Les Pouvoirs de l'espoir

Géraldyne Prévot-Gigant

• Éditeur: Odile Jacob
• Année: 2017
• ISBN:
  9782738139863
• Sujet: Psicologia
• Sous-sujet: Storia e teoria della psicologia

L'espoir, c'est ce qui nous fait avancer, rêver, vivre et croire encore. L'espoir permet de déployer en soi des ressources insoupçonnées. Il nous fait porter le regard vers un lendemain meilleur. Notre société est en pleine mutation, pourquoi ne pas la regarder comme une formidable opportunité d'évoluer? La psychologie positive a mis en lumière le fait que la capacité à espérer favorise le changement psychologique. Sans espoir, pas de changement vers un mieux-être. Les effets positifs de cette ressource humaine si précieuse sont multiples. Ce livre nous invite, à partir de petits exercices ludiques, à tester et à développer notre capacité à espérer dans la vie, jour après jour. Pour cultiver un espoir dynamique et actif, qui permet d'aller de l'avant. Géraldyne Prévot-Gigant est psychopraticienne et spécialiste de la dépendance affective et des troubles du lien. Créatrice des « Groupes de parole pour les femmes® », elle a notamment publié Le Grand Amour. Se préparer à la rencontre aux éditions Odile Jacob.

CHAPITRE 1

Espoir, qui es-tu ?

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« Un rêveur n’est pas un fou mais un être envisageant de dépasser ses limites. »

Géraldyne PRÉVOT-GIGANT.

Les idées reçues à propos de l’espoir

« Certains n’ont jamais le moindre espoir, d’autres le perdent éternellement. »

Stanislaw JERZY LEC.

Quelles sont les idées reçues que vous avez à propos de l’espoir ?

Cochez les phrases avec lesquelles vous êtes d’accord.

L’espoir fait vivre.
L’espoir est une utopie.
L’espoir est pour les naïfs.
L’espoir ne sert à rien et il nous déçoit forcément.
L’espoir est une fuite de l’instant présent.
L’espoir, c’est prendre ses rêves pour la réalité.

Notre culture, nos croyances, nos convictions, notre éducation ont pu nous détourner du réel sens de l’espoir. Il circule beaucoup d’idées toutes faites à son sujet. Pour beaucoup d’entre nous, il est déconseillé d’avoir de l’espoir ; espérer ne pourrait que décevoir. Il ne faut donc pas attendre de demain quoi que ce soit car demain n’offre jamais ce à quoi on s’attend. Nous serons donc forcément déçu et frustré. Alors, afin de nous éviter de souffrir inutilement, contentons-nous de l’instant, de ce qui est déjà là. Car le présent est notre seule réalité et il ne nous déçoit pas. Il est là et nous devons l’accepter tel qu’il est.

Cette « posture » a été longuement développée par le philosophe André Comte-Sponville dans Le Gai Désespoir. Pour lui, l’espoir nous détourne de l’essentiel : l’ici et maintenant qui nous apporte assurément la sérénité, ne déçoit pas, ne nous fait pas perdre notre temps. « Espérer, c’est désirer sans jouir, sans savoir, sans pouvoir1. »

Avoir de l’espoir serait un surinvestissement dans l’avenir nous permettant de fuir la difficile réalité du présent. Ce serait une course sans fin vers un avenir prometteur mais purement chimérique. Un rêve permanent d’une vie meilleure qui finalement n’arrivera jamais. Alors cultivons l’instant présent, là se trouve la véritable sagesse et une possibilité de bonheur.

Il est vrai que la sagesse orientale nous invite à ralentir le rythme de nos mouvements, de nos pensées, pour se poser dans l’instant présent, là où se trouve la richesse incomparable du présent.

Et c’est ce que nous propose la méditation : être pleinement conscient de l’instant, de chaque minute, de chaque seconde, de chaque mouvement respiratoire, de chaque pensée qui pourrait traverser notre esprit. Puis, nous installant progressivement dans cet état méditatif, nous découvrons comme le silence intérieur, créé par l’absence de pensées, est ressourçant. Comme il est apaisant de rester dans cette immobilité alors que tout, autour de nous, n’est qu’agitation incessante. La pratique de la méditation permet de cultiver, au quotidien, un ralentissement salvateur. Pour nos sociétés, cette philosophie ne peut qu’être profitable aux pauvres êtres stressés et surmenés que nous sommes.

L’espoir a donc mauvaise presse. Il n’est réservé qu’aux éternels optimistes. Le réalisme doit l’emporter sur l’utopie.

Pour le philosophe Raphaël Enthoven, « Le pessimiste qui dénonce l’espoir au motif qu’il expose à la déception ignore que la déception elle-même est au principe de l’espoir ». Ou encore : « Il [l’espoir] rend tolérable la servitude et facilite la résignation. L’espoir naît de la tristesse tant et si bien que, renoncer à lui, c’est se guérir d’elle2. » Décidément les philosophes contemporains semblent avoir des comptes à régler avec l’espoir. Mais avant eux, il y eut Cioran, influencé par la pensée nietzschéenne, qui inventa le « nihilisme pessimiste » ne laissant à l’homme aucun espoir : « Contre l’obsession de la mort, les subterfuges de l’espoir comme les arguments de la raison s’avèrent inefficaces. » Nous sommes là en plein cœur du courant nihiliste. Ce courant prône un monde « dénué de tout sens, de tout but, de toute vérité compréhensible ou encore de toute valeur3 ». Il y a pourtant deux façons de vivre ce courant philosophique : une orientation consiste à avoir une vision de l’existence qui n’a pas de sens et l’autre à considérer que le sens de la vie n’a pas d’importance, que seul vivre pleinement l’instant présent est important.

Lorsque la vie n’a plus ni sens ni but, l’espoir disparaît comme un mirage. Il n’a plus lieu d’être. L’art d’espérer est donc un point de vue radicalement opposé à certains courants de pensée philosophiques. À l’heure actuelle, au point où en est l’humanité, l’espoir peut nous apporter une ouverture, une énergie, un dynamisme indispensables. L’espoir peut donner du sens à notre existence et nous permettre de retrouver une santé psychique essentielle à notre bonheur. Nous avons besoin de but, d’orientation de vie afin de pouvoir entretenir une énergie de création et de créativité.

Pour certains penseurs, l’espoir est de l’ordre de l’inaction, de l’illusion et du manque de responsabilité. Ce serait être immature qu’espérer car l’espoir ne serait qu’une fuite de réalité.

Le dictionnaire4 lui-même définit l’espoir comme « le fait d’espérer, d’attendre avec confiance » et être désespéré serait « être dans l’appréhension et la crainte ».

Les idées communes ne sont donc pas si erronées, puisque la définition officielle de l’espoir est l’attente. Nos philosophes contemporains s’évertuent à réveiller les consciences afin de nous sortir d’une certaine passivité. Il serait pourtant juste de rendre à l’espoir ses lettres de noblesse.

Car l’espoir peut être une ressource indispensable à notre bien-être si nous savons bien nous positionner et si nous évitons d’utiliser l’espoir comme stratégie d’évitement.

Il est donc de notre responsabilité de faire de l’espoir quelque chose de constructif. Et il ne tient qu’à nous de faire en sorte que l’espoir s’incarne autrement que par une vaine attente infructueuse.

Il y a plusieurs façons d’espérer. Il est préférable de bien réfléchir à l’objet de notre espoir et à la façon dont nous espérons. Certains espèrent dans l’attente et la passivité comme nous venons de le voir ; d’autres ont des espoirs vains, sans lendemain, ou des façons destructrices d’évoluer. Gatsby le Magnifique, un des plus célèbres personnages de la littérature anglo-saxonne, illustre parfaitement ce dernier point.

Nous sommes en 1920 dans les Années folles, Jay Gatsby ne vit que dans l’espoir de retrouver Daisy. Persuadé que la différence sociale les empêcherait de s’aimer, Gatsby décide de partir faire fortune ; il s’éloigne alors de la femme qu’il aime. Les années passent et fortune faite (de façon plus ou moins douteuse), il s’installe à Long Island de l’autre côté de la rive, face à la demeure de Daisy. Gatsby va bientôt connaître une popularité sans précédent en organisant les fêtes les plus extravagantes de la région : tout New York se presse à ses portes, le champagne coule à flots, la musique retentit sur des kilomètres, la fête bat son plein chaque soir jusqu’à l’aube. Le seul but de Gatsby n’est pas de profiter de tout cela mais d’impressionner Daisy. Pendant des mois, il contemple la rive opposée à la sienne et une lumière verte provenant de la demeure de sa bien-aimée.

Nick, le narrateur et témoin, dira de Gatsby qu’il n’a jamais vu un être espérer autant. « Près de cinq ans ! […] Cela tenait à la colossale vigueur de son aptitude à rêver. Il l’avait projetée au-delà de Daisy, au-delà de tout. Il s’y était voué lui-même avec une passion d’inventeur, modifiant, amplifiant, décorant ses chimères de la moindre parure scintillante qui passait à sa portée. Ni le feu, ni la glace ne sauraient atteindre en intensité ce qu’enferme un homme dans les illusions de son cœur5. »

Pour Nick, Gatsby est l’espoir incarné. Mais Gatsby espère effacer les cinq ans qui l’ont séparé de Daisy et jeter surtout un voile sur ses origines sociales. Il ne fait que regarder en arrière. Nick tentera de lui ouvrir les yeux en lui rappelant qu’« on ne peut revivre le passé » et Gatsby lui affirmera : « Si, on le peut. » Pour rien au monde il ne renoncera à rejoindre la lumière verte de l’autre côté de la rive. Gatsby espère encore et encore, il l’a toujours fait pour tout et toute sa vie. Mais cet espoir le mènera à sa perte. Alors qu’il meurt, il espère encore, il attend l’appel téléphonique de Daisy. Jusqu’au bout, Gatsby espère.

« Gatsby avait la foi en cette lumière verte, en cet avenir orgastique qui chaque année recule devant nous. Pour le moment, il nous échappe. Mais c’est sans importance. Demain, nous courrons plus vite, nous tendrons les bras plus avant… Et, un beau matin… Et nous luttons ainsi, barques à contre-courant, refoulés sans fin vers notre passé6. »

Gatsby a espéré rejoindre le passé, course sans fin car on ne peut le revivre. On ne peut reprendre sa vie là où elle a définitivement basculé. Gatsby illustre donc à quel point on peut « mal » espérer, c’est-à-dire vivr...

Table des matières

• Couverture
• Titre
• Copyright
• Dédicace
• Les Carnets de Vie
• Introduction
• CHAPITRE 1 - Espoir, qui es-tu ?
• CHAPITRE 2 - De l’importance d’avoir de l’espoir
• CHAPITRE 3 - Comment avoir de l’espoir dans sa vie
• CONCLUSION - L’ombre du soir
• Bibliographie
• Remerciements
• Table
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