La Patrie de Narcisse
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La Patrie de Narcisse

  1. 240 pages
  2. French
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La Patrie de Narcisse

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À propos de ce livre

Par un de nos plus grands érudits peut-être en matière d'Antiquité grecque, voici une étonnante enquête pour retrouver les traces bien réelles de la figure de Narcisse. On connaît le mythe, on sent sa présence dans l'art et la littérature à toutes les époques. Mais comment s'est-il construit? Quel rôle jouait-il? À quelle époque remonte-t-il?Au bout du chemin, on y découvrira sa véritable patrie, en Grèce bien sûr, dans la region d'Érétrie, petite cité disparue de l'île d'Eubée, qui fait l'objet d'intenses recherches archéologiques. Et c'est le visage même de Narcisse qui sort modifié de cette exploration. Car derrière l'aimable jeune homme qu'ont fait connaître les poètes et les peintres de l'époque hellénistico-romaine, relayés par une foule d'écrivains et d'artistes à travers les âges, une puissante divinité de la nature se profile, née durant la protohistoire de la Grèce. La mythologie éclairée par l'archéologie et l'épigraphie. Denis Knoepfler est titulaire de la chaire d'épigraphie et d'histoire des cités grecques au Collège de France, après avoir été professeur d'archéologie classique et d'histoire ancienne à l'Université de Neuchâtel.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2010
ISBN
9782738198532
V
Narkittos fils du veneur Amarynthos :
un héros chasseur dans l’entourage
de la grande Artémis Amarusia des Érétriens
S’il paraît désormais acquis que la cité d’Érétrie a été la patrie de Narcisse bien avant que d’autres cités – celle de Thespies en particulier – ne songent à revendiquer cet honneur, on souhaiterait pouvoir cerner de façon plus précise encore le lieu d’origine du héros, c’est-à-dire le paysage dans lequel il était censé se mouvoir et où sa présence physique pouvait être éventuellement ressentie par les Anciens, à la manière dont ils percevaient en un endroit l’action d’une divinité, ailleurs celle d’une autre, qu’il s’agisse d’un espace naturel – ainsi un massif montagneux avec ses vallons, ses forêts et ses sources – ou d’un espace apprivoisé, voire aménagé par la main de l’homme, bref, d’un sanctuaire avec ses terres et ses animaux sacrés. Le nom d’Érétrie évoque certes, en premier lieu, une agglomération urbaine, une ville qui est la capitale de l’État érétrien ; mais c’est aussi, il ne faut jamais l’oublier, un vaste territoire insulaire, tout un pays compartimenté par la géographie en plusieurs cantons. Or on vient de constater que certains héros éponymes étaient, aujourd’hui encore, susceptibles d’être localisés assez précisément à l’intérieur même de l’Érétriade : par exemple, pour ce qui de Mélaneus et des siens, aux abords de la ville mythique d’Oichalia et du dème homonyme, dans la partie septentrionale du territoire, en face de l’île de Skyros.
Qu’en est-il alors de Narkittos ? Même en l’absence de tout autre indice, on serait, croyons-nous, fondé à chercher son pays à proximité de la ville d’Érétrie, pas loin non plus du comptoir de Graia sur cette côte continentale où était son tombeau resté longtemps visible : car on aurait un peu de mal, autrement, à comprendre qu’un héros à ce point enraciné dans un terroir ait été honoré par une tombe déjà éloignée du lieu où il était censé avoir vécu – ou revivre périodiquement – sa vie parmi les hommes. Mais l’argument décisif, toutefois, est d’ordre historique. Car c’est de manière lente et progressive que les Érétriens constituèrent le vaste territoire qui allait être le leur à partir du IVe siècle avant J. C. Il leur fallut, effectivement, attendre les alentours de l’an 400 pour mettre la main sur l’extrémité sud-orientale de la future Érétriade, en annexant la petite cité de Styra (jusque-là indépendante, comme l’assurent maints témoignages). Dès lors, il est clair que Narkittos ne saurait avoir été une divinité de ce pays de Styra (occupé alors par le vieux peuple des Dryopes) ni des habitants de Zarex ou même de Dystos (bourgs tenus également, selon toute apparence, par cette population d’origine préhellénique), qui l’auraient apportée en dot, pour ainsi dire, au moment de leur union avec les Érétriens. En effet, à cette époque-là, le système des six tribus était certainement déjà en place depuis un bon siècle, chose qui implique à son tour l’existence de la phulè Narkittis. Seules peuvent donc être prises en considération, comme lieu d’origine de Narkittos, la zone centrale et la zone occidentale de l’Érétriade, c’est-à-dire la région d’Aliveri et d’Avlonari jusqu’à la côte égéenne, avec les bourgs antiques de Porthmos, Ptéchai, Aphareus, Tamynai, Oichalia (et bien d’autres), et celle de Vathia (nom d’un village médiéval et moderne aujourd’hui rebaptisé Amarynthos), avec sa vallée transversale – « l’une des plus fécondes et des mieux cultivées qui soient dans l’île », notait un ancien voyageur (le Grec Alexandros Rizos Rangabé vers 1850) – située à une dizaine de kilomètres seulement à l’est de la ville.
On dispose heureusement, pour localiser le culte de Narkittos, d’une information positive, dont la valeur nous semble indiscutable en dépit du caractère médiocre et tardif de la source qui nous l’a transmise à travers un texte corrompu. On trouve en effet, dans un commentaire aux Bucoliques de Virgile, une notice sur Narcisse à propos d’une mention que le poète de Mantoue fait de la plante du même nom, en évoquant la campagne idyllique où l’une des nymphes vient apporter au paysan des corbeilles chargées de lys et de violettes « ajoutant le narcisse et la fleur odorante du fenouil » (II, 48 : et narcissum et florem jungit bene olenti anethi). Il s’agit d’un opuscule datant seulement du IIIe ou du IVe siècle de notre ère, bien qu’il ait été transmis sous le nom de Probus, grammairien romain sensiblement plus ancien. Or, selon le Pseudo-Probus (puisque c’est la façon dont il convient d’appeler cet auteur anonyme), le narcisse aurait été dénommé ainsi d’après le héros du même nom : « la fleur narcisse, ainsi que le rapporte Euzimadès (?), tire son nom de Narcissus fils d’Amarynthus, qui fut un Érétrien originaire de l’île d’Eubée » (Narcissus flos, Euzimades refert, a Narcisso Amarynthi filio, qui fuit Eretrieus ex insula Euboea). Ces précisions inattendues, de caractère généalogique et géographique, ne doivent rien à l’imagination de l’auteur : le Pseudo-Probus, de toute évidence, les aura dénichées dans un commentaire plus ancien, probablement utilisé aussi – avant de se perdre dès la fin de l’Antiquité – par d’autres exégètes de l’œuvre de Virgile (tel le plus renommé, Servius), lesquels n’auront cependant pas jugé utile de reproduire une information sans grand rapport, il est vrai, avec le texte à expliquer, puisque le lecteur n’a nul besoin de connaître l’origine du héros Narcisse pour comprendre et apprécier ce vers du poète latin ; et cela d’autant moins que la version eubéenne du mythe devait être dès alors totalement oblitérée par celle à laquelle Ovide avait donné tant d’éclat dans les Métamorphoses (on verra cependant, au chapitre VII, que subsiste dans un autre recueil de scholies à ces mêmes Bucoliques une indication elle aussi bien remarquable concernant la mort de Narcisse). Mais quel relief extraordinaire prend aujourd’hui cette notice enfouie dans une bien laborieuse compilation latine du Bas-Empire, puisqu’elle se trouve confirmée par des découvertes faites en Eubée même !
Comment, en effet, pourrait-on douter un instant, à la lumière de ce qu’enseigne l’existence à Érétrie d’une tribu Narkittide, de l’ancienneté et donc de la qualité de l’information fournie ici par le scholiaste de Virgile ? Certes, tel qu’il nous a été transmis par de très tardifs manuscrits (tous issus d’un codex perdu qui a servi de base à l’édition princeps de 1507), le texte de cet auteur est misérablement corrompu en presque tous ses mots ; mais la plupart des fautes ont pu être redressées sans trop de difficulté, étant superficielles et bien souvent bénignes. C’est ainsi qu’il a été possible de retrouver l’ethnique parfaitement canonique Eretrieus (à la rigueur Eretrius, comme on l’a parfois admis) derrière les variantes Erethrieus et Erichteus (celle-ci avait incité le premier éditeur à écrire Erechtheis au mépris de toute vraisemblance) : de fait, le complément ex insula Euboea rend cette lecture absolument certaine. Il est tout aussi assuré – comme le vit l’helléniste Carl Müller au milieu du XIXe siècle – que le nom du père de Narcissus doit être lu Amarynthi au génitif et non pas Amaranti (avec deux des trois manuscrits, tandis que le copiste du troisième, qui écrit Amarinti, ne s’est rendu coupable que de deux fort vénielles simplifications orthographiques). Le fait que le toponyme Amarynthos soit attesté et connu dans les environs immédiats d’Érétrie ne laisse évidemment place à aucun doute non plus sur le bien-fondé de cette correction.
Il est vrai qu’un autre nom propre dans cette notice continue à défier la sagacité des philologues : il s’agit de celui du meurtrier de Narcisse (puisque meurtre il y aurait eu), problème que nous examinerons seulement au dernier chapitre de cet essai. Énigmatique demeure également le nom de l’auteur que le Pseudo-Probus donnait ici comme garant de ses dires : Euzymades refert. Le texte édité est assorti d’une crux philologica, signe des plus funèbres annonçant une difficulté provisoirement ou définitivement insurmontable, puisque à partir de cette forme et de ses variantes (Euziniades, Euriniades) aucune des corrections proposées n’emporte la conviction : la plupart sont d’ailleurs parfaitement arbitraires, car trop éloignées des formes transmises par les manuscrits (ainsi Euanthes ou Asklepiades – qui serait le commentateur de ce nom originaire de la ville de Myrleia en Asie Mineure – ou même Simonides, sans parler de la tentative faite par le premier éditeur pour retrouver ici une mention d’Akousilaos d’Argos, auteur de récits mythologiques aux premiers temps de la prose grecque !). On se contentera donc de faire observer que l’anthroponyme grec qui se cache là-derrière était vraisemblablement de type traditionnel, avec un premier élément en Euthy- (passé aisément à Euzi- par évolution phonétique) et un second en -medes (mais on pourrait couper également Eu-thymiadès ou -thymidès) ; dans tous les cas, il ne serait nullement exclu d’avoir affaire à un auteur grec inconnu par ailleurs et peut-être même à un érudit d’origine eubéenne (car des noms ainsi formés se trouvent en bon nombre dans les inscriptions d’Érétrie).
Mais il n’est pas indispensable de pouvoir identifier ce mystérieux auteur pour être en droit d’affirmer avec quelque assurance que la filiation établie entre Amarynthos et Narkittos a toutes chances d’être authentique, c’est-à-dire pleinement conforme à la tradition locale. Il apparaît en effet de plus en plus clairement que, dès la haute époque hellénistique au moins, chaque cité eut à cœur d’élaborer le réseau complexe des relations qu’elle tenait à nouer entre les principales figures de son patrimoine mythologique. De ces généalogies héroïques l’épigraphie fait découvrir parfois d’étonnants spécimens : c’est ainsi qu’une d’ores et déjà célèbre inscription de Xanthos en Lycie, publiée en 1988 par l’helléniste français Jean Bousquet, a livré toute la substance de l’exposé mythographique que vint faire devant les habitants de cette ville une ambassade dépêchée par la petite cité dorienne de Kyténion – située, elle, au cœur de la Vieille Grèce – et cela pour justifier l’appel à un appui financier dans les circonstances pénibles que traversaient alors les Kyténiens. On y voit défiler tous les dieux et tous les héros susceptibles de fonder, par leur généalogie, une forme de parenté entre ces deux État éloignés. Il faut donc prendre au sérieux de telles reconstructions, même lorsqu’elles peuvent nous sembler artificielles : en réalité, elles ne sont jamais totalement arbitraires, puisque chaque maillon est l’expression d’une relation qui existe bel et bien dans la croyance collective. Pour en revenir donc à notre affaire, on ne saurait raisonnablement douter qu’en faisant de leur Narcisse, alias Narkittos, le fils d’Amarynthos, héros éponyme du bourg de ce nom, les Érétriens tenaient à proclamer au moins deux choses qui, à leurs yeux, étaient indiscutables : c’est d’abord, bien sûr, qu’il devait y avoir une proximité géographique reconnue entre cette localité d’Amarynthos et l’espace où Narkittos pouvait être regardé comme autochtone au sens le plus étroit du terme ; c’est aussi, et peut-être surtout, parce que était ressenti avec force le lien congénital que ce héros juvénile entretenait avec Artémis Amarusia, la très vénérable déesse d’Amarynthos, nourricière et protectrice des jeunes gens.
De fait, un texte prouve que tel était bien le cas, même si ce témoignage est plus sommaire qu’on ne l’eût souhaité. Dans ses Ethnika – cette compilation toponymique de la fin de l’Antiquité, dont l’intérêt, on l’a vu, est considérable, même si elle ne subsiste plus que dans une version raccourcie, une épitomé –, le grammairien Stéphane de Byzance donne, en effet, une notice sur Amarynthos, dont il vaut la peine de reproduire le début : « Amarynthos, île d’Eubée ; son nom vient d’un certain Amarynthos, veneur d’Artémis », Ἀμάρυνθος˙ νῆσος Εὐβοίας, άπό τινος κυνηγοῦ τῆς Ἀρτέμιδος Ἀμαρύνθου (Amarunthos, nèsos Euboias, apo tinos kunègou Artemidos Amarunthou). Le héros éponyme du bourg d’Amarynthos – désigné ici comme une « île d’Eubée », indication à première vue surprenante mais qui trouvera dans la suite son explication – était donc considéré comme un chasseur, un « meneur de meute » (sens étymologique de kunègos), tel Actéon petit-fils de Cadmos, pratiquant la chasse sous l’égide – sinon au service – de la déesse des animaux sauvages. Quant à la mère de Narkittos, non expressément mentionnée dans le peu qui subsiste de cette mythologie eubéenne, elle pouvait être une nymphe des bois ou des sources (comme la Leiriopé/Leirioessa de la version béotienne), elle-même très proche de la vierge chaseresse, à la manière dont l’était, par exemple, l’Arcadienne Kallistô (« la Très Belle »), cette compagne d’Artémis changée en ourse par son implacable maîtresse pour avoir cédé à l’amour d’un prince trop séduisant (qui, en l’occurrence, n’était autre que Zeus !). Ce que l’on peut inférer en tout cas du témoignage des Ethnika combiné avec celui du Pseudo-Probus, c’est que les Érétriens faisaient de Narkittos lui-même un habile kynègos, un veneur chassant de race en quelque sorte et exerçant ses talents sous le regard constant d’Artémis Amarusia, la déesse tutélaire qu’ils honoraient depuis toujours en son sanctuaire d’Amarynthos.
Ce trait fondamental de la figure de Narcisse s’est d’ailleurs maintenu dans la tradition mythographique et iconographique en dépit des enjolivements érotico-sentimentaux qui, avec le temps, ont pu masquer la nature originelle du héros. Certes, le récit de Konon omet complètement de le présenter comme un héros chasseur. Ovide, en revanche, laisse voir avec quelle ardeur Narcisse s’adonne au plaisir, ou au devoir, de la chasse : car pour que la malheureuse Écho s’éprenne du beau jeune homme, il suffit que cette nymphe des montagnes « l’aperçoive poussant vers ses filets des cerfs tout tremblants » (Mét., III, 356 : adspicit hunc trepidos agitantem in retia cervos) ; et, plus loin, c’est « lassé de s’être adonné à la chasse dans la chaleur du jour » (413 : hic puer et studio venandi lassus et aestu) que le jeune garçon s’en va reposer dans le lieu retiré, inconnu des hommes comme des bêtes, où s’épand la source fatale au bord de laquelle il découvrira les attraits de son visage ; et ce lieu secret n’est pas sans évoquer « la prairie sans tache » – fréquentée par les seules abeilles – où un autre dévot d’Artémis, Hippolyte, vient cueillir les fleurs dont il tressera une couronne pour sa « maîtresse » (Euripide, Hippolyte, 73-87). Pausanias de même, on s’en souvient, quand il rapporte la seconde version connue de lui, fait de Narcisse un chasseur traquant le gibier en compagnie de sa sœur et amante (IX, 31, 8 : le texte au chapitre II). Et le sophiste Philostrate encore, dans la description savante (ekphrasis) d’une peinture représentant Narcisse – qu’il aurait vue, chose du reste assez vraisemblable, en quelque pinacothèque de Néapolis de Campanie (c’est-à-dire à Naples) – indique que c’est « au sortir d’une partie de chasse », ἄρτι θήρας άπηλλαγμένον (arti thèras apèllagmenon), que « le jeune homme », μειράκιον (meirakion), était venu se détendre auprès d’une source ombragée (Galerie de tableaux, I, 23). D’autres textes encore, d’importance secondaire, pourraient être allégués dans le même sens, notamment parmi les rhéteurs du début de l’époque byzantine (ainsi Chorikios de Gaza, ou encore Nicéphore).
images
« Narkisos » représenté en compagnie d’autres chasseurs mythiques vêtus à la manière des venatores du cirque autour de la personnification de la Megalopsychia – c’est-à-dire de la Munificence du propriétaire de la villa – sur une mosaïque provenant d’une demeure des environs de cette ville (au lieu-dit Yakto) et datant du milieu du Ve s. de notre ère.
(Musée d’Antioche, dessin d’après D. Levi, Antioch Mosaic Pavement, Princeton, 1947, p. 323 sq., fig. 136.)
Quant aux fresques pompéiennes, elles montrent un Narcisse doté d’au moins un javelot, même lorsque le jeune homme se trouve assez mollement assis, voire étendu, devant l’eau de la source. Plus originale, une mosaïque d’Antioche déjà alléguée – où Narcisse est expressément désigné par son nom (Narkisos) – le dépeint coiffé du petasos, couvre-chef assez spécifique du chasseur, et le torse traversé d’un baudrier, sans parler de l’environnement forestier suggéré par un ou deux arbres. Mais il y a mieux : sur une autre mosaïque syrienne de plus grande envergure – et sensiblement plus tardive, il est vrai, puisque datant des alentours de 450 après J.-C. seulement –, Narkisos apparaît en compagnie d’une demi-douzaine de héros chasseurs parmi les plus illustres : Méléagre, Hippolyte, Actéon, Adonis, Tirésias même ; ces figures en pied, vêtues d’une tunique et passablement armées, encadrent le vis...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Dédicace
  5. Avant-propos
  6. Introduction
  7. I - Le mythe de Narcisse rattaché au cycle thébain : rendre à Ovide ce qui est à Ovide, mais pas davantage !
  8. II - Narcisse en son jardin fleuri de Thespies : une résidence secondaire au pied de l’Hélicon
  9. III - Le tombeau de Narcisse l’Érétrien près d’Oropos : une relique du temps de l’établissement eubéen de Graia, polis Eretrias
  10. IV - La tribu Narkittis à Érétrie : grâce à l’épigraphie, Narcisse retrouve sa véritable patrie et son nom authentique
  11. V - Narkittos fils du veneur Amarynthos : un héros chasseur dans l’entourage de la grande Artémis Amarusia des Érétriens
  12. VI - Narkittos et Hyakinthos : deux divinités de la végétation printanière pour présider au renouvellement annuel du monde
  13. VII - Un homicide involontaire transformé en suicide passionnel ? Alors, le meurtrier du Héros Silencieux court toujours !
  14. Conclusion
  15. Appendice Monuments chorégiques d’Érétrie
  16. Dans la même collection