Bonnes nouvelles des conspirateurs du futur
eBook - ePub

Bonnes nouvelles des conspirateurs du futur

  1. 336 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Bonnes nouvelles des conspirateurs du futur

DĂ©tails du livre
Aperçu du livre
Table des matiĂšres
Citations

À propos de ce livre

Il Ă©tait une fois la France, un pays merveilleux par sa variĂ©tĂ© et la richesse de son patrimoine. En effet, l'espĂ©rance de vie a augmentĂ© de quarante ans depuis 1900 et continue de progresser, et le niveau de vie a dĂ©cuplĂ© en un siĂšcle! Pourtant, les Français sont pessimistes face Ă  l'avenir. L'auteur, toujours Ă  contre-courant des idĂ©es reçues, montre que: ‱ l'optimisme est justifiĂ© pour l'avenir de nos enfants;‱ l'immigration est nĂ©cessaire, encore faut-il la rĂ©ussir;‱ la mondialisation et le dĂ©veloppement durable vont dans le sens des relocalisations;‱ il faut « penser local pour agir global » en mutualisant les bonnes pratiques;‱ si la France d'en haut est empĂȘtrĂ©e dans ses contradictions, la France des territoires entreprend et innove. Bonnes Nouvelles n'est pas une fiction, mais un recueil de faits et d'actes de quatorze « conspirateurs du futur », c'est-Ă -dire des hommes et des femmes de terrain qui, au-delĂ  de toute attente et souvent dans des conditions difficiles, ont su rebondir Ă  partir d'eux-mĂȘmes et d'initiatives innovantes et ambitieuses. Le levier des projets et la force des liens sont capables de changer le monde et de permettre Ă  chacun de devenir entrepreneur de sa vie. Telle est la leçon contagieuse de Bonnes Nouvelles.Michel Godet est professeur au Conservatoire national des arts et mĂ©tiers, titulaire de la chaire de prospective stratĂ©gique. Il est aussi membre de l'AcadĂ©mie des techno­logies, du Conseil d'analyse Ă©conomique et du comitĂ© directeur de l'Institut Montaigne. Il a publiĂ©, entre autres, Le Courage du bon sens.?Pour construire l'avenir autrement.

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramĂštres et de cliquer sur « RĂ©silier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez rĂ©siliĂ© votre abonnement, il restera actif pour le reste de la pĂ©riode pour laquelle vous avez payĂ©. DĂ©couvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptĂ©s aux mobiles peuvent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©s via l’application. La plupart de nos PDF sont Ă©galement disponibles en tĂ©lĂ©chargement et les autres seront tĂ©lĂ©chargeables trĂšs prochainement. DĂ©couvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accĂšs complet Ă  la bibliothĂšque et Ă  toutes les fonctionnalitĂ©s de Perlego. Les seules diffĂ©rences sont les tarifs ainsi que la pĂ©riode d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous Ă©conomiserez environ 30 % par rapport Ă  12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement Ă  des ouvrages universitaires en ligne, oĂč vous pouvez accĂ©der Ă  toute une bibliothĂšque pour un prix infĂ©rieur Ă  celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! DĂ©couvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte Ă  haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accĂ©lĂ©rer ou le ralentir. DĂ©couvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accĂ©der Ă  Bonnes nouvelles des conspirateurs du futur par Michel Godet en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Economics et Economic Theory. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages Ă  dĂ©couvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2011
ISBN
9782738195142
QuatriĂšme partie
Devenir entrepreneur
Chapitre VIII
Riou : du verre fragile
Ă  une entreprise solide1
Pierre Riou naĂźt en 1953, en Seine-et-Marne, d’un pĂšre breton, commis de ferme, et d’une mĂšre qui travaille dans un premier temps dans la mĂȘme exploitation agricole que son Ă©poux, puis se consacre Ă  l’éducation de ses cinq enfants (trois garçons et deux filles, Pierre Ă©tant le 4e de la fratrie). Elle dĂ©cĂšde Ă  41 ans, un an aprĂšs avoir mis au monde Sylvianne, la petite derniĂšre. Nous sommes en octobre 1962, Pierre a alors 9 ans. Mais ce drame lui est cachĂ© et il ne l’apprendra que lors de son retour Ă  la maison qu’il avait quittĂ©e quelques annĂ©es plus tĂŽt.
En effet, Pierre est d’une santĂ© fragile et souffre d’un dĂ©but de tuberculose et de dĂ©calcification osseuse. Il passe sept ou huit mois Ă  l’hĂŽpital de Rambouillet, puis trois ans Ă  Berck-Plage. Il est ainsi privĂ© d’école, mais commence Ă  apprendre Ă  lire et Ă  Ă©crire seul Ă  l’hĂŽpital. Pendant ce temps, son pĂšre a la charge des quatre autres enfants. Une tante, Anna, vient l’aider, les grands s’occupent des petits. On cultive un jardin potager pour amĂ©liorer l’ordinaire, car les fins de mois sont difficiles. Une excursion organisĂ©e par le centre de Berck mĂšne Pierre jusqu’à Lourdes. Heureux hasard ou miracle ignorĂ©, nul ne sait !, mais les faits sont lĂ  : Pierre en revient en meilleure santĂ© !
En 1965, Pierre rentre chez lui. Il a alors 12 ans et dĂ©couvre que sa mĂšre est dĂ©cĂ©dĂ©e. C’est, pour le moins, un grand choc, dont il parle encore avec une profonde Ă©motion. On lui a cachĂ© ce drame pendant trois ans. La maison lui semble grande et bien vide. Il entre alors Ă  l’école en classe de CM1. C’est dur, mais ses frĂšres et sƓurs l’aident. En parallĂšle, il s’occupe de sa petite sƓur Sylvianne. Tante Anna est toujours lĂ , elle restera au total trois ou quatre ans pour aider la famille. Le pĂšre de Pierre travaille en plus chez des particuliers pour mettre un peu de « beurre dans les Ă©pinards ».
Pierre se prĂ©sente au certificat d’études, mais Ă©choue car, pour l’époque, il fait trop de fautes d’orthographe ! En revanche, il est bon en calcul. La mĂ©canique l’intĂ©resse, et il part comme apprenti mĂ©canicien dans un garage de Rambouillet. Puis son pĂšre s’installe en Bretagne, plus prĂ©cisĂ©ment dans la rĂ©gion de Guingamp, avec les plus jeunes, Pierre et sa petite sƓur. Il continue la mĂ©canique, mais n’obtient pas son CAP car il ne suit pas les cours jusqu’au bout ! Il profite alors de l’achat par un membre de la famille d’un bar crĂȘperie Ă  Belle-Isle-en-Terre, dans les CĂŽtes d’Armor, pour aider au service.
En 1971, Ă  18 ans, il part Ă  Brest pour effectuer son service militaire dans la Marine. Mais il n’y fera que deux mois de classes et sera finalement ajournĂ© pour cause de sureffectifs et en raison de ses antĂ©cĂ©dents de santĂ©. Il y a toutefois appris Ă  fumer, Ă  jouer au baby-foot, au flipper et Ă  faire du sport, et garde un bon souvenir de ces moments-lĂ .
Lorsqu’il revient Ă  Cherbourg, il se fiance avec Christiane Lequertier. Il faut dire qu’il la connaĂźt depuis qu’il a 13 ans. En effet, la sƓur de Christiane est mariĂ©e avec le frĂšre de Pierre. Il l’a rencontrĂ©e, dans la boulangerie oĂč elle travaille, Ă  Orphin, tout prĂšs de Rambouillet. Lorsqu’ils se marient, il a 20 ans. Il trouve alors un petit boulot de laveur de voitures chez un concessionnaire Peugeot. ApprĂ©ciĂ© par ses patrons, il suit, tout en travaillant, une formation de plus d’un an pour rĂ©parer les moteurs de bateau, passe son permis poids lourds et de transport en commun, et devient chauffeur routier rĂ©gional.
Il dĂ©cide alors de s’installer Ă  mi-chemin des deux familles, entre Orphin et Cherbourg, et se retrouve en HLM, Ă  Yvetot. Ce logement dans une tour est un mauvais souvenir pour Christiane, malgrĂ© le bonheur des naissances de Nicolas en 1974, puis de Christine en 1976. Christiane ne travaille plus et suit Pierre lorsqu’il trouve une place de chef d’équipe pour construire un camping Ă  proximitĂ© de Honfleur.
Pierre y reste presque trois ans. Il s’y plaĂźt bien et y apprend beaucoup. Christiane travaille aussi, mĂȘme si elle n’est ni dĂ©clarĂ©e ni rĂ©munĂ©rĂ©e, et espĂšre que le patron propriĂ©taire du camping tiendra ses promesses d’embauche. Ce dernier refusant toujours de la salarier, Christiane dĂ©cide de rendre son tablier. Pierre est déçu, mais solidaire, et ils quittent le camping sans emploi ni toit. Que vont-ils devenir ? Vont-ils rester au chĂŽmage et tomber dans l’assistance ? Ils n’y ont pas songĂ© un instant et n’ont mĂȘme pas contactĂ© les services sociaux. Ils ont pris leur sort en mains.
En 1979, Pierre a 26 ans. C’est alors que dĂ©bute l’aventure entrepreneuriale. Sans diplĂŽme, mais validant ses annĂ©es d’expĂ©rience, il s’installe comme artisan Ă  Pont-Audemer (peinture, isolation, survitrage et double vitrage). Il a beaucoup appris au camping. C’est Ă  cette mĂȘme Ă©poque qu’il achĂšte avec Christiane une petite maison (un peu dĂ©labrĂ©e !) Ă  Pont-Audemer. Il fait un emprunt, alors qu’il n’a plus de salaire, mais ses anciennes feuilles de paye suffisent pour le dossier et le responsable local du CrĂ©dit agricole lui fait confiance. Ce dernier, rĂ©cemment dĂ©cĂ©dĂ©, Ă©tait devenu un ami et c’est cette mĂȘme banque qui va le suivre dans tous ses projets d’entreprise. Il doit nĂ©anmoins rembourser l’équivalent d’un demi-salaire par mois. Les dĂ©buts sont difficiles. Le couple peine mĂȘme Ă  nourrir ses enfants qui partent quelque temps s’installer chez le frĂšre de Pierre.
Pierre, curieux de tout, se rend Ă  Paris au salon BĂątimat, axĂ© sur l’isolation (le deuxiĂšme choc pĂ©trolier de 1979 est passĂ© par lĂ ). À son retour, il investit dans une machine pour combler le vide d’air dans les murs avec de la mousse injectĂ©e. C’est un investissement important pour un artisan, l’équivalent de 10 000 euros d’aujourd’hui. Mais la famille est solidaire, son pĂšre se porte caution et sa banque, toujours la mĂȘme, lui fait une fois de plus confiance !
Il travaille sur les marchĂ©s, surtout le week-end, et trouve ses premiers clients (isolation des fenĂȘtres, survitrage, PlacoplĂątre) parmi la clientĂšle locale, mais aussi parmi les Parisiens qui possĂšdent des rĂ©sidences secondaires dans la rĂ©gion. Ses produits intĂ©ressent, sa bonhomie sĂ©duit. Il Ă©tablit les devis dans la foulĂ©e, le jour mĂȘme, et repart le plus souvent avec la commande avant le dimanche soir. Deux commandes par semaine suffisent Ă  lui assurer un revenu Ă©quivalent au SMIC. Il travaille seul pendant presque deux ans, jusqu’en 1981. Pour amĂ©liorer l’ordinaire, il continue Ă  poser des doubles vitrages, en tant que tĂącheron, pour une menuiserie industrielle.
Mais notre artisan n’est pas seulement un excellent bricoleur, il est aussi un observateur avisĂ© des dysfonctionnements du marchĂ©. C’est ainsi qu’à cette Ă©poque, alors qu’il fabrique artisanalement et pose des doubles vitrages, il constate que beaucoup de verres cassent et qu’il faut attendre de longues semaines, voire plusieurs mois avant de se rĂ©approvisionner dans les mĂȘmes qualitĂ©s et caractĂ©ristiques de verre (taille, Ă©paisseur) chez les gĂ©ants verriers que sont Boussois ou Saint-Gobain. Sa dĂ©cision est prise : il va mettre au point un procĂ©dĂ© pour les fabriquer lui-mĂȘme

Aussi Pierre puise dans ses compĂ©tences en mĂ©canique et invente une presse Ă  rouleaux pour calibrer les vitrages. Sur les conseils de l’Anvar (Agence nationale de valorisation de la recherche), celle-ci fera d’ailleurs l’objet d’un dĂ©pĂŽt de brevet en 1984. À cette date, il crĂ©e l’usine historique de ce qui est aujourd’hui le groupe VIP (Vitrages isolants de Pont-Audemer), entreprise en nom propre, Ă  Beuzeville, dans l’Eure.
Il perfectionne sa machine initiale et invente la presse Ă  tapis, pour laquelle un brevet est Ă©galement dĂ©posĂ©, en 1988. Cette mĂȘme annĂ©e, il prĂ©sente sa machine au salon international du verre Ă  DĂŒsseldorf : il en vend une dizaine ! Un succĂšs n’arrive jamais seul : les chambres de mĂ©tiers de l’Eure, du Calvados et de la Seine-Maritime lui dĂ©cernent le prix de gestion artisanale. Avec ce prix, il rĂ©investit rapidement afin de pouvoir innover – cette façon de faire sera constante : Ă  chaque Ă©tape de sa rĂ©ussite, loin de se laisser griser, quitte aussi Ă  se payer peu, Pierre rĂ©investit les bĂ©nĂ©fices pour aller vers de nouveaux produits et dĂ©velopper de nouvelles activitĂ©s. Dans ses investissements, parfois audacieux, sa banque le suit toujours et lui fait confiance. Pierre n’est plus seul, VIP compte Ă  ce moment-lĂ  une vingtaine de collaborateurs.
1989 marque le dĂ©but d’une longue sĂ©rie de crĂ©ations et d’acquisitions d’entreprises. Comme cela sera le cas Ă  chacun de ses investissements, ce sont des raisons personnelles et une aventure humaine qui dĂ©cident Pierre Ă  crĂ©er VIC (Vitrages isolants du Cotentin) : une forte volontĂ© de dĂ©velopper une activitĂ© dans la pĂ©ninsule du Cotentin, une rĂ©gion chĂšre Ă  sa femme Christiane, ainsi qu’une rencontre avec un dirigeant de Saint-Gobain dĂ©sirant quitter la « grande maison », mais qui hĂ©site Ă  se mettre Ă  son compte. À cette pĂ©riode, Pierre ne sait pas encore qu’il formera un gĂ©ant industriel français – mais qu’à cela ne tienne, le groupe Riou Glass Ă©tait nĂ© !
À la fin de l’annĂ©e, c’est la consĂ©cration : l’Office europĂ©en des brevets de La Haye le dĂ©signe comme inventeur et lui dĂ©cerne un brevet pour son procĂ©dĂ© de calibrage Ă©lectronique du verre. C’est son premier et seul diplĂŽme. Il en est trĂšs fier. MalgrĂ© ce succĂšs, Pierre a des doutes. Que doit-il faire ? Fabriquer ses propres machines-outils ou poursuivre dans la transformation du verre plat et l’assemblage des vitrages isolants ? Si Pierre est animĂ© par la passion, Christiane, qui avait appris Ă  gĂ©rer les comptes, sera sa raison. Elle le persuade que la vente de vitrages est plus rĂ©guliĂšre que la vente de machines-outils. Le doute est ĂŽtĂ©, le mĂ©tier de l’entreprise familiale sera la transformation du vitrage : le virage Ă©tait pris, les annĂ©es qui suivront ne modifieront pas cette direction !
AprĂšs la Haute-Normandie, terre d’adoption du couple, et la Basse-Normandie, rĂ©gion d’origine de Christiane, Pierre rĂȘve de revenir aux sources et de conquĂ©rir la Bretagne, une rĂ©gion Ă  laquelle il voue un attachement profond. Ses vacances Ă  Saint-Coudan, prĂšs de Kergrist-MoĂ«lou, oĂč se retrouvait toute la famille, oncles, tantes et cousins, restent encore aujourd’hui les plus beaux souvenirs de son enfance. L’opportunitĂ© se prĂ©sente en 1993, lorsqu’il reprend Ă  LoudĂ©ac une unitĂ© de fabrication de produits verriers en grande difficultĂ© et ce Ă  la demande du patron de l’époque. Pierre empĂȘche la faillite personnelle de son homologue et ami entrepreneur et sauve une dizaine d’emplois. Il appelle tout naturellement cette usine VIB (Vitrages isolants de Bretagne).
En 1996, le vitrage isolant ne suffit plus. Pierre veut maĂźtriser tous les mĂ©tiers de la transformation du verre et se lance dans les verres de sĂ©curitĂ©. Les investissements se poursuivent avec l’agrandissement de l’usine VIP (5 000 mĂštres carrĂ©s) et la mise en place des Ă©quipements permettant la fabrication de verres trempĂ©s de sĂ©curitĂ© et de verres Ă©maillĂ©s.
L’entreprise familiale prend tout son sens en 1999, lorsque Nicolas entre officiellement dans la sociĂ©tĂ© pour Ă©pauler ses parents. Pierre est dĂ©sormais rassurĂ©, la relĂšve est assurĂ©e ! Le self-made man Ă  la française redouble alors d’efforts.
Si l’entreprise grandit et qu’un groupe se dessine, Pierre conserve malgrĂ© tout son esprit crĂ©atif. En 2000, il dĂ©pose la marque Pierre et Cristal Ă  l’INPI. Son idĂ©e est simple, mais efficace : plutĂŽt que de jeter les chutes de verre provenant de ses usines, il s’en servira pour fabriquer des assiettes, des appliques et d’autres objets de dĂ©coration !
L’aventure exceptionnelle continue en 2002 avec un nouvel agrandissement de VIP qui atteint aujourd’hui 11 000 mĂštres carrĂ©s. Les innovations s’enchaĂźnent (four de fabrication de verres bombĂ©s, dĂ©coupe automatisĂ©e du verre, fabrication automatisĂ©e des vitrages isolants
), et les investissements suivent : 10 millions d’euros, soit le double du chiffre d’affaires ! Pierre fait alors entrer des sociĂ©tĂ©s de capital-risque dans ses projets pour lever les fonds (ils sortiront du capital en 2007). La petite entreprise familiale devient peu Ă  peu un groupe important. C’est Ă  cette pĂ©riode que Pierre propose Ă  l’un de ses fidĂšles partenaires financiers de le rejoindre pour mettre en application ses nombreux conseils.
Le groupe est sur les bons rails, la vitesse de croisiĂšre est atteinte. Pierre reprend en 2005 une nouvelle usine en difficultĂ© Ă  Montady, dans l’HĂ©rault, et sauve une quarantaine d’emplois. Il crĂ©e SLPV (SociĂ©tĂ© languedocienne de produits verriers). En 2006, il rachĂšte deux usines au verrier britannique Pilkington : il renomme celle des Herbiers VIV (Vitrages isolants vendĂ©ens) et celle du Nord-Pas-de-Calais VIN (Vitrages isolants du Nord). Les frontiĂšres historiques de la Normandie et de la Bretagne sont dĂ©passĂ©es : le groupe rĂ©gional devient un vĂ©ritable groupe industriel français.
Au cours de la mĂȘme pĂ©riode, il crĂ©e une plateforme logistique de distribution du verre pour la rĂ©gion parisienne (en 2007) et, en parallĂšle, il crĂ©e STV (SociĂ©tĂ© de transports verriers, qui dĂ©tient 45 camions Ă  ce jour) qui a pour vocation les transports internes de la production du groupe, l’avantage Ă©tant pour les chauffeurs de pouvoir faire 200 heures/mois (et de ne pas ĂȘtre limitĂ©s aux 35 heures/semaine). « Travailler plus pour gagner plus » pourrait ĂȘtre le credo de Pierre, ce travailleur acharnĂ©. Ses collaborateurs le savent bien : il n’y a que le travail et le mĂ©rite qui priment. L’ascenseur social n’est pas en panne dans la sociĂ©tĂ© de Pierre : pour preuve, ce sont les anciens chefs d’atelier qui dirigent aujourd’hui ses deux usines SLPV et VIN.
RemarquĂ© par Jacques Chirac et quelques prĂ©fets, Pierre est dĂ©corĂ© de l’ordre national du MĂ©rite, en 2008, par HervĂ© Morin. Il parle volontiers de son Ă©motion lors de cette cĂ©rĂ©monie oĂč lui, le sans-grade et sans diplĂŽme, s’est vu honorĂ© par la RĂ©publique.
Une seule corde manquait à son arc dans la transformation du verre plat : la fabrication de verre feuilleté. Ce manque est comblé par le rachat de la société V2S (Vitrages de sécurité du Sud) à Narbonne, une entreprise spécialisée dans la fabrication des vitrages feuilletés destinés à la protection des biens et des personnes (équipement des gendarmeries, ambassades, prisons, etc.). Ceci le mÚne à accompagner Christian Estrosi en Irak, pays intéressé par ces technologies en raison de sa situation conflictuelle. Il doit y retourner sous peu.
2009 marque un nouveau tournant dans la petite entreprise devenue grande. À l’heure de la mondialisation et des grands groupes qui absorbent les petits, Pierre rachĂšte Pilkington France, la filiale française du gĂ©ant verrier mondial. Le groupe, qui s’appelle dĂ©sormais officiellement Riou Glass, compte quatre nouvelles usines rĂ©parties en France et sa taille a doublĂ©. Le groupe comprend maintenant plus de 800 personnes. La femme de Pierre Riou et son fils se partagent la direction gĂ©nĂ©rale. Il s’est dotĂ© d’une responsable RH parce que la rĂ©glementation du travail est compliquĂ©e ! Les partenaires sociaux ont fait leurs premiers pas dans le groupe. Pierre Riou est serein Ă  cet Ă©gard. Quand il discute avec eux, il ne manque pas de leur dire : « Voyez d’oĂč je viens, faites comme moi, travaillez et vous vous en sortirez. » Le message est entendu car Pierre Riou est restĂ© abordable et estimĂ©. Son parcours suscite le respect. Chacun sait qu’il se payait lui-mĂȘme au SMIC il y a dix ans Ă  peine. Et qu’aujourd’hui encore il vit modestement en se consacrant entiĂšrement au dĂ©veloppement de l’entreprise. Les ouvriers et les employĂ©s de Pilkington France ne s’y sont pas trompĂ©s lorsqu’ils ont eu Ă  voter en 2009 pour choisir leur repreneur : Riou Glass l’a emportĂ© avec 95 % des suffrages.
Pierre avoue travailler beaucoup (il est vrai qu’il ne prend guĂšre plus d’une semaine de vacances par an !), il a peu de loisirs en dehors de sa famille et de ses petits-enfants. Son mĂ©tier est la passion qui l’anime depuis plus de trente ans. Comme il aime le rappeler, ses usines sont toutes situĂ©es pas trĂšs loin de la mer, et ce sont ses « seules rĂ©sidences secondaires ». C’est peut-ĂȘtre pour changer d’air qu’il sauve dĂ©but 2010 une sociĂ©tĂ© en difficultĂ© Ă  la montagne ! Il s’agit d’AVS (Alliance du verre de Savoie). Pierre est insatiable et, dĂ©sormais, les frontiĂšres de la mĂ©tropole sont trop petites pour lui. Il rachĂšte cette mĂȘme annĂ©e Soremir (SociĂ©tĂ© rĂ©unionnaise de miroiterie), prĂ©sent Ă  La RĂ©union et Ă  l’üle Maurice. Pierre n’a pas fini de nous Ă©tonner, il a encore plein de projets en tĂȘte. Il n’oublie pas pour autant de se sentir concernĂ© par les questions de sociĂ©tĂ©. C’est ainsi que son entreprise s’est associĂ©e au cours de l’étĂ© 2010 Ă  l’opĂ©ration La France en courant (www.lafranceencourant.org) avec l’équipe Riou Glass Endurance 72. Cette derniĂšre a collectĂ© en quatorze jours 3 000 euros destinĂ©s Ă  la recherche ...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Avertissement
  5. Avant-propos - Il Ă©tait une fois la France des bonnes nouvelles
  6. PremiĂšre partie - De l’écume des jours aux lames de fond
  7. DeuxiÚme partie - Partir de soi pour transformer les faits en conte de fées
  8. TroisiĂšme partie - Agir dans son milieu
  9. QuatriĂšme partie - Devenir entrepreneur
  10. CinquiĂšme partie - Douze conseils pour penser et agir autrement
  11. Du mĂȘme auteur