Être juif
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Être juif

  1. 224 pages
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Être juif

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Juif non pratiquant, Manès Sperber apprit à lire la Bible à l'âge de trois ans et ne cessa de la relire jusqu'à la fin de sa vie. Ni religieux, ni militant sioniste, ni apôtre d'un quelconque judaïsme culturel, il professait pour seule foi la «religion de la bonne mémoire». C'est son judaïsme vécu comme humanisme et comme éthique, son refus de toute idolâtrie, de toute exclusion de l'autre, son combat de toujours contre la haine, d'où qu'elle vienne, son attachement profond à la nation israélienne et son attitude prudente envers l'État d'Israël que Sperber illustre ici, dans ces essais brillants, préfacés par Elie Wiesel, où l'analyse de la pensée et de l'identité juives côtoie une question omniprésente: pourquoi l'antisémitisme?

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
1994
ISBN
9782738137203

Hourban



Hourban ou l’inconcevable certitude


« Même si tout le firmament était en parchemin, si tous les arbres étaient des plumes, toutes les mers d’encre, et même si tous les habitants de la terre étaient des scribes, et s’ils écrivaient jour et nuit – jamais ils ne réussiraient à décrire la grandeur et la splendeur du Créateur de l’univers. »
Cinquante ans me séparent de l’enfant qui apprit à réciter ces premières lignes d’un long poème araméen que l’on transmettait, accompagné d’un inaltérable commentaire oral, de génération en génération. Je retrouve la mélopée de ces phrases lorsque je me rends, une fois de plus, à l’évidence que nous ne réussirons jamais à faire comprendre le Hourban, la catastrophe juive de notre temps, à ceux qui vivront après nous. D’innombrables documents dus à l’infatigable bureaucratie des exterminateurs, tant de récits de témoins miraculeusement rescapés, des journaux intimes, chroniques et annales – ces millions de mots me rappellent que « même si tout le firmament »...

1

Pourtant, tout était clair : comme dans une arène sous le soleil de midi on distinguait nettement ceux qui tueraient et ceux qui tomberaient. Et tous, les victimes en premier lieu, furent avertis à temps. À la différence des farces astucieuses que sont les prédictions égarantes dans les tragédies grecques, nulle équivoque n’obscurcissait les menaces que les nazis adressaient sans cesse aux Juifs. Mais le peuple dont depuis des millénaires on ne se lasse pas de vanter l’intelligence se comportait comme s’il n’entendait rien, et il oubliait avec empressement ce qu’il ne pouvait pas ne pas avoir entendu.
Tout au long de l’histoire de cette civitas Dei sans terre, de cette minorité imperméable à la séduction et sourde à la contrainte, les survivants de chaque catastrophe découvraient de nouveau leur invincibilité. Elle était celle de leur foi : Dieu était juste, car il condamnait leurs ennemis à se transformer en assassins, et il leur accordait, à eux, la grâce d’être victimes seulement, qui en mourant sanctifiaient le Tout-Puissant.
Depuis Jean Chrysostome jusqu’au dernier moujik pogromiste, les persécuteurs ne soupçonnaient jamais combien leur triomphe passager confirmait les persécutés dans la certitude d’être le peuple élu.
Or, cela avait cessé d’être vrai : la furie hitlérienne surprit le peuple juif dans un état où il n’était plus enclin et nullement préparé à mourir pour Dieu. Si pour la première fois en terre chrétienne on allait assassiner les Juifs en masse sans se réclamer du Christ, le judaïsme européen, lui, allait périr pour rien, au nom de rien. Nul enthousiasme nécrologique ne saurait voiler ce fait, ni guérir la conscience malheureuse qui le reflétera toujours et n’y changera rien. Certes, les Juifs n’étaient point les seuls à mourir dans cet ouragan de violences – tant s’en faut. Mais eux seuls furent d’abord soumis à une dégradation défigurante, à l’humiliation déshumanisante. Et pour se défendre ils n’avaient plus leur Dieu, ni des armes pour organiser une résistance redoutable, sinon efficace.
Sachant ce que nul ne pouvait alors ignorer, les Juifs du monde entier n’avaient pas le droit d’attendre que l’orage éclate et passe. Hitler laissait partir les Juifs, mais ils ne pouvaient aller nulle part, car tous les pays se fermaient à eux. À aucun moment les Britanniques n’envisagèrent d’ouvrir plus largement les portes de la Palestine ou d’offrir dans un de leurs innombrables territoires d’outre-mer – dans n’importe lequel – un refuge même provisoire à ceux dont Hitler ne cessait d’annoncer l’inéluctable extermination en cas de guerre.
Les Juifs d’Amérique et d’Europe occidentale étaient assez riches pour acheter au prix fort, pour leurs frères mortellement menacés, le droit d’asile dans les pays d’Amérique latine, d’Asie ou ailleurs. Mais, tragiquement, la solidarité a fait défaut cette fois-ci, car en quelques décennies les contradictions intrinsèques de l’existence de la minorité juive avaient diminué sinon détruit la cohésion du judaïsme universel.
Depuis leur émancipation, les Juifs s’étaient laïcisés plus radicalement que leurs voisins chrétiens. Désormais, c’était moins leur religion propre qui les séparait, par exemple en Allemagne ou en France, de leurs concitoyens, que la religion de ceux-ci ; et plus que toute foi c’étaient les traditions, familiales et historiques, qui s’opposaient à leur intégration. Certains Juifs allemands étaient plus allemands que juifs ; il y eut des fascistes juifs en Italie ; il y aurait eu des nazis juifs si l’hitlérisme ne l’avait rendu impossible. Même les sionistes, d’ailleurs peu nombreux en Europe occidentale, ne se refusaient pas à la mystique du patriotisme français, allemand, britannique, etc.
Une dialectique pour ainsi dire déréglée articule les contradictions d’une minorité qui refuse de l’être et qui accuse d’hostilité délibérée quiconque lui rappelle qu’elle l’est tout de même ; simultanément les Juifs veillent à ce que la majorité ne leur conteste en rien les droits d’une minorité hétérodoxe par la foi de ses ancêtres, et hétérogène par des traditions étrangères. Mais comme pour la plupart des membres de cette minorité la foi n’importe plus guère, et qu’ils ne la pratiquent pour ainsi dire jamais, ils ne peuvent plus se sentir réellement solidaires de gens avec lesquels ils n’ont en commun que des ancêtres lointains et des ennemis mythomanes.
Les Français israélites souhaitaient ardemment que les Juifs persécutés par Hitler fussent sauvés le plus tôt possible, mais il leur importait autant, sinon plus, que leur propre situation ne fût pas compromise, que leur caractère minoritaire ne fût pas marqué davantage. En face de ces Juifs chassés de leur patrie, ceux de France se sentaient plus français que les descendants des Croisés, et israélites seulement par devoir philanthropique.
Rien de neuf à cela. Les Allemands de foi israélite se sentaient infiniment différents et éloignés des rescapés des pogroms de Kichinev et de Proskourov. Bienfaitrice parfois très généreuse, la bourgeoisie israélite de l’Occident refusait l’identification et la solidarité avec les victimes ; ignorant l’une et l’autre, elle entendait s’assurer contre le risque d’en avoir un jour besoin elle-même.
Le peuple juif de Pologne et de tous les pays de l’Europe orientale était conscient du danger sans cesse croissant, mais il prévoyait que tôt ou tard l’alliance de toutes les puissances non fascistes détruirait l’ennemi commun. Ce peuple se considérait comme l’allié, en quelque sorte naturel, des démocraties occidentales et de l’Union soviétique ; il comptait sur elles pour le sauver à temps.
Or, tous ces pays ont de fait refusé l’alliance. À l’exception du Danemark – de son roi, de son gouvernement et de son peuple –, des Suédois, d’une manière différente, de la Suisse et, curieusement, de l’Espagne, nul gouvernement n’a même fait un geste pour démontrer sinon sa solidarité, du moins sa réprobation violente du génocide.
Comment la mise à mort de tout un peuple fut-elle possible ? À cette question torturante, voici les deux premières réponses qui viennent à l’esprit :
1) Un processus de désintégration et de désidentification rendait le judaïsme mondial non sioniste incapable d’affronter la menace certaine comme il aurait dû et pu le faire.
2) Bien loin d’agir comme des alliés du peuple juif menacé d’extermination par ses ennemis, les puissances en guerre contre Hitler ont tout fait pour dissiper même le soupçon qu’une considération projuive pourrait influencer leur politique, leur stratégie ou une quelconque de leurs actions militaires.

2

Une ville polonaise fin 1942. Quelque mille Juifs parcourent ses rues en direction de la gare. On leur a dit qu’un train les transporterait dans un camp où ils auront à travailler dur, mais seront saufs. Ils devraient soupçonner que c’est un mensonge stupide, honteux ; il est presque certain que c’est la fin. Ils sont escortés par quelques gardiens qu’ils pourraient facilement maîtriser. Mais après ? Les hommes de l’escorte n’ont qu’une importance symbolique : ils représentent l’armée la plus forte du monde. Et les soixante mille habitants de la ville sont autant d’ennemis. Certes, ils haïssent les occupants germaniques, mais ils ne détestent pas moins les Juifs et se réjouissent d’en être débarrassés à jamais, d’hériter de leurs maisons et de leurs biens. Et même s’il y avait quelques chrétiens affligés par le sort de leurs voisins juifs, que doivent-ils faire ? Risquer leur propre vie pour cacher un Juif ?
Les condamnés traversent les rues de la ville. Pas un parmi eux qui attende le moindre secours. Ils se noient dans une mer de haine. Les rêves de cet océan sont trop loin, comme situés sur une autre planète. Un jour, sans doute, des amis arriveront, venant de ces rivages lointains. Ce n’est qu’une question de temps. Tout souffrir, supporter n’importe quoi, mais gagner du temps. Un jour de plus pourrait suffire, une semaine, un mois. Comme le Messie, la délivrance surgira d’un moment à l’autre.
Les plus jeunes cherchent une occasion de s’échapper. Les quelques-uns qui auront réussi iront dans les grandes forêts chercher une troupe de partisans. Parfois celle-ci les accepte, plus souvent elle les rejette. Chaque être humain rencontré sur le chemin de la fuite est plus dangereux que la bête la plus féroce. Les paysans les dépouillent d’abord, les trahissent ensuite. Ces échappés seront la proie la plus facile qui ait jamais couru au-devant du chasseur.
Je décrivais ainsi, il y a plus de sept ans1, la condition juive, pour dénoncer la stupidité injurieuse des reproches formulés à l’encontre des millions de massacrés qui, sans armes et sans alliés, sans secours du dehors, n’avaient pas su résister aux troupes de la Wehrmacht, aux SS et aux SD, à la Gestapo, à tous les spécialistes nazis de l’extermination, ni aux milices auxiliaires formées par des Ukrainiens, des Lituaniens, des Lettons, etc.
À la différence de presque toutes les insurrections, même juives, celle du ghetto de Varsovie ne fut inspirée par aucun espoir. Elle en signifiait, au contraire, la fin irrémédiable. Ces Juifs de Pologne se battaient – non pour vaincre ni pour glorifier un Dieu oublieux et oublié – devant une planète peuplée de deux milliards quatre cents millions d’hommes, et pourtant vide, oniriquement et cyniquement vide aux yeux de ces francs-tireurs que le monde se hâtait d’abandonner avant même que les décombres ne couvrent leurs dépouilles.
Mais pourquoi tous les Juifs de l’Europe nazie n’ont-ils pas résisté pareillement ? demandait au cours d’un procès en diffamation un juge israélien. Il tendait à expliquer cette défaillance par la trahison des chefs juifs, qui auraient omis d’avertir leurs coreligionnaires du danger menaçant.
Et pourquoi les habitants de l’URSS, aujourd’hui antistaliniens enragés, n’ont-ils pas résisté quand ils voyaient, à l’époque de la Yejovtchina, disparaître leurs pères innocents, leurs maris, leurs femmes, leurs frères, leurs amis et leurs voisins ?
En vérité, on n’a rien compris à la catastrophe juive si on l’explique par l’antisémitisme traditionnel et non par l’antijudaïsme totalitaire. Il est vrai qu’à ses débuts le nazisme ne fut totalitaire que dans ses tendances, mais il le devint d’une façon absolue pendant la guerre. Il y a donc eu évolution. Pour comprendre les événements, il est bon de ne jamais oublier qu’ils peuvent avoir commencé bien avant qu’on y prenne soi-même intérêt. Les journalistes médiocres tendent à raccourcir les perspectives à la dimension de leur autobiographie ; on trouve le même état d’esprit chez certains philosophes qui inclinent à substituer leur jugement souverain aux connaissances et aux expériences sur lesquelles ils devraient le fonder. On dirait que dès que la philosophie cesse de parler d’elle-même, elle s’empresse d’exposer sa misère, comme une splendeur incomparable.

3

Les informateurs professionnels et les fabricants de l’opinion publique, éblouis par la puissance de leurs moyens de multiplication technique et flattés par l’impuissance intellectuelle de leur gros public, se croient assez forts pour faire des nouvelles, c’est-à-dire pour provoquer les événements au lieu de les attendre. Avec la même technique de bourrage de crâne, on suscite l’admiration pour des héros et de la haine pour des ennemis monstrueux ; de la même façon on fabrique des vedettes de cinéma, des idoles de la chanson, la vogue des best-sellers de la saison, aussi bien que des hommes marionnettes de l’espace ou les criminels photogéniques dont le nombre des forfaits dépasse de loin la mesure habituelle.
En premier lieu, c’est quantitativement qu’Adolf Eichmann présentait le cas idéal pour la presse mondiale : « L’assassin de six millions d’hommes, de femmes et d’enfants », voilà un titre à faire oublier tous les autres, aussi sensationnels qu’ils puissent être – et cela au moins pendant deux jours. Enfin, on le tenait, le monstre, le diable en personne. On étalait à la une son effigie, la figure d’un homme quelconque. D’un accusé de malversations cachées tout au long d’une vie apparemment honnête ? D’un époux bafoué et veuf inconsolable de l’infidèle qu’il avait tuée méthodiquement ? Quelconque !
Avant même que les survivants parmi les victimes et que les historiens de la solution finale ne répandent le nom et l’activité d’Eichmann, son collaborateur Dieter Wisliceny, capitaine de SS, l’avait dénoncé au procès de Nuremberg. Il certifia que son supérieur lui avait dit à Berlin, en février 1945, qu’« il sauterait en riant dans sa tombe, car le sentiment d’avoir sur la conscience cinq millions de Juifs était pour lui extrêmement satisfaisant ».
Dans la bouche de Hitler, ce mot eût été authentique ; de la part d’Eichmann, ce fut une vantardise odieuse, peu surprenante dans l’ambiance de crépuscule des dieux d’alors, et caractéristique pour un homme qui, quinze ans et quatre mois plus tard, prisonnier des Juifs, devait déclarer : « Toute ma vie, j’ai été habitué à l’obéissance, depuis mon bas âge jusqu’au 8 mai 1945. Une obéissance qui devint, au cours de mes années d’appartenance aux SS, une “obéissance de cadavre” (Kadavergehorsam), une obéissance inconditionnelle. Et que m’aurait rapporté la désobéissance, en quoi m’aurait-elle rendu service ? »
Les mêmes raisons purement psychologiques, son obéissance cadavérique et sa vantardise abjecte, décidèrent Eichmann à parler de lui-même à Avner Lees, capitaine de la police israélienne, qui ne l’interrompit presque jamais. Celui-ci a enregistré sur soixante-seize bandes les quelque six cent mille mots du flot de paroles débitées librement par l’ancien spécialiste de la question juive.
On sait d’ailleurs qu’après leurs exploits les hommes d’action sont d’ordinaire plus bavards encore que d’indolents matamores. Dans l’effusion du nazi devant l’officier juif se mêlaient des éléments et des motifs divergents, le besoin d’être sincère pour une fois, et des automatismes de cette hypocrisie quotidienne qui détermine le style de toutes les expressions de certains êtres. Eichmann n’oubliait pas sa situation précaire, mais ce fut de son plein gré qu’il accepta de dévoiler tout ce qu’il avait « sur le cœur ». Il n’ignorait pas que le texte transcrit mot à mot et authentifié par lui-même pourrait servir l’accusation. Mais il parlait, car comme tous les médiocres égarés par leur succès autant que par leurs échecs, il était convaincu qu’il resterait toujours le maître absolu de ses apparences. Sans cesse il arrangeait son portrait comme une vieille coquette devant une glace flatteuse dans une pièce mal éclairée. Il ne doutait guère de ses moyens ni de leurs effets, car sa vie restait déterminée par un grand exemple : « Une chose est incontestable : Adolf Hitler a su se frayer son chem...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Du même auteur
  4. Copyright
  5. Préface
  6. Naître juif
  7. Hourban
  8. Tué, je vivrai
  9. Table