Nouvelles leçons sur le renseignement
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Nouvelles leçons sur le renseignement

Jean-Claude Cousseran, Philippe Hayez

  1. 528 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Nouvelles leçons sur le renseignement

Jean-Claude Cousseran, Philippe Hayez

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À propos de ce livre

Comment fonctionnent les systĂšmes nationaux de renseignement? De quels moyens disposent-ils? Face aux dĂ©fis nouveaux que sont le terrorisme international, l'espionnage Ă©conomique, les cyberattaques, voire les cyberguerres, comment sont Ă©laborĂ©es et conduites les politiques de renseignement? Avec quels succĂšs et quels Ă©checs? La mise en Ɠuvre des techniques du renseignement est-elle compatible avec l'exigence dĂ©mocratique? Comment dĂ©finir ce que pourraient ĂȘtre des relations vertueuses entre l'exĂ©cutif et les professionnels du renseignement? Telles sont quelques-unes des questions essentielles auxquelles ce livre, le premier du genre en langue française, Ă©crit par deux professionnels reconnus, s'efforce de rĂ©pondre. Pour la premiĂšre fois, la pratique rĂ©elle du renseignement sort de l'ombre oĂč elle Ă©tait confinĂ©e. TrĂšs complet, fourmillant d'exemples et reposant sur de larges comparaisons internationales, cette nouvelle Ă©dition, Ă  jour et enrichie, d'un ouvrage devenu de rĂ©fĂ©rence passionnera tous ceux qui s'intĂ©ressent au renseignement d'État mais aussi Ă  l'intelligence Ă©conomique. Jean-Claude Cousseran est diplomate de carriĂšre et spĂ©cialiste du monde arabo-musulman. Il a Ă©tĂ© le premier directeur de la stratĂ©gie de la Direction gĂ©nĂ©rale de la sĂ©curitĂ© extĂ©rieure de 1989 Ă  1992, puis son directeur gĂ©nĂ©ral entre 2000 et 2003. Philippe Hayez, magistrat Ă  la Cour des comptes, a exercĂ© diverses fonctions au sein des ministĂšres des Affaires Ă©trangĂšres et de la DĂ©fense. AffectĂ© Ă  la Direction gĂ©nĂ©rale de la sĂ©curitĂ© extĂ©rieure de 2000 Ă  2006, il a cofondĂ© le sĂ©minaire MĂ©tis de Sciences Po sur les politiques de renseignement.

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Informations

CHAPITRE 1

DĂ©finir le renseignement


Comme le rappelle l’expert vĂ©tĂ©ran amĂ©ricain Loch Johnson1, le renseignement rĂ©pond Ă  un besoin anthropologique : la nature humaine espĂšre une amĂ©lioration de sa condition, mue par un instinct d’ambition, et craint simultanĂ©ment le danger, soumise Ă  un instinct de survie, ce qui provoque chez l’homme la recherche d’information (s’inscrivant dans un « cycle du renseignement »), la protection de l’information qu’il dĂ©tient (justifiant le « contre-espionnage »), la recherche d’un avantage accru (possiblement sous la forme d’une « action clandestine ») et la protection contre les abus du secret (aujourd’hui dĂ©nommĂ©e accountability). On peut Ă©largir cette exigence individuelle Ă  celle de toute communautĂ©. Le besoin de renseignement est ainsi liĂ© Ă  ce que l’universitaire canadien Charles-Philippe David appelle la « permanence de l’état d’insĂ©curitĂ©2 ». La notion de renseignement est donc de ce fait presque aussi ancienne que celles d’espionnage et d’histoire, mais elle ne se laisse pas facilement apprĂ©hender : comme l’indique un observateur amĂ©ricain, « toutes les tentatives pour dĂ©velopper des thĂ©ories ambitieuses sur le renseignement ont Ă©chouĂ©3 ». En 2002, un des historiens internes de la communautĂ© amĂ©ricaine du renseignement, Michael Warner4, regrettant l’absence d’une « dĂ©finition du renseignement communĂ©ment acceptĂ©e », soulignait la nĂ©cessitĂ© de cette dĂ©finition.
Il faut pourtant se garder d’enserrer le renseignement dans des concepts trop vagues. Comme l’a indiquĂ© l’expert suĂ©dois Wilhelm Agrell, « si tout est renseignement, rien n’est renseignement5 ». Il ne faut pas non plus en donner une dĂ©finition trop absolue car, comme le rappelle le criminologue canadien Jean-Paul Brodeur, « le renseignement n’est pas un objet qui tient sa spĂ©cificitĂ© de ses caractĂšres intrinsĂšques mais plutĂŽt de ses propriĂ©tĂ©s relationnelles6 » avec des notions comme l’information, le savoir, la science, la preuve, la surveillance, le producteur, le destinataire, le contenu ou le processus.
En français d’aujourd’hui, le mot « renseignement » dĂ©signe une double rĂ©alitĂ©. Il reprĂ©sente d’une part une information particuliĂšre, mĂȘme si sa particularitĂ© ne doit pas aller jusqu’à considĂ©rer, comme le veut la thĂ©orie amĂ©ricaine de l’intelligence exceptionalism, qu’il s’agisse d’une information radicalement diffĂ©rente des autres. Celle-ci rĂ©pond Ă  des besoins spĂ©cifiques, s’inscrit dans des considĂ©rations d’État et dans un souci permanent de sĂ©curitĂ©. Il est d’autre part une organisation, une structure, une machinerie confinĂ©e, relevant de l’État et travaillant sous le contrĂŽle de l’exĂ©cutif. Il est donc nĂ©cessaire d’identifier prĂ©cisĂ©ment ce type particulier d’information, dĂ©nommĂ©e intelligence en anglais, Nachrichten en allemand, разĐČДЎĐșĐž en russe, jƍhƍ en japonais ou qĂ­ng bĂ o (情抄) en chinois, mais aussi de dĂ©crire les traits caractĂ©ristiques de la machinerie qui le produit. Cette information singuliĂšre, marquĂ©e par le secret et le confinement, doit compter avec l’avĂšnement de la sociĂ©tĂ© de l’information, dĂ©finie, elle, par l’accumulation d’informations globalisĂ©es, ouvertes et concurrentielles. Au XVIIe siĂšcle, le mathĂ©maticien britannique Thomas Bayes a dĂ©montrĂ© comment il Ă©tait possible d’amĂ©liorer les probabilitĂ©s de bonne dĂ©cision en mixant de nouvelles et d’anciennes informations7. Mais si le renseignement s’inscrit dans une approche gĂ©nĂ©rale que l’on peut qualifier de « bayĂ©sienne », son Ă©conomie est diffĂ©rente.
Il est nĂ©cessaire de mesurer comment et dans quelles conditions ce secteur des politiques publiques, profondĂ©ment enracinĂ© dans une culture du secret, du cloisonnement et de la clandestinitĂ©, s’insĂšre dans les dĂ©mocraties fondĂ©es sur le suffrage, la dĂ©libĂ©ration, la critique, la transparence et le droit, avec quelles tensions, quels arbitrages et quelle cohĂ©rence. C’est dire la difficultĂ© de trouver une dĂ©finition synthĂ©tique, consensuelle, pour une rĂ©alitĂ© qui est Ă  l’évidence composite et parfois contradictoire. C’est dire aussi le poids des dĂ©fis, des obstacles et des contradictions qui pĂšsent sur l’évolution du renseignement aujourd’hui.

1. À la recherche d’une dĂ©finition fonctionnelle du renseignement

Cette quĂȘte est Ă  rapprocher, parmi de nombreuses tentatives, de dĂ©finitions qui permettent de mettre en Ă©vidence les fonctions du renseignement.

a) L’approche psychologique

Selon les Grecs anciens, le renseignement Ă©tait la mĂštis : une intelligence avisĂ©e et rusĂ©e, qui Ă©tait divinisĂ©e. Selon la dĂ©finition de l’hellĂ©niste (et rĂ©sistant) Jean-Pierre Vernant8, il s’agissait d’un « ensemble complexe, mais trĂšs cohĂ©rent, d’attitudes mentales, de comportements intellectuels qui combinent le flair, la sagacitĂ©, la prĂ©vision, la souplesse d’esprit, la feinte, la dĂ©brouillardise, l’attention vigilante, le sens de l’opportunitĂ©, des habiletĂ©s diverses, une expĂ©rience longuement acquise ». Cette approche n’est pas dĂ©passĂ©e et retrouve mĂȘme peut-ĂȘtre ces jours-ci un sens nouveau face aux soubresauts que connaĂźt le monde. Sous cet angle, le renseignement est une attitude correspondant Ă  la notion de situational awareness Ă©voquĂ©e par des auteurs anglo-saxons comme David Omand, aussi bien qu’une envie et un dĂ©sir de connaĂźtre et comprendre. Il s’oppose autant Ă  une vision doctrinaire des rĂ©alitĂ©s qu’à un abandon crĂ©pusculaire devant celles-ci. C’est aussi, comme le signale le romancier Percy Kemp, « une affaire de bĂȘte Ă  sang froid9 ». En suivant la caractĂ©rologie proposĂ©e par le philosophe Gaston Berger10, le recours au renseignement serait le fait de personnalitĂ©s de type secondaire qui n’auraient de l’histoire qu’une vision exaltĂ©e.

b) L’approche organisationnelle

Le renseignement est aussi une mĂ©canique – une machinery, selon l’expression naguĂšre retenue par le gouvernement britannique – et un processus mettant en jeu de nombreux acteurs individuels et collectifs qui relĂšvent de l’État. Dans cette perspective, il s’agirait de produire une information que le secteur privĂ© ne peut offrir aux autoritĂ©s. Selon l’expert amĂ©ricain Bruce Berkowitz11, « la justification d’un appareil de renseignement est de trouver et interprĂ©ter une information concernant la sĂ©curitĂ© nationale dont le gouvernement a besoin mais qu’il ne peut obtenir des mĂ©dias ou d’autres sources commerciales. Cette information relĂšve gĂ©nĂ©ralement des catĂ©gories suivantes : de l’expertise que le secteur privĂ© ne peut entretenir parce qu’elle serait non profitable ; de l’information que le secteur privĂ© ne veut ou ne peut collecter parce qu’elle serait non profitable ou trop exigeante sur le plan technologique ; de l’information que le secteur privĂ© ne veut ou ne peut collecter en raison des contraintes lĂ©gales ou des risques ». Il y aurait ainsi une vision sinon marchande, du moins Ă©conomiste, du renseignement.
La machine Ă  renseigner s’inscrirait alors dans une dimension cybernĂ©tique, selon l’expression forgĂ©e par Norbert Wiener en 1948. Selon Mark Lowenthal, qui constitue toujours un guide sĂ»r, le renseignement correspond d’abord Ă  un « processus par lequel des informations spĂ©cifiques importantes pour la sĂ©curitĂ© nationale sont demandĂ©es, collectĂ©es, analysĂ©es et fournies ». InspirĂ© par les mĂ©thodes d’organisation industrielle des annĂ©es 1920 et par une attention particuliĂšre au contrĂŽle de sa confection, il vise Ă  la qualitĂ© du produit qu’il fournit Ă  ses destinataires. Compte tenu de ses origines, il ne peut cependant Ă©chapper au risque d’obsolescence : pour le commentateur David Rothkopf, « les consĂ©quences profondes de l’avĂšnement de l’ñge de l’information posent de questions sĂ©rieuses sur l’avenir du renseignement [
]. Il y a un besoin toujours plus urgent de repenser comment, pourquoi, quand, oĂč et par quels moyens le renseignement est collectĂ©, analysĂ© et utilisĂ©12 ».

c) L’approche politique

Certains auteurs, tels les experts britanniques Peter Gill et Mark Phythian13 ou l’historien SĂ©bastien-Yves Laurent14, soulignent que le renseignement n’est pas seulement un processus d’information et de connaissance mais aussi un processus de puissance impliquant politique et action. C’est le « pouvoir de renseignement » (intelligence power) dĂ©fini par le vĂ©tĂ©ran britannique Michael Herman, qui peut devenir aussi « pouvoir du renseignement ».
On s’attache ici Ă  sa finalitĂ©, en liant son particularisme Ă  son destinataire : une « information collectĂ©e, organisĂ©e ou analysĂ©e pour les acteurs ou les dĂ©cideurs15 » ou une « information politiquement pertinente, collectĂ©e par des moyens ouverts et clandestins et soumise Ă  l’analyse, afin d’éduquer, d’éclairer ou d’aider le dĂ©cideur dans la formulation et la mise en Ɠuvre de la politique Ă©trangĂšre et de sĂ©curitĂ© nationale16 ». Le renseignement est alors un adjuvant de la dĂ©cision. Comme le veut la dĂ©finition allemande du renseignement, c’est l’éclairage (AufklĂ€rung) qui est recherchĂ©. Aux États-Unis, les buts officiels du renseignement sont ainsi, en vertu de l’Executive Order (EO) 12333 prĂ©sidentiel du 4 dĂ©cembre 1981 amendĂ©, dans sa derniĂšre rĂ©daction, le 31 juillet 2008, de « fournir au PrĂ©sident, au Conseil de sĂ©curitĂ© nationale et au Conseil de sĂ©curitĂ© intĂ©rieure l’information nĂ©cessaire pour fonder les dĂ©cisions relatives a...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. INTRODUCTION - Pourquoi un ouvrage sur les politiques de renseignement ?
  5. CHAPITRE 1 - Définir le renseignement
  6. CHAPITRE 2 - Les agences et les communautés, acteurs institutionnels du renseignement
  7. CHAPITRE 3 - La généalogie du renseignement contemporain
  8. CHAPITRE 4 - La collecte, caractéristique propre de l'activité de renseignement
  9. CHAPITRE 5 - L'analyse du renseignement, une activité partagée
  10. CHAPITRE 6 - La coopération internationale entre les services, une dimension en expansion
  11. CHAPITRE 7 - L'action clandestine, un adjuvant délicat de l'action politique
  12. CHAPITRE 8 - La lutte contre le terrorisme, pivot de l'action des services
  13. CHAPITRE 9 - L'adaptation du renseignement à la cyberdimension
  14. CHAPITRE 10 - La conjugaison du renseignement et de la diplomatie
  15. CHAPITRE 11 - La mutation du renseignement au profit de la défense
  16. CHAPITRE 12 - La tentation de l'économie pour le renseignement
  17. CHAPITRE 13 - Le pilotage politique du renseignement
  18. CHAPITRE 14 - La trame de contrÎle du renseignement
  19. Conclusion
  20. Notes
  21. Bibliographie sélective
  22. Sommaire
Normes de citation pour Nouvelles leçons sur le renseignement

APA 6 Citation

Cousseran, J.-C., & Hayez, P. (2021). Nouvelles leçons sur le renseignement ([edition unavailable]). Odile Jacob. Retrieved from https://www.perlego.com/book/3421830/nouvelles-leons-sur-le-renseignement-pdf (Original work published 2021)

Chicago Citation

Cousseran, Jean-Claude, and Philippe Hayez. (2021) 2021. Nouvelles Leçons Sur Le Renseignement. [Edition unavailable]. Odile Jacob. https://www.perlego.com/book/3421830/nouvelles-leons-sur-le-renseignement-pdf.

Harvard Citation

Cousseran, J.-C. and Hayez, P. (2021) Nouvelles leçons sur le renseignement. [edition unavailable]. Odile Jacob. Available at: https://www.perlego.com/book/3421830/nouvelles-leons-sur-le-renseignement-pdf (Accessed: 15 October 2022).

MLA 7 Citation

Cousseran, Jean-Claude, and Philippe Hayez. Nouvelles Leçons Sur Le Renseignement. [edition unavailable]. Odile Jacob, 2021. Web. 15 Oct. 2022.