La Philosophie et son histoire
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La Philosophie et son histoire

  1. 376 pages
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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
1990
ISBN
9782738158529

DEUXIÈME PARTIE

HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE



Présentation


L’histoire impose son ordre. L’ordre des sections est l’ordre chronologique.
La première section comprend deux comptes rendus. Serge Mouraviev analyse deux publications françaises sur Héraclite ; Jacques Brunschwig analyse une publication collective – avec une contribution principale de Denis O’Brien – sur Parménide. J’ai dit combien étroitement la loi du genre associait, dans les livres comme dans les recensions, philosophie et philologie, et quels problèmes difficiles les exégètes avaient à résoudre pour interpréter les concepts fondateurs de la philosophie.
Les deux autres sections : grecque et médiévale, et moderne n’appellent pas de remarque particulière, si l’on fait exception des articles de Gilles-Gaston Granger sur le Temps physique et Temps tragique chez Aristote de Victor Goldschmidt et de Jacques Moutaux sur L’élucidation critique du jugement de goût selon Kant de Louis Guillermit. Ces deux livres, comme celui de Martial Gueroult dont il est rendu compte par Bernard Sève, sont des livres posthumes. Goldschmidt, Guillermit, Gueroult, ainsi que Ginette Dreyfus, que la mort frappa pendant qu’elle éditait la Dianoématique de Gueroult, appartenaient à une même école, spécifiquement française, caractérisée par son attention particulière à l’architectonique des systèmes philosophiques et à leurs moyens de preuve propres.
Gueroult fut le maître de cette école dont les origines remontent à la tradition française d’histoire de la philosophie, mais aussi d’histoire des sciences. Gueroult disait souvent ce qu’il devait à Victor Delbos et à d’autres. Et l’on retrouve le souci du système dans les travaux du groupe de nos mathématiciens et de nos philosophes, Noël, Brochard, Evellin, Tannery, qui en 1892 et 1893 s’attachèrent à montrer que les arguments de Zénon contre la possibilité du mouvement ne sont pas jetés au hasard, mais obéissent à une idée organique1.
Les rédacteurs ont écrit des hommages. Mais les hommages ne s’entendraient pas sans une sympathie intellectuelle pour une méthode que ceux du dehors ont souvent, en France surtout, tenue pour un carcan formaliste et bien entendu étranger à nos traditions, mais dont ceux qui l’ont pratiquée ont mesuré les exigences et la fécondité.
J. V.

I

Les origines en Grèce


Comprendre Héraclite

Serge Mouraviev
Marcel Conche, Héraclite, fragments, établissement du texte grec, traduction et commentaires, PUF, coll. Épiméthée, 1986, 496 p.1
Pour des raisons qu’il serait intéressant d’établir, mais qui ne nous concernent pas directement ici, les Présocratiques en général et Héraclite en particulier sont moins populaires en France et dans les pays d’expression française que dans les pays de langues germaniques ou même en Italie. Et si c’est à un humaniste français de génie, Henri Estienne, que nous devons la toute première édition originale des fragments de l’Éphésien2, il aura fallu attendre encore 399 ans avant d’en voir paraître la première édition critique française moderne3, publiée après plus de 160 années d’études héraclitéennes et précédée par au moins une douzaine d’éditions allemandes, anglo-saxonnes ou italiennes4. En revanche, l’édition française suivante aura mis moins de 15 ans à paraître.
Certes, du point de vue de la science (car dans notre optique les études héraclitéennes sont – doivent être ! – une science), l’appartenance nationale de tel ou tel chercheur n’a guère d’importance, pourvu que sa démarche s’inscrive dans le système international de coordonnées élaboré par la communauté scientifique. Aussi, s’il ne sera question ci-dessous que de ces deux éditions critiques françaises et non des autres, parues avant ou après5, ce n’est pas à cause de leur francophonie, mais simplement parce que, primo, elles sont relativement plus explicites quant aux motivations de leurs auteurs et, secundo, elles ont, si je puis dire, plus de « personnalité » que la plupart de leurs homologues hétéroglottes. Autrement dit, elles se prêtent mieux que les autres pour amorcer un débat qui n’a que trop tardé sur la crise actuelle de la philologie héraclitéenne. Quelle crise ?
Il y a 85 ans, en 1904, dans sa thèse connue, Oswald Spengler se plaignait que toutes les interprétations possibles d’Héraclite – au nombre de neuf – avaient été épuisées et qu’il n’en restait plus qu’une : la bonne, qu’il allait justement énoncer6. Il y a 42 ans, en 1947, dans son Prôlogo à la traduction espagnole de cette thèse, Rodolfo Mondolfo ne put s’empêcher de réfuter cette opinion, en énonçant 11 interprétations plus récentes que celle de Spengler7. Et cette prolifération d’interprétations différentes, souvent mutuellement irréductibles et inconciliables, s’est tant et si bien poursuivie jusqu’à nos jours que serait bien téméraire celui qui voudrait, en 1989, en dresser un inventaire tant soit peu complet8.
Chose plus grave, les divergences, loin de diminuer, se multiplient, s’approfondissent et portent non seulement sur la doctrine proprement dite, mais aussi et toujours davantage sur le texte, sur des questions de philologie telles que l’authenticité des fragments, leur degré de littéralité, leur leçon correcte, leur structure syntaxique, la signification des mots, etc. Si bien qu’il n’existe actuellement pratiquement aucun fragment, aucun témoignage, aucun point de doctrine sur lequel il y ait un consensus réel, dont la leçon, le sens et la portée ne fassent pas problème et soient solidement établis.
Si, au XIXe siècle, l’objet des débats était le sens philosophique à prêter à un corpus de textes relativement stable et fixe, aujourd’hui ils portent avant tout sur la composition et le contenu matériel de ce corpus qui deviennent de plus en plus tributaires du « sens » qu’on souhaite y trouver.
Bref, il est grand temps de dresser un constat d’échec : 180 années après Schleiermacher, malgré quelques rares acquis indubitables (en premier lieu, la découverte d’un certain nombre de textes pertinents nouveaux), les études héraclitéennes en sont toujours au stade des tâtonnements, des piétinements, du guesswork. D’abord purement exégétique, celui-ci a peu à peu gagné les fondements philologiques de l’interprétation, si bien qu’on ne sait même plus ce qu’au juste on interprète. Tout cela ne peut signifier qu’une chose, que l’ « héraclitologie » n’a toujours pas débouché sur une méthode tant soit peu adaptée à ce qui fait l’originalité des vestiges de la pensée d’Héraclite et faute d’une telle méthode adéquate à son objet, en arrive parfois jusqu’à enfreindre les règles de toute philologie9.
Dans les pages qui suivent, je vais tenter de dégager plus concrètement quelques-unes des causes de cette situation et chercher les moyens d’en sortir, en analysant de plus près les deux ouvrages auxquels j’ai déjà fait allusion : les éditions des fragments d’Héraclite publiées, en 1972, par Jean Bollack et Heinz Wismann et, en 1986, par Marcel Conche. Ce faisant, je m’intéresserai plus aux principes suivis qu’aux résultats concrets obtenus, aux préalables épistémologiques et autres sur lesquels repose leur démarche qu’aux discussions de détail, et l’on comprendra aisément pourquoi. Une bonne méthode ne garantit pas des résultats infaillibles, mais une méthode viciée (ou pas de méthode du tout) – tout en n’excluant pas des traits de lumière épisodiques – conduit nécessairement soit dans une impasse, soit dans un monde irréel où le fictif est roi.
Précisons toutefois que les deux ouvrages dont il sera question ici ne sont pas tout à fait typiques de l’ensemble de l’héraclitologie. La grande masse de la production héraclitologique serait mieux représentée, disons, par l’édition de Miroslav Marcovich – insurpassée jusqu’à ce jour pour l’abondance des sources éditées, et cependant incomplète, vierge de toute réflexion méthodologique et cultivant une tradition philologique où le Sprachgefühl, l’analogie, divers rapprochements et l’autorité des prédécesseurs constituent pratiquement tout l’outillage utilisé. Bollack et Wismann ont le mérite d’avoir les premiers contesté les vertus de cette innocence méthodologique10, Marcel Conche celui d’avoir sérieusement remis en cause nombre de ses « acquis » concrets.

1. L’optique séparatiste11

1.1. Malgré son titre (qui conviendrait mieux à une étude monographique), le livre de B. & W.12 revêt les dehors innocents d’une brève édition critique comme nous en connaissions déjà beaucoup13, des fragments d’Héraclite : les fragments y figurent sans les contextes des citateurs ; les textes bio- et doxographiques ont été omis. Les fragments en grec, numérotés selon Diels-Kranz (nous commencions à en perdre l’habitude après Wheelwright, Marcovich et Roussos14), sont suivis chacun d’un apparat réduit aux leçons manuscrites essentielles et aux leçons modernes acceptées, d’une traduction française et de brefs commentaires. Ces derniers suivent un plan fixé d’avance (sous 1. sont placées « les indications concernant la forme du texte », sous 2. « les remarques de nature grammaticale, notamment l’analyse syntaxique de la phrase », sous 3. nous trouvons « l’interprétation et la distinction des niveaux » (p. 55)). Le noyau central (p. 57-361) est précédé d’une assez longue introduction, « La raison du discours » (p. 11-53), et précède lui-même les classiques index des sources (p. 365-370) et index des mots grecs (p. 371-385). Vient ensuite (surprise !) un index grammatical et stylistique « Formes de langue » (p. 387-399), et le livre se termine par une plus que sommaire Bibliographie (p. 401-405). Par conséquent, l’ouvrage n’avait en apparence, à un index près, rien d’exceptionnel. En apparence. Car les apparences étaient trompeuses.
Sous ces dehors « académiques » se dissimulait un ouvrage polémique à l’extrême. Nous nous attendions à retrouver d’anciennes connaissances, mais nous nous sommes trouvés plongés dans un monde aux trois quarts nouveau. Les leçons, les traductions, les explications n’avaient pratiquement rien de commun avec celles, pourtant si diverses, auxquelles nous nous étions faits. Elles lançaient un véritable défi à la tradition presque deux fois centenaire d’exégèse héraclitéenne, à la « lignée » – de Schleiermacher à lui-même – que M. Marcovich avait si ingénument reproduite sur la jaquette de son Editio Maior d’Héraclite15. Le livre de B. & W. remettait en question vigoureusement, délibérément, avec un malin plaisir même, les fruits qu’une patiente érudition croyait avoir amassés au terme de minutieuses recherches16. La démarche première des auteurs semblait bien être le doute cartésien. Ils n’acceptaient rien sur parole. Ils balayaient tout et recommençaient à zéro. Et comme ils empruntaient le plus souvent des chemins inexplorés (ou, plutôt, ainsi que nous verrons, un seul et unique chemin inexploré), ils étaient conduits en des lieux bien différents de ceux auxquels nous nous étions accoutumés.
Ce que je viens de dire n’implique aucun jugement. La démarche cartésienne n’a per se rien de répréhensible. Mieux, comme je l’ai déjà indiqué tout à l’heure, elle était devenue depuis un certain temps une nécessité. Les résultats de la philologie traditionnelle étaient loin d’être univoques. Les points de vue les plus opposés s’y affrontaient. La liste des amendements et des conjectures s’allongeait (pour étudier un fragment, il fallait passer en revue x leçons différentes et connaître les y interprétations proposées pour chacune)17. Une critique poussée à outrance avait déjà décimé, pour qui se laissait influencer par elle, un bon sixième des fragments héraclitéens proclamés inauthentiques18. Si bien que la « tradition » en question n’avait rien d’une école et – mises à part quelques solutions de détail – elle n’avait pas grand-chose de positif (en fait de certitudes) à son palmarès, sinon, surtout, sa tendance à évoluer dans un champ clos de règles et de procédés consacrés par l’usage et à cultiver abusivement omnium consensu des solutions qui n’étaient tout au plus que provisoires.
Dans cette situation assez désespérante, une reconsidération des méthodes et un rejet a priori des opinions héritées s’imposaient et, je le répète, B. & W. ont eu le mérite d’avoir compris cela les premiers et d’avoir cherché à leur substituer une méthode et des résultats meilleurs. Malheureusement, ils n’ont pas décrit cette méthode de façon explicite, excepté quelques remarques éparses dans le prospectus publicitaire et l’avant-propos du livre (p. 7-8), ainsi que dans la mise au point mentionnée supra dans la note 11. Le livre lui-même ne nous offre qu’un énoncé succinct de leurs conclusions. Notre tâche première sera donc d’extraire la méthode des résultats qu’elle a permis d’obtenir et des arguments invoqués à l’appui de ces résultats.
1.2. Une telle remise en question des « fausses évidences » (cf. supra, n. 16) supposait en premier lieu, naturellement, un retour aux sources, c’est-à-dire un nouvel inventaire complet des textes pertinents, leur critique philologique, l’analyse de leur contenu, l’analyse des témoignages biographiques et doxographiques, l’analyse des contextes des citations, etc.
B. & W. n’ignoraient pas cela, ils affirmaient même que ce travail avait été accompli dès avant la parution d’Héraclite ou la Séparation et annonçaient la publication prochaine d’un volume supplémentaire reflétant les résultats de l’examen des sources : « Pour atteindre la phrase d’Héraclite, il fallait faire le détour par la tradition et analyser les contextes. Le travail a été accompli préalablement à celui-ci et sera publié séparément, mais les résultats sont inclus ici dans l’établissement du texte aussi bien que dans le commentaire » (p. 1 du prospectus). « On n’ignore pas qu’il faudrait faire l’histoire critique des courants de l’interp...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Présentation générale
  5. Première partie - LA PHILOSOPHIE PRÉSENTE ET SON RAPPORT A L’HISTOIRE
  6. Deuxième partie - HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE
  7. Liste des auteurs de comptes rendus
  8. Table