Idées noires et tentatives de suicide
eBook - ePub

Idées noires et tentatives de suicide

Réagir et faire face

  1. 336 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Idées noires et tentatives de suicide

Réagir et faire face

Détails du livre
Aperçu du livre
Table des matières
Citations

À propos de ce livre

Le désir de mort ou la tentative de suicide d'un proche est souvent pour nous une expérience extrêmement douloureuse. Notre incompréhension se double alors d'un sentiment d'impuissance et de désarroi. Psychiatre en unité d'urgence, Emmanuel Granier s'appuie sur ses nombreuses années de pratique au contact de personnes suicidaires. Il apporte dans cet ouvrage des réponses concrètes sur l'attitude à adopter et les actions à entreprendre. - Comprendre. Qu'est-ce qui pousse à vouloir mourir? - Dialoguer. Quelle attitude avoir avec quelqu'un en proie à des idées ou à des gestes suicidaires? - Soutenir. Comment décider la personne en crise à s'engager dans des soins? Comment la soutenir dans l'après-tentative? Parler, s'engager, accompagner… Et ne jamais baisser les bras: l'envie de vivre est toujours plus proche qu'on le croit. Emmanuel Granier est psychiatre, spécialiste des psychothérapies comportementales. Il exerce depuis plusieurs années à l'Unité d'accueil des urgences psychiatriques du centre hospitalier d'Avignon. Il participe à l'action nationale des « formations à l'intervention de crise suicidaire » existant en France depuis 2002.

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramètres et de cliquer sur « Résilier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez résilié votre abonnement, il restera actif pour le reste de la période pour laquelle vous avez payé. Découvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l’application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accès complet à la bibliothèque et à toutes les fonctionnalités de Perlego. Les seules différences sont les tarifs ainsi que la période d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous économiserez environ 30 % par rapport à 12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accéder à Idées noires et tentatives de suicide par Emmanuel Granier en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Personal Development et Self Improvement. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2006
ISBN
9782738181268
Deuxième partie
Comment aider :
parler
Chapitre 6
Créer la relation
L’importance de la relation avec le suicidant
Lorsqu’on rencontre une personne qui a des idées de suicide, la relation qu’on va réussir à nouer avec elle va être primordiale. Pourquoi ? Car souvent cette relation sera le seul rempart immédiatement actif contre le suicide.
En effet, nous avons vu que le suicide était souvent relié à des troubles psychologiques ou psychiatriques, et quel que soit le médicament ou le traitement qu’on emploie, celui-ci ne sera jamais actif tout de suite. Par ailleurs, le suicide peut être décrit comme une crise où la personne perd tous ses repères, tous ses points d’attache, et ne songe plus qu’à « en finir » pour cesser de supporter tout ce qu’elle endure. Cela veut dire que la personne en crise suicidaire n’est plus capable de percevoir toute la valeur des liens qui existaient avant la crise, puisque précisément cette crise se produit : si la personne s’était encore sentie suffisamment reliée avec d’autres, éventuellement capables de l’entourer, de l’aider, la crise ne serait vraisemblablement pas survenue, ou en tout cas pas aussi fortement.
Nouer une relation avec une personne en crise suicidaire est donc :
  • — premièrement, difficile, car justement la personne n’est souvent pas en état de percevoir l’aide qu’on veut lui offrir ;
  • — deuxièmement, particulièrement efficace lorsqu’on y parvient, car il va s’agir d’une relation qui aura pu quand même être nouée dans le pire moment de la vie, c’est-à-dire celui où l’on pense à mourir. La personne aura alors souvent tendance à la considérer comme sa seule planche de salut, son seul espoir.
Le but est donc que la personne accepte progressivement d’abandonner sa volonté de mort au profit de la relation d’aide. C’est dire qu’il est important de bien présenter cette relation d’aide, car ce sera au début la seule chose qui va détourner la personne de ses idées de suicide – au moins pour un temps. Il arrive d’ailleurs fréquemment que cette relation ne soit pas d’emblée perçue comme fiable et sûre, et plusieurs rencontres peuvent être nécessaires avant que la personne en proie aux idées de suicide l’accepte et la reconnaisse comme une aide valable.
La comparaison classique que l’on peut prendre est celle de la personne en train de se noyer : elle se débat dans l’eau sans percevoir toutes les mains qui se tendent vers elle, et si quelqu’un plonge pour l’agripper et la sauver, elle s’agite tellement qu’elle risque de faire couler son sauveteur avec elle. Toute la question est donc de voir comment présenter la main ou la corde pour que la personne l’aperçoive, s’en saisisse et y tienne bon sans la lâcher et sans plus céder à la panique.
Une relation particulière
Un suicidant se sent seul, perdu, abandonné. Parfois, il en veut à d’autres, et ses idées suicidaires ont aussi un caractère agressif contre eux : « Tant pis pour eux si je meurs, au moins ils verront que je ne suis plus là ! » En effet, si la personne se sent abandonnée, elle peut avoir le sentiment que ceux qui auraient dû l’aider (famille, amis, professionnels, institutions) ne sont ou n’ont pas été là.
Il n’est donc pas rare que les personnes songeant au suicide, ou ayant fait des tentatives, en veuillent beaucoup à leur entourage et refusent de manière quasi systématique toute l’aide qu’on peut leur apporter. « Ce n’est pas vous qui me rendrez mon travail, ou qui allez résoudre les problèmes avec mon fils, ou ma femme… », entendons-nous souvent. Cette attitude d’opposition peut être parfois assez violemment agressive.
D’autres fois, la personne est isolée dans son chagrin, sa détresse. Enfermée, comme murée vivante dans sa douleur, elle ne dit rien, et on peut avoir l’impression que tous les mots viendront se heurter à la muraille de cette souffrance sans pouvoir l’entamer de quelque manière que ce soit. Chacune de nos interventions va déclencher des torrents de larmes, ou pire encore une indifférence totale : « Faites comme vous voulez, de toute façon je ne crois plus à rien. » Nous sommes là au-delà du raisonnement possible, et la douleur est trop forte.
Un autre cas assez fréquent est celui de la fixation sur les idées de mort : la personne peut être en apparence tranquille, calme et apaisée, tout en étant dans le même temps très déterminée à mourir. Elle appuie souvent sa résolution sur des motifs philosophiques ou humanistes : « C’est mon choix, j’ai fait mon temps, vous pouvez faire ce que vous voulez, vous ne m’empêcherez pas d’arriver à mon but. » Cette attitude se voit surtout chez des sujets âgés. On peut parfois discuter la valeur de ces choix, mais avant de les admettre, il faut s’assurer qu’ils ne répondent pas en fait à une souffrance, une douleur morale majeure qui pourrait être soulagée de bien d’autres façons que par la mort. L’expérience nous montre d’ailleurs, quand on rencontre des personnes présentant de tels tableaux, que, dès qu’on s’occupe d’elles, on découvre la dimension de souffrance, voire de dépression, et que, si une aide paraît possible, leur désir de mort décroît alors très rapidement.
Opposition, agressivité, isolement, tristesse, refus d’aide, désir de mort persistant… On pourrait résumer toutes ces caractéristiques à travers deux aspects principaux :
  • — d’une part, les personnes en crise suicidaire ne sont pas toujours spontanément désireuses d’aide ;
  • — et d’autre part, plus la crise est avancée, plus elles sont submergées par leurs émotions, que celles-ci soient exprimées de manière bruyante ou non.
D’où la nécessité d’infinies précautions dans l’approche d’une personne qui présente des idées de suicide : un abord trop rapide ou trop brutal risque d’entraîner une aggravation du repli sur soi, avec chez la personne le sentiment d’une irruption trop violente dans le domaine très intime de sa souffrance. À l’inverse, une approche trop distanciée peut donner à penser à la personne que ses soucis, sa souffrance et ses idées de mort ne sont pas pris au sérieux.
Ces précautions doivent être d’autant plus importantes si nous ne sommes pas sûrs de la réalité des idées de suicide, ou de l’existence d’un geste antérieur. Si nous pensons que telle personne que nous voyons a effectivement commis un geste suicidaire, ou envisage sérieusement de le faire, mais qu’elle ne nous en parle pas spontanément, il nous faut aussi penser que la personne devra avoir grande confiance en nous pour oser nous révéler ce qui est vraisemblablement son secret le plus personnel et le plus lourd du moment : celui de son envie de quitter la vie et de mourir.
Monsieur G attend ainsi son épouse qui doit venir le chercher aux urgences. Il y a été admis quelques heures auparavant, amené par les pompiers suite à un accident de moto. Son véhicule est totalement détruit après avoir heurté un panneau dans un virage, lui-même est indemne, à quelques contusions près. Mon collègue des urgences a été alerté car lorsque monsieur G s’est réveillé à son arrivée aux urgences (il était inconscient jusque-là), il a dit quelques mots semblant montrer qu’il était étonné d’être encore en vie. Depuis, monsieur G est très calme, il a eu tous les examens nécessaires et attend qu’on vienne le chercher. L’entretien que nous avons est assez long. Il est plutôt étonné, dit-il, qu’un psychiatre vienne le voir. Pour lui, son accident est purement « accidentel ». Il accepte cependant de parler un peu de lui, de sa famille, et évoque peu à peu de nombreuses difficultés, causes d’autant de souffrance, et reconnaît que, « s’il avait pu y rester, il en serait à présent soulagé ». Peu après, il reconnaît avoir en fait heurté volontairement le panneau et avoir cherché délibérément à mourir…
En résumé
Le lien que nous allons pouvoir tisser avec un suicidant est le meilleur rempart immédiat contre le suicide.
Pour tisser ce lien, il faut tenir compte de deux aspects particuliers à la personne suicidante :
— elle n’est pas toujours d’accord ou disponible pour recevoir de l’aide ;
— elle est souvent submergée par ses émotions, qui vont la « paralyser » ou parasiter l’établissement d’une bonne relation.
L’approche va donc devoir être extrêmement prudente et précautionneuse.
Comment créer la relation, ou ce à quoi il faudra particulièrement faire attention
Enfants, nous avons tous joué avec des bulles de savon : nous savons à quel point elles sont fragiles, et les précautions qu’il faut prendre si on ne veut pas les crever dès que nous les touchons…
C’est un peu pareil avec la personne qui a des idées de suicide : ses idées sont autour d’elles et constituent une sorte de bulle. Si l’on veut y entrer sans les faire disparaître pour pouvoir travailler dessus, il y faut quelques précautions, et un peu de techniques. Voici les quelques points qui me paraissent les plus importants avec la personne suicidante1 :
« Respirer ensemble », ou cultiver l’empathie
images
Comment définir l’empathie ?
La définition de l’empathie est assez complexe. On pourrait dire qu’elle représente la capacité de montrer à l’autre qu’on comprend et qu’on admet ses émotions. L’empathie est différente de la sympathie (qui signifie « souffrir avec »), et où l’on prend part aux émotions de l’autre, où l’on rit et l’on pleure avec lui… Dans l’empathie, on cherche surtout à montrer à l’autre (qu’il soit de notre famille, de notre entourage ou que nous le rencontrions dans un cadre professionnel) que ce qu’il vit et ressent est parfaitement compréhensible et admissible pour nous, mais sans nous bouleverser pour autant. Marsha Linehan, une psychiatre américaine qui travaille avec des personnes état limite présentant des comportements suicidaires très fréquents, insiste sur ce point qu’elle appelle « la validation des émotions » : cette validation correspond à « la reconnaissance active du patient par le thérapeute [ou toute autre personne de l’entourage (ndla)], qui doit lui communiquer ce sentiment [de reconnaissance] […] en exprimant sa compréhension de ses attentes et ses croyances, même s’il ne les partage pas2 ». Autrement dit, l’important est de montrer à l’autre qu’on le comprend, même si on ne partage pas ce qu’il pense, croit ou ressent.
Cette attitude est très importante : en effet, imaginons que nous soyons nous-même en proie à une émotion très intense, en particulier de l’ordre de la détresse. Si la personne que nous avons en face de nous (qu’elle soit professionnelle ou non) est submergée par les mêmes émotions que nous, et se met à pleurer ou à s’effondrer avec nous, même en nous prenant dans ses bras, nous pouvons la sentir très proche de nous, mais non en capacité de nous aider car elle se révèle aussi bouleversée et déstabilisée que nous. À l’inverse, si notre interlocuteur a une attitude fermée et se montre visiblement peu affecté de la souffrance que nous éprouvons, nous pouvons le sentir et le percevoir comme très solide, mais au fond peu concerné par ce qui nous arrive. L’important quand nous nous trouvons en position d’accueillir la souffrance d’un suicidant est donc de nous montrer concerné, mais en restant à notre place : c’est-à-dire que nous sommes bienveillant, pas effrayé par c...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. « Guide pour s’aider soi-même »
  4. Copyright
  5. Avant-propos
  6. Introduction
  7. Première partie - Comprendre le geste suicidaire
  8. Deuxième partie - Comment aider : parler
  9. Troisième partie - Que faire ?
  10. Quatrième partie - Les tentatives de suicide chez les adolescents
  11. Conclusion
  12. Adresse des associations
  13. Remerciements