĂ©siliens bariolĂ©s, encore ahuris par le dĂ©calage horaire, dĂ©battent passionnĂ©ment les vertus comparĂ©es des millĂ©simes 63 et 70. Dâautres, arrivĂ©s Ă lâavance, ont commencĂ© leurs dĂ©votions par la visite de la vallĂ©e du Douro, oĂč naissent les vins qui donneront les vintages : câest une terre intraitable, brĂ»lante lâĂ©tĂ©, glaciale lâhiver, un paysage Ă la mesure du porto, Ă la fois dâune grandeur sauvage et intensĂ©ment civilisĂ©, maĂźtrisĂ©, peignĂ©.
Les matins qui décantent
Le jour dit, les fidĂšles convergent vers le PalĂ cio da Bolsa (palais de la Bourse) de Porto. Dans ce bĂątiment dâarchitecture mĂ©tallique tournant-du-siĂšcle, on a amĂ©nagĂ© pour lâoccasion le vaste espace intĂ©rieur central Ă©clairĂ© par une haute verriĂšre, autour duquel court une sorte de cloĂźtre. Autour de ce sanctuaire, sur de longues tables nappĂ©es de blanc, gardĂ©es par une armĂ©e dâofficiants-sommeliers vĂȘtus de noir, les bouteilles des trois cents vins sâalignent en rangs serrĂ©s et les milliers de verres sont disposĂ©s en motifs gĂ©omĂ©triques quasi militaires. Les sommeliers sâaffairent silencieusement Ă orner chaque pied dâune collerette de papier oĂč figureront le nom et le millĂ©sime du contenu. Les dĂ©gustateurs seront installĂ©s derriĂšre un petit panneau Ă leur nom, devant de longues tables qui occupent tout lâespace central.
Les fidĂšles les plus zĂ©lĂ©s â ou les plus fraĂźchement convertis, dont je suis, sont prĂ©sents dĂšs le matin, pour assister Ă la grande dĂ©cantation des trois cents vins par les cinquante maisons de porto qui les prĂ©sentent. Lâaffaire est dâimportance : les vieux vintages ont beaucoup de dĂ©pĂŽt (jusquâĂ un tiers de la bouteille). Il faut donc les dĂ©canter soigneusement dans une carafe (decanter) avant de transvaser Ă nouveau le liquide ainsi purifiĂ© et aĂ©rĂ© dans sa bouteille dâorigine. Mais lâopĂ©ration implique que lâon ait au prĂ©alable rĂ©solu le dĂ©licat problĂšme du dĂ©bouchage : les vieux liĂšges se dĂ©sagrĂšgent, tombent en pluie poussiĂ©reuse dans le vin. La technique traditionnelle la plus spectaculaire et la plus radicale est celle des pinces spĂ©ciales, chauffĂ©es Ă blanc et appliquĂ©es sur le col de la bouteille, que lâon peut ensuite briser dâun coup sec. Une Ă©quipe de tĂ©lĂ©vision japonaise filme lâopĂ©ration Ă grand renfort de projecteurs. Les instruments les plus divers et les plus ingĂ©nieux se cĂŽtoient â tire-bouchons Ă air comprimĂ©, Ă lames, Ă spirales de pas variable⊠Un chef de cave Ă moustache dĂ©cante en carafe traditionnelle, Ă la bougie. Ă quelques pas, un technicien en blouse blanche utilise des Ă©prouvettes de laboratoire devant une ampoule nue. On se presse auprĂšs des plus vieilles bouteilles, dans une atmosphĂšre Ă la fois joyeuse et recueillie. La communautĂ© du porto dĂ©couvre les trĂ©sors de la concurrence : chacun profite de lâoccasion pour goĂ»ter et comparer aux siens les millĂ©simes les plus rares des confrĂšres. Il est dix heures et lâatmosphĂšre dans cette sacristie est dĂ©jĂ plus que gaie.
Le sanctuaire et lâoffice
La dĂ©gustation est prĂ©vue pour onze heures. Je mâinstalle Ă ma place dans le sanctuaire, derriĂšre une nappe immaculĂ©e. Sur la table, un cahier Ă spirale imprimĂ© qui attend mes notes de dĂ©gustation et un catalogue commentĂ© des vins proposĂ©s. Ă ma gauche un dĂ©gustateur brĂ©silien. Ă ma droite un journaliste russe, venu subir lâinitiation. Ă terre, Ă cĂŽtĂ© de chacun dâentre nous, un vase oĂč nous pourrons recracher les vins goĂ»tĂ©s. Il sâagit maintenant de faire des choix, ce qui implique de dĂ©terminer une stratĂ©gie. Sur trois cents vins, combien peut-on en goĂ»ter ? Dans quel ordre ? Certains dĂ©gustateurs, athlĂ©tiques et chevronnĂ©s, sont capables dâaller jusquâĂ cent cinquante. Mon parti, sage et rigoureux pour ne pas dire jansĂ©niste, est pris depuis longtemps : je ne dĂ©passerai pas cinquante, je prendrai mon temps et je choisirai dâune part un Ă©chantillon des plus anciens des vins proposĂ©s, dâautre part cinq ou six exemples de chacun des plus grands millĂ©simes, en essayant dâĂ©quilibrer autant que possible les maisons portugaises et anglaises. Il sâagit dâapprendre Ă reconnaĂźtre, si elles existent vraiment, les diffĂ©rences de style qui les opposeraient.
Reste la question cruciale : oĂč commencer ? Classiquement, dans la plupart des dĂ©gustations, on cherche le crescendo : aller des plus modestes aux plus grands, et donc attaquer par les vins les plus jeunes avant de remonter le temps. En novice du porto, câest ce que jâavais dâabord prĂ©vu. Mais le porto titre aisĂ©ment 21° dâalcool. Surtout, les vintages les plus jeunes sont exubĂ©rants, Ă©clatants de fruit, alors que les grands anciens se fondent, gagnent en sĂ©rĂ©nitĂ©, en sagesse et mĂȘme parfois en austĂ©ritĂ© : le risque nâest-il pas, alors, de se « fatiguer » rapidement (euphĂ©misme employĂ© par les dĂ©gustateurs Ă propos, notamment, des effets de lâalcool) et de « sâĂ©blouir » irrĂ©mĂ©diablement les papilles ? Perplexe, je mâouvre du problĂšme Ă David Cobbold, puits de science Ćnologique et dĂ©gustateur rĂ©putĂ© sur les cinq continents. Il me confirme que, en matiĂšre de porto, câest bien de maniĂšre inverse quâil est recommandĂ© de procĂ©der. Je commencerai donc par les deux 1900, en remontant jusquâaux plus jeunes.
Mon voisin de gauche a adoptĂ© lâordre inverse du mien et a choisi une bonne centaine de vins. Il paiera plus tard ce choix et mâavouera quâil a un peu « bĂąclĂ© » la fin de sa dĂ©gustation. Ă droite, Nikita, lui, a adoptĂ© une approche politique : il a choisi les millĂ©simes des grands Ă©vĂ©nements historiques â la rĂ©volution de 1905, celle de 1917, etc.
Je parcours le catalogue et construis ma liste. Un sommelier, affectĂ© Ă chaque table recueille les commandes de chacun, par sĂ©ries de six, consignĂ©es sur une fiche, comme dans une bibliothĂšque oĂč lâon viendrait livrer les ouvrages au lecteur Ă sa place. Et bientĂŽt les plateaux chargĂ©s des premiĂšres commandes arrivent. Mes six premiers verres brillent comme des joyaux sur la nappe blanche : deux 1900, deux 1927, un 34 et un 35. Dans chacun, deux doigts Ă peine dâun liquide qui va de lâambrĂ© au rouge tuilĂ©.
Plus que du recueillement, câest une concentration intense qui sâinstalle. On entendrait le temps sâil nâavait suspendu son vol⊠Je saisis le cahier de notes de dĂ©gustation, bien dĂ©cidĂ© Ă prolonger par Ă©crit pour lâavenir mes sensations. Je considĂšre les deux quasi-centenaires, un Sandeman et un Ferreira. La couleur, ce nâest pas Ă©tonnant, est plutĂŽt de tawny (le mot signifie fauve, dorĂ©, en anglais). Jâincline le premier verre au-dessus de la nappe blanche, le faisant traverser par la lumiĂšre de la verriĂšre. Lâinstant est Ă la capture de lâinstant : puisquâil doit filer, que ce soit goutte Ă goutte.
Les dĂ©gustateurs professionnels chevronnĂ©s reconnaissent les arĂŽmes quâils ont rĂ©pertoriĂ©s, nommĂ©s et mĂ©morisĂ©s au cours de leurs expĂ©riences de dĂ©gustation antĂ©rieures. Ils constituent et exploitent ainsi en permanence une sorte de « base de donnĂ©es » sensorielle et lexicale. Les notes quâil convient de prendre dans ces conditions sont par dĂ©finition stĂ©rĂ©otypĂ©es : percevoir, reconnaĂźtre, identifier, câest-Ă -dire rapprocher une sensation dâun mot ou dâune expression.
Pour le tendre amateur que je suis, le processus nâest pas dâune essence diffĂ©rente mais, la « base de donnĂ©es » Ă©tant plus rĂ©duite, la dĂ©gustation exige une certaine crĂ©ativitĂ© ou si lâon veut, autorise des errements. Pour ma part, je la vis comme un exercice de mĂ©moire perdu dâavance : fixer les mots Ă dĂ©faut des sensations, avec le vague et nĂ©vrotique espoir de dĂ©clencher, Ă la relecture ultĂ©rieure, le mĂ©canisme de la rĂ©miniscence. Une sorte de dispositif Ă retardement qui reviendrait Ă vouloir programmer lâexplosion du temps retrouvĂ© proustien. Ă moins que, plus simplement, il ne sâagisse dâun effort se situant Ă mi-chemin entre celui du diariste et celui du bureaucrate qui tient une « main courante »âŠ
Quoi q...
Table des matiĂšres
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Sommaire
- Remerciements
- Comment passer pour un connaisseur sans vraiment prendre de risquesâŠ
- Préface - Le vin de table et le vin de cave
- Lâivresse et le flacon
- Le sexe et les papilles
- La foire au pinard
- Faut-il croire aux « noms à  terroir » ?
- Le connaisseur et lâamateur
- FĂȘtes qui dĂ©jantent et lendemains qui dĂ©chantent
- Ćnologues et vignerons
- Vin chauvin
- La flûte, la coupe, la bulle et les arÎmes
- Le vin-santé et le vin-plaisir
- Migraines blanches et maux de tĂȘte rouges
- Sources