Famille et résilience
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Famille et résilience

  1. 368 pages
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Famille et résilience

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À propos de ce livre

Lorsque l'on est confronté à un événement traumatisant, c'est en priorité vers la famille que l'on se tourne. Or, dès les premiers travaux sur l'attachement, le problème a été soulevé: si certaines familles ont un indéniable effet protecteur, d'autres, au contraire, entravent la résilience. Quel est l'impact du traumatisme sur la famille? Et quelles sont les conditions d'une résilience familiale?Dans ce livre, des psychothérapeutes analysent les interactions affectives dans les systèmes familiaux. Ils montrent l'étonnante variété de réactions après un traumatisme et expliquent comment surmonter ses blessures grâce à la résilience. Ancien chef du service de l'hôpital d'instruction des Armées à Toulon, Michel Delage est psychiatre. Il est l'auteur de La Résilience familiale. Neuropsychiatre, directeur d'enseignement à l'université de Toulon, Boris Cyrulnik, est l'auteur de nombreux best-sellers, dont De chair et d'âme, Autobiographie d'un épouvantail et, plus récemment, Mourir de dire. La honte. Contributions de Marie Anaut, Guy Ausloos, Pierre Benghozi, Alberto Eiguer, Mony Elkaïm, Édith Goldbeter-Merinfeld, Philippe Guillaumot, Charles Heim, Stephan Hendrick, Marie-Noëlle Mirland, Jean-Paul Mugnier, Yveline Rey, Michel Silvestre, Anna-Maria Sorrentino, Catherine Vasselier-Novelli, Abdessalem Yahyaoui.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2010
ISBN
9782738196026
Deuxième partie
Pratiques thérapeutiques
Microtraumatismes, constructions du monde et résilience dans les couples
Mony Elkaïm1
Quand nous sommes confrontés à un patient, nous constatons souvent que son histoire personnelle présente des expériences douloureuses du même type qui tendent à se répéter. Il apparaît fréquemment que cette répétition joue un rôle essentiel dans le problème existentiel qui l’amène à consulter ; car elle pèse désormais sur la façon dont il envisage ce qui lui arrive, donc sur ses attentes, ses réactions, ses interprétations, ses initiatives – bref, sur ce que j’appellerai sa construction du monde.
Ces blessures répétées et apparentées tendent à nous enfermer dans une croyance profonde qui va restreindre notre vision et notre liberté d’action. Cette croyance prend l’allure d’une formule simple, comme « je ne peux pas être aimé » ou « il suffit que j’offre de la tendresse à un homme pour qu’il me quitte », formule qui va désormais définir la manière dont nous aborderons les situations que nous offrira la vie.
Il est assez difficile d’échapper au cercle vicieux qui se met alors en place.
Si nous tentons d’infirmer notre croyance profonde en nous risquant à une expérience nouvelle, nous nous exposons évidemment à la possibilité que cette tentative échoue comme celles qui l’ont précédée. Nous sommes donc partagés entre notre volonté affichée – proclamée aux autres, et à nous-mêmes – de tenter quelque chose de neuf et la crainte inavouée que cette nouvelle tentative, par son probable échec, confirme qu’il était impossible que les choses se passent autrement. J’appelle le premier niveau, celui où nous énonçons ce qu’apparemment nous voulons, « programme officiel » ; il est en apparence contraire à notre construction du monde, plus profonde, mais c’est elle qui va en réalité régir nos actions.
On connaît l’apologue proverbial du chat qui, échaudé, craint désormais l’eau froide : le meilleur moyen de ne pas risquer d’être déçu est de refuser d’envisager le changement. M. Dupont n’a pas reçu d’affection de ses parents, il veut en recevoir de sa femme – tel est son programme officiel ; mais sa construction du monde pourrait s’énoncer ainsi : même si cela arrive, cela ne peut durer puisqu’il est impossible que je reçoive de l’affection. D’où ce paradoxe, qui est fréquent : M. Dupont est réticent à recevoir la tendresse qu’on pourrait lui témoigner, car, en l’acceptant, quelque chose lui dit qu’il s’expose inévitablement à la perdre ; tenter d’exorciser les blessures anciennes, c’est s’exposer aux blessures nouvelles.
Ainsi ce n’est pas seulement la désillusion en soi que fuit le chat échaudé qu’il devient, mais plus gravement ce qui pourrait éventuellement l’en délivrer : il contribue à bâtir la prison dans laquelle il est enfermé.
Les choses peuvent même être encore plus complexes. Il peut arriver que M. Dupont tente de sortir de la répétition, que par une proposition ou un comportement, il demande effectivement à l’autre d’infirmer sa construction du monde, mais il le fera souvent d’une manière telle ou dans un contexte tel que l’autre se sentira à son tour attaqué et réagira négativement. Ses tentatives pour sortir de la souffrance sont alors de véritables pièges qu’il se tend à lui-même et qu’il tend à l’autre. Selon un mécanisme circulaire et paradoxal, ces efforts maladroits pour sortir du problème contribuent à l’entretenir, voire à le renforcer. Je veux être aimé ; je harcèle mon épouse pour qu’elle me dise qu’elle m’aime ; elle finit par se lasser de mon harcèlement et s’éloigne ; c’est à mes yeux la preuve qu’elle ne m’aime pas. Comme Ronald Laing ou les thérapeutes de l’école de Palo Alto l’ont illustré et montré, nos efforts pour sortir de la répétition contribuent ordinairement à l’entretenir, de sorte que l’objet de la psychothérapie va d’abord être de nous délivrer des tentatives que nous faisons pour nous délivrer.
Mais il y a des contre-poisons. Nos constructions du monde, même rigides, ne sont pas forcément suffisantes pour nous enfermer dans la répétition. Elles nous fragilisent, mais ne nous condamnent pas. Certains mécanismes positifs peuvent les empêcher d’envahir notre champ d’existence. Ce sont ces mécanismes, décrits par Boris Cyrulnik et nommés « résiliences », que je voudrais étudier ici ou en tout cas montrer concrètement à l’œuvre. C’est le jeu de ces résiliences, qui souvent comporte leur présence, leur disparition, leur réapparition, que j’essaierai de mettre en lumière à travers les exemples qui vont suivre. On verra donc que, malgré leurs constructions du monde forgées dans leur histoire, des couples sont parvenus à être assez résilients pour éviter la répétition pathologique. Mais on verra aussi, à l’inverse, comment le hasard de la vie a pu faire surgir des circonstances qui réactivent ces constructions ou d’autres qui se concatènent avec elles comme divers brins tressent une corde, et comment la synchronie qui alors se crée rend l’architecture d’ensemble particulièrement rigide et redoutable, apte à entraîner dans une logique pathologique les patients, le thérapeute et la situation thérapeutique.
Les exemples que nous avons choisis nous donneront aussi un autre enseignement. Les expériences répétitives qui ont tissé ces croyances profondes ne sont pas forcément des traumatismes, contrairement à ce qu’une image traditionnelle et caricaturale de la psychothérapie laisserait à penser. Sans exclure forcément les expériences traumatiques, je m’attarderai plutôt sur un type d’événements qui retient d’ordinaire moins l’attention : ces microtraumatismes qui nous blessent sans nous détruire, à dose apparemment modeste, mais d’autant plus pernicieuse qu’elle est répétée.
Abordons maintenant notre cas.
Un couple résilient cesse de l’être
Dans ce couple, le mari a grandi dans un contexte tel que deux constructions du monde différentes se sont élaborées en lui à la suite de microtraumatismes répétitifs. La première pourrait s’énoncer ainsi : « Je ne peux pas être satisfaisant, notamment avec les femmes. Je ne peux pas être à la hauteur. » Sa mère est en effet partie quand il avait 6 ans, et il ne l’a presque pas revue après son départ ; quant à la femme avec qui son père a vécu ensuite, elle n’a cessé de le rejeter. Par ailleurs, son père ne lui donnait pas d’affection – d’où sa deuxième croyance profonde : « Je ne peux pas recevoir de tendresse. »
Qu’en est-il de sa femme ? Son contexte familial était également difficile. Le père était constamment absent et la mère ne manifestait aucune tendresse. Sa construction du monde à elle va évidemment porter la trace de cette carence affective, mais elle est contrebalancée par un espoir persistant, qui rend cette construction plus flexible et plus ouverte : « Je ne peux pas recevoir de tendresse dans ma famille, mais j’espère, si je me marie, pouvoir en donner à mon mari et en recevoir de lui. »
Comment, dans ces conditions, va se passer leur vie commune ? En fait, plutôt bien ! Car ils parviennent à se donner et à recevoir mutuellement de la tendresse, et le mari réussit même, dans un premier temps, à se sentir satisfaisant. Ils arrivent donc à dépasser les microtraumatismes que comporte leur histoire, et à échapper à ce que leurs constructions du monde auraient pu avoir de contraignant. Un bel exemple de résilience.
Mais voici qu’un élément nouveau va surgir et, hélas, changer la donne. Le travail du mari l’appelle de plus en plus à l’extérieur ; sa femme revit alors avec lui ce qu’elle avait éprouvé avec son père, qui était aussi tout le temps absent. Elle va alors se refermer et donner à son époux moins de tendresse.
Dès lors, ce dernier commence à se sentir insatisfaisant pour sa femme : sa propre construction du monde est réactivée. Blessé, fragilisé, il se met à lui faire des reproches. Or ce nouveau comportement va amplifier chez elle une autre croyance profonde dont nous n’avons pas encore parlé. Quand elle était enfant, son frère aîné ne cessait de lui faire des reproches, de sorte que sa souffrance était double : non seulement elle ne recevait pas d’amour, mais en plus, elle était tenue pour coupable.
Ces conditions nouvelles ont donc conduit à une bifurcation – j’emprunte ce terme à Ilya Prigogine, qui l’utilise, comme on sait, dans sa description des systèmes hors de l’équilibre. Les reproches dont le mari accable désormais sa femme lui ont fait endosser à ses yeux à la fois le personnage du père absent et celui du frère récriminant ; elle a alors pris ses distances, et son retrait, qui fait souffrir son mari, a confirmé la conviction de ce dernier de n’être pas satisfaisant… La résilience, qui jusqu’ici avait empêché la réactivation des constructions du monde, est maintenant battue en brèche et le champ d’existence envahi par une douloureuse et stérile répétition.
Une histoire bien décevante, dira-t-on. Certes, mais qui comporte tout de même un enseignement positif : les constructions du monde n’ont pas été en elles-mêmes suffisantes pour entraîner la pathologie : il a fallu qu’un événement fortuit les réactive ; il se peut donc qu’une intervention thérapeutique, voire un simple événement de la vie puisse les faire retourner à l’état dormant, ou du moins assoupi, ce qui permettrait peut-être à la résilience de reprendre le dessus.
L’épouse devient psychothérapeute
Supposons maintenant que la dame dont nous venons de parler devienne elle-même psychothérapeute.
Elle reçoit, dans le cadre de son métier, un couple en état de souffrance.
Il se trouve que les membres de ce couple ont un passé difficile. La femme a subi, quand elle était enfant, des attouchements de son frère aîné ; elle s’en est plainte à sa mère, laquelle lui a simplement dit : « Il ne faut surtout pas que ton père le sache » et, à propos de son fils : « Oh ! tu connais ton frère, ce n’est pas de sa faute ; il ne va pas bien, donc on ne peut pas lui faire de reproches. » Ainsi s’élabore la construction du monde de la jeune fille : « Seuls les autres comptent. Ce que je vis, moi, n’est pas important. »
Or voici que cette femme qui n’a pas reçu d’affection rencontre un homme dont l’enfance a aussi comporté des microtraumatismes répétés : la mère de cet homme lui reprochait sans cesse de ne pas faire d’efforts, d’être « insuffisant », de « ne pas être à la hauteur ». Quel couple vont-ils bâtir ? Un couple pathologique, enfermé dans la récrimination, où tout échange est impossible ? Eh bien, pas du tout ! Malgré ces constructions du monde, leur couple ne se porte pas mal. Elle qui avait l’impression de ne pas compter aux yeux des autres est sensible à l’attention dont fait preuve son mari, et lui est à son tour touché par la tendresse qu’elle lui donne.
Tout va donc plutôt bien. La résilience domine.
Oui, mais puisque les choses vont plutôt bien, qu’est-ce qui les empêche d’aller très bien ? Voici que le mari veut plus. Il connaît l’existence des attouchements dont sa femme a été la victime ; il sait que son beau-père n’a jamais été mis au courant et que sa belle-mère a donné l’impression à son épouse qu’elle n’était guère affectée par ce que sa fille subissait. Dès lors, il ne lui suffit plus que sa femme et lui fassent l’amour ; il veut qu’elle s’épanouisse pleinement sexuellement ; ce n’est pas tant ce qu’elle éprouve hic et nunc qui lui importe désormais que ce qu’elle doit éprouver pour que leur relation puisse être considérée comme vraiment réussie.
Or cette exigence va résonner pour l’épouse d’une manière particulièrement négative. Car elle fait écho avec toutes ces expériences du passé où ce qu’elle éprouvait ne comptait pas aux yeux des autres et où il lui fallait toujours se plier à des injonctions extérieures. Même si, apparemment, c’est de son plaisir ou de son bien-être qu’il est cette fois-ci question, ce à quoi elle est confrontée a bel et bien la figure d’une exigence posée par quelqu’un d’autre et à laquelle elle doit se soumettre. Elle soupçonne son mari de vouloir au fond se prouver quelque chose à lui-même. Dès lors, elle se ferme, se détourne et se refuse sexuellement. Le mari revit alors ce que sa mère lui faisait éprouver : « Tu ne fais pas assez d’efforts ; tu n’es pas à la hauteur ; tu es insuffisant. » Il lui faudrait donc faire plus d’efforts pour que s’épanouisse sexuellement cette femme qui se refuse à lui ; mais plus il va vers elle, plus elle se détourne ; et la résilience, qui avait jusque-là empêché que les croyances profondes de l’un et de l’autre entrent en résonance et les condamnent à une répétition stérile, s’estompe désormais : le couple doit aller consulter.
Mais le hasard fait que la thérapeute qui les reçoit n’est autre que l’épouse du premier couple dont nous avons parlé.
La thérapeute entre dans le système des résonances
Cette femme va se trouver dès le départ dans une situation particulière à l’égard des deux patients. Elle sent elle-même qu’elle est trop facilement critique à l’égard du mari et que ses sympathies vont à la femme. Elle a le sentiment que le mari, qui se vit comme insatisfaisant parce que sa femme, croit-il, n’est pas satisfaite, fait passer sa propre souffrance avant celle de son épouse. Elle retrouve ainsi ce qu’elle a éprouvé par rapport à son propre frère, lorsque celui-ci se comportait de la façon décrite plus haut, et que sa mère, à qui elle s’en était ouverte, lui avait répondu : « Il faut le comprendre. Son père n’est plus là. Il n’a plus ce soutien affectif, tandis que toi, tu m’as, moi. » Paroles effectivement frappantes, car au-delà de l’absolution que cette mère donne à son fils, on y entend autre chose, que la jeune fille percevait sûrement : il n’y est pas question de la peine et du manque qu’ont pu lui causer à elle le départ de son père – comme si les pères ne pouvaient manquer qu’aux garçons et que les filles ne devaient attendre d’amour que de leur mère ! Une fois de plus, la future thérapeute avait alors retrouvé la configuration à laquelle, hélas, elle était habituée : « Mon frère passe avant moi ; la façon dont ma mère voit le départ de mon père passe avant celle dont je l’ai vécu ; finalement, les autres comptent toujours plus que moi. »
Or la voilà maintenant confrontée, par sa p...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Copyright
  4. Table
  5. Préface. Boris Cyrulnik
  6. Première partie. Abords conceptuels
  7. Deuxième partie. Pratiques thérapeutiques
  8. Conclusion. Michel Delage
  9. Des mêmes auteurs. Chez Odile Jacob
  10. Quatrième de couverture