Retrouver confiance en l'économie
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Retrouver confiance en l'économie

  1. 224 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Retrouver confiance en l'économie

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À propos de ce livre

«Dans cette période d'incertitudes lourdes, jamais notre besoin de confiance n'a été aussi fort. Mon objectif avec ce livre est de dire pourquoi nous devons et comment nous pourrions retrouver confiance en l'économie. L'économie doit être au service des hommes et contribuer à notre bien-être, à nos projets, à la justice sociale et à l'exigence environnementale. Oui, on peut encore agir et avancer dans la France et l'Europe d'aujourd'hui. Notre pays a plus d'atouts qu'il ne le croit.» F.V.G. François Villeroy de Galhau est gouverneur de la Banque de France.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2021
ISBN
9782738153845

CHAPITRE 1

Surmonter la crise Covid1


Il faut malheureusement commencer ce livre sur la confiance par une crise qui en est l’exacte antithèse. Une crise de plus, après celle de 2009-2012 qui avait ébranlé la finance et l’économie mondiale, puis secoué rudement la zone euro. Une crise de trop, sans doute, et une crise qui n’en finit pas pour des citoyens déjà sceptiques et fatigués. Mais une crise différente, la plus nouvelle de notre histoire contemporaine : imprévisible et imprévue, mondiale, brutale, c’est la première crise économique née non des dysfonctionnements du marché ou de la finance, mais de la volonté de sauver des vies. Pour autant, ses conséquences économiques et sociales nous marqueront plus longtemps que les séquelles sanitaires. Mais si nous les gérons bien, cette rude crise pourrait aussi être la chance d’une économie plus durable et plus innovante.
Aucun d’entre nous, moi inclus, n’oubliera ces jours de basculement accéléré en télétravail les 16 et 17 mars 2020 alors que la panique financière menaçait, ni ces semaines de premier confinement, ni la rechute depuis l’automne. La crise est aujourd’hui au cœur des préoccupations de tous les dirigeants économiques et politiques, et naturellement de la Banque de France. Avant d’aborder la reconstruction nécessaire, je veux revenir plus précisément sur la nature du choc que nous avons subi, dans son caractère inouï, et dresser en conséquence un diagnostic de l’économie française au début 2021. Et ce sans prétendre à des conclusions définitives, tant les incertitudes demeurent et l’adaptabilité s’impose.

En 2020, des réponses fortes face à un choc d’une brutalité sans précédent

Un choc imprévisible et multidimensionnel

Pour l’économie française, ce qui était initialement un choc externe en provenance de Chine est devenu en quelques semaines un choc domestique massif qui a paralysé des pans entiers de notre économie pendant presque deux mois. Ce qui était un choc d’offre est devenu également un choc de demande. Et ce qui était temporaire aura aussi des effets persistants.
Au total, les deux mois du premier confinement strict ont « coûté » à l’économie française environ 6 points de PIB annuel. À l’inverse, après le 11 mai et le déconfinement, la reprise de l’activité a été spectaculaire, plus même que nous l’avions prévue.
La Banque de France mène une enquête mensuelle de conjoncture, en interrogeant sur le terrain 8 500 entreprises de toutes tailles et de tous secteurs. Cette enquête s’est avérée depuis mars 2020 être une des vigies les plus éclairantes dans le « brouillard économique » que nous traversons. Elle montre, mois après mois, les chutes et les remontées de l’activité, selon un graphique que nous avons appelé des « marches d’escalier ».

Graphique 1. Niveau d’activité (en % du niveau normal)

Après une descente violente (autour de – 35 % d’activité à fin mars, – 31 % en avril), l’économie française avait remonté vite 28 marches pour se situer à un palier de « seulement » – 3 % en août-septembre 2020. Le deuxième confinement de l’automne a naturellement entraîné une redescente, à – 11 % en novembre et – 7 % en décembre, après la réouverture des commerces : cette perte reste lourde, mais quatre fois moins que lors du premier confinement. Les services à la personne, et en premier lieu l’hébergement et la restauration, demeurent fortement frappés ; tandis que l’industrie (hors aéronautique) et la construction – grâce aux protocoles sanitaires –, les services aux entreprises et les services publics – via le télétravail – ont appris à travailler tout en protégeant leurs salariés.
Sur l’ensemble de l’année 2020, la récession a ainsi été de – 9 %, sans précédent depuis 1945. Les années 2021 et 2022 devraient marquer un rebond sensible, mais les prévisions que nous avons publiées en décembre sont naturellement entourées d’une grande incertitude sur la situation sanitaire, qui appelle beaucoup de modestie. Dans notre scénario central, le premier semestre 2021 resterait soumis à restrictions partielles, et le plein effet des vaccins monterait progressivement d’ici la fin de cette année : l’économie française reviendrait ainsi à – 3 % d’activité à fin 2021 (soit le niveau de septembre 2020), et au niveau d’avant-crise – le haut de l’escalier – à mi-2022. La croissance serait alors d’environ + 5 % en 2021 comme en 2022 : chiffres là aussi jamais atteints depuis 1973, cette fois à la hausse, et supérieurs à ce qui est attendu pour la moyenne de la zone euro (4 %) et particulièrement pour l’Allemagne (3 %). L’économie française, davantage touchée par le confinement, rebondit ensuite plus fort : ce que nous avons déjà vécu à l’été 2020 devrait se reproduire dans les deux années qui viennent.
Compte tenu des fortes incertitudes, à commencer par la situation sanitaire, nous avons exceptionnellement envisagé aussi deux scénarios alternatifs : un scénario favorable où une meilleure confiance des ménages les pousserait à consommer leur épargne avec alors un retour à l’« avant-crise » début 2022 ; la croissance 2021 atteindrait alors + 7 %. À l’inverse, dans un scénario nettement plus sévère, les restrictions demeureraient significatives tout au long de cette année, et la croissance serait faible.
Le choc économique créé par la crise Covid est singulier dans l’histoire économique de notre pays : il s’agit à la fois d’une crise profonde et très brutale. Alors que le PIB a reculé d’environ 9 % en 2020, il n’avait baissé que de 2,8 % en 2009, suite à la crise financière. Pendant la crise de 1929, il avait baissé de 15 % en cumulé sur trois ans (entre 1929 et 1932). Cette fois, les réponses de politique économique ont été plus rapides et convergentes que lors des précédentes crises.
D’un point de vue strictement économique, la récession causée par la Covid-19 présente des similitudes, mais aussi des différences, avec une situation de guerre. Le choc est évidemment moins grave et moins long, mais, dans les deux cas, la chute de la consommation et de l’investissement privé est brutale et massive tandis que l’épargne augmente significativement. Le déficit budgétaire et la dette publique s’accroissent fortement et la politique monétaire vise à assurer la stabilité financière et le financement de l’économie. Mais il n’y a heureusement pas dans ce choc de destructions matérielles, en particulier sur le capital productif.

Des conséquences en partie limitées pour les ménages

Les ménages ont été jusqu’à présent relativement protégés avec une perte de revenu en moyenne limitée à moins de 10 % du total des pertes en 2020 – dont une forte part pour les entrepreneurs individuels –, ce qui est très en deçà de leur poids dans le revenu disponible national (61 %). Cette situation globale s’accompagne cependant hélas d’inégalités : les ménages les plus fragiles ont subi des pertes de revenus2 justifiant un soutien public spécifique, qui devrait dépasser 1 milliard d’euros en 2020 ; les jeunes souffrent davantage. Après avoir été amortie par le dispositif de chômage partiel, la détérioration du marché du travail serait malheureusement importante : selon nos prévisions, le taux de chômage devrait connaître temporairement un pic proche de 11 % au premier semestre 2021, avant de diminuer ensuite sous les 10 % d’ici à fin 2022. Le pouvoir d’achat est resté en moyenne préservé malgré tout en 2020, du fait des indemnisations et de la très faible inflation (+ 0,5 % seulement). La France a été en 2020, selon l’OCDE, le pays où l’évolution du revenu des ménages a été la plus favorable relativement à l’ampleur du choc sur l’économie. D’ici 2022, le pouvoir d’achat pourrait croître à nouveau, soit + 5 % par habitant au total sur cinq ans, depuis 2017. Globalement, la consommation des ménages aura reculé nettement plus que leur revenu pendant le confinement, conduisant à un surcroît d’épargne ou « épargne forcée » significative de 110 à 120 milliards d’euros en 2020, soit une « réserve » de près de 5 % du PIB.
L’amortisseur public a donc joué massivement et positivement son rôle pendant la crise : en 2020, les administrations publiques ont supporté plus de 60 % du coût du choc. Le prix de cet amortisseur public est une dette publique qui a augmenté de près de 20 points de PIB, pour se situer à un niveau supérieur à 115 % fin 2020 ; je reviendrai sur la question du désendettement futur, qui préoccupe légitimement les Français.
La comparaison de la taille globale des programmes entre pays européens reste délicate, et finalement assez proche, entre effets d’annonce et mesures non budgétaires (comme les garanties ou les simples reports de charges). L’Allemagne a initialement affiché une mobilisation plus forte de ses marges de manœuvre financières, qu’elle avait su reconstituer depuis la crise de 2009. Mais, ex post, l’ampleur du soutien budgétaire français, à 4,5 % du PIB en 2020 – soit plus de 100 milliards d’euros –, s’avère supérieure à l’action allemande.

Des effets lourds pour tous les pays européens, mais avec des différences

Le choc sanitaire a frappé de façon différenciée les pays européens ; mais le choc économique a été à ce stade un peu moins divergent, du fait de mesures de restriction finalement fortes partout.
Sur l’ensemble de l’année 2020, la récession serait généralisée en Europe3 (à − 7 % pour la zone euro) et dans le monde, y compris aux États-Unis (− 3,4 %). Le fait que l’économie américaine résiste nettement mieux, alors même que la crise sanitaire a été notoirement moins bien gérée aux États-Unis, interroge notre dynamisme européen4. Au sein de notre continent, des facteurs d’asymétrie, tels que la spécialisation sectorielle des économies, pourraient accroître cependant les divergences entre les principaux pays de la zone euro : l’Allemagne – avec davantage d’industrie – résiste bien mieux que l’Espagne, exposée à la chute du tourisme. Ces divergences justifient une réponse coordonnée à l’échelle européenne que j’évoquerai plus loin. La vraie divergence concerne malheureusement les pays émergents et en développement : seule la Chine, pourtant foyer initial de la pandémie, aura connu une croissance positive, faiblement. L’Inde (chute de – 8 %), le Mexique et l’Amérique latine, ou l’Afrique du Sud ont souffert de récessions plus fortes que la moyenne des pays avancés. Il y a donc un vrai besoin de solidarité internationale, et de mobilisation de ressources financières autour du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.

Dans l’urgence, des réponses fortes et rapides de politique économique

Face à cette crise sans précédent, et totalement imprévisible, des réponses fortes, rapides et convergentes ont été apportées pour endiguer les effets d’un choc économique sévère. Les leçons de 2008 ont été retenues. Rarement le consensus a été aussi fort sur le sens et l’ampleur des mesures à prendre, y compris parmi les économistes. À côté d’une action monétaire vigoureuse que je détaillerai dans le chapitre 2, les pouvoirs publics ont construit, notamment en France, un « pont de financement » pour aider les entreprises de toute taille à traverser ce choc et protéger ainsi leurs salariés.
Cette mobilisation incarnée par Bruno Le Maire a d’abord reposé sur les reports d’échéances sociales et fiscales, le fonds de solidarité pour les indépendants, et surtout les mesures d’activité partielle. La France a su ainsi tirer les leçons du succès de l’Allemagne et de son « Kurzarbeit » en 20095. Notre dispositif – un des plus généreux et coûteux d’Europe – a jusqu’à présent permis d’éviter ce qui s’est produit aux États-Unis, où, au printemps 2020, 22 millions d’emplois ont été détruits en six semaines. S’y sont ajoutés les prêts garantis par l’État (PGE) remboursables sur une durée d’un à six ans et pouvant couvrir jusqu’à un quart du chiffre d’affaires annuel. Ces PGE représentent à ce jour un succès sans équivalent en Europe à deux égards : par leur montant total (130 milliards d’euros), comme par leur « ciblage » sur les très petites entreprises (TPE) et petites et moyennes entreprises (PME) (pour 75 % des montants). Leurs taux d’intérêt sont en outre les plus bas d’Europe. À l’inverse, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, les prêts bancaires garantis ont eu plus de difficultés à atteindre efficacement les PME-TPE.
Depuis septembre 2020 s’y est ajoutée l’annonce d’un plan de relance de 100 milliards d’euros sur 2021-2022. Il est partagé en trois tiers : la transition écologique, la compétitivité des entreprises, la cohésion et les compétences. Je n’ai pas de gêne, en toute indépendance, à dire qu’il me paraît bien positionné, y compr...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Introduction
  5. Chapitre 1 - Surmonter la crise Covid
  6. Chapitre 2 - De bonnes politiques monétaires pour faire une bonne monnaie
  7. Chapitre 3 - En finance, réconcilier stabilité et innovation
  8. Chapitre 4 - L’Europe, notre souveraineté économique dans un monde divisé
  9. Chapitre 5 - La France n’est pas irréformable
  10. Chapitre 6 - Réinventer notre modèle
  11. Conclusion
  12. Remerciements
  13. Sommaire
  14. Du même auteur chez Odile Jacob