L' Économie, le Travail, l'Entreprise
eBook - ePub

L' Économie, le Travail, l'Entreprise

N°03

  1. 470 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

L' Économie, le Travail, l'Entreprise

N°03

Détails du livre
Aperçu du livre
Table des matières
Citations

À propos de ce livre

Les grandes questions que posent la vie économique, le travail et l'entreprise aujourd'hui: la production et la circulation des richesses, l'innovation et le risque, l'avenir du travail, les enjeux de la formation. L'Université de tous les savoirs: une approche contemporaine des différents domaines de la connaissance dans un esprit qui est à la fois celui du bilan encyclopédique et celui du questionnement d'avenir. Contributions, notamment, d'Edmond Alphandéry, Daniel Cohen, Élie Cohen, André Orléan, Robert Rochefort, Christian Stoffaës, Alain Touraine.

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramètres et de cliquer sur « Résilier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez résilié votre abonnement, il restera actif pour le reste de la période pour laquelle vous avez payé. Découvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l’application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accès complet à la bibliothèque et à toutes les fonctionnalités de Perlego. Les seules différences sont les tarifs ainsi que la période d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous économiserez environ 30 % par rapport à 12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accéder à L' Économie, le Travail, l'Entreprise par Université de tous les savoirs en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Business et Business General. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2002
ISBN
9782738169785

La réduction à l’économique*1*2


par Xavier Greffe

Lorsque le prix de sciences économiques intitulé en mémoire d’Alfred Nobel fut créé en 1969, nombreux furent les économistes qui y virent la consécration de leurs connaissances. Déjà érigées au rang de sciences sociales, les sciences économiques partageaient désormais l’aura des sciences exactes. Certains de ses lauréats ne manquèrent pourtant pas de calmer le jeu, et parmi eux Gunnar Myrdal ou Amartya Sen*3. Le premier montra la difficulté de tenir l’économie à l’abri des conflits de valeur et le second mit en évidence la tendance de cette science économique à réduire la complexité et la richesse des phénomènes sociaux, d’où l’expression de « réduction à l’économique ».
Dans la société actuelle, la contestation de cette réduction est autrement radicale que les réserves de Myrdal ou de Sen. Aux discours feutrés sur « la science triste » ont succédé les invectives sur « l’horreur économique », et il n’est guère de jours où la globalisation de l’économie n’est dénoncée avec son cortège d’appauvrissements, d’atteintes à l’environnement et d’aliénation. N30, A16, S26 : la résistance anti-capitaliste code les manifestations qu’elle entend approfondir à chaque nouveau Seattle, Washington ou Prague*4. Trois institutions et leurs politiques sont devenues les symboles de cette contestation d’une pensée unique et surtout d’une politique unique : le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, l’Organisation mondiale du commerce. Toujours plus nombreux sont les ONG ou les militants qui rallient ce combat contre la globalisation au nom d’un manifeste pour une démocratie globale associant la défense des droits de l’homme à la protection de l’environnement ou au contrôle mondial des mouvements de capitaux (taxe Tobin).
La science économique est donc accusée de réductionnisme. Elle simplifierait à l’extrême les phénomènes et les comportements sociaux, pour les faire rentrer dans un traitement unifié sur le mode de l’économique, d’où les thèmes de l’économie du crime, de la religion ou du mariage*5. En reformulant la vision des phénomènes sociaux au gré de ses intérêts, elle imposerait un mode de pensée contre lequel il n’y aurait rien d’autre à faire qu’à attendre pour les uns la poursuite de tendances heureuses et pour les autres des jours changés. Ce contenu réducteur peut se prêter à deux interprétations possibles.
— Première signification : après avoir affirmé l’autonomie des phénomènes économiques par rapport aux autres phénomènes sociaux, la science économique en déduit que processus et lois économiques ne peuvent plus être ignorés par d’autres instances sociales, au premier rang desquelles la politique. La science économique serait irréductible, et il deviendrait impossible de résoudre les problèmes économiques à partir de considérations exclusivement extra-économiques. Les relations des hommes aux choses importent.
— Deuxième signification : le comportement de l’individu n’est rationnel que s’il obéit au modèle de l’homo economicus, quel que soit le domaine de ses activités : travail, religion, amitié. Les choix des individus sont ramenés dans un espace homogène — celui de leur intérêt propre — où seuls interviennent des signes plus et des signes moins. Il y a réduction en ce sens que seul leur intérêt propre importe, quelles que soient les autres passions qui peuvent animer les hommes. Les relations des hommes aux choses ne sont pas médiatisées par d’autres hommes.
Si la première « réduction » n’en est pas une, la seconde en est bien une. Montrer que les relations des hommes aux choses importent ne signifie pas que ces relations ne soient pas médiatisées par des hommes.

Existe-t-il une autonomie du champ économique ?

Le premier débat porte sur la reconnaissance d’un champ économique avec des lois et connaissances qui lui sont propres, donc une reconnaissance doublée d’autonomie. L’enjeu n’est pas mince car reconnaître cette autonomie, c’est reconnaître à l’inverse les limites qu’auront les instances politiques à nier ses lois, sinon à en moduler leurs effets.

L’INSTANCE ÉCONOMIQUE, CHAMP AUTONOME

Pourquoi de manière rituelle, voire lancinante, les économistes continuent-ils de voir dans Une enquête sur la nature et les causes de la Richesse des Nations d’Adam Smith l’acte de naissance de l’économie ? Car, pour la première fois, l’économie semble y échapper à la politique et à la morale pour acquérir le statut de connaissance autonome. Pour que la reconnaissance de cette autonomie ait lieu, deux conditions devaient être remplies : la reconnaissance d’une matière première, le traitement spécifique de cette matière (Dumont, 1977)*6. Pourquoi cette maturation prit-elle plus de deux siècles entre les développements des mercantilistes et la Richesse des nations ? Les mercantilistes ont toujours éprouvé des difficultés à avoir une analyse synthétique des échanges externes et internes à une nation donnée : ils ne pouvaient montrer que l’échange entre acteurs sociaux était profitable à tous puisque l’échange entre nations n’était qu’une forme de guerre. Une seconde difficulté tenait à ce que pour échapper à la politique, ou plus généralement au normatif, il fallait que l’ordre économique soit découvert à l’intérieur du champ économique pour ne pas avoir à être introduit du dehors : « L’émancipation économique demandait la supposition d’une cohérence interne*7 » (Dumont, 1977). Ces deux conditions seront satisfaites de manière indépendante de telle sorte qu’il reviendra à Smith de les associer pour la première fois.
« Représenter le processus de production du capital comme procès de reproduction et la circulation comme la simple forme de ce procès de reproduction […], c’était une idée extrêmement géniale, sans doute la plus géniale que l’économie ait mise à son actif jusqu’à maintenant […] » (Marx, Werke, 26.1). Cette analyse de Marx célèbre une première : les physiocrates suggèrent un ordre économique. Le tout économique est cohérent puisqu’il peut désormais être saisi à travers un système de relations logiques qui s’étend à la totalité du domaine. Mais cette cohérence reste inspirée par la projection d’un ordre extérieur, Quesnay explorant en même temps les conséquences de l’application de la théorie du droit naturel sur les phénomènes économiques. Dans le cadre de cette limite politique, la richesse circule entre les individus et c’est cela qui sera retenu et est, à coup sûr, le plus révolutionnaire. Il existe un ordre économique et malheur à l’État qui en altérerait les mécanismes même s’il en garantit le principe.
La seconde condition — faire en sorte que l’ordre économique soit justifié de l’intérieur — sera satisfaite par Locke et Mandeville, le premier recherchant l’autonomisation de l’économique par rapport au politique et le second l’autonomisation de l’économique par rapport à la morale. Avec Mandeville, l’économie prend en effet un tournant irréversible*8 : en poursuivant leurs intérêts particuliers, les hommes concourent à leur bien-être commun. Le premier ouvrage de Mandeville : La Ruche bougonne, ou les vauriens devenus honnêtes est particulièrement suggestif*9. Au départ, la ruche vit dans le vice, la tromperie, le luxe et l’orgueil. Optant pour la vertu, elle perd alors toute efficacité. À la séquence « vice-activité-prospérité » succède la séquence « vertu-inactivité-pauvreté ». Ce premier ouvrage fut mal accueilli et six ans après, Mandeville publia six dialogues dont la fameuse Fable des abeilles. Il évacue la corruption de la liste des vices, mais y conserve l’orgueil, ce qui constitue une incontestable rupture avec la morale. Il y montre que l’orgueil est un motif puissant de progrès puisqu’il conduit les hommes à rechercher la louange et à chasser la honte. Il existe alors quelque chose entre les individus qui transforme la recherche de leur intérêt égoïste en bien-être collectif. Ce quelque chose est un mécanisme, le social marchand.
Smith est l’incontestable débiteur sur ce plan de Mandeville comme en témoigne sa fameuse citation de la Théorie des Sentiments Moraux : « Si destructif ce système puisse-t-il apparaître, il n’aurait jamais pu s’imposer à tant de gens […] s’il n’avait pas à certains égards approché du vrai » (Smith, 1963, p. 355). La retranscription de cette idée dans La Richesse des Nations va au cœur de la démonstration : « Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais du souci de leur intérêt propre » (Livre I, chap. II ; éd. 1904, p. 16). En capitalisant le triple héritage de Quesnay, Locke et Ma...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Introduction
  5. Les défis économiques du médicament - par Claude Le Pen
  6. Économie et innovation - par Jean-Hervé Lorenzi
  7. Marché et concurrence - par Edmond Alphandéry
  8. Cycles et fluctuations économiques - par Gilbert Abraham-Frois
  9. La globalisation financière - par Philippe Martin
  10. Le consommateur roi - par Robert Rochefort
  11. Économies informelles et criminelles : la face cachée de la mondialisation - par Philippe Engelhard
  12. Le marché et sa mondialisation - par Jean-Louis Gombeaud
  13. Nouveau cycle et nouvelle croissance économique - par Michel Didier
  14. La longue marche du nouvel actionnariat en France - par Élie Cohen
  15. La concentration économique et ses limites - par Jean-Marie Chevalier
  16. L’avenir des inégalités mondiales - par Daniel Cohen
  17. La déréglementation - par Christian Stoffaës
  18. Les coûts de l’éducation : un dilemme équité-efficacité ? - par François Orivel
  19. La réduction à l’économique - par Xavier Greffe
  20. À quoi servent les marchés financiers ? - par André Orléan
  21. Passé et avenir du travail - par Alain Touraine
  22. L’avenir du travail — emplois d’aujourd’hui et de demain - par Bernard Brunhes
  23. L’évolution du droit du travail - par François Gaudu
  24. Management et imaginaire social - par Jean-Pierre Le Goff
  25. Le management d’hier et de demain : vers l’entreprise en réseau - par Michel Friedlander
  26. Gestion des personnes, pouvoir et loyauté dans l’entreprise — l’impact de la nouvelle économie - par Bruno Berthon
  27. La mondialisation et son impact sur l’entreprise - par Yann Duchesne
  28. Supply chain management, logistique et entreprise virtuelle - PAR Laurent Grégoire
  29. Qu’est-ce que la nouvelle économie ? - PAR Philippe Lemoine
  30. Le transfert de technologie — les relations complexes entre recherche fondamentale, recherche technologique et applications industrielles - par Didier Roux
  31. Le risque industriel - par Yvan Vérot
  32. L’accès au savoir : permanences et mutations - par Pierre Caspar
  33. Savoir et formation - par Dominique Lecoq
  34. L’enseignement des sciences - par Jean-Jacques Duby
  35. Les auteurs
  36. Table