Petite histoire de la masturbation
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Petite histoire de la masturbation

  1. 256 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Petite histoire de la masturbation

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À propos de ce livre

Woody Allen en disait: « Après tout, c'est une façon de faire l'amour avec quelqu'un qu'on aime bien. » Sur cette question si personnelle et intime, voici une perspective historique apportée par un médecin et un psychiatre. Pourquoi la masturbation, autrefois acceptée avec bienveillance ou dérision, devint-elle aux XVIIIe et XIXe siècles un acte dangereux pour la santé morale et physique? Quelles ont été les répercussions sociales de ce discours alarmiste? Quelle est aujourd'hui sa place dans la sexualité? Chez l'enfant, l'adolescent, l'adulte?Pour comprendre sans juger. Pierre Humbert est médecin. Jérôme Palazzolo est psychiatre, professeur au département santé de l'Université internationale Senghor (Alexandrie, Égypte) et chercheur associé au Laboratoire d'anthropologie et de sociologie de l'université de Nice.

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2009
ISBN
9782738199775
Seconde partie
La masturbation :
un parcours individuel
Chapitre 5
La première sexualité :
du fœtus au nourrisson
Les pédiatres ne furent pas crus au début du XXe siècle lorsqu’ils rapportèrent les premières et nombreuses observations de masturbation chez des nourrissons.
Jusqu’à très récemment, ces connaissances étaient transmises uniquement par la littérature pédiatrique et psychanalytique. Mais, pour le grand public, ce discours était parfois perçu comme une construction théorique fondée sur des allégations que la plupart des gens ne vérifiaient pas dans leur vécu quotidien.
Les apports de la biologie moderne ont pourtant montré le rôle considérable d’une hormone : la testostérone. Non seulement elle joue un rôle lors de la vie in utero dans la formation des organes génitaux, mais elle semble agir directement sur la sexualisation du cerveau, et très vite elle constitue la base de la pulsion sexuelle, la libido (intuitivement découverte par Freud). La testostérone, bien que souvent appelée hormone mâle, peut jouer ce même rôle de déclencheur du comportement sexuel autant chez l’homme que chez la femme, qu’ils soient hétéro-ou homosexuels (son taux est plus faible chez la femme, mais elle est également soumise comme l’homme à l’action d’autres hormones mâles : les androgènes surrénaliens).
In utero, la testostérone agit directement sur le développement des organes génitaux dans le sens d’une différenciation masculine, de même qu’elle semble agir sur le cerveau pour induire l’identité masculine, et ce de manière proportionnelle au taux circulant dans le sang fœtal.
Puis, durant les quelques mois qui suivent sa naissance, les concentrations hormonales restent longtemps élevées chez le bébé. Ainsi, chez le petit garçon de 3 mois, les concentrations plasmatiques de FSH, de LH et de testostérone sont presque égales à celles de l’adolescent au milieu de la puberté. Peu à peu, la concentration sanguine de ces hormones diminue ; elle demeurera basse pendant toute l’enfance. Ce n’est qu’à la puberté, avec l’élévation du seuil d’inhibition de l’hypothalamus, que le taux des hormones sexuelles se remet à monter en flèche142.
À la lumière de ces connaissances, les découvertes et observations qui suivent ne devraient plus nous étonner…
Vie intra-utérine : ce que nous dévoile l’imagerie moderne
En 1983, lors d’une communication au 6e Congrès mondial de sexologie à Washington, l’équipe du docteur Mary Calderone a été la première à mettre en évidence une rythmicité des érections intra-utérines du fœtus mâle, d’environ cinq heures.
En 1985, un premier article médical français mentionnait l’observation d’érections du fœtus mâle143.
En 1987, Israel Meizner rapportait dans une revue d’échographie la première observation in utero d’un fœtus de 28 semaines surpris à prendre son pénis dans une main et à lui imprimer des mouvements masturbatoires. Ces mouvements furent observés pendant quinze minutes144.
Depuis, d’autres observations ont été rapportées, notamment à Bordeaux, avec enregistrements comme preuves à l’appui. L’article de Broussin et Brenot de 1995 est illustré par les quatre clichés réalisés au cours d’une observation qui dura 2 minutes 23 secondes. Le fœtus avait été surpris dans une position de siège décomplété, dos à droite. L’évidence de l’érection était ainsi avérée à 26 semaines d’aménorrhée. Mais le plus surprenant fut de le voir en train d’effectuer un retrait lent du pénis en érection, alors engagé dans la bouche.
Les quatre images échographiques furent même publiées dans le magazine hebdomadaire VSD (février 1996, n˚ 964), montrant le fœtus de 5 mois et demi en autofellation.
À partir d’un questionnaire envoyé à 73 échographistes français, le docteur B. Broussin et son confrère, le docteur Brenot (psychiatre et sexologue), ont rapporté deux autres cas semblables.
Par ailleurs, 42 échographistes ont observé un fœtus toucher son sexe. Mais les auteurs préfèrent rester prudents, notant que le fœtus, dans l’exploration manuelle de son milieu environnant, investit tout ce qui lui passe sous la main : les parois utérines, le cordon, les pieds et les organes génitaux. Il est également surpris à sucer ses doigts, ses pieds, les parois, le cordon, et, dans cette observation, son pénis. Néanmoins la manipulation du pénis en érection pourrait s’inscrire dans le continuum des réactions sexuelles que les pédiatres ont l’habitude d’observer dès la naissance145.
Plus récemment a été publiée une observation italienne sur un fœtus femelle de 32 semaines. Comme c’est souvent le cas à cette période de la grossesse, les parents insistaient pour connaître précisément le sexe de leur enfant.
L’échographiste remarqua tout de suite que l’enfant était en train de se caresser le clitoris avec les doigts de la main droite. Les mouvements s’étendirent ensuite à l’ensemble de la vulve, cessèrent au bout de 30 à 40 secondes, puis reprirent de nouveau au bout de quelques minutes. Ces petites caresses étaient répétées et s’associaient à de courts et rapides mouvements du bassin et des jambes. Après une nouvelle pause, le fœtus, en plus du comportement décrit, contracta les muscles du tronc et des membres, et s’ensuivirent des mouvements tonico-cloniques de l’ensemble du corps ; après quoi, toute activité cessa et le fœtus se reposa.
L’ensemble de l’observation dura environ 20 minutes, en présence de deux échographistes et de la mère, témoin direct de cet événement exceptionnel, et qui semblait vivement intéressée par cette expérience insolite. Les auteurs, qui connaissaient des antécédents de masturbation chez le fœtus, conclurent qu’il est désormais possible de dire que la masturbation peut mener à l’orgasme dès la vie intra-utérine146.
Nous voyons donc que les origines de la pulsion masturbatoire sont repoussées encore plus loin, avant même la naissance. Le fœtus dans son bain amniotique explore son propre corps en utilisant sa bouche et ses mains. Lorsqu’il découvre le plaisir, il fait plus que s’attarder sur ses organes génitaux.
La même année, l’équipe bordelaise qui avait été témoin d’une autofellation in utero signe un article plus engagé dans une revue française147.
Sur la sexualité in utero, la recherche n’en est donc qu’à ses balbutiements. En revanche, en ce qui concerne la masturbation après la naissance, nous disposons aujourd’hui d’un nombre de plus en plus considérable d’observations et cas cliniques.
« Gratification disorder »
Nous devons rappeler cependant que le nourrisson sorti du bain amniotique se retrouve dans un environnement aérien où sa posture antérieure (fœtale) n’est plus réalisable, autant sur le plan physiologique qu’anatomique : notamment, l’hypertonie et l’impossibilité de flexion du tronc mettent ses organes génitaux hors d’atteinte de ses mains pendant environ six mois.
Cependant, comme le rappelle Noveletto dans ses conclusions sur l’étude comportementale de Halverson (en 1940), on observe la survenue régulière d’érections chez la quasi-totalité des nourrissons de sexe masculin. Celles-ci surviennent lors de l’état de bien-être qui suit la satiété à la fin de la tétée, que ce soit en état de veille ou de sommeil. Si l’enfant dort au moment où survient l’érection, la stimulation qui s’ensuit provoque souvent son réveil et semble s’accompagner d’une activité frénétique : agitation, raidissement, pleurs, grattage, suçotement du doigt. Cette tension diminue une fois que l’érection est passée148.
La masturbation infantile chez les nourrissons (encore appelée par les Anglo-Saxons « gratification disorder ») implique donc rarement une manipulation génitale directe avec les mains (possible seulement vers l’âge de 6 mois) : il s’agit le plus souvent d’une stimulation génitale par des mouvements d’adduction répétitifs des cuisses, ou encore de balancements ou de frottements.
Les effets comportementaux visibles sont souvent de nature à inquiéter les parents, et ont fréquemment conduit à des diagnostics erronés de type épileptique.
Afin d’évaluer le profil des patients pour lesquels le diagnostic de masturbation infantile avait été posé, une étude rétrospective réalisée sur 31 enfants (11 garçons et 20 filles) a été publiée en 2004.
Pour 21 d’entre eux, le motif de consultation avait été une suspicion de crise épileptique. L’âge médian des premières manifestations avait été précoce (10,5 mois en moyenne, 2 mois chez le plus jeune !), alors que le diagnostic n’est intervenu que beaucoup plus tard (médiane : 24,5 mois). Les symptômes apparaissaient en moyenne 7 fois par semaine, duraient 2,5 minutes pour chaque épisode et se produisaient dans n’importe quelle situation. Il pouvait s’agir d’une dystonie posturale (19 cas), d’un grognement (10 cas), d’un balancement (9 cas), d’un aspect béat (7 cas) ou de transpiration (6 cas). Dans 9 cas, le diagnostic avait finalement été établi grâce à l’enregistrement vidéo.
Ainsi la masturbation infantile du nourrisson constitue un diagnostic différentiel de l’épilepsie et d’autres événements paroxystiques de la petite enfance. Les enregistrements vidéo des épisodes qui inquiètent les parents suffisent normalement à rétablir le diagnostic, et éviter ensuite des investigations et des traitements inutiles149.
Sur le site Internet du Journal international de médecine, le docteur Dominique-Jean Bouilliez écrit, en commentant l’article cité ci-dessus : « Une revue de la littérature montre que d’autres manifestations sont possibles, prêtant davantage encore à confusion. Ainsi, des dystonies et des douleurs abdominales parfois très intenses ont été décrites, pouvant être à l’origine d’explorations diverses. De même, le diagnostic est particulièrement difficile à poser en l’absence de stimulation manuelle génitale, devant, par exemple, un enfant qui répète convulsivement un mouvement d’adduction des cuisses, ou un enfant gardant les yeux fixes ou présentant des mouvements oculaires rapides ou encore regardant la télévision “comme dans un nuage”. Des manifestations vocales à type de mélopée peuvent également être présentes, toutes ces situations étant d’autant plus perturbantes pour les parents que l’enfant ne paraît pas heureux… Pour aider au diagnostic, il faut savoir que l’on peut interrompre l’enfant à tout moment en le distrayant, au prix cependant d’une légère angoisse ou de manifestations claires d’agacement. ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Préface par Brigitte Lahaie
  5. Introduction
  6. Première partie - La masturbation : troubles et polémiques au cours de l’histoire
  7. Seconde partie - La masturbation : un parcours individuel
  8. Conclusion
  9. Notes
  10. Ouvrage de Jérôme Palazzolo chez Odile Jacob