Il peut être utilisé avec les parents seuls, mais il semble plus efficace en groupe de un ou deux parents de dix familles ayant un enfant hyperactif âgé de 4 à 14 ans. Dix séances de 120 minutes se déroulent tous les quinze jours sur une durée de quatre mois.
Séance I
Information sur l’hyperactivité et présentation du programme
Cette première séance est quelque peu formelle avec une information sur le trouble et une présentation générale du groupe, de ses objectifs et de son déroulement.
Information sur le trouble
Cette séance est primordiale et nécessite du temps. L’information aux parents est le plus exhaustive possible. Nous la réalisons sous la forme d’une présentation orale didactique, en utilisant des supports écrits, informatiques et des références d’articles scientifiques.
La connaissance, la compréhension du trouble est le préalable à toute prise en charge de l’enfant. Comme dans d’autres maladies chroniques, il est indispensable que les parents comprennent :
– le mode de fonctionnement de l’enfant,
– la nature du handicap,
– l’impact du trouble sur les différentes étapes du développement,
– les répercussions du trouble dans les domaines scolaire, social, familial et émotionnel,
– les différentes techniques de traitement et leurs cibles.
En étant informés, en ayant un rôle actif dans le traitement, les parents adhéreront plus efficacement au programme thérapeutique. Les principales données disponibles actuelles sur le trouble sont ainsi exposées aux parents : données épidémiologiques, cliniques, pronostiques et thérapeutiques que nous avons détaillées dans la première partie du livre.
Présentation du programme
Le programme n’est ni un livre de recettes ni un guide de conseils éducatifs. Il s’agit d’une psychothérapie qui doit amener les parents à modifier leurs pensées et leurs émotions concernant leur enfant, et en conséquence leur fonctionnement relationnel et comportemental. Cette psychothérapie n’a pas l’objectif, ni la capacité, de guérir le trouble. Aucun traitement, qu’il s’agisse du traitement médicamenteux ou des psychothérapies, n’a de valeur curative et ne peut à lui seul être totalement adéquat pour faire face à toutes les difficultés que l’enfant hyperactif est susceptible de présenter.
Le projet est d’aider les parents à mieux comprendre le fonctionnement complexe de leur enfant et à mettre en place les stratégies qui permettront, à long terme, un meilleur fonctionnement et une meilleure qualité de vie de la famille.
Chaque séance se déroule ultérieurement de la façon suivante. En début de séance, les points essentiels de la séance précédente sont repris. Les parents exposent aux autres membres du groupe leurs réussites, leurs difficultés ou leurs échecs à la mise en place en milieu familial des stratégies étudiées. Une nouvelle étape du programme est alors exposée aux parents à l’aide d’un raisonnement et d’une discussion interactive.
En fin de séance, un manuscrit2 est remis aux parents. Il décrit et commente les stratégies expliquées au cours de la séance que les parents mettront en place à domicile. Ils vont en effet dans un premier temps s’entraîner en milieu familial puis généraliser ces procédures en dehors du milieu familial.
Chaque étape repose sur la précédente avec une progression pensée et voulue par Barkley, selon des critères de difficulté croissante. La réussite d’une première étape conditionne la réussite de la suivante.
À tour de rôle, les parents présentent succinctement leur enfant, son âge, sa prise en charge (traitement médicamenteux, rééducations…) et tout élément qu’il juge utile et souhaite partager avec les autres parents.
Séance II
La non-compliance
Les enfants hyperactifs ont plus de difficultés que les autres à adhérer aux règles de la vie scolaire, sociale et familiale, c’est la non-compliance.
Les parents font souvent les mêmes commentaires sur leurs méthodes.
« Lorsque mon enfant n’obéit pas, je m’emporte facilement et, après m’être énervée à plusieurs reprises, c’est la fessée car cela m’exaspère. »
« Je répète maintes fois avant de crier puis de me mettre en colère. »
« Lorsque mon fils ne m’obéit pas, je suis assez désemparée car je ne sais pas bien comment agir. Je n’aime pas le réprimander et il le ressent. Il s’installe alors entre nous un rapport de force. Il essaie de me faire fléchir. Ce n’est pas toujours facile de résister. J’insiste alors pour qu’il obéisse. Mais j’avoue que, quelquefois, je baisse les bras. D’autres fois, je lui répète l’ordre à plusieurs reprises puis je m’énerve et je finis par perdre patience. Vis-à-vis de son père, les réactions de notre fils sont différentes car il le craint et par conséquent lui obéit. »
« J’insiste de façon de plus en plus virulente, jusqu’à ce que mon fils cède. »
Objectifs de la séance
– Définir la non-compliance.
– Expliquer le diagramme d’interaction non compliante.
– Identifier les comportements difficiles.
– Rechercher les facteurs qui précipitent la non-compliance.
La réunion débute par des questions et remarques sur la séance précédente. Fréquemment, les parents reposent des questions sur le devenir du trouble. Il n’est pas rare qu’ils « se reconnaissent » dans leur enfant et demandent pour eux-mêmes une consultation spécialisée et une aide.
Quels sont ses mécanismes ?
La non-compliance est liée essentiellement aux déficits cognitifs sous-jacents que l’enfant hyperactif présente dans différents domaines :
– l’attention soutenue,
– l’autocontrôle du comportement et des émotions,
– la planification,
– les stratégies de recherche et de résolution de problèmes.
Pourquoi faut-il la traiter ?
• La non-compliance est la plainte la plus fréquente de la part des parents d’enfant hyperactif.
• Elle sous-tend la majorité des interactions négatives que l’enfant développe avec les membres de son entourage. Elle survient le plus souvent à la suite d’une demande parentale ou scolaire.
• L’enfant hyperactif peut répondre à des ordres qui lui demandent un effort bref ou qui sont suivis d’un renforcement positif immédiat. Si, dans de tels cas, la compliance de l’enfant n’est pas soulignée par les parents, elle aura tendance à diminuer avec le temps.
• En cas de non-compliance, les parents ont tendance à répéter l’ordre, sans efficacité, puis à utiliser les menaces. Souvent, l’enfant hyperactif ne répond pas à la menace car celle-ci se répète. L’issue de cette situation est souvent la colère, le défi et l’agressivité. Finalement, l’enfant a gagné du temps et est parvenu à éviter, même temporairement, de faire une tâche déplaisante. Cela est parfaitement illustré par le diagramme figurant à la page suivante (diagramme d’interaction non compliante).
• Le point de vue de l’enfant hyperactif est ponctuel et ne s’inscrit pas dans la durée. Son but immédiat est d’échapper à l’ordre pour poursuivre l’activité qui lui plaît. Il arrive parfois que les parents accomplissent eux-mêmes la tâche demandée ou tentent de calmer la colère de l’enfant de peur qu’il ne se blesse. Dans ces cas, il y a non seulement un renforcement négatif (l’enfant échappe à la tâche désagréable) mais aussi un renforcement positif (la tentative d’apaisement des parents).
• La non-compliance a tendance à se généraliser à d’autres situations, à d’autres intervenants (les enseignants, les pairs).
• La non-compliance a des effets indirects sur le fonctionnement familial. Les parents apprennent parfois à utiliser rapidement un comportement coercitif car celui-ci a par moments été efficace : hurler, menacer, punir. Ils sont aussi amenés à restreindre leurs demandes, sachant par avance qu’ils vont rencontrer une résistance. Les enfants de la fratrie peuvent développer une hostilité et un ressentiment à l’égard de l’enfant hyperactif. Ailleurs, les parents passent de moins en moins de temps à des activités de plaisir pour éviter les situations dif...