Le Bégaiement

Comment le surmonter

Mireille Gayraud-Andel, Marie-Pierre Poulat

• Éditeur: Odile Jacob
• Année: 2011
• ISBN:
  9782738181428
• Sujet: Personal Development
• Sous-sujet: Self Improvement

• Quand on bute juste sur les mots, est-ce du bégaiement?• Doit-on reprendre un enfant qui commence à bégayer?• Est-ce que la personne qui bégaie doit expliquer son problème à ses interlocuteurs?• Que penser des méthodes qui prétendent traiter le bégaiementen trois ou quatre jours?• Et, surtout, qu'est-ce qui est efficace?Ce guide pratique et concret répond à toutes ces questions et à bien d'autres encore.Il est conçu pour accompagner l'enfant, l'adolescent et leur famille ou l'adulte qui bégaie.Les auteurs s'appuient sur leur grande expérience pour proposer un processus qui a fait ses preuves et aide à retrouver la confiance en soi, à se libérer de la peur du bégaiement et à accéder à une vie relationnelle plus riche, à travers une parole plus fluide et spontanée.Mireille Gayraud-Andel est psychologue clinicienne et orthophoniste. Marie-Pierre Poulat est orthophoniste. Elles sont toutes deux formées aux thérapies cognitivo-comportementales, spécialisées dans l'aide aux patients souffrant de bégaiement, animent ensemble des groupes de supervision et sont chargées d'enseignement à l'université Paris-V, au sein du DU Bégaiement et troubles de la fluence.

Troisième partie

Surmonter
le bégaiement

« Il n’est rien en nous, même le pire (surtout le pire) qui ne doive se transmuer en richesse. »

François MAURIAC

Chapitre 8

Les étapes
du changement

Vous allez procéder par étapes avec une série d’objectifs et de défis qui, telle une carte routière, vous aideront à trouver une issue dans le sombre dédale du bégaiement.

Vous pourrez aborder plus facilement certaines phases selon le stade où vous en êtes avec votre bégaiement et selon votre personnalité.

La phase de motivation et d’engagement

Aucune autre phase du traitement n’est aussi importante pour contribuer au succès de celui-ci que celle de l’évaluation, de la compréhension et de la gestion de la motivation.

La motivation est liée au pouvoir (« En suis-je capable ? ») et au vouloir (« Cela en vaut-il la peine ? Que vais-je gagner ? Que vais-je perdre ? »).

Si vous lisez ce livre, vous êtes déjà engagé dans le processus de motivation. Il peut paraître évident à certains que le mal-être est une motivation suffisante au désir de changement. Mais ce n’est pas si simple. Il y a de nombreux freins à la motivation. Le principal est l’appréhension de l’échec possible. D’autres sont ceux qui affectent le processus de changement.

Prenez le temps de répondre à ces questions

• Avez-vous vraiment envie de changer ? Pour qui le faites-vous ? Est-ce bien vous qui en avez le désir ou votre famille, vos enseignants, votre petit(e) ami(e), qui sont plus gênés que vous par vos difficultés d’élocution ?

• Faites la liste de vos problèmes en commençant par le plus important. À quelle place se situe le bégaiement ?

• Est-ce que plus de parole fluide vaut le temps et l’énergie que vous devrez consacrer à la résolution de ce problème ? Y êtes-vous prêt ?

• Quels seront les avantages à ne plus bégayer ou à bégayer moins ? À l’inverse, perdrez-vous quelque chose ? Cette question vous paraît ridicule ? Prenez tout de même le temps d’y réfléchir et vous serez peut-être surpris de vos découvertes… Il va falloir en effet abandonner certains comportements et en expérimenter de nouveaux. Changer, c’est prendre un risque : celui d’aller vers l’inconnu.

• Vous sentez-vous capable de renoncer à certains comportements qui sont installés depuis longtemps et qui ont pu être bénéfiques à certains moments ?

• Doutez-vous de vos capacités à le faire ? Dans ce cas, commencez par lire le chapitre sur l’estime de soi et la confiance en soi, p. 231.

• Avez-vous renoncé à l’espoir d’être débarrassé du bégaiement sans peine ?

• Acceptez-vous l’idée que la parole parfaite n’existe pas ? (Même si vous pouvez améliorer la vôtre !)

• Considérez-vous détenir une part de responsabilité vis-à-vis de votre bégaiement ?

• De façon plus générale, pensez-vous influencer les événements de votre vie ? Si vous attribuez votre bégaiement à des causes extérieures, vous risquez fortement de douter de vos capacités à y remédier et vos comportements s’en trouveront inadaptés. Un travail sur vos cognitions vous sera alors particulièrement utile.

• Avez-vous une tendance à la procrastination* ? Une seule façon de lutter contre elle : entrez dans l’action ! Votre motivation augmentera au fur et à mesure que vous avancerez.

Retenez

La route de la fluence est une aventure passionnante parsemée d’embûches… Faites votre maximum pour rester motivé, il n’y a pas de changement sans motivation.

« Le changement ne viendra pas si nous attendons une autre personne ou un autre moment. Nous sommes ceux que nous attendons. Nous sommes le changement que nous recherchons », Barack Obama.

Maintenant que vous êtes plus au clair avec votre motivation, passez à l’étape suivante.

La phase d’identification

Cette étape est également engagée si vous avez lu les chapitres précédents : vous êtes informé sur le fonctionnement de la parole et sur ce qu’est le bégaiement en général.

L’objectif de cette deuxième phase est d’identifier et de décrire précisément le processus de votre bégaiement. Celui-ci vous est unique et cette unicité doit vous être limpide.

Voici le temps de l’évaluation et de l’observation pour préciser votre situation actuelle.

Où en êtes-vous avec votre bégaiement ?

• Aujourd’hui, pourquoi votre bégaiement est-il un problème ?

• Quelle importance prend-il dans votre vie ?

• Quelles sont vos difficultés pour y faire face ?

• Quelles ont été vos précédentes tentatives pour en venir à bout ?

• Quelles sont les barrières qui vous ont alors empêché de progresser ?

• Où voudriez-vous en être dans une semaine ? Dans un an ?

• Si quelqu’un avait ce problème, que lui diriez-vous ?

• Quelles sont, selon vous, les différentes solutions possibles que vous pourriez envisager ?

Observez vos habitudes

Munissez-vous si possible d’un enregistreur, d’un Caméscope, d’un miroir et d’un carnet qui vous servira à noter toutes vos remarques, lesquelles vous aideront à définir vos objectifs et à modifier vos comportements. Vous voir et vous entendre vous permettra de prioriser les changements à implanter dans votre pratique quotidienne.

Appropriez-vous votre image

Vous observer contribuera à diminuer votre émotivité et vous apportera plus d’objectivité.

• Détaillez à voix haute les caractéristiques physiques de cette personne que vous observez à l’écran ou dans le miroir :

• Quelle impression donne-t-elle ?

• Vous paraît-elle sympathique ? Détendue ? Préoccupée ? Etc.

L’instant bègue à la loupe

C’est le moment où vous percevez qu’il y a ou qu’il va y avoir rupture dans la continuité de votre parole. L’ordre des priorités s’en trouve changé : toute votre attention se centre sur vous-même et sur votre difficulté à dire au détriment de la relation à l’autre.

Explorez vos habitudes de parole et de langage, profitez des moments où vous bégayez. Ne luttez pas contre vos accidents de parole, n’essayez pas de les cacher. Observez-les. Pour commencer votre observation, choisissez vos interlocuteurs et des situations où la prise de risque est moindre pour votre ego*.

Sentez les mouvements articulatoires anormaux et analysez avec soin vos dysfonctionnements. Souvenez-vous que la prise de conscience est le préalable au changement.

« Une fois que vous commencez à analyser tout ce que votre corps fait qui rend la parole difficile, vous trouvez qu’une grande part de ce problème est contrôlable. »

Harold LUPER44.

Quelles sont les différences entre les moments de fluidité et les accès de bégayages ?

• Sentez-vous venir les mots sur lesquels vous allez buter ?

• Répétez-vous des sons, des syllabes, de petits mots ? Prolongez-vous certains sons (comme « Sssss’il vous plaît ») ? Utilisez-vous des mots « démarreurs » ou « remplisseurs » comme « en fait », « bon, ben » ou « euh » ?

• Bloquez-vous silencieusement ? Votre larynx se ferme-t-il, empêchant l’air de sortir malgré la poussée que vous exercez ?

• Votre diaphragme vous paraît-il bloqué ? Vous sentez-vous oppressé ? Respirez-vous de façon haletante ?

• Vos lèvres se serrent-elles fortement ? Ou bien les maintenez-vous trop ouvertes ?

• Poussez-vous trop votre langue contre votre palais ? La bloquez-vous dans certaines positions ?

• Un bon tuyau… Imaginez que vous voulez arroser les fleurs de votre jardin. Mais l’eau ne sort pas du tuyau. Que se passe-t-il ? Peut-être avez-vous oublié d’ouvrir le robinet ? Ou bien de tourner l’embout ? Ou est-ce le tuyau qui s’est plié ce qui fait que, malgré la pression, l’eau ne sort pas ? Ce peut être aussi les trois ! Il en est de même pour votre parole. Sentez-vous des tensions au niveau du diaphragme, du larynx, de la bouche ?

• Sentez-vous que vous empêchez certains mécanismes de la parole de fonctionner efficacement ?

• Tendez-vous les muscles de votre cou ou de votre bouche pour tenter de juguler le bégaiement ?

• Luttez-vous lorsque vous commencez à bloquer sur un mot ?

• Découpez-vous de façon inadéquate vos mots et phrases ?

• Clignez-vous des yeux ? Détournez-vous votre regard ? Fermez-vous les yeux ?

• Que ressentez-vous d’autre encore ?

• Observez également vos moments de parole fluide. Par exemple, lorsque vous vous parlez à v...

Table des matières

• Couverture
• Titre
• Copyright
• Introduction
• Première partie - Comprendre le bégaiement
• Deuxième partie - Le bégaiement chez l’enfant, chez l’ado, chez l’adulte
• Troisième partie - Surmonter le bégaiement
• Quatrième partie - Et après et en plus ? Trouver de l’aide extérieure
• Conclusion
• Annexes
• Notes
• Glossaire des mots du bégaiement
• Pour en savoir plus
• Remerciements