1- Cette observation ne vise pas que le chercheur d’aujourd’hui, sous la pression d’ une compétition impitoyable. Elle vise aussi un biologiste à la jonction entre Lavoisier et Pasteur, comme Claude Bernard. Sur les vicissitudes de la transition entre son concept « d’oxygénation-oxydation » et le concept pastorien de « respiration-fermentation », voir F. Dagognet, Méthodes et doctrine dans l’œuvre de Pasteur, Paris, PUF, 1967, p. 245-250.
2- G. Canguilhem, La formation du concept de réflexe aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, PUF, 1955.
3- Voir P. Ricœur, in J.-P. Changeux et P. Ricœur, Ce qui nous fait penser. La nature et la règle, Paris, Odile Jacob, 1998, p. 64 ; voir aussi J.-L. Petit, « Sur la parole de Ricœur : “Le cerveau ne pense pas. Je pense.” », RHPR, janv.-mars 2006, tome 86, n° 1, p. 97-109.
4- Voir L. Wittgenstein, Zettel, Basil Blackwell, Oxford, 1967 ; L. Wittgenstein, Bemerkungen über die Philosophie der Psychologie I-II, Basil Blackwell, Oxford, 1980. Sur la position wittgensteinienne, voir S. A. Kripke, Wittgenstein on rules and private language, Basil Blackwell, Oxford, 1982, et aussi J.-L. Petit, « Le langage est-il dans le cerveau ? », Intellectica, 2, n° 29, 1999, p. 101-130. Voir encore P. F. Strawson, Individuals, Methuen, Londres, 1959 ; G. E. Anscombe, Intention, Basil Blackwell, Oxford, 1979 ; D. Davidson, Essays on Actions and events, Clarendon Press, Oxford, 1980 ; H. Putnam, Reason, truth and history, Cambridge University Press, Cambridge, 1981 ; F. Dretske, Naturalizing the mind, MIT Press, Cambridge, 1995, etc. (pour ne retenir que des références de tout premier plan). L’existence au sein du courant de philosophie dite « de l’esprit » d’autres tendances (plus ou moins) ana-lytiques mieux disposées envers les sciences cognitives ne retire rien à notre argument.
5- Ces interactions ont été stimulées en France par le grand colloque de Prospective sur les Sciences de la Cognition lancé en 1991 par le ministre Hubert Curien, présidé par Alain Berthoz sur l’initiative du biologiste Jean-Pierre Changeux, et ont été profondément influencées par le travail de rassemblement réalisé par le neuro-physiologiste Michel Imbert dans le cadre d’un rapport européen. À Paris les efforts d’une communauté de philosophes, neurophysiologistes, psychologues, mathématiciens, informaticiens, linguistes, neuropsychologues, réunis par Michel Imbert depuis les années 1980-1990 dans le DEA de Sciences cognitives copiloté par l’EHESS, l’université Paris-VI et l’École polytechnique, ont créé une nouvelle génération de chercheurs et d’enseignants aux frontières de ces disciplines. Ce mouvement intellectuel est actuellement poursuivi par le master de Sciences cognitives de l’École normale supérieure et l’EHESS animé par Daniel Andler et Emmanuel Dupoux.
6- Certains de nos collègues toutefois se sont engagés sur cette voie dans des ouvrages corédigés comme J.-P. Changeux avec P. Ricœur, op. cit. et M. Jeannerod avec P. Jacob, Ways of seeing, Oxford, Oxford University Press, 2003.
7- Voir les résumés des communications à ces ateliers sur le site www.chez.com/jlpetit.
8- Voir le site de J.-L. Petit pour une bibliographie et des articles téléchargeables.
9- A. Berthoz et J.-L. Petit, « Nouvelles propositions pour une physiologie de l’ action », in J.-L. Petit éd., « Repenser le corps, l’action et la cognition avec les neurosciences », Intellectica, 1-2, n° 36-37, 2003, p. 367-372, repris in J.-M. Barbier et M. Durand éds, Sujets, activités, environnements. Approches transverses, Paris, PUF, 2006, p. 253-259.
10- J.-P. Changeux et A. Connes, Matières à pensée, Paris, Odile Jacob, 1989.
11- M. Merleau-Ponty, La Structure du comportement, Paris, PUF, 1942-2002, p. 105.
12- H. Poincaré, La Science et l’Hypothèse, Flammarion, Paris, 1902, Chap. IV ; La Valeur de la Science, Flammarion, Paris, 1905, Chap. III ; Science et Méthode, Paris, Flammarion, 1908.
13- E. Husserl, Husserliana, III/1, p. LVI-LVII.
14- D’après la suggestion ironique de Socrate dans le dialogue de Platon l’Euthydème (283 d), à propos du jeune homme naïf qui voulait suivre l’enseignement d’un sophiste.
15- Voir P. Aubenque, Le Problème de l’être chez Aristote, Paris, PUF, 1966, p. 412-484 et aussi J.-L. Petit, « Quelques apories (anciennes et modernes) du mouvement dans les neurosciences », in E. Végléris éd., 2005. Cosmos et Psychè. Mélanges offerts à Jean Frère, Georg Olms, Hildesheim-Zurich-New York, p. 355-377.
16- Un paradoxe que la théorie de la constitution devra résoudre : cf. nos Chapitres 5 et 6.
17- A. R. Damasio, Spinoza avait raison, Paris, Odile Jacob, 2003.
18- Éthique, II, Propositions VI et VII.
20- Pour toute la métaphysique du rationalisme classique, « acte » évoque moins l’action que la perfection d’actualité de ce qui a épuisé toutes ses possibilités latentes en les réalisant dans un état de choses effectivement produit. Et qui ne recèle par conséquent plus cette part de dynamisme qui trahirait quelque virtualité en attente de réalisation. Nous avons perdu de vue ce concept d’acte.
21- Plus exactement la cause adéquate, c’est-à-dire telle que nous avons une idée claire et distincte de l’effet produit par nous, ce qui n’est en général pas le cas dans les actions humaines (Éthique, III, Définitions I, II, III).
22- A. Berthoz, La Décision, Paris, Odile Jacob, 2004.
23- A. Berthoz, Le Sens du mouvement, Paris, Odile Jacob, 1997, p. 205.
24- J. L. Austin, How to do things with words, Oxford University Press, Oxford, 1955/1962 ; J. R. Searle, Les Actes de langage, Hermann, Paris, 1969/1972.
25- Voir B. Picon-Vallin, Meyerhold. Les voies de la création théâtrale, vol. XVII, éd. du CNRS, Paris, 1990.
26- Jacques Lecoq crée à Paris une école de l’acteur qui a formé un grand nombre de très grands acteurs au plan international. Cette école continue son travail sous l’impulsion de Fay Lecoq, l’épouse de Jacques Lecoq. On trouvera quelques éléments de l’enseignement de Lecoq dans Le Corps Poétique – Un enseignement de la création théâtrale, en collaboration avec J.-G. Carasso et J.-C. Lallias, Arles, Actes Sud, 1997 ; Le Théâtre du Geste, mimes et acteurs, ouvrage collectif sous la direction de J. Lecoq, Paris, Bordas, 1987 ; Cf. M. Bourhis, J. Lecoq, Les lois de mouvement, Registres, n° 4, 1999.
27- Grotowski fut un metteur en scène qui plaida pour « le théâtre pauvre » où l’ expression corporelle tient une place majeure. Il créa la première chaire de théâtre au Collège de France. J. Grotowski, Vers un théâtre pauvre, Lausanne, L’Âge d’homme, 1971.
28- Ariane Mnouckine est la directrice du Théâtre du Soleil à Paris. Son œuvre de mise en scène est basée sur un extraordinaire travail de l’acteur qui intègre plusieurs des grandes traditions orientales privilégiant le rôle du corps sensible par rapport, ou en complément, au verbe ; A. Mnouchkine, L’Art du présent. Entretiens avec Fabienne Pascaud, Paris, Plon, 2005.
29- Voir J.-C. Schmitt, La raison des gestes dans l’Occident médiéval, Gallimard, Paris, 1990.
30- Voir cours au Collège de France, A. Berthoz : Les fondements cognitifs de la géométrie. Cf. A. Berthoz, « Espace perçu, espace vécu, espace conçu », in Les Espaces de l’homme, Paris, Odile Jacob, 2005.
31- B. Teissier, « Protomathematics. Perception and the meaning of mathematical objects », in P. Grialou, G. Longo, M. Okada éds, Images and reasoning, Keio University Press, 2005, p. 137.
32- G. Longo, « The cognitive foundations of mathematics : human gestures » in Proof and mathematical incompleteness of formalisms, in ...